Les Boston Celtics sont de retour en finale de conférence, pour une 6eme apparition en 8 saisons. Comme l’an passé, leur présence était attendue, pas celle de leur adversaire. Si l’on devait résumer la campagne des Celtes jusqu’ici, on pourrait dire qu’ils ont fait le job. On reparlera peut-être d’adversité à l’issue de leur parcours, soit. Toujours est-il que la bande de Jayson Tatum a su faire son chemin, sans laisser trop d’espoir en chemin à leurs divers adversaires.
Ils retrouveront cette saison la surprise de cette campagne de Playoffs : les Indiana Pacers. Les coéquipiers de Tyrese Haliburton ont eux aussi connu un parcours face à des équipes handicapées par les blessures, mais ils n’ont pas raté leur opportunité et se sont montrés à la fois très bon offensivement, et prêts à batailler défensivement, là où tous les doutes étaient permis.
Désormais, ils vont devoir jouer crânement leur chance face à des Celtics amplement favoris, dans une série qui promet une bataille entre les deux meilleures attaques de la saison régulière.
Sans plus tarder, on vous propose d’entrer dans le vif du sujet.
Duel de spacing, différentes utilisations
Lorsqu’on parle d’attaque en 5-out cette saison, difficile de ne pas penser à ces deux équipes. En dépit de l’absence de Kristaps Porzingis, les Celtics sont toujours armés pour pratiquer un jeu où chaque joueur est une menace à longue distance.
Dotés de cette arme, ils obligent donc l’adversaire à défendre sur des espaces bien, bien vastes. Cela offre un terrain de jeu idéal pour leur multitude de menaces on-ball qui peuvent tour à tour lancer une chasse au mismatch.
La chasse pourrait d’ailleurs être bonne pour Joe Mazzula et ses ouailles, qui ont une cible de choix en la personne de Tyrese Haliburton. Véritable moteur offensif des Pacers, le meneur de jeu pourrait bien avoir à travailler de l’autre côté du terrain face aux multiples porteurs de ballon adverses.
Il n’est évidemment pas le seul (Andrew Nembhard, TJ McConnell), mais face à une équipe où même les guards vont poser de multiples écrans pour obtenir le switch, difficile d’imaginer Rick Carlisle trouver une véritable solution pour cacher sa star face au rouleau compresseur de Boston.
La tâche de défendre sur des attaques répétées des Celtics peut vite devenir harassante, puisqu’ils vous poussent à traverser des écrans, encore et encore, tout au long de la rencontre. S’en prendre à la clé offensive adverse paraît donc… naturel.
Boston Celtics vs Indiana Pacers, une finale de conférence avec les deux meilleurs attaques de la ligue cette saison.
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Celtics offensive rating: 123.2
Parcers offensive rating: 121.6
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Average offensive rating: 115.6
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Orgie de scoring en vue. pic.twitter.com/b3Jag0BPvZ— azmatlanba (@azmatlanba) May 20, 2024
Restera néanmoins à parfaitement profiter de cette faculté à obtenir des duels favorables pour sanctionner Indiana à haut niveau. Car envers et contre tout, cette équipe de Boston continue de bouder les actions dans la peinture.
26eme en saison régulière, 13eme dans cette campagne de Playoffs dans les tirs pris au cercle, Boston continue d’user avec parcimonie du tir le plus efficace de la ligue. Pour cause, ils attaquent toujours aussi peu le cercle à base de drive, et n’utilisent ainsi toujours pas leur spacing, pourtant optimal, pour s’arroger ce sésame.
A ce stade, néanmoins, difficile d’imaginer une quelconque révolution pour cette équipe, dont le style de jeu est et demeurera le jumpshot. Il s’agira en revanche de maintenir leur très haute efficacité dans cette zone (2eme au pourcentage au tir en saison régulière et Playoffs), face à une équipe qui s’est renforcée dans la défense du cercle avec l’acquisition de Pascal Siakam.
Meme philosophie, avec différentes approches
Les Pacers possèdent aussi la faculté à évoluer en 5-Out, même si l’arrivée de Siakam limite ce spacing idéal. Avec une multitude de shooters et connecteurs, Indiana n’hésite également pas à dégainer à longue distance. Toutefois, ils utilisent cette menace de manière plus traditionnelle, à savoir : profiter de la crainte qu’inspire ses shooters pour driver et obtenir des paniers au cercle.
