Pour la première fois depuis 2017, avec Kawhi Leonard, un joueur de 25 ans ou moins est réellement concerné par la course au MVP. Et encore, si « The Claw » a fini 2e en 2016 à 24 ans puis 3e en 2017 à 25 ans, il n’a jamais été véritablement question qu’il remporte ce Graal individuel. Depuis 2017, tous les MVP et tous les prétendants avaient au moins 26 ans au cours de leur saison. Cette série a été rompue cette année : Shai Gilgeous Alexander et Luka Doncic, deux joueurs auteurs de saison XXL et qui briguent cette récompense.
Dès lors, sommes-nous à l’aube d’une nouvelle ère dans laquelle les jeunes ont pris le pouvoir ? Ou bien est-ce encore un phénomène isolé ?
Essai de définitions
Qu’est un « jeune joueur » en NBA ?
Derrière cette question somme toute assez basique se cache en réalité un questionnement plus complexe : considère-t-on avant tout l’âge ou l’expérience ? Autrement dit, Chris Duarte, dans sa 3e saison NBA à 26 ans, est-il un jeune joueur ? Tandis que Jayson Tatum, 25 ans, drafté en 2017, mais avec quasiment 500 matchs en carrière dont 100 de play-offs avec de fortes responsabilités, est-il lui aussi un jeune joueur ?
Bref, c’est le bazar. Alors pour simplifier le propos et pour éviter les exceptions à outrance, nous rangerons les joueurs en trois catégories, basées sur leur année d’expérience dans la Grande Ligue, c’est-à-dire leur année de Draft : de 2003 à 2011, c’est la vieille garde, symbolisée par les trois meilleurs joueurs de la décennie 2010, c’est-à-dire KD-Curry-LeBron ; de 2012 à 2016, ce sont les joueurs en plein dans leur prime, avec notamment la triplette d’intérieur Embiid-Giannis-Jokic ; et l’on considérera que les joueurs draftés à partir de 2017 sont encore jeunes et ont l’avenir devant eux, c’est-à-dire donc de Tatum à Wembanyama.
Bien sûr, malgré cette catégorisation, certaines exceptions resteront présentes et seront développées dans le grand point II).
Cette question de la transition générationnelle n’a d’ailleurs pas lieu qu’en basket : dans tous les autres sports, nos idoles des années 2000 et 2010 ont peu à peu été remplacées par d’autres athlètes plus jeunes et tout aussi performants. Dans certains cas, les papys font de la résistance et la génération intermédiaire a subi la persistance des anciens et l’éclosion d’une génération de talents plus jeunes et encore meilleurs : en tennis notamment, avec la génération Medvedev-Tsipsipas toujours dépassée par le Big Four et ringardisée par l’avènement notamment d’Alcaraz, de Rune ou de Sinner ; et en football, avec la génération Bale-Hazard-Neymar noyée par le niveau toujours stratosphérique de Messi-Ronaldo puis dépassée par la génération suivante de Mbappé-Haaland. Tandis que dans d’autres cas, finalement plus rares, cette génération intermédiaire, qui devrait actuellement être à son prime, arrive à prendre le dessus. Voyons ce qu’il en est en basket.
Qu’est-ce que l’on entend par « prendre le pouvoir » ?
Eh oui, cette phrase peut prendre des réalités bien différentes selon qui l’emploie. Nous allons nous pencher les options 1 et 2 de chaque franchise, en différenciant ensuite les équipes compétitives de celles qui ne le sont pas.
Puis, pour rester sur une lecture actuelle, nous regarderons les différents trophées et NBA Team 2022-2023, en excluant évidemment le ROY, par essence dévolu aux rookies, ainsi que le MIP, très souvent décerné à des joueurs entre 23 et 25 ans, pour ne pas fausser les statistiques. Enfin, nous observons les différents leaders statistiques à l’instant T de la saison 2023-2024.
Avec toutes ces statistiques et ces données compilées, il sera plus simple d’analyser si la Ligue appartient désormais aux jeunes, ou si au moins un ascendant a été pris. Réponse dans le point III).
La réalité du terrain
Quelles sont les options 1 et 2 dans la ligue ?
