C’est dans un Smoothie King Center où planait une atmosphère de Playoffs que les Pelicans mirent les pieds lors de l’ultime match de la saison régulière. Le match 82 de la saison 2024, qui opposait New-Orleans aux Lakers, ressemblait à la fois à une rencontre décisive et à une validation d’acquis. De la victoire, dépendait un passage immédiat en Playoffs, mais nul ne semblait douter que d’une manière ou d’une autre, l’attente allait enfin être récompensée.
Voici 5 ans désormais que les Pelicans draftaient Zion Williamson, joueur aux allures d’ovni générationnel qui devait prendre la place dans l’esprit et dans le cœur des fans d’Anthony Davis, parti vers la Californie.
5 années parsemées d’espoirs, le plus souvent balayés par des avalanches de blessures et un effectif un peu bancal. Pourtant, à quelques minutes du match, les Pelicans étaient de nouveau au complet, sur une bonne dynamique et prêts à enfin montrer leur plein potentiel dans la grande cour. QiBasket avait fait le déplacement pour cette rencontre qui ressemblait à une étape symbolique de l’ère Zion Williamson.
Malheureusement, cet après-midi là, tout ne s’est pas passé comme l’imaginait CJ McCollum qui, en préambule de la rencontre était venu exhorter les fans, les remerciant pour leur présence tout au long de la saison, de leur soutien et surtout, leur donner rendez-vous en post-saison.
Derrière un Anthony Davis impérial des deux côtés du terrain, les Lakers opposaient un barrage hermétique à Zion, qui peinait à trouver ses positions au scoring et multipliait les maladresses. Pendant 1h30, les Pelicans ont cruellement manqué de spacing, de ressources pour faire sauter le verrou de la défense de Los Angeles.
2h30 plus tard, donc, la sentence est irrévocable, il faut retrouver les Lakers dans 2 jours, au même endroit, pour tenter de valider un ticket direct pour les Playoffs et une 7eme place.
Dans ce re-match, les Pelicans offriront une bien meilleure prestation qu’au match précédent, mais c’est malheureusement un nouveau rendez-vous avec le mauvais sort qui attend les hommes de Willie Green. A quelques minutes de la fin de la rencontre, Zion sur un nuage (40pts) renoue avec ses vieux démons. Sur un geste anodin, il se blesse, et se plaint soudainement du genou. Les espoirs d’enfin s’imposer dans la grande cour s’envolent, les Pelicans perdent à nouveau, mais surtout, ils perdent leur homme providentiel.
Malgré un spot décroché face aux Kings le surlendemain, difficile de laver ce goût amer qui semble persister. Les Pels retrouvent certes les Playoffs, mais doivent comme il y a deux ans, se passer de leur ailier fort.
Depuis cette soirée funeste, c’est une série à sens unique contre le Thunder, et une saison terminée sur un 0-4. De quoi laisser planer un vent de déception après un exercice de très belle facture. New-Orleans est de nouveau une équipe de calibre Playoffs, mais doit encore attendre pour voir Williamson y participer. L’équipe a confirmé un supporting cast de qualité, mais également un certain problème de compatibilité chez ses hommes forts.
Bref, je vous propose de discuter des cinq leçons de la saison 2023-2024 des New-Orleans Pelicans.
1/ Les Pelicans savent drafter
Les années passent, et les Pelicans continuent d’ajouter des joueurs très plaisants à regarder dans l’effectif. Après les sensations Herb Jones, Trey Murphy III, Dysons Daniels voire Naji Marshall, les Pelicans ont ajouté Jordan Hawkins à leur roster. Si tout n’est pas idyllique pour la franchise de Louisiane, réussir à trouver des joueurs qui, chaque saison, se font une place dans la ligue et sont compatibles avec leur franchise player, a permis de donner corps à leur projet.
Jordan Hawkins possède un potentiel défensif intéressant, mais a surtout validé être un shooteur qui ne rechigne pas à prendre sa chance quand il a de l’espace devant lui. Intéressant sur catch&shoot (38,8% à 3pts pour 3,7 tentatives par match) avec un potentiel à développer sur pull-up, le rookie de 22 ans devrait assez logiquement prendre une place croissante dans l’effectif. A l’aise balle en main quand la gonfle lui est confiée, il doit encore se développer comme passeur, mais peut définitivement prendre en importance dans les années à venir et permet aux Pels de continuer d’ajouter des joueurs longs, polyvalents, adroits de loin qui devraient parfaitement compléter Zion Williamson.
