Les Denver Nuggets, champions en titre, retrouveront donc leur adversaire du premier tour de la saison passée : les Minnesota Timberwolves. Si les visages seront globalement les mêmes, de l’eau semble avoir coulé sous les pont depuis le 4-1 infligé aux Wolves.
Depuis cette défaite au sortir du Playin, les hommes de Chris Finch ont eu le temps de changer. En bonne santé, plus unis que la saison passée, leur statut n’est plus celui du challenger qui doit éprouver son adversaire.
Impériaux contre les Suns, ils ont dominé la série d’une main de maître grâce à une défense asphyxiante. Alors que beaucoup leur promettaient un match-up difficile face à des spécialistes du mid-range, Phoenix n’a pas su exister et trouver les tirs souhaités.
En face, les Nuggets ont également disposé rapidement des Lakers, adversaire probablement plus solide et discipliné que les arizoniens. Néanmoins, dans ce rematch, les Nuggets sont apparus moins flamboyants que la saison passée, remportant la série en 5 matchs, mais revenant sans cesse de larges déficits pour s’imposer dans le clutch.
Toujours intenables dans les fins de rencontres serrées, la troupe de Mike Malone a montré des failles défensives de taille sur le pick & roll, une maladresse collective et des signes de blessures inquiétantes chez Jamal Murray et KCP.
Dans cette série qui s’annonce extrêmement compétitive et indécise, les rapports de force ont changé. Alors tout de suite, je vous propose une plongée dans ce qu’il faudra surveiller dans cet affrontement, mais aussi, dans toutes les incertitudes qui se profilent à quelques heures du Game 1.
Des qualifications rapides, mais des dynamiques différentes
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il me semblait nécessaire d’expliquer en quoi pronostiquer cette série paraît extrêmement complexe. Les premiers tours de Playoffs voient souvent des équipes de niveaux assez disparates s’affronter, permettant aux favoris de se qualifier de manière assez rapide. Les Playoffs avançant, la notion de match-ups devient ainsi de plus en plus importante.
En somme : mon adversaire possède-t-il des forces susceptibles d’exploiter mes faiblesses ? Mes forces me permettent-elles d’exploiter ses failles ?
La difficulté pour juger néanmoins de la dynamique des demi-finales de conférence, est d’évaluer la prestation des équipes au tour précédent, mais également la qualité de l’opposition.
Dans le cas des Lakers & Suns, la problématique paraît d’autant plus complexe, car même avec des bilans semblables en saison régulière, le jeu proposé peut parfois plus ou moins bien se transposer en Playoffs.
Rapide tour d’horizon, donc.
Des Wolves impressionnants, des Nuggets inquiétants
Difficile de ne pas rappeler à quel point les Timberwolves ont écrasé leur opposition. Vainqueurs en 4 matchs, Minnesota n’a eu en général besoin que de 3 quart-temps pour plier l’essentiel des rencontres (hors Game 4).
Si leur attaque posait questions en saison régulière, leur défense fut si dominante et la paire Anthony Edwards – Karl-Anthony Towns, si à l’aise en attaque contre les Suns, qu’aucune issue autre que la victoire ne semblait possible une fois la série entamée.
Plus qu’un 4-0, les Wolves ont un net rating de +13,9 sur la série. Leur domination fut sans équivoque.
A l’inverse, si les Nuggets ont été en position de réaliser un second sweep consécutif face aux Lakers, ces derniers ont été globalement dominés sur la série.
Désormais réputés pour être intraitables dans le clutch, les Nuggets ont fait honneur à cette réputation en brisant les Lakers dans les fins de matchs, avalant les déficits et punissant LA avec pas moins de 2 game winners de Jamal Murray en 5 rencontres. Mais de fait, 2 éléments inquiètent.