Avant d’attraper le col de l’auteur de cet article dans les commentaires sur « machin est option 1 en fait », « untel n’est pas 2e option, mais 1B », etc., la liste ci-dessous est évidemment sujette à discussion, mais sachez qu’il a essayé de se montrer le plus objectif possible. Les trois indicateurs principaux sont le ressenti du terrain, l’importance au sein du projet et le nombre de tirs tentés en moyenne. Après, oui, par exemple KD/Booker ou LeBron/AD, c’est très proche.
Il est important de noter que ces termes de « première option » et de « deuxième option » concernent avant tout l’aspect offensif. Si les spécialistes défensifs comme Rudy Gobert, Jaren Jackson Jr ou Evan Mobley ont peu de chance de se retrouver dans une telle liste, ils n’en restent pas moins fondamentaux pour leur équipe.
Légende :
Jeune joueur avec encore du potentiel à développer
Théoriquement dans son prime
Vétéran (avec encore un niveau qui varie de bon à exceptionnel)
Dans cette légende ci-dessus, l’âge est un premier critère, puis l’expérience et le potentiel sont les deux suivants. Ce ne sont pas les seuls critères, mais ce sont les principaux.
Les trophées et équipes NBA de la saison passée
MVP : Joël Embiid, Giannis Antetokounmpo, Nikola Jokic
DPOY : Jaren Jackson Jr, Evan Mobley, Brook Lopez
6th Man : Malcolm Brogdon, Bobby Portis, Immanuel Quickley
Coach of the Year : Mike Brown, Mark Daigneault, Joe Mazzulla
Note : pour les coachs j’ai appliqué la répartition suivante :
- Rookie à 5 ans dans la Ligue = jeune coach ;
- 5 à 12 ans = coach référencé ;
- +12 ans de head coach = coach très expérimenté
Leaders statistiques actuels de cette saison (top 5 au 30 janvier 2024)
Moyenne de points par match : Joël Embiid, Luka Doncic, Giannis Antetokounmpo, Shai Gilgeous-Alexander, Devin Booker
Rebonds : Domantas Sabonis, Anthony Davis, Rudy Gobert, Nikola Jokic, Giannis Antetokounmpo
Assists : Tyrese Haliburton, Trae Young, Luka Doncic, Nikola Jokic, James Harden
Steals : Shai Gilgeous-Alexander, Donovan Mitchell, Kawhi Leonard, De’Anthony Melton, De’Aaron Fox
Blocks : Victor Wembanyama, Brook Lopez, Walker Kessler, Chet Holmgren, Anthony Davis
Que peut-on en analyser ?
Les premières options
Parmi les deux premières options de chaque franchise, les chiffres sont sans appel : 27 jeunes, 24 dans leur prime et uniquement 9 de la vieille garde.
Ceux qui ont régné dans la NBA des années 2010 ne sont plus à la fête collectivement en 2024 : parmi ces 9 joueurs, seuls 3 (Leonard, Lillard et George) font partie d’une équipe actuellement dans le top 5 de sa conférence. Les statistiques individuelles restent présentes pour une majorité d’entre eux (tous hormis Thompson et DeRozan à degré moindre), mais pas assez pour maintenir leurs équipes respectives dans les hauteurs de la Conférence Est comme Ouest ou pour s’immiscer dans la lutte au MVP : la dernière fois qu’un des membres du trio magique KD-LeBron-Curry a obtenu un titre de MVP, c’était Stephen Curry en 2016. Il y a presque huit ans désormais. Une éternité à l’échelle de la NBA. Cette année, Kawhi Leonard entre doucement dans les conversations, mais il part quand même de loin pour obtenir la récompense individuelle suprême.
Collectivement, malgré des équipes qualitatives, ces équipes menées par de « vieux » leaders ont du mal à performer. L’exception qui confirme la règle étant le run 2022 des Warriors.
À y regarder de plus près, cette transition s’est faite en plusieurs étapes : des drafts 2017 et surtout 2018 remplis de gros talents (Tatum, Shai, Doncic, etc.) puis avec l’avènement du trio de forward (Giannis-Embiid-Jokic) à partir de 2019. On peut d’ailleurs même dire que cette double bascule générationnelle a eu lieu à partir de la bulle d’Orlando : premiers play-offs pour Shai et Doncic, Tatum et Jokic qui portent leur équipe en Finales de Conférence, Kawhi (vu à l’époque comme le meilleur joueur du monde) qui trébuche et qui ne s’en est encore jamais remis, dernières Finales et dernier titre pour LeBron James. Depuis 2020, le passage de flambeau se fait petit à petit, d’abord entre la génération LeBron-Curry à celle Jokic-Giannis, puis doucement à celle Doncic-Shai.