Avec une attaque quasi-héliocentrique autour d’Haliburton (4eme au nombre de ballons touchés en SR, 5eme en Playoffs), Indiana entend sanctionner chaque décalage créé en se projetant vers le cercle. Avec 56 drives par rencontre, 17 de plus que leur futur adversaire, ils peuvent en prime se targuer d’être 5eme au pourcentage au tir (1er en Playoffs). La réussite qu’ils auront à briser le premier rideau de Boston sera donc un élément clé de la série. Particulièrement si Porzingis demeurait blessé.
Excellents par leur activité off-ball, avec leurs ball handlers secondaires qui sont toujours en train de chercher à créer du jeu, l’attaque des Pacers pourrait perturber des Celtics qui ont dû faire face à des attaques plus stéréotypées et rigides, jusqu’ici.
Tactiquement, les Celtics devraient proposer un switch 1-4, tentant de cacher Horford ou Porzingis sur un non-shooter (probablement Siakam), afin d’obtenir ses aides près du cercle.
En cela, plus ils seront à l’aise offensivement, plus ils réussiront à créer du chaos dans la défense des Celtes, plus ils rendront la nécessité de faire jouer Xavier Tillman réelle, obligeant Joe Mazzula à faire des compromis offensifs.
La défense extérieure des Celtics est néanmoins nettement supérieure à ce que les Knicks pouvaient opposer au match précédent, laissant en suspens la qualité des tirs que pourra se créer Indiana sur demi-terrain.
Le jeu en transition sera également capital, les Celtics ayant montré des faiblesses dans le registre.
La défense des Pacers, véritable métronome de la série ?
Avec le 24eme defensive rating de cette saison régulière, les Pacers ne ressemblaient pas à une équipe qui rencontrerait un franc succès en post-saison.
Refusant le switch, pratiquant une défense de drop assez classique (avec Myles Turner), même contre des équipes qui utilsent le small ball, l’équipe d’Indiana ressemblait à une formation tout pour l’attaque plus viable en régulière qu’en post-saison.
TOUTEFOIS, ils ont été plus convaincants post-ASG, bénéficiant des changements opérés dans l’effectif, mais ils ont surtout opéré des changements dans leur approche défensive une fois en Playoffs.
Tout d’abord, ils ont suivi une tendance particulièrement présente cette post-saison : réduire le temps de possession adverse en investissant sur une presse tout terrain. En ne donnant qu’une quinzaine de secondes pour opérer, ils réduisent les chances de briser leur défense sur une mauvaise rotation. Si Boston possède de nombreux porteurs de ballons, les Pacers n’hésitent pas à amener 2 joueurs dans le camp adverse dès la remise en jeu.
Pour répondre aux velléités adverses de pousser Haliburton à se trouver face aux porteurs de balle adverses, Rick Carlisle a opté pour du hedge de son meneur de jeu. Il semble qu’en saison régulière, les Celtics aient peu poussé le chasse au mismatch sur le meneur. Néanmoins, les Playoffs poussent à accentuer ce genre de situations. D’autant qu’ils ont rencontré un certain succès quand il se trouvait face à des Celtics plus physiques.
En tête de liste, vient bien évidemment Jayson Tatum. Ce qui pousse à se poser la question suivante : comment se comporter face à l’ailier des Celtes, sans véritable spécialiste sur les ailes ?
Comment défendre Jayson Tatum ?
Face au Miami Heat, Jayson Tatum a été défendu par Bam Adebayo. Face aux Cavaliers, il était défendu par Evan Mobley. Pendant ces deux séries, en occupant le meilleur défenseur et protecteur de cercle adverse, il a permis à ses coéquipiers d’attaquer à 4 contre 4 face à des défenseurs moyens. Grâce à cela, Derrick White, mais aussi Jaylen Brown et Jrue Holiday, ont pu être optimisés et profiter de l’espace offert par la gravité de Jayson Tatum.