Tout d’abord, leur net rating est sans comparaison avec les deux autres favoris à l’Ouest, mais surtout, ils ont été menés tout au long de la série. Dans son article the Denver Nuggets title defense is showing early cracks, Zach Krams propose ce tableau comparatif pour illustrer ce premier tour en demi-teinte du champion en titre :
Non seulement Denver s’impose par une marge limitée, mais ils courent après le score. 75% du temps à chasser l’adversaire, c’est quasiment la même proportion que les Phoenix Suns & les New-Orleans Pelicans, tous deux éliminés…. 4-0.
Quid des oppositions ?
Là, c’est le flou total, mais voici ce que l’on peut en dire.
Les Lakers ont proposé une campagne dominante la saison passée jusqu’aux finales de conférence. L’équipe semblait légèrement meilleure cette saison, avec quelques recrues bien senties et surtout, une paire LeBron James – Anthony Davis qui a enfin connu une année sans pépin physique.
Pour ces raisons-là, on peut à minima considérer que ces Lakers ressemblaient à une des 5-6 meilleures équipes de ce premier tour. Bien coachés, ils ont proposé un plan défensif cohérent qui ne sont pas étrangers aux difficultés de Jamal Murray. Par ailleurs, le duo de star des angelinos, en forme, a montré que sa domination offensive était toujours réelle en 2024.
Découpant Denver sur pick & roll, ils ont posé d’énormes problèmes à Nikola Jokic que seuls des ajustements défensifs ont su limiter. D’une adresse folle, avec des temps de jeu énormes, on voit mal ce que le duo pouvait faire de mieux pour cette équipe.
De l’autre côté, les Suns ont fini une place devant les Lakers, et le potentiel offensif de cette équipe semblait crever le plafond. Leur saison n’était pas convaincante, mais demeurait l’impression que le niveau théorique de Phoenix, au complet, restait dévastateur.
Experts du midrange, face à une défense qui joue le drop autour d’un Rudy Gobert au sommet, ils avaient les armes pour punir le schéma défensif adverse. Défensivement peu armés, les Suns affichaient un niveau plancher intéressant grâce à un coach résolument défensif.
Toutefois, face à un pressing défensif effrayant des extérieurs des Wolves, les faiblesses offensives des Suns sont ressorties. Excès d’isolation, nombreuses pertes de balles, Bradley Beal a peiné à assurer son nouveau rôle de meneur de jeu, tandis que Devin Booker et Kevin Durant multipliaient les 1-contre-1, avec un succès variable.
Les Suns n’étaient pas un adversaire équilibré, mais un potentiel monstre offensif capable de créer l’upset si ledit potentiel se débloquait. En mon sens, le naufrage des Suns est à mettre au crédit de l’exceptionnelle défense des Wolves.
En revanche, si ces difficultés en attaque ont nourri la transition de Minnesota, difficile de ne pas voir les lacunes défensives de ces derniers comme un élément de non-test pour la troupe de Chris Finch.
De facto, les Suns avaient probablement le bon régime de tir pour gêner les Wolves, mais ne les obtenaient pas de la bonne façon (trop d’isolation).
Cette parenthèse faite, voici les éléments à surveiller dans cette série et les (mes) différentes interrogations.
La défense des Minnesota Timberwolves, une force générationnelle ?
La difficulté de cette preview, n’est pas d’évaluer les forces et faiblesses de chaque équipe, mais plutôt, de savoir comment celles-ci vont s’équilibrer dans les batailles à venir. Par exemple, les Minnesota Timberwolves possédaient le premier defensive rating cette saison.
Cela dit, contrairement à certaines saisons où nous trouvons plusieurs défenses élite de niveaux très proches, ma principale interrogation est celle-ci : à quel point ces Wolves sont défensivement supérieurs aux autres défense d’élite présentes dans ces Playoffs ?
Je m’explique : en saison régulière, les Wolves avaient un defensive rating de 108,4. Soit 2,2 points de moins encaissés pour 100 possessions que les Celtics, 2eme. Cet écart est équivalent à celui entre les Celtics (2eme, donc) et les Rockets (10eme !). Mais le pire pour leur(s) futur(s) adversaire(s), c’est que la défense des Wolves est montée d’un cran depuis le début des Playoffs, et ce de manière assez indubitable.