En continuant de drafter juste, avec la belle surprise José Alavarado qui continue de confirmer, la franchise commence à posséder un effectif dense, qui peut absorber les absences en saison régulière et offrir de belles promesses tactiques dans de potentielles joutes de Playoffs.
2/ Il est temps d’arrêter l’expérience Jonas Valanciunas
Nous en parlions avant même le début de saison, la relation Zion Williamson – Jonas Valanciunas ne fonctionne pas. Ce n’est pas un manque de volonté, c’est une difficulté par nature.
La saison a de nouveau prouvé l’impossibilité pour ce duo de fonctionner. Le dernier match de la saison régulière fut de nouveau le théâtre de ce contre-sens permanent. Jonas Valanciunas est indubitablement un talent qui peut prétendre à un spot de titulaire. Malheureusement, un peu anachronique, positionné à côté d’un joueur qui devrait pouvoir attaquer la raquette à répétition, sa présence dérange.
Face aux Lakers, il a fallu moins de 5 minutes à Willie Green pour appeler un temps mort, et prendre à nouveau la décision qui s’imposait : lui préférer Larry Nance Jr. En présence du lituanien, la défense des Californiens paraissait être partout sur la route de Williamson. Mais comment imaginer une autre issue quand son défenseur peut simplement l’ignorer et apporter des aides ?
Valanciunas est exemplaire sur le terrain, mais pour le bien des Pelicans, n’est-il pas temps de mettre fin à cette situation inextricable ? Les coachs peuvent difficilement le rétrograder sur le banc. Il est trop talentueux, trop cher, trop légitime à passer du temps sur les parquets.
Mais le duo ne fonctionne tout simplement pas. Il est temps de l’admettre.
3/ Le trio McCollum – Ingram – Williamson, sans avenir ?
Pourtant, la relation Williamson – Valanciunas n’est pas la seule à laisser perplexe.
Les 3 porteurs de ballons principaux de la franchise ne font pas non plus parfaitement sens. Et là encore, ce n’est pas vraiment leur faute.
Toute la saison, nous avons pu constater que chacun faisait une belle saison.
CJ McCollum a été très convainquant, efficace balle en main, capable de s’effacer au profit de ses jeunes stars au besoin, il a réalisé un bon exercice en dépit du scepticisme qui continue de l’entourer.
Brandon Ingram a montré de véritables progrès. Dans son decision making, dans sa synergie avec Zion. Tandis que l’ailier fort a enfin fait une saison quasi-complète, a validé si besoin était qu’il est bel et bien l’homme fort de cette équipe et un des meilleurs joueurs de la nouvelle génération en NBA.
Intraitable lorsqu’il file vers le cercle, mismatch permanent, excellent passeur, Zion continue de se développer malgré les blessures.
Sauf que, si les duos fonctionnent bien ensemble sur le terrain, l’équipe peine à faire sens quand ils sont tous les trois sur le terrain :
Et c’est bien là un problème de taille pour les Pelicans. Comment espérer faire des runs importants en post-saison quand la charpente de votre équipe, celle qui débutera et surtout, terminera ensemble aura tendance à perdre contre les titulaires adverses ? Les grandes équipes ont pour nécessité d’être fonctionnelles, et si les Pelicans ont réussi à attirer tout plein de jeunes qui fonctionnent avec Zion, Ingram ou McCollum, le trident principal n’est même pas à l’équilibre.
Cette saison, le 5 de départ des Nuggets et des Bucks présentaient des net ratings supérieurs à +15. Imaginez la difficulté pour les Pels, de rivaliser avec ce type d’équipes, dans un contexte de rotations réduites en post-saison ?
Il parait dès lors nécessaire de faire un choix. Mais lequel ?
Le duo Ingram – Zion semblerait logique, vu leurs âges relativement proches. Mais malgré leurs progrès ensemble, on est encore loin d’une paire pour qui la cohabitation semble naturelle. McCollum est logiquement le premier à venir en tête, mais sa valeur n’est pas très élevée. A tel point qu’on peut se demander si l’un ou l’autre est parfaitement nécessaire.
Alors que leur jeunesse est intéressante, que Herbert Jones & Trey Murphy III sont de plus en plus importants, même offensivement, les Pelicans ne doivent-ils pas simplement jouer un va-tout ?
