“Je pense qu’il y a plus de raison d’espérer maintenant qu’il n’y en avait il y a deux jours”
Adam Mares, DNVR Nuggets Podcast à la suite de l’éviction de M.Malone et C.Booth
Une affirmation aussi contre intuitive pour le grand public et les fans NBA d’autres franchises que certainement vraie et sonore pour plusieurs Nuggets Fans. Affirmation également moins provocante que révélatrice de l’échec d’une saison qui n’avait même pas encore atteint les Playoffs…
Aussi attendu que cette explosion puisse être pour certains, il conviendra de tenter de l’éclairer pour tous les autres : comprendre les raisons profondes et sous-jacentes de ce mouvement aussi tardivement historique (Renvoi le plus tardif de l’histoire avec celui d’Hubie Brown des Hawks de 1981) qu’inévitable et à l’image des lacunes de chaque partie prenante : tentative d’explication.
Michael Malone : “Fuck them kids”
Michael Malone fut certainement un excellent meneur d’hommes, et je suis certain que nombre de mes confrères sauront très vite rappeler à quel point il fût fédérateur, et un architecte important de l’identité des Denver Nuggets de cette première “Jokic era”. Mais analyse de son éviction oblige votre serviteur dépeindra d’abord ici ses défauts…
Peu de gens s’en souviendront, mais l’avènement de Jokic à Denver ne fût pas si évident. Parmi tous les griefs que l’on pouvait faire à Michael Malone, le minutage du Serbe, son association et sa mise en concurrence avec Jusuf Nurkic n’étaient pas les derniers !
Pire, on pourrait argumenter que l’avènement du futur prodige se fit surtout et avant tout sous l’égide… de Chris Finch (alors assistant coach à Denver) ! C’est effectivement le désormais coach rival des Minnesota Timberwolves qui fût le cerveau du positionnement de Jokic au centre des schémas offensifs de l’équipe.
Mais au-delà du manque d’imagination schématique de Michael Malone, celui-ci fût, tout au long de ses 10 ans, très peu disposé à laisser leurs chances aux jeunes et à développer leur potentiel. Minutages limités et erratiques, très peu de droit à l’erreur, rôle peu définis, schéma ne mettant que rarement leurs forces à profits…
Un défaut d’autant plus grand dans une franchise très orientée sur la draft et le scouting et qui conduira finalement à un paradoxe insoluble avec l’arrivée de Calvin Booth à la tête de la Franchise.
Calvin Booth : Scout first
Car, comme son prédécesseur Tim Connelly avant lui, Calvin Booth est un scout corps et âme, et à l’image de Christian Braun (magnifique facteur X du Game 3 des Finals contre le Heat) c’est à travers les jeunes que Calvin s’imagine construire une Dynastie après l’historique premier titre de la Franchise.
Fortement conditionné par des règles financières plus difficiles et une situation salariale déjà contraignante, Calvin veut profiter du talent de jeunes en contrat rookies pour épauler le “core” champion. C’est donc Christian Braun, mais également Peyton Watson, Zeke Nnaji, Julian Strawther, Jalen Pickett qui devront être développés au plus vite…
Une double timeline difficilement tenable et que nous remettions déjà en question lors de notre preview de l’époque…
Un double impératif de résultat et de développement d’autant plus difficile à accepter et à mener pour coach Malone, que ce dernier n’aurait eu, à priori, que peu de voix au chapitre concernant le choix de certains de ces joueurs…
Nous arrivons finalement à l’orée de cette saison 2024-2025 après une élimination douloureuse face aux Timberwolves et les rumeurs de mésentente se font de plus en plus présentes… Sans que rien de précis ne sorte encore, plusieurs insiders décrivent une spirale négative entre les deux hommes qui serait passé d’un manque de collaboration flagrant à une absence quasi totale de communication…
Pire, cette guerre larvée semble toucher le roster et l’ambiance au sein du groupe, et affecter le temps de jeu de certains joueurs.. Et c’est de l’aveu de Michael Malone lui-même que Jalen Pickett se voit expliquer, après une sortie réussie, qu’il n’a jamais eu une opportunité favorable pour montrer ses compétences, alors même qu’on apprend aujourd’hui que la gestion du coach vis à vis de Pickett était teinté du conflit qui l’opposait à Booth…
Beaucoup de on-dit, de rumeurs et peu d’intangible… mais qui résonnent et sonnent de plus en plus vrai avec l’éviction des deux hommes… Ainsi certaines histoires commencent à se faire plus précises :
Per DNVR:
Calvin Booth hired a shooting coach named Mike Penberthy, and wanted to rebuild the Nuggets organizationally. Michael Malone initially responded saying “No, that’s a Coach…I hire coaches”.