En réalité, quand dans le titre de l’article il est question de prise de pouvoir, nous pouvons appréhender celle-ci de deux façons : par la qualité et par la quantité. Pensez la quantité, c’est observer en priorité si les jeunes joueurs sont majoritaires au sein des rosters, en regardant autant si ceux-ci jouent les premiers rôles que s’ils sont des roles players ou des joueurs de fin de rotation. Là, pas de surprise : la moyenne de la ligue est de 26,5 ans, il y a bien une transition générationnelle et des joueurs jeunes ou dans leur prime à la majorité des postes. C’est assez logique, et ce phénomène a lieu à chaque fois.
Non, ce qui nous intéresse réellement, c’est si ces jeunes ont pris le pouvoir en étant les têtes d’affiche d’une part de leur franchise, mais aussi à l’échelle de toutes les franchises de la Ligue. Bien sûr, être la première option des Pistons ou celle d’un contender, ce n’est évidemment pas la même chose. Les équipes qui visent la draft, qu’elles soient menées ou non par de jeunes joueurs à potentiel, cela ne change rien au fait qu’elles n’ont pas pris le pouvoir : elles prennent, volontairement ou involontairement, des valises de défaites.
Pour les 25 franchises qui restent, le débat est ouvert. Parmi les 1res options, il faut différencier celles qui sont là par statut et celles par défaut : celles par défaut ne font pas partie du top 20-25 NBA et redeviendraient 2e option dès l’arrivée d’un joueur de l’élite des 20-25 ; tandis que celles par statut sont des premières options depuis plus de trois ans, ont accompli des choses en play-offs ou ont été élues NBA First-Team sur les deux dernières années. La catégorie « en débat » concerne les joueurs pour lequel le doute est permis : soit parce que l’échantillon est trop faible, voire inexistant, en play-offs, soit parce que ce que l’on a vu en postseason pose le doute sur leurs capacités à mener une franchise au titre en tant que clair première option.
Par statut : Ja Morant, Steph Curry, LeBron James, Luka Doncic, Nikola Jokic, Joël Embiid, Giannis Antetokounmpo, Shai Gilgeous-Alexander, Jayson Tatum, Jimmy Butler, Kawhi Leonard, Devin Booker
En débat : Trae Young, De’Aaron Fox, Tyrese Haliburton, Zion Williamson, Donovan Mitchell, Anthony Edwards, Paolo Banchero
Par défaut : Lauri Markkanen, Scottie Barnes, DeMar DeRozan, Mikal Bridges, Alperen Sengun, Jalen Brunson
La liste du dessus et son code couleur associé sont sans doute le plus important à retenir de tout l’article. Dans les premières options par statut, au nombre de douze, nous sommes très proches d’avoir les dix meilleurs joueurs NBA à l’instant T. L’élite de l’élite, donc. Parmi ces joueurs, la répartition est parfaite : quatre jeunes joueurs, quatre dans leur prime, quatre de l’ancienne génération. Difficile pour l’heure d’acter une prise de pouvoir de la jeunesse. Surtout qu’aucun des quatre jeunes n’a encore remporté ni de titre de MVP, ni de bague de champion NBA.
Toutefois, là où l’on peut dégager une tendance et observer une montée en puissance de la jeunesse, c’est dans la catégorie du dessous, celle « en débat ». Ce sont les joueurs qui, à la faveur d’une grosse saison régulière et d’accomplissements significatifs en play-offs, sont les plus proches d’atteindre le rang du dessus. Parmi ces 7 joueurs, 6 jeunes. Bang. D’autant plus que le dernier larron, Donovan Mitchell, n’est pas si vieux non plus.
