La quête…
La saison est terminée, le travail peut enfin commencer. Cette saison 2023/2024, qui aurait difficilement pu se finir d’une meilleure manière, n’est qu’une étape dans le plan de l’architecte derrière ce succès. Cet architecte, c’est Brad Stevens. Bien que Jaylen Brown ait été élu MVP des Finals, ou que Jayson Tatum ait fini avec 31 points et 11 passes décisives, c’est bien Brad Stevens qui semble être le visage de ce 18e titre pour les Boston Celtics.
Il a certes pu affirmer en interview après le match qu’il n’y était pour rien, qu’il “est juste dans les gradins à manger du pop-corn”. Mais, après avoir été Head Coach (il avait remplacé le Head Coach avec qui Boston avait été champion en 2008, Doc Rivers), il est devenu General Manager, remplaçant Danny Ainge, l’architecte du titre de 2008. Celui-ci lui avait alors donné toute sa confiance, et les pleins pouvoirs. Et il a eu raison.
Après une défaite en Finals NBA et quatre défaites en Eastern Conference Finals, il semble avoir accompli la prophétie en ramenant les Celtics là où ils se devaient d’être, tout en haut de la hiérarchie NBA. Et maintenant ?
… n’est pas finie.
Au moment d’écouter les interviews suite à la remise du trophée de champion NBA, on peut remarquer différents comportements, différentes réactions. Celle de Brad était à son image, stoïque. Après avoir insisté sur le fait que les critiques envers Jayson Tatum et Jaylen Brown étaient “stupides“, et après avoir rappelé que c’est avant tout les joueurs sur le parquet et le coaching staff qui ont gagné ce titre, il a repris sa casquette de General Manager. À la fin de l’interview avec NBCS Boston, il dit à Jrue Holiday “Long Road Ahead”. Juste après que Jrue l’a remercié de l’avoir ramené à Boston, Brad Stevens a rappelé au joueur, et à nous tous, que la route n’est pas finie.
D’ailleurs, comment peut-on penser que la route est finie ? Jayson Tatum et Jaylen Brown n’ont que 26 et 27 ans. À l’inverse, Al Horford en a 38. De plus, les Celtics sont champions mais ne sont pas parfaits. La santé de Kristaps Porzingis a déjà montré ses limites et Payton Pritchard peut difficilement rester sur le terrain une fois arrivés les moments décisifs. Niveau contractuel, Derrick White et Jayson Tatum sont tous les deux éligibles pour des extensions de contrat.
Bref, la quête n’est pas finie, et le travail ne fait que commencer. Passons alors en revue les différents chantiers que va devoir gérer Brad Stevens durant cet été, notamment dans le secteur intérieur.
La raquette risque de se trouer
Dans le secteur intérieur, seuls Al Horford (9,5M$) et Kristaps Porzingis (29,2$) ont leur contrat garanti pour la saison prochaine. Le premier, Tonton Al pour les intimes, a prouvé que, malgré les années, il répondait encore présent. Sur ces Playoffs (en particulier sur ces Finals), Horford a semblé parfaitement capable de performer dans les différents schémas défensifs des Celtics. Après avoir joué 25 minutes par match en saison régulière, il en a joué plus de 30 par match en Playoffs ! Néanmoins, c’est justement parce qu’il a joué si peu en régulière, qu’il a pu être frais pour ces phases finales. À l’inverse, le corps de Kristaps Porzingis avait bien tenu jusqu’à la fin de saison.
Avec 1690 minutes sur la saison sur 57 matchs en saison régulière, le letton répond aux attentes placées en lui. Sauf que, venu le moment des Playoffs, tout s’écroule. Deux blessures en seulement sept matchs. Au total, 164 minutes passées sur le terrain en Playoffs, soit 100 de moins de Sam Hauser. Et à peine plus que Luke Kornet. Avec encore 60 millions de contrat sur deux ans (20% du Cap Space), Kristaps Porzingis doit être sur le terrain dans les phases finales. Mais en est-il capable ? C’est selon moi la première question que doit se poser Brad Stevens. Car, si Porzingis a un énorme impact quand il est sur le terrain, il représente aussi un gros risque financier.