La défense de Minnesota est construite autour d’un Rudy Gobert qui devrait obtenir son 4eme titre de défenseur de l’année d’ici quelques jours, et le premier rideau défensif offert au pivot tricolore est bardé de joueurs oscillant entre bons défenseurs et prétendants aux all-defensive team. Jaden McDaniels et Nickeil Alexander Walker sont absolument étouffants, Anthony Edwards est plus régulier qu’en saison régulière, tandis que Mike Conley et Kyle Anderson sont des défenseurs très solides et disciplinés.
S’ils doivent être encore mis à l’épreuve, nous savons déjà que des Wolves, bien moins alignés l’an passé, sans leur meilleur défenseur extérieur, avait probablement proposé la meilleure défense des Playoffs 2023 aux Nuggets.
La questions qui me taraude à l’heure où j’écris ces lignes est ainsi la suivante : la défense des Wolves sera-t-elle considérée dans quelques mois, comme d’un niveau d’élite si rare, qu’ils marquent une période ?
Ou si vous préférez, parlerons-nous un jour de cette saison comme le point de départ d’une équipe défensive d’une domination équivalente à celle des Pistons des années 2000 ?
En effet, ils n’ont aucun défenseur faible en dehors de Karl Anthony Towns. Les autres joueurs éventuellement fragiles sont Naz Reid et Monte Morris, mais le premier fait des progrès chaque année tandis que le second à un rôle secondaire. C’est potentiellement un adversaire sans précédent pour ces Nuggets.
Sur ce, comment cela risque de les impacter ?
Les Nuggets à l’épreuve de la défense des Wolves
Quelles propositions face à Nikola Jokic ?
Nous savons d’ores-et-déjà que les Wolves sont construits pour défendre sur les Nuggets.
La raison est simple, ils ont 3 pivots comme joueurs majeurs de la rotation, ce qui leur offre une flexibilité de taille face à Nikola Jokic.
A l’instar des Lakers, les Wolves pourraient être tentés de préserver leur protecteur de cercle pendant le match et de le faire jouer régulièrement en roamer. Dans ces séquences, Karl Anthony Towns ou Naz Reid seront en charge de défendre sur le serbe. Leur mission ne sera pas de l’arrêter seul, mais de tenir au mieux sans faire faute en attendant la dissuasion de Gobert en second rideau.
Nous l’avons souvent répété, les qualités de passeur de Nikola Jokic forment sa force première, et il peut donc attaquer tout types de défense et trouver des solutions. C’est ainsi que face aux Lakers, ce type de schéma défensif ont permis des envolées d’Aaron Gordon laissé libre sur le dunker spot.
Est-ce que ce schéma aura des résultats différents face aux Wolves ? Possiblement.
En effet, pour deux raisons. La première, c’est que les Lakers pratiquaient ce schéma avec Rui Hachimura sur Jokic. Volontaire, le japonais n’est pas un pivot de métier et était à la fois plus petit et léger que le serbe. Cela ne sera pas (autant) le cas face aux Wolves.
Par ailleurs, Aaron Gordon aura sûrement plus de mal à s’exprimer face aux Wolves pour deux raisons. Tout d’abord, personne ne fait mieux que Gobert dans ce rôle et l’absence d’un tir convenable fait qu’il sera sûrement défié à shooter de loin s’il décide de s’écarter. Ensuite, par ce que la coordination défensive des Wolves fait que les extérieurs seront bien moins susceptibles de manquer les rotations si Gobert s’engage complètement sur des aides sur Jokic.
Évidemment, ce schéma est une option, qui sera sûrement utilisée par séquences. Tout d’abord parce que forcément, Gobert aura aussi ses minutes directement sur Jokic.
C’est par exemple que ce nous avions vu dans les fins de rencontres l’an passé, dans lesquelles Rudy s’en était plutôt bien sorti. D’autre part, les Wolves doivent toujours protéger Karl-Anthony Towns des problèmes de fautes, long fil rouge de sa carrière (qui a encore fait irruption face aux Suns) et dans ce contexte, l’opposer longuement à Nikola Jokic apparaît comme contre-productif.
