L’année de sa draft, LaMelo Ball a pris tout le monde par surprise. Après avoir entendu pis que pendre à son sujet, le choix des Hornets de le sélectionner très haut ressemblait à une prise de risque assumée.
LaMelo n’avait pas évolué en NCAA, il était réputé pour son manque de sérieux et portait comme un fardeau le nom des Ball et un père envahissant.
Il ne nous fallut pourtant pas longtemps pour revoir notre copie et en faire un des rookies les plus excitants de ces dernières saisons. Scoreur plus que capable, playmaker de haut niveau et sens du spectacle indéniable en faisaient une des attractions à venir de la grande ligue.
Quelques années plus tard, sortit d’une saison 3eme saison ravagée par les blessures (22 matchs joués), alors que le doute commençait à s’immiscer sur sa durabilité, LaMelo rappelle que les attentes ne venaient pas de nulle part et que toute l’attention qu’il a généré pour l’esthétique de son jeu est bien intacte.
Reste que ce début de saison détonnant, paraît difficile à soutenir sur le long cours. Second scoreur NBA à l’approche des 20 matchs, 71eme percentile à l’efficacité chez les meneurs, LaMelo manque malheureusement cruellement de talent à ses côtés.
Mais est-on sur un coup de chaud de début de saison, ou la star des Hornets a de bonnes chances de garder le cap ?
Un début de saison intenable ?
Si les Hornets n’attirent pas les caméras avec une équipe moribonde, LaMelo Ball est à lui seul une bonne raison d’allumer son League Pass. Dauphin de Giannis Antetokounmpo dans la course au scoring, il affiche un tonitruant 40,2% d’Usage (selon Cleaning The Glass) en ce début de saison.
Avec un Luka Doncic un peu moins omnipotent cette saison, cela en fait donc assez nettement l’Usage le plus élevé en NBA en ce début de saison.
Avec sa nonchalance comme signature, il multiplie les tirs compliqués pour tenter de maintenir l’attaque de Charlotte à flot.
LaMelo fait non seulement l’exploit de convertir un grand nombre d’entre eux, mais ajoute de la poésie à cela : ressembler trait pour trait au gamin de Chino Hills. Celui qui rentrait ces tirs insensés, lorsqu’il faisait alors près de 30 centimètres de moins et enflammait les lycées.
En l’absence d’autres sources de création autour de lui, le meneur de Charlotte est ainsi contraint de porter l’essentiel de la charge offensive, en découle une liberté certaine dans la forme des tirs pris, avec une multitude de step-backs, pull-ups et autres tirs compliqués qui font, certes, entièrement partie de son répertoire, mais peuvent inquiéter par leur forme.
De fait, une question de fond, est-ce que ce début de saison est porté par un surplus d’adresse sur des tirs très rentables ? Y a-t-il une anomalie qui ne puisse être maintenue dans les mois à venir ?
Un surplus d’adresse ?
Évidemment, sur des échantillons faibles, on peut vite avoir un surplus d’adresse sur quelques matchs qui gonflent artificiellement le début de saison.
À l’efficacité globale, LaMelo est au-dessus de ses standards en carrière. Il est dans le 71eme percentile à l’efficacité globale, et à 115,8pts pour 100 tirs pris. C’est 3pts de plus que sa saison passée et 3,5pts au-dessus de sa saison sophomore, qui est sa dernière “saison complète”.
C’est en cela que le doute est permis dans le cas du frère Ball. Ses 2 saisons précédentes sont difficilement utilisables dans la mesure où il a joué 58 rencontres sur ces 2 saisons cumulées. Autrement dit, des saisons tronquées par des blessures et probablement des matchs joués en manque de rythme ou diminué.
Or, à la différence de certains joueurs plus âgés, cela signifie que sa saison référence s’est déroulée durant sa 2eme année dans la grande ligue. En cela, ce progrès observé ne serait pas du tout étonnant, dans le cadre d’une progression linéaire.
Néanmoins, l’adresse globale est insuffisante pour déterminer ce qui se passe. Il pourrait par exemple stagner voire régresser dans certains domaines et être boosté par une énorme adresse sur son shoot à 3pts ou sur des tirs moins rémunérateurs à mi-distance.