Sur la saison régulière, les minutes de Porzingis représentent 8.9% de celles des Celtics. Lors des Playoffs, ce chiffre descend à 3.7%. Alors oui, cette saison, ça a été suffisant. Ça a été suffisant car Luke Kornet et Neemias Queta peuvent assurer le minimum syndical en saison régulière et permettent de reposer Al Horford, même sans Porzingis. Néanmoins, on a aussi vu les limites de cette approche. Xavier Tillman comme Kornet apportent des problèmes structurels, notamment de spacing. Ce qui les rendent impossibles à jouer arrivés les derniers tours de Playoffs. Alors, bien que ce secteur intérieur ait tenu le choc en 2024, je serais d’avis de lui apporter des modifications pour 2025. Un trade autour de Kristaps Porzingis ? Ou alors chercher un 3e intérieur plus fiable, avec un échange de Payton Pritchard ?
Le cas Payton Pritchard
Je l’ai vu. Vous l’avez vu. Payton Pritchard est une des belles histoires de cette fin de saison. Les Buzzer Beaters du milieu du terrain, la revanche après n’avoir pas eu de temps de jeu la saison précédente. Très bien, c’est mérité. C’est d’autant plus mérité qu’il a assuré un rôle mineur mais pas négligeable dans la saison régulière historique des Boston Celtics. Mais arrivé le moment des Playoffs, ça coince. Notamment lors des derniers tours:
- Minutes par match face au Miami Heat : 21.0
- Minutes par match face aux Cleveland Cavaliers : 21.8
- Minutes par match face aux Indiana Pacers : 15.9
- Minutes par match face aux Dallas Mavericks : 8.9
Son nouveau contrat représente moins de 5% du Cap Space. Ce n’est donc pas un problème de le garder sur Payroll. Mais quitte à être payé, autant jouer. Là où son contrat est intéressant, c’est qu’il est encore valable sur quatre ans, et qu’il peut facilement être échangé. Selon moi et mes maigres connaissances, si Boston veut se renforcer à l’intérieur, il faudra sacrifier un élément de la rotation extérieure, et ça devrait être le jeune Payton Pritchard. Sur les postes extérieurs, il faudra aussi prolonger le divin chauve, Derrick White.
Pour prolonger le plaisir
Les deux chantiers précédents vont permettre de corriger des potentiels problèmes sur le court terme. Néanmoins, Brad Stevens doit toujours garder en tête le long terme. Avec Jaylen Brown déjà prolongé jusqu’en 2029, ça devrait être au tour de Jayson Tatum de signer son contrat de plus de 300 000 000$ sur cinq ans. Les deux stars vont donc représenter plus de 70% du Cap Space. En plus des Jays, Porzingis et Holiday représentent eux plus de 40% du Cap Space. Si vous avez suivi les mathématiques jusqu’en CP, vous voyez arriver le problème.
En plus de ces quatre joueurs déjà signés pour plus de 100% du Cap Space, il va falloir prolonger Derrick White. On sait que les propriétaires des Boston Celtics n’ont pas de problèmes à financer les folies de Brad Stevens, mais tous ces gros contrats vont finir par faire disparaître la flexibilité contractuelle. De plus, rien ne garanti que les propriétaires des Celtics vont continuer à financer les folies de leur General Manager. Alors, vient le moment de faire des choix.
Les Boston Celtics sont en haut de la hiérarchie, et ils y sont arrivés grâce aux choix de Brad Stevens. L’ancien Head Coach n’a pas hésité à échanger l’âme des Celtics pour les amener au sommet. Que sera-t-il prêt à faire pour y rester ?