Ainsi, nous devrions voir différents niveaux de drops avec Rudy initialement sur Jokic.
Les Wolves devront adapter la profondeur du drop selon l’agressivité de Jokic (notamment sur le midrange), mais aussi la faculté de ses coéquipiers à le trouver et à scorer sur ses passes. Autrement dit, le drop sera variable selon la pression exercée sur les porteurs de balle des Nuggets, et à quel point les Wolves décideront ou non d’axer leur défense sur la star des Nuggets. Il sera donc plus ou moins bas.
Le plan probable
Car maintenant passée la question des schémas défensifs sur Jokic, quel devrait être le plan de Chris Finch et son staff ?
Tout porte à penser qu’en dépit d’un personnel idéal pour gêner le serbe, l’équipe ne sera pas concentrée sur la gestion de son scoring. L’an passé, le plan des Wolves était sommairement de couper ce dernier de ses coéquipiers, puis de faire au mieux quand il allait scorer.
La marge des Nuggets avait semblé importante, mais personne n’avait échappé à l’exceptionnelle défense de NAW sur Jamal Murray, ni la solidité du plan défensif de Minnesota.
Nul doute que les Wolves auront la même philosophie défensive cette saison, avec beaucoup plus de matériel, mais aussi des Nuggets plus fragiles. La présence de Jaden McDaniels est un énorme game changer pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, c’est le meilleur défenseur extérieur de l’équipe et cela accroît la profondeur de l’équipe. Il peut être envoyé en mission sur Jamal au relais d’Alexander-Walker, mais il devrait aussi compliquer considérablement la vie d’un des joueurs les plus en vue de Denver dans ce premier tour… Michael Porter Jr.
L’ailier des Nuggets a été déterminant face aux Lakers. Seul Nugget adroit à longue distance, plus complet en attaque il s’est montré intéressant sur quelques drives ou par un jeu de passe plus clairvoyant.
L’an passé, il avait joui face aux Wolves de match-ups défensifs plutôt favorables. Arrivera-t-il à peser sur la série avec, cette fois, un des meilleurs défenseurs NBA qui devrait avoir pour mission de limiter ses accès au ballon et contester tous ses mouvements ?
Il y a fort à parier que sa série sera beaucoup moins régulière et éclatante qu’au tour précédent.
Mais la principale inquiétude de Denver sera bien du côté de Jamal Murray et Reggie Jackson. Les défenseurs extérieurs des Wolves ne souffrent d’aucune cible facile. NAW, Anthony Edwards, Mike Conley ou McDaniels ?
Aucun n’est particulièrement et dans le même temps, Murray sort d’un premier tour très léger face aux Lakers et souffre d’une blessure au mollet qui limite son explosivité. Capables de mettre des pressions dès la remise en jeu sur de (très) longues minutes, les Wolves pourraient couper la tête du serpent pour isoler l’ossature de l’équipe (Nikola Jokic) et nous avons vu face aux Lakers que plus de pression sur Murray tend à faire dérailler l’efficacité offensive du champion.
La problématique est d’autant critique que le relais du meneur, Reggie Jackson, semble moins armé physiquement que son prédécesseur (Bruce Brown) pour survivre dans une série aussi physique.
Nikola Jokic continue de s’imposer comme un des plus grands performeurs en Playoffs. Son premier tour est second au True Shooting percentage, avec un impact monstre au rebond et à la création pour aider son équipe. Il ne pourra néanmoins pas gagner seul si ses coéquipiers ne performent pas mieux que face aux Lakers.
Des Nuggets blessés et maladroits
L’an passé, tout s’alignait pour Denver. Arrivés reposés en Playoffs, en bonne santé et tous très concentrés, ils n’ont pas raté l’occasion de concrétiser le retour à la compétition de Murray & MPJ, après 2 campagnes de Playoffs minées par les blessures. Loués pour les multiples options à disposition, tout le monde a contribué derrière une paire Murray-Jokic sur un nuage.