Qu’en est-il ?
La première observation rassurante, puisqu’il ne surfe pas sur une adresse insolente à longue distance, par exemple.
Il est globalement dans les standards observés durant sa carrière, voire en deçà. Une chute qui peut être attribuée au volume plus important pris, et de fait, la difficulté des tirs en question (quiconque voit ses matchs ne doutera pas tellement de cette affirmation).
S’il fallait le préciser, il est un des 2 joueurs de la ligue qui prennent le plus de tirs en pull-ups, et le 1er sur les pull-ups à 3pts avec 8 tentatives par match (et un impressionnant 38% d’adresse au vu des circonstances).
Le seul élément sur lequel il a une véritable explosion d’adresse, c’est sur les mi-distances près du cercle. Cela paraît certes élevé, mais son tear-drop est bon et associé à une taille importante pour un meneur. Puisqu’il sait créer des écarts, ce ne serait pas étonnant qu’il ait juste progressé dans cette zone.
Derniers points notables :
- Son pourcentage de panier provenant d’une passe d’un coéquipier est autour des 36%, ce qui n’est pas élevé, mais n’est pas particulièrement préoccupant pour un meneur
- Son pourcentage de lancers francs provoqués est stable par rapport au reste de sa carrière, donc il ne bénéficie pas d’une hausse de la proportion de lancers francs pris
De même, il n’abuse pas d’une zone de tir dans laquelle il est plus en réussite sur le début de saison. Au contraire même, il va moins souvent au cercle, ce qui permettrait, même s’il n’est pas excellent dans l’exercice, d’améliorer son efficacité globale.
Un surplus de menaces offensives serait néanmoins nécessaire pour forcer plus de dilemmes aux défenses et donc, lui offrir plus d’espaces.
Quelle idée s’en faire ?
Dans l’idée, comme expliqué ci-dessus, il n’y a rien dans les performances de LaMelo qui soit basé sur une adresse hors-norme ou une soudaine progression qui paraisse contre-nature.
L’imaginer soutenir une adresse de cet ordre, basé sur sa shot chart n’a rien d’impossible. Toutefois.
Il est important de noter que le principal élément notable dans ses statistiques actuelles est la charge offensive portée. Lui qui avait déjà un des Usages les plus élevés de la ligue a encore pris en responsabilités offensives en ce début de saison.
Or, outre son physique fragile qui peut générer de premiers doutes, ce qui m’inquiète encore plus, c’est sa faculté à reproduire sur toute une saison ce niveau de performance sans s’user. La difficulté de traverser une saison de 82 matchs, réside en particulier dans le potentiel d’un joueur à acquérir la régularité qui fait les superstars.
S’il ne fait nul doute que LaMelo Ball possède un talent hors norme, la vie en NBA est faite de déplacements, de manque de sommeil et nécessite donc à avoir des routines optimisées, de résister aux tentations, mais également, de posséder un physique suffisamment solide pour éviter les pépins physiques.
Le problème, c’est que non seulement cela semble être un défi pour lui, mais il doit aussi jongler avec un effectif très léger en termes de talent.
Ses principales co-options offensives ont pour le moment cumulent beaucoup de matchs manqués (Miles Bridges & Brandon Miller), et ne sont en prime pas des joueurs suffisamment autonomes pour le libérer de la balle.
Les Charlotte Hornets ne possèdent pas d’une autre option de haut niveau balle en main (Vasilije Micic parait être dans le dur en ce début de saison) et LaMelo n’a même pas le luxe de posséder un rollman de haut niveau (un intérieur avec qui faire beaucoup de pick & roll) pour lui faciliter la vie.
Autrement dit, s’il est certes excellent, rien n’est fait avec cet effectif actuel pour l’accompagner. Ce qui laisse supposer que oui, il va devoir porter cette énorme charge offensive toute la saison et donc tirer énormément sur la corde pour maintenir ce groupe, ne serait-ce que dans la course au Play-in.
De quoi s’attendre à d’autres performances gargantuesques de LaMelo, de quoi nous promettre beaucoup de spectacle, mais pas de quoi laisser entendre que cela se fera sans baisse de régime d’ici la fin de saison.