« Fortes Fortuna Juvat »
Nous y sommes. Des mois d’attente, pour enfin arriver à la conclusion de cette saison NBA. Des mois d’attente pour les fans, mais aussi la récompense du travail des deux franchises qui vont y participer. Les Boston Celtics, comme les Dallas Mavericks, ont construit deux équipes autour d’un duo qui suscitent beaucoup de débat. Beaucoup se sont demandés si Jayson Tatum et Jaylen Brown pouvaient gagner ensemble. Nombreux sont ceux qui ont eu des doutes sur la compatibilité du duo Luka Doncic avec Kyrie Irving. À l’aube de ces NBA Finals 2024, une de ces franchises est sur le point de montrer qu’elles avaient raison… ou peut-être l’ont-elles déjà fait ?
Ces deux équipes ont d’autres similarités dans la construction de l’effectif autour de deux stars offensives. Au cours des derniers mois, les Mavs et les Celtics ont pris des décisions fortes. Des décisions qui ont aussi engendré des doutes, mais paraissent aujourd’hui évidentes. En 2023, les Mavericks ont décidé de tanker afin de remonter à la Draft, en dépit d’un échange pour Kyrie Irving quelques mois plus tôt. Cette décision a permis aux Mavs d’avoir Derek Lively, un des éléments fondateurs du succès des Mavs cette saison. Ils ont aussi fait des échanges en cours de saison. À la trade deadline, la franchise de Dallas a mis la main sur Daniel Gafford et PJ Washington, en laissant partir notamment Grant Williams, pourtant arrivé durant l’été.
Du côté de Boston, l’été dernier a aussi été mouvementé. Les Celtics, qui étaient dans la continuité depuis l’arrivée de Brad Stevens comme General Manager, ont tout chamboulé. Les Celtics ont transféré leur âme, Marcus Smart, ainsi que les deux Williams (Grant donc, et Robert), ainsi que Malcolm Brogdon. Ses sacrifices ont permis de faire venir Jrue Holiday, et Kristaps Porzingis. On retrouve donc deux équipes qui ont été ambitieuses, prêtes à jouer avec les règles, et sacrifier des joueurs historiques, pour s’offrir les meilleurs chances d’aller au bout.
Des parcours bien différents
Depuis le début des Playoffs, les Mavericks ont joué trois matchs de plus que les Celtics. Doncic a joué 140 minutes de plus que Tatum. Boston a joué contre un 8eme seed, un 4eme seed et un 6eme seed pendant que Dallas a dû affronter le 1er de conférence, le 3eme et le 4eme. À la fin d’une saison qui dure plusieurs mois, avec une centaine de matchs, cette différence de fraîcheur peut avoir son importance.
Le parcours de Dallas est impressionnant, avec des upsets à chaque tour. Pourtant, quand on regarde la matchup plutôt que le classement de saison régulière, est-ce-que Dallas en Finals NBA est si surprenant que ça ? L’équipe coachée par Jason Kidd a attaqué via le Pick&Roll des équipes qui ont du mal à trouver des réponses. Mais, là où les Mavs ont fait basculer les séries de leur côté, c’est en défense. Face à des équipes avec des spacing imparfaits, Dallas a congestionné la raquette. Avec cette stratégie d’aides agressives pour retirer la réussite au cercle, Dallas est passé de la 17eme défense de Saison Régulière, à la 5eme défense lors des Playoffs.
À l’inverse, Boston a joué contre des équipes moins performantes mais surtout handicapées par des blessures. Les Celtics ont donc déroulé leur basket habituel. Avec la blessure de Porzingis, Boston a retrouvé son habituel switch-all. En attaque, comme depuis trois ans, les Celtics attaquent les mismatches dans un spacing optimal. Herro au premier tour, Garland au deuxième, et Haliburton en Finale de Conférence, Boston a touché la cible à chaque tour.
Les Finals NBA sont alors sur le point de commencer, ces deux parcours génèrent deux questions:
- Qui sera ciblé par les Celtics ?
- Comment les Mavericks vont-ils relever le défi du spacing ?
À la chasse au Doncic
Les Celtics, comme mentionné plus tôt, vont attaquer Dallas en passant par le plus mauvais défenseur. Ou alors par la cible la plus avantageuse. Les deux cibles seront Kyrie, qui malgré sa réputation est une défenseur capable, mais trop petit. L’autre cible sera Luka Doncic. Doncic n’est pas catastrophique, mais ce n’est pas un joueur positif en défense non plus.
Attaquer Doncic a deux conséquences positives pour les Celtics. La première conséquence est forcément d’attaquer un défenseur négatif dans un spacing optimal. La deuxième est d’attaquer le créateur primaire de l’attaque de Dallas. Attaquer directement Luka, de manière répétée pourrait engendrer de la fatigue chez le Slovène, mais aussi des fautes, et de la frustration.
Lors des confrontations entre Boston et Dallas, les chiffres indiquent que les Mavericks étaient meilleurs sans Luka sur le terrain. En Playoffs, les Mavericks perdent aussi les minutes avec Luka sur le terrain, sans Kyrie. Ici, je ne remets pas en question le fait que Luka Doncic soit le meilleur joueur de la série. Néanmoins, est-ce-que l’attaque de Dallas sera capable de rester performante sans Kyrie, et donc avec un moins bon spacing. C’est d’ailleurs l’autre clé de cette confrontation.
D’un côté, Dallas est arrivé jusque là en annihilant le spacing des adversaires, mais pourront-ils le faire face à Boston ? À l’inverse, comment Dallas va pouvoir générer assez de spacing en attaque pour punir la défense de Boston ?