Cette saison, la campagne ne démarre pas sous les meilleures auspices.
En dehors d’un MPJ qui a réalisé sa meilleure série de Playoffs et d’un Jokic fidèle au poste, l’ensemble du roster est d’une maladresse sidérante.
Les Nuggets sont 10eme au TS% depuis le début de la post-saison, en cause une maladresse à 3pts qui tranche avec les divers spécialistes à disposition. On peut évidemment dire que la défense des Lakers à jouer sa part, mais l’adresse de ces derniers sur les tirs ouverts n’est pas caractéristique.
Là encore, Zach Krams me mâche le travail. Voici un comparatif entre l’adresse des Nuggets dans ces Playoffs contre ce qu’il auraient du mettre si leur adresse était celle de la saison, sur les tirs “grands ouverts à 3pts” :
La variance est un élément majeur dans une série de Playoffs, pour le moment, les Nuggets sont du côté obscur de cette dernière. Si leur confiance s’avérait entamée par le premier tour, ce que la défense des Wolves leur réserve pourrait s’avérer fatal. Surtout que l’ombre de la blessure de Murray pèse sur la série.
Les Wolves prêts à tomber de leur nuage en attaque ?
17eme offensive rating de cette saison régulière, les Wolves sont premiers dans ces Playoffs. Opposés à des Suns tous juste moyens en défense, ils ont obtenu tout ce qu’ils voulaient dans cette série. Facilité à libérer Anthony Edwards, beaucoup de transition, un Kevin Durant qui peine à avoir son impact habituel et surtout un Karl-Anthony Towns qui vit enfin une série satisfaisante.
De ce côté-là, on peut imaginer… que la fête est finie.
Oui, les Nuggets possèdent des failles défensives. Un attaquant aussi fort qu’Edwards va poser des problèmes.
Mais Denver est aussi une des 5 meilleures défenses de la ligue sur demi-terrain, a prouvé face aux Lakers experts en transition qu’ils pouvaient faire les efforts et contre-carrer cette faiblesse avec succès, et l’ombre du match-up de la saison passée entre Aaron Gordon et KAT pourrait à nouveau jalonner la série du pivot des Wolves.
Anthony Edwards face à la défense des Nuggets
Les Lakers ont exposé les difficultés de Denver dans la défense sur Pick & Roll. Aussi intelligent que soit Jokic en défense, ce manque de mobilité et de dissuasion au cercle a généré du scoring à répétition pour Anthony Davis. Avec LeBron James à la baguette, la maestria de ce duo a posé beaucoup de problèmes.
Les Wolves auraient sûrement à cœur de créer le même chaos et d’épuiser Nikola Jokic en l’amenant à répétition dans cette zone d’inconfort.
Toutefois, le Pick & Roll n’est pas le système de prédilection de cette équipe. 22eme à la fréquence du recours au P&R, 18eme à l’efficacité, les Wolves auront un dilemme. Doivent-ils jouer sur leurs forces, ou appuyer sur la faiblesse adverse ?
En effet, Minnesota possède 3 options pour jouer ce système. La principale, Edwards, puis dans des volumes moins importants : Mike Conley et Monte Morris.
Alors qu’attendre globalement ?
A ce stade, les Wolves proposeraient sûrement un P&R semblable mais moins dangereux que celui des Lakers.
Edwards peut scorer avec autant de facilité que LeBron dans ces conditions, a progressé sur les skip pass lorsque le défense se resserre, ou à sanctionner les prises à deux, mais se trouve encore à des années lumière du niveau de playmaking du King. Par ailleurs, le rollman, que ce soit KAT ou Gobert ne devrait pas faire autant de dégâts qu’un Anthony Davis intraitable lors du premier tour.
