L’idée nous a été soufflée lors d’un live Twitch réalisé au début du mois de septembre. Et puis les mois ont passé, nos previews ont été publiées et la NBA a repris ses droits pour une 78ème saison. Mais de quelle idée s’agit-il, au fait ? La question nous a été posée de savoir quels étaient les franchise player a avoir guidé leur franchise au titre NBA avant leur 3ème contrat dans la Ligue. En voilà une question qu’elle est bonne.
Aujourd’hui, nous ne nous contenterons pas simplement d’y répondre. Allons plus loin encore, en analysant le profil type presque complet du franchise player d’un champion NBA. Pourquoi “presque” ? Car nous nous réservons l’idée et l’envie de rédiger un second article sur le même sujet, cette fois-ci axé sur les statistiques brutes et avancées de ces joueurs. En somme, l’exercice du jour est assez similaire à celui auquel nous avons déjà eu l’occasion de nous livrer récemment, lorsque nous nous sommes questionnés sur la meilleure manière de remporter un titre, par exemple.
Poste, âge, expérience… tâchons de dresser le portrait robot du meilleur joueur des 77 champions que la NBA a eu l’occasion de consacrer depuis 1947.
Le poste du franchise player d’un champion NBA
Pour chacun de nos développements, nous essaierons de fournir une réponse concrète, avant de la détailler un petit peu, notamment en procédant par périodes. Car effectivement, si l’on s’intéresse au poste du meilleur joueur d’une équipe championne NBA depuis la création de la Ligue américaine de basketball professionnel, nous sommes en mesure d’apporter une réponse qui ne souffre pas de contestation – si ce n’est que l’on puisse toujours débattre sur le poste réellement occupé par un joueur sur le terrain.
Le résultat est d’ailleurs aussi logique que sans appel :
L’on s’aperçoit ainsi qu’avec 29 occurrences, le poste de pivot est de très loin le plus représenté parmi notre échantillon. Et pour cause, il l’est près de deux fois plus que celui de meneur, qui fait état de 15 franchise player (vous l’aurez compris, au sein de cet article, la formule “franchise player” est utilisée pour désigner le meilleur joueur d’un champion NBA… à ne pas confondre avec l’athlète qui a soulevé le trophée de MVP des finales !). La donne est ensuite répartie quasi-équitablement entre les trois autres postes, puisque l’on retrouve 10 arrières, 13 ailiers et 10 ailiers-forts.
Statistiquement, ainsi, il est plus probable de remporter un titre lorsque le meilleur joueur de l’effectif évolue sous les cercles. Comme vous vous en doutez cependant, plusieurs nuances doivent être apportées. Car, en l’espèce, le temps a clairement fait son oeuvre.
La NBA d’avant hier a connu plusieurs superstars. Passionnante pour qui veut bien s’y intéresser, elle offrait toutefois aux observateurs un certain manichéisme et l’on s’aperçoit rapidement que, sauf exceptions, tous les rosters étaient tournés vers la raquette. S’il demeure encore quelques dubitatifs au fond de la salle, voici quelques chiffres qui devraient vous convaincre.
Sur les 25 premières années de vie de la Grande Ligue (entre 1947 et 1971, donc), le franchise player du champion NBA était un pivot à 20 reprises, soit 80% du temps. Les seules exceptions ? Joe Fulks (ailier-fort, avec les Warriors) en 1947, Paul Arizin (ailier, avec les Warriors) en 1956, Bob Cousy (meneur, avec les Celtics) en 1957, Bob Pettit (ailier-fort, avec les Hawks) en 1958 et John Havlicek (ailier, avec les Celtics) en 1969. Le reste ? George Mikan a été le meilleur joueur des siens chaque fois qu’il a soulevé le trophée de champion, soit à 5 reprises. Bill Russell signe quant à lui un nonuplé. Ajoutez-y une petite dose de Connie Simmons (1948, avec les Bullets), Arnie Risen (1951, avec les Royals), Dolph Schayes (1955, avec les Nationals), Wilt Chamberlain (1967, avec les 76ers), Willis Reed (1970, avec les Knicks) et Lew Alcindor (futur Kareem Abdul-Jabbar en 1971, avec les Bucks) et vous comprendrez aisément l’hégémonie des pivots.
Depuis lors, il est clair que cette dernière s’est nettement estompée. Et encore, les pivots ont fait résistance pendant une quinzaine d’années. On trouve en effet trace de Bill Walton (1977, avec les Trail Blazers), Abdul-Jabbar (1980, avec les Lakers) et Moses Malone (1983, avec les 76ers) avant l’apogée totale du showtime. Depuis lors, c’est morne plaine, ou presque, puisque l’on ne trouve plus que 3 noms pour 6 occurrences. Elles sont partagées entre Hakeem Olajuwon (1994 et 1995, avec les Rockets), Shaquille O’Neal (2000, 2001 et 2002, avec les Lakers) et Nikola Jokic (2023, avec les Nuggets).