Ceux qui sont déjà tout en haut y resteront, sauf en cas de blessures ou déclin lié à l’âge, et ce n’est seulement que lorsque les noms de la catégorie du dessous arriveront à se hisser au sommet que l’on pourra parler d’une domination des jeunes, ou bien lorsqu’un Shai ou un Tatum parviendra jusqu’au titre en roulant sur tous leurs adversaires au cours d’une campagne complète de play-offs. D’ici là, comme depuis trois ans, la Ligue est finalement dans les mains des joueurs dans leur prime, le trio Embiid-Jokic-Antetokounmpo, qui a raflé les cinq derniers titres de MVP et deux des trois derniers titres de champion.
Les deuxièmes options
En ce qui concerne les deuxièmes options, là aussi nous pouvons écarter les cinq équipes qui tankent. Sans leur faire offense à ces joueurs (Rozier, Poole, Jerami Grant, Vassell et Bojan Bogdanović), je pense que ce sont au mieux des quatrièmes options dans une équipe compétitive. Concernant le reste, observons qui sont de véritables lieutenants d’équipes compétitives, qui sont encore en débat et quels sont les joueurs présents par défauts.
Par statut : Jaylen Brown, Bam Adebayo, Anthony Davis, Kevin Durant, Paul George, Jamal Murray, Damian Lillard
En débat : Klay Thompson, Desmond Bane, Pascal Siakam, Kyrie Irving, Karl-Anthony Towns, Domantas Sabonis, Brandon Ingram, Franz Wagner, Darius Garland, Jalen Williams, Tyrese Maxey
Par défaut : Fred Van Vleet, Dejounte Murray, Cam Thomas, Jordan Clarkson, Zach Lavine, Julius Randle, RJ Barrett
Les deuxièmes options sont menées par des joueurs bien en place dans la ligue. Ce n’est pas surprenant, car être le lieutenant attitré ou le 1B (Davis, Durant, voire Lillard), c’est endosser aussi une part de pression et de responsabilités quand le leader est présent ET quand il n’est pas là. Il faut de l’expérience dans la Ligue pour pouvoir le gérer. Bam Adebayo est le plus jeune de ce petit groupe, mais il a déjà vécu deux Finales NBA, ce n’est pas un novice. Jaylen Brown, seulement 27 ans, a été quatre fois en Finales de Conférence. Ce sont deux joueurs expérimentés. Les autres sont tous allés jusqu’au bout en tant que patron (Durant) ou en leur qualité de lieutenant (Murray, Davis), ou ont au moins été en finales de Conférence dans la jungle l’ouest, en première option (Lillard, George).
Contrairement aux joueurs du dessous, ceux du dessus sont tous des big game players. Même si l’on adore se moquer de Jaylen Brown, de Damian Lillard ou de Paul George, ils ont tous déjà prouvé sur la grande scène.
La jeunesse pointe le bout de son nez parmi les joueurs en débat (5 sur 10). Les quatre joueurs dans leur prime ont déjà montré leurs limites en tant que première option, mais aussi des limites récentes en tant qu’option 2. Ce ne sont pas des franchise-player, mais l’on pense qu’ils pourraient être des lieutenants s’ils sont accompagnés par le bon numéro 1. Le cas de Klay Thompson est un peu différent : il n’est jamais totalement revenu de ses blessures, mais a été solide lors du run des Warriors de 2022. L’éternelle acolyte de Curry est-il fini pour faire partie de l’élite de la NBA ? Peut-être, mais il a le bénéfice du doute encore au moins jusqu’à la fin de la saison.
Les 5 jeunes (Williams, Garland, Bane, Maxey et Wagner) sont tous des deuxièmes options à côté d’un joueur top 20 NBA, à l’exception de Wagner qui côtoie Paolo Banchero, et font partie de projets ambitieux. Le révélateur des play-offs leur permettra de vérifier leur plafond : probablement pas pour Bane, à voir pour Wagner, mais les trois autres sont attendus en postseason.
Parmi eux, y a-t-il de potentiels numéros 1 de franchise compétitive ? C’est-à-dire des joueurs amenés à boxer avec les poids lourds que sont les premières options ? Sans doute pas, à l’exception peut-être de Maxey, qui a l’air d’avoir le plus haut plafond.