Cette fois, la tendance devrait s’inverser. C’est maintenant Jayson Tatum qui devrait profiter du spacing offert par ses coéquipiers. En effet, contrairement aux précédents adversaires, les Pacers n’ont aucun joueur capable de contenir Jayson Tatum. Les Pacers vont donc se retrouver face à un choix cornélien : défendre sur Jayson Tatum en 1 contre 1, ou apporter un deuxième défenseur en laissant les Celtics attaquer à 4 contre 3.
Avec le progrès de Jayson Tatum dans ses lectures et à la passe, dans un spacing des Celtics optimisé, venir à deux sur JT pourrait être très risqué. Néanmoins, en 1 contre 1, sa menace sur drive et pull-up semble impossible à arrêter pour les Pacers. C’est d’ailleurs là que la série devrait basculer du côté de Boston. Jayson Tatum sera le meilleur joueur de la série, et la défense des Pacers va permettre de mettre la lumière sur ce fait. ce fait.
Le manque de profondeur peut-il impacter la série ?
Le cinq majeur des Pacers a joué 467 possessions depuis le début des Playoffs et affiche un Net Rating de +16.2. Mais, surtout quand Myles Turner va sur le banc, le niveau de performance des Pacers s’effondre. Sans réel back-up capable d’assumer des minutes, les Pacers tels qu’on les connaît semblent exister seulement avec Myles Turner sur le terrain. Sans lui, le spacing optimal disparaît. Les autres joueurs qui sortent du banc sont le génial TJ McConnell, le dunkeur fou Obi Toppin et un des steals de cette dernière draft, Ben Sheppard.
Ces trois joueurs sont capables d’avoir un réel apport dans le jeu des Pacers mais ce sont des joueurs à compromis. Obi Toppin et Ben Sheppard ne peuvent pas créer leur propre tir et peuvent être ignorés par la défense adverse. Néanmoins, ils permettent de gagner un niveau d’intensité et de dynamisme remarquable sur les séquences où ils sont sur le terrain. Ils peuvent aussi jouer un rôle dans la défense des Pacers. À l’inverse, bien que TJ McConnell soit le parfait relai d’Haliburton en attaque, il risque d’être une cible privilégiée dans l’attaque de Boston.
Comme on le sait, Boston est une équipe qui se nourrit des faiblesses des adversaires, surtout en attaque. Néanmoins, le banc de Boston, en particulier avec l’absence de Porzingis, à lui aussi ses limites. Premièrement, les minutes de Kornet devraient être limitées dans cette série rapide avec un spacing très moderne. On pourrait peut-être voir Tillman jouer plus que dans les autres séries, bien qu’il soit lui aussi un handicap pour le spacing de Boston. Horford devrait donc jouer beaucoup de minutes… ou alors nous pourrions voir Boston évoluer sans intérieur.
Sur les ailes et à l’extérieur, on retrouvera Sam Hauser et Payton Pritchard dans le rôle des spot-up shooters. Le mouvement et l’utilisation du premier laisse d’ailleurs à désirer sur ces Playoffs, mais ça n’a pas encore été pénalisant pour Boston.
Les autres points d’attentions
- La bataille des possessions : Ce sont deux équipes qui perdent peu de ballons et provoquent peu de pertes de balle, mais les Pacers ont montré qu’ils étaient capables de s’adapter selon la matchup. Face aux Knicks, ils ont réussi à augmenter le volume de rebond offensif pour renverser la série. Boston, une équipe très conservatrice, peut-elle être renversée sur la bataille de possessions ?
- Quelle utilisation pour Jrue Holiday ? Face aux Pacers durant la saison régulière, on a vu Jrue Holiday jouer au centre de la défense de zone, ou bien différemment sur le pivot adverse. Sur une série complète, et avec la blessure que Kristaps Porziņģis, Jrue Holiday pourrait avoir un rôle majeur et assez inhabituel dans cette série.
- La réussite à 3pts comme juge de paix ? Avec deux équipes qui ont un gros volume à 3pts, qui perdent peu de ballons et qui prennent peu de lancers-francs, est-ce-que tout ne se jouerait pas sur la réussite à 3pts ? Peut-on réellement imaginer que, avec ces deux protagonistes, l’équipe avec la moins bonne réussite à 3pts sorte vainqueur de cet affrontement ?
Rapport de force
Boston Celtics : 60%
Indiana Pacers : 40%