Les Mavericks face au défi du spacing
Comme souvent dans la NBA moderne, l’utilisation de l’espace va jouer un rôle important dans cette série de Playoffs.
Sauf que cette fois, il pourrait être la clé qui ouvre, ou ferme les portes du succès. Comme mentionné précédemment, les Mavs ont réussi à battre les Clippers, le Thunder et les Timberwolves grâce à leur défense. En congestionnant la raquette, les Mavericks ont ralenti les attaques adverses. Lors de la saison régulière, les adversaires de Dallas avaient une réussite de 67.6% au cercle. En Playoffs, cette réussite adverse chute à 59.4%. C’est cette chute qui leur a permis d’être une des meilleures défenses pendant ces Playoffs.
Rappelez vous de cette possession plus tard.
C’est en fin d’horloge certes mais c’est exactement ce que veut la défense des Mavs : que Shai vienne s’empaler dans une raquette chargée. Il est mis au défi de trouver ses shooteurs au périmètre pic.twitter.com/S5c0z1pXlh
— 🃏 Penny Bergkamp 🃏 (@bergkamp_penny) May 8, 2024
Néanmoins, peuvent-ils espérer un pareil succès face aux Celtics ? Lors des trois premier tours, les Celtics avaient une réussite de 74.5% au cercle. Comment ? Grâce à un un attaque qui ouvre l’accès au cercle. En passant notamment par les côtés, les Celtics profitent du spacing et de la polyvalence de ses porteurs de balles pour punir les défenses. Si Dallas ferme l’accès à la raquette, les Celtics pourraient alors être contrariés, mais il leur restera le 3pts.
Néanmoins, Boston obtient beaucoup de ses tirs à 3pts en passant par la raquette dans un premier temps. Pour les Celtics, il faudra donc trouver un moyen pour obtenir de bon 3 points, malgré la raquette congestionnée. Le Post-Up, notamment avec le retour de Porzingis, pourrait être une solution. Ainsi que, comme présenté plus tôt, continuer de passer par les côtés avec des Side Actions.
J’ai pas le temps… mais pourtant, est-ce-que ça vaudrait pas le coût de faire une troisième vidéo de preview pour les Finals NBA ?
Un focus sur comment Boston obtient des Paint Touches pour générer des 3pts ouverts…
Les autres vidéos sont là: https://t.co/3rKanqBQgX pic.twitter.com/JJYZIKj1Ad
— azmatlanba (@azmatlanba) June 3, 2024
L’attaque de Boston sera donc un casse tête à arrêter pour Dallas. Malgré de solides Playoffs, la défense des Mavericks est face au plus grand défi de leur histoire depuis le Heat de LeBron James : faire dérailler le meilleur spacing de NBA. De l’autre côté du terrain, Boston aussi devra faire face à un casse tête sans fin, celui du Pick&Roll de Luka Doncic. Si même les Minnesota Timberwolves n’ont pas réussi à le stopper, les Celtics ont-ils vraiment une chance ?
Quelles réponses au Pick&Roll pour Boston ?
42% des possessions jouées par Luka Doncic se finissent par un tir après Pick&Roll. Sur ses possessions, l’efficacité monte à 1.03 point par possession. Relatif aux autres joueurs de Pick&Roll, c’est un très bon score. Relativement à l’efficacité moyenne d’une possession dans la NBA moderne, c’est franchement pas terrible.
C’est aussi à la passe que Luka Doncic peut tuer une défense sur le Pick&Roll. Derek Lively est d’ailleurs très efficace sur les actions de Pick&Roll avec Luka (1.25 point par possession). On ne peut pas en dire autant de Gafford (0.91 point par possession) ou de PJ Washington (0.81 point par possession).
Les actions de Pick&Roll permettent aussi à Luka d’obtenir des switches, pour attaquer en Isolation, ou sur Post-Up, des mismatches. Mais là aussi, il n’est pas très efficace sur ces Playoffs. Avec 1.04 points par possessions sur Isolation, et 0.58 sur Post-Up, Luka a été globalement peu efficace au scoring sur ces Playoffs. Avec 1.12 point par possession sur ces Playoffs, Luka est juste au niveau de la moyenne pour son poste.
Tous ces Pick&Roll permettent malgré tout à Dallas d’avoir une bonne attaque sur sa campagne de phase finale. Bien que le scoring de Luka ne soit pas efficace, et que seulement Lively semble tenir la baraque à la finition sur Pick&Roll, Dallas reste une bonne attaque grâce aux décalages que ces actions génèrent. Une bonne illustration de ça est le volume de tirs à 3 points dans le corner.
Dallas est l’équipe qui prend le plus de tirs à 3 points dans les corners, soit le tir à 3 points le plus rentable. Limiter ces décalages chez Boston sera essentiel, et ils ont prouvé qu’ils en étaient capables. Sur les Playoffs 2024 par exemple, Boston est l’équipe qui concède le moins de 3 points dans les corners.
Mais alors, si les Celtics arrivent à limiter les tirs dans les corners, et que le scoring de Luka ne décolle pas, les Mavericks ont-ils vraiment une chance ? Selon moi, cette série devrait être remportée par l’équipe qui attaque le mieux. Les deux défenses vont forcer les attaques à faire des concessions et à s’adapter. Qui sortira vainqueur de ce duel ? Le spacing optimal des Celtics ou le prodige du Pick&Roll ?
Le rapport de force
Boston Celtics : 75%
Dallas Mavericks : 25%