Si vous voulez une illustration de ce que sont les Playoffs, ce dilemme tactique en est l’illustration. Vous pouvez savoir où frapper, mais ne pas avoir le personnel pour frapper au bon endroit. En ce qui concerne le P&R, donc, tout cela est loin d’être gagné pour les Wolves qui risqueraient de jouer contre-nature en insistant dessus. Ce n’était pas le cas des Lakers.
Pour autant, Ant a encore progressé depuis la saison passée. En net progrès sur les tirs à mi-distance, il profite d’une équipe plus à l’aise et de son travail estival. Ainsi, s’il n’a pas augmenté sa fréquence au cercle, il a considérablement augmenté son efficacité (54eme percentile l’an passé, 85eme cette saison à son poste).
Ces progrès sont significatifs dans le mach-up car cela permet d’imaginer davantage de pression mise sur la raquette des Nuggets, qui n’excelle pas dans quand il s’agit de faire baisser la réussite dans cette zone.
Globalement, Minnesota a aimé confier l’attaque à Mike Conley, utilisant Edwards lancé à la réception de la balle pour sanctionner les écarts. Le voir évoluer en sortie d’écran n’est pas rare et lui permet de jouer de son tir à mi-distance comme une menace :
Balle en main, ce dernier s’est montré plus adepte de l’isolation (+25% de ses possessions au 1er tour), mais demeure encore assez moyen dans l’efficacité (0,93pts par tir pris cette saison).
Capable de gros volumes, il est néanmoins assez clair que les Nuggets se contenteraient d’un Edwards alimenté d’isolations, possédant des joueurs capables de s’en sortir (Kentavious Cadwell-Pope, Christian Braun, Aaron Gordon, Peyton Watson voire MPJ occasionnellement) sur de la défense individuelle.
Or, il est important de conclure là-dessus, si Denver est friable sur P&R, ils ne le sont pas sur les autres schémas. Cela rendrait la faille exploitée au tour précédent obsolète dans cette série.
Même plan sur Karl-Anthony Towns
L’an passé, Ant s’en était bien sorti face aux Nuggets. Comme susmentionné, l’affaire fut différente pour KAT.
Les Wolves possédaient à l’issue de la série, 96 d’offensive rating avec l’intérieur sur le terrain (122 pour Edwards). Celui-ci affichait un terrible 55,2 de True Shooting percentage, pour seulement 18,2pts marqués. Par sa mobilité, Aaron Gordon ne laissait pas d’espace à la star des Wolves pour faire parler son jeu à 3pts. Mais suffisamment costaud, il arrivait également à contester ses drives et ses tentatives de prises de positions au poste.
Les arrières assez costauds des Nuggets avaient aussi contribué à le gêner. Bruce Brown et Christian Braun, avaient par exemple posé problème au pivot, alors que cela semblait être des mismatchs à son avantage :
Face aux Suns, le pivot était un mismatch permanent et a permis d’enclencher de nombreux runs par son shoot et sa domination physique. Le challenge pour lui sera d’en faire autant face à des Nuggets connus pour être longs et physiques. Le dernier venu, Peyton Watson, ne fait pas exception.
Denver s’appuie à l’instar des Wolves, sur du drop. Mais il est aussi très probable de les voir réaliser des séquences de hedge (où l’intérieur sort de manière aggressive sur le porteur de balle), que ce soit sur Ant ou KAT. L’objectif sera de pousser ces derniers à battre la défense par leur individualité ou s’en remettre à leurs coéquipiers pour sanctionner.
En somme, les Wolves pourraient pratiquer le type d’attaque souhaité par Denver. La question qui demeure : vont-ils le faire suffisamment bien pour contre-carrer la défense des Nuggets, au moins de manière satisfaisante ?
Cette question sera d’autant plus cruciale que les espaces créés par les stars ont permis au supporting cast de Minnesota d’être particulièrement efficace au premier tour et ainsi à l’attaque de ces derniers de connaître une inflation certaine.
Autres éléments à surveiller
Si les précédentes parties ont évoqué des éléments structurants de la série, d’autres données, parfois plus simples, peuvent jouer un rôle de Facteur X dans une série.