Toutefois, la NBA nous réserve toujours son lot de trajectoires surprenantes. Même si le pas à réaliser entre être une bonne deuxième option et être une option 1 d’une équipe compétitive, c’est en réalité très rare. Plus qu’un pont, c’est un viaduc, et ce type de trajectoires à la Jimmy Butler n’est pas la norme. Kyrie Irving, par exemple, malgré tout son talent, n’y est jamais parvenu. Par le jeu des trades, le rôle de Jalen Williams, Garland, Bane, Maxey et Wagner pourrait être amené à évoluer plus vite que leur niveau : dès lors, s’ils se retrouvent première option, combien d’entre eux pourraient assumer ? Combien d’entre eux arriveraient à éviter de se retrouver dans le dernier tiers des 30 numéros 1 de la ligue ?
Ces cinq noms, auxquels on peut ajouter RJ Barrett et Cam Thomas, qui partent tout de même de bien plus loin, ont pour avantage principal leur jeunesse, ce qui fait que l’on peut encore spéculer sur leur plafond. La jeunesse en NBA, ce n’est que ça : de la spéculation sur un potentiel futur et incertain, pas une garantie. Sans accomplissement en play-offs, il n’y a jamais de garantie de réussite dans les moments où cela compte vraiment. Dans trois ou quatre ans, statistiquement, il est plus probable que la majorité de ces sept joueurs soient devenus des troisièmes options que des premières.
Selon les différents trades à venir, ces numéros 2 seront peut-être à l’inverse rejoints par Markkanen, Sengun et Scottie Barnes, pas encore des numéros 1 d’équipe qui veulent aller loin en play-offs. Enfin, Irving, Siakam, Sabonis, KAT et Ingram, en 2024, ce sont des joueurs solides qui évoluent à un niveau de All-Star, mais ce ne sont pas la garantie de ne passer ne serait-ce qu’un tour de play-offs en tant que lieutenant. Si ça clique bien avec le numéro 1, pourquoi pas aller loin, en revanche il n’y a encore aucune assurance.
Que pouvons-nous en conclure ?
Bien sûr, c’est indéniable, la jeune génération pousse de plus en plus fort. La présence de trois jeunes parmi la All NBA First Team de l’an passé en atteste, mais l’on peut aussi noter que la jeune génération place un représentant en tête des assists, des blocks, des steals, qu’ils sont deux dans le top 4 des points marqués par matchs et qu’elle a en son sein le dernier DPOY. Si leurs exploits ne datent pas d’hier, ou même d’avant-hier, ils sont cette fois amplifiés par leurs bons résultats collectifs qui agissent comme un miroir déformant : on aimerait tellement qu’ils prennent la place de leurs ainés qu’on en oublie que la génération dominante est celle actuellement dans leur prime.
En effet, à l’instant T, la ligue n’appartient plus à LeBron, Curry ou Durant, pas plus qu’elle n’est encore dans les mains des Shai, Edwards ou Doncic, elle appartient aux trois monstres bien en place que sont Embiid, Giannis et Jokic. Le révélateur des prochains play-offs parviendra peut-être à modifier cette hiérarchie … ou à réaffirmer la mainmise du trio de forwards.
Cette fameuse prise de pouvoir interviendra sans doute d’ici quelques années, quand les joueurs encore un cran en dessous (Haliburton, Edwards, peut-être Zion ou Banchero) auront réalisé de grandes performances dans les moments où cela compte vraiment. Cette saison 2023-2024 n’est en réalité ni un acte isolé ni nécessairement l’aube d’une nouvelle ère. Cela se fera progressivement, ce ne sera ni tout blanc à tout noir, ni de tout à rien.
Pour tous les jeunes, hormis pour Tatum, qui possède une force collective de premier plan et l’expérience des hautes sphères de play-offs, cela devrait être encore juste pour atteindre le titre. L’Ouest, surtout, est une jungle dont il est si difficile de sortir. En revanche, pour le trophée de MVP, plus simple à atteindre car récompense de saison régulière, là, l’espoir est permis.
En attendant de nouveaux couronnements, les plus anciens rois sont toujours présents. Les plus récents aussi. C’est d’ailleurs un privilège de pouvoir assister à des passes d’armes entre trois générations si différentes et si distinctes que l’on aurait tort de ne pas s’en délecter et d’attendre, déjà, les prochaines joutes de play-offs avec impatience.