Après tout, la valeur de Brandon Ingram doit être correcte et les Pels possèdent tous leurs tours de draft, ainsi que ceux des Lakers et des Bucks. Est-il temps d’aller chercher un trade d’envergure dès que l’occasion pointe son nez ? Peut-être.
4/ Zion Williamson va devoir faire face aux mêmes défenses que Giannis & Embiid
Retour à notre match 82 de la saison régulière.
Dans ce match qui devait être équilibré, l’affrontement vire au sens unique.
Si la non-compatibilité entre Zion & Valanciunas paraît évidente derrière un écran, elle crève les yeux des tribunes.
En réalité, ce jour-là, ce n’est pas le seul problème qui semble indiscutable. Le spacing en est un autre. Ce fameux spacing, permis par un étirement toujours plus grand de la zone de danger, une optimisation du mouvement de la balle et des joueurs sans ballon qui ne cesse de s’améliorer en NBA.
Ce fameux spacing que l’on loue tant, qui dérange certains paraît bien moindre en réalité, tant les joueurs sont grands, longs, athlétiques. Et dans le cas des Pels lors de cette rencontre ? Il paraît tout simplement absent.
Williamson ne semble avoir aucun espace pour accéder au cercle, certains shooters ne sont pas respectés, les autres intérieurs des Pels ne sont pas des menaces suffisantes et sont peu dynamiques off-ball, et tout est difficile.
Au milieu de ce scénario peu reluisant, on voit soudain poindre une chaîne de défenseur sur la route de Zion. Cette même chaîne de 3 joueurs qui a tant dérangé Giannis et Embiid en post-saison, revient incarnée par la défense des Lakers qui cherche à se mettre dans de bonnes dispositions pour le Playin.
Cette défense qu’on s’attendait à voir un joueur sur Zion en Playoffs est déjà là, et soudainement, ce dernier ne semble pas du tout avoir l’effectif autour pour punir à répétition cet investissement défensif sur sa personne. Malgré ses qualités de Playmaking, son toucher et son handle sont restés au vestiaire cet aprem-là, mais une chose est certaine : les Pelicans ont frôlé les 50 victoires, ils sont de plus en plus talentueux, mais tant que ce que nous avons évoqué dans les 2 sections précédentes n’est pas réglé, les défenses auront vite fait de rendre la vie de New-Orleans compliquée quand les choses sérieuses débuteront.
Zion doit s’y préparer, mais surtout, David Griffin doit préparer un effectif capable de sanctionner les schémas défensifs qui viseront à neutraliser l’accès au cercle de sa superstar.
5/ David Griffin semble avoir reçu le message
Pourtant satisfait de la saison régulière, David Griffin semble néanmoins avoir tiré le constat de ces dernières semaines.
Quand bien même l’équipe a du faire sans sa star au premier tour des Playoffs, les éléments égrenés dans cet article on visiblement taraudé le front-office des Pels.
Malgré sa volonté de signaler tout le positif de la saison (il a après tout des supérieurs à qui rendre des comptes et des joueurs à motiver), plusieurs éléments sont à retenir :
- “La conférence Ouest est de plus en plus compétitive […] Certaines équipes qui ont manqué les Playoffs vont également chercher à se renforcer, nous devons faire la même chose.”
- “Ce ne sera pas un été de complaisance”
- “Nous avons toujours dit que nous voulions voir cette équipe en bonne santé, je pense que nous avons vu assez”
Autant de phrases qui ne laissent pas de places aux doutes, et tombent après un premier tour particulièrement compliqué. Sans leur star, la pression est monté d’un cran sur Brandon Ingram et CJ McCollum. Tous deux ont vu leur production chuter, celle d’Ingram tombant particulièrement mal. Malmenés par la (très) bonne défense du Thunder, Lu Dort en tête n’ayant laissé aucun espace à l’ailier, ce dernier n’a pas fui ses responsabilités en conférence de presse.
Toujours est-il que les NOP ont fort à faire avec de nombreux contrats à prolonger, dont Ingram éligible à une extension de 4 ans (la rumeur semble dire qu’ils ne lui proposeront pas d’extension cet été). Cela les mènerait à la luxury tax alors qu’ils sont conscients qu’en l’état, cette ossature ne leur permet pas d’être en compétition pour le titre… même en bonne santé.