One of the many examples of how these two were not on the same page at all.
— SportShorts (@den_shorts) April 8, 2025
Et avec plus de détails il semble que c’était une véritable guerre froide au sommet qui se jouait au sein des rocheuses affectant toute la franchise et peut-être une part de l’adhésion des joueurs ainsi que les résultats de l’équipe…
Deux fautifs… un coupable : Les Kroenke
Le divorce semble donc si profond et si dommageable que les raisons de ce double licenciement font maintenant sens… Ce qui le fait moins c’est le timing de ces deux évictions. Il reste en effet trois petit matchs avant les Playoffs et c’est un euphémisme que de dire que ce n’est pas la meilleure des situation que de se séparer des deux têtes de l’opérationnelle de la franchise juste avant le début de l’échéance la plus importante de la saison…
Pire, avec une série de défaites récentes les Nuggets pourraient très bien se voir tomber dans le piège du Play-in, et ne pas être assurer de Playoffs… ces trois derniers matchs sont donc cruciaux pour l’équipe.
Mais c’est peut-être, à l’inverse, parce que la dynamique de l’équipe était si profondément mauvaise qu’il n’y avait déjà plus à espérer quoi que ce soit… c’est peut-être parce que la situation était devenue si toxique que seul un électrochoc pourrait être à même de créer un sursaut sans lequel l’équipe était vouée à l’échec, dès le 1er tour des Playoffs, ou pire à ne même pas s’y qualifier !
Preuve en est les déclarations récente de Michael Malone qui à demi mots avouait déjà avoir perdu son vestiaire et l’adhésion de ses joueurs :
I’m gonna lose my mind pic.twitter.com/7tQ3YoB2Ft
— Mike Malone’s #1 Hater #WEUP (@avengemesatin) April 8, 2025
Cette série de défaites récente des Nuggets n’est pas un accident, c’est un symptôme, le symptôme de quelque chose de plus grand que l’on vient tenter de résoudre par la foudre, en dernier recours…
Mais dans cette tentative de résolution panique, on peut également lire en creux le manque de discernement et le pourrissement d’une situation qui n’aurait jamais dû suppurer autant…
Tous les signes indiquaient une rupture profonde au sein du management de l’équipe et ceux dès la saison passée… mais ne se retranscrivaient pas encore réellement dans les résultats…
“Ayant pu observer le groupe ces dernier temps, il est vrai que certaines tendances ont pu m’inquiéter plus d’une fois, mais elles étaient masquées par quelques victoires ci et là”
Ainsi on pourrait voir dans la série de victoire proche deadline de l’équipe cette saison, une belle illusion qui, au mieux, aura permis aux Kroenke de rester ignorant quant aux “tendances” néfastes qui traversaient leur franchise, au pire, et plus cyniquement, un signe de leur manque d’engagement vis a vis d’un vaisseau ronronnant derrière l’incroyable capacité de Nikola Jokic a engranger des victoire à lui seul.
Car il est peut-être un biais dans lequel nous, fan du jeu, tombons trop souvent c’est d’oublier que les propriétaires de franchises sont également parmi les principaux acteurs de cette ligue et que parmi eux, peu vivent aussi intensément l’amour du sport que nous, et certainement encore moins sont ceux qui sont prêts à réellement donner de leurs deniers pour voir leur franchise gagner. Car, loin de Coubertin, participer, pour ces derniers, c’est avant tout l’assurance de pécuniairement en profiter…
On en parlait aussi dans le Podcast Beyond The Hoops…
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