Je vous propose d’évoquer quelques points ici :
- La variance derrière les stars : d’un côté, des Nuggets très maladroits au premier tour, vont connaître une pression supplémentaire. De l’autre, le supporting cast des Wolves très tranquille jusqu’ici qui va jouer une équipe connue pour faire baisser la réussite à 3pts. On pourrait avoir une série à faible pourcentage de réussite, mais si les Nuggets se réveillent, ou que les Wolves maintiennent leur bonne forme (et vice versa), cela impactera la physionomie perçue actuellement de la série.
- La propreté balle en main des Nuggets : Denver est connu pour prendre soin de la gonfle, mais face aux Lakers, on a vu l’équipe être étrangement dispendieuse. Si les Lakers ont généré ces écarts, alors cela pourrait être encore pire face à la défense de Minnesota qui est très prompt à provoquer ce type d’erreurs.
- La bataille du rebond : Les Timberwolves sont grands, très grands avec leur panoplie d’intérieurs. Tout comme les Nuggets. Les deux sont solides au rebond, mais Denver a fait du rebond offensif un élément clé de son jeu. Si les Timberwolves les limite dans cette prise de possessions supplémentaires, ils auront fait un pas supplémentaire pour maintenir leur défense d’élite. Si comme les Lakers, ils laissent Denver faire son beurre là-dessus, ils gâcheraient le travail réalisé.
- Quel banc contribuera : le banc des Wolves est une satisfaction, celui des Nuggets fut correct au premier tour, mais peu utilisé. Minnesota doit gagner cette bataille pour réussir.
- La blessure de Chris Finch : Élément inédit, le seul blessé côté Wolves est… le head coach. Pour le moment incapable de se tenir sur le banc de son équipe, risque-t-il de manquer quelques rencontres, et quel impact cela aurait-il ?
- Jamal Murray diminué : La blessure de Jamal Murray est une version plus légère de celle qui prive Giannis de Playoffs. Dans une série qui s’annonce très intense, le risque que sa mobilité soit amoindrie est réelle, voire une aggravation, qui changerait la face de l’affrontement
- Le clutch : Les Nuggets ont terminé premier de la ligue dans le clutch (+24,5 de net rating), les Wolves… 27eme (-13,9). Denver est une machine qui continue à exécuter offensivement, tout en montant d’un cran défensivement. Les Wolves ont tendance à s’en remettre à de l’isolation et à leur star. Minnesota doit gagner les matchs et maintenir l’écart pour gagner, Denver s’en remettra volontiers à des fins de rencontres tendues.
Qu’attendre de la série ?
Dans une série où tout le monde est en forme, les stars auront probablement la décision. En effet, on peut s’attendre à une série très tendue, dominée par les ajustements défensifs dans laquelle l’adresse générale pourrait ne pas être au beau fixe. Grâce à leur défense, les Wolves pourraient s’offrir de larges victoires les soirs où ils mettent l’attaque des Nuggets en difficulté.
Gare aux champions toutefois ! Leur défense est souvent mésestimée, et l’attaque de Minnesota, aussi flamboyante qu’elle ait semblé au premier tour, ne devrait pas connaître une série aussi tranquille, ni être en mesure d’appuyer là où ça fait mal à volonté.
Karl Anthony Towns doit faire oublier ses derniers Playoffs, sous peine de laisser Edwards trop seul face au génie de Nikola Jokic. Une bien mauvaise idée si les Nuggets arrivaient à se trouver à portée à l’entrée des money times.
Toutefois, l’état de santé de Jamal Murray semble être une épée de Damoclès inévitable dans cette série et pourrait venir jouer un rôle majeur. La dynamique et l’état de forme paraissent en faveur de Minnesota, mais Denver a tactiquement plus d’armes. Une série dantesque en perspective, donc : probablement le plus gros défie des Nuggets depuis avril 2023.
Rapport de force
Denver Nuggets : 58%
Minnesota Timberwolves : 42%