En somme, si l’on veut bien prendre la peine de subjectivement scinder l’histoire de la NBA en deux périodes, nous aboutissons aux résultats suivants :
C’est que depuis 1983, les “petits” se sont rebellés. C’était d’ailleurs un peu le cas depuis 1972. Les seventies sont en effet les premières à voir les porteurs de balle mener leurs équipes au titre NBA, que l’on pense à Jerry West (1972, avec les Lakers), Walt Frazier (1973, avec les Knicks), Jo Jo White (1976, avec les Celtics) ou Gus Williams (1979, avec les Supersonics). S’ouvrait alors ce que l’on pourrait trivialement appeler le “premier âge d’or des meneurs”. Car ce sont bien les meneurs qui vont mettre un coup définitif dans l’aile des albatros des raquettes. Enfin, il s’agit surtout d’un meneur, qui a totalement fait évoluer la manière de jouer au basketball. Vous vous en doutez, il s’appelle Magic Johnson.
Celui-ci a mené les Lakers au titre à quatre reprises, en 1982, 1985, 1987 et 1988. Et lorsqu’il a enfin daigné mettre fin à son règne, c’est Isiah Thomas qui a directement pris sa suite, pour le back-to-back de fin de décennie. Ainsi, entre 1972 et 1990, votre probabilité de vous trouver sur le toit de la NBA était accrue si votre franchise player était un meneur :
Le “second âge d’or des meneurs”, plus récent et plus timide, porte le nom de Stephen Curry (2015, 2017 et 2022), accompagné en 2014 par Tony big dreamer Parker.
Qu’en est-il des autres ? L’on s’aperçoit rapidement que le poste d’arrière est le parent pauvre, avec uniquement 10 occurrences dans l’Histoire. Les noms sont connus de tous et n’appellent pas de grandes explications : Michael Jordan (6 fois), Kobe Bryant (2 fois), Dwyane Wade et… Richard Hamilton (2004, avec les Pistons). L’on constate cependant que ces 10 titres sont tous répartis en 20 ans, entre le premier titre des Bulls en 1991 et le dernier des Lakers de Bryant, en 2010.
Il y a plus à dire sur le poste d’ailier. Et pour cause, le manichéisme dont nous parlions s’y applique également à merveille. Pendant 5 décennies, on trouve a minima la trace d’un franchise player qui évoluait au poste 3. C’était les cas – déjà cités – de Paul Arizin au cours des années 1950 et de John Havlicek dans les années 1960 et 1970. L’ailier des Celtics est accompagné, au cours de ces dernières, par le fantasque Rick Barry, de très loin le meilleur joueur des Warriors de 1975. Enfin, au cours des eighties, c’est évidemment Larry Bird qui porte l’étendard des ailiers, pour le compte des Celtics.
Et puis… plus rien pendant… longtemps ! Aucun ailier n’a pointé le bout du museau entre 1987 et 2011. Les autres postes, au cours de cette période, étaient pourtant tous représentés à plusieurs reprises. Il a ainsi fallu attendre un certain LeBron James pour que les projecteurs soient à nouveau braqués sur les postes 3. Depuis lors, c’est une domination presque sans pareil. James, en effet, doit être cité à 4 reprises depuis 2012 (2012 et 2013, avec le Heat, 2016 avec les Cavaliers et 2020 avec les Lakers). À son auguste côté se trouvent Kevin Durant (2018, avec les Warriors) et Kawhi Leonard (2019, avec les Raptors).
Si l’on fonctionne périodes par périodes, le poste d’ailier est celui qui présente le plus de bizarreries :
Demeure enfin le cas des ailiers-forts, dont le nombre est identique à celui des arrières (10 en tout). Au cours du 20ème siècle, il s’agit très clairement du poste le moins bien représenté, puisqu’il ne possédait alors que 4 franchise player : Joe Fulks et Bob Pettit, que nous avons déjà cités, Elvin Hayes (1978, avec les Bullets) et Tim Duncan (1999, avec les Spurs. Sur le gong !).
Le ralentissement du jeu au cours des années 2000 et la présence de quatre des six meilleurs ailier-forts de tous les temps ont fait le reste. En effet, l’on retrouve évidemment Tim Duncan, franchise player de quasi tous les titres des Spurs (1999 on l’a dit, mais aussi 2003, 2005 et 2007). Au-delà et chronologiquement (pour ne nous fâcher avec personne), il convient de citer Kevin Garnett (2008, avec les Celtics), un allemand meilleur que lui (Dirk Nowitzki en 2011, avec Dallas) et Giannis Antetokounmpo (2021, avec les Bucks). Il ne manque finalement que Karl Malone et Charles Barkley dans l’équation.
Pour conclure ces premiers développements, l’on constate qu’historiquement, le franchise player d’un champion NBA évoluait au poste de pivot. Toutefois, la donne est bien mieux répartie depuis le début de notre siècle. En effet, depuis l’an 2000, les statistiques sont clairement équilibrées :
Attachons-nous désormais à l’expérience de tous ces joueurs.
L’expérience du franchise player d’un champion NBA
Au sein de cette deuxième analyse, nous pouvons nous pencher sur deux éléments distincts : l’âge du franchise player, mais aussi son nombre d’années d’expérience en carrière.
L’âge du franchise player d’un champion NBA
Tu m’parles pas d’âge, disait il y a quelques années Kylian Mbappé. Il faut dire que le bonhomme a été un élément central de la victoire de l’Équipe de France de football en 2018 en Russie, alors qu’il n’avait pas encore 20 ans et qu’il n’était pas si loin de nous offrir une superbe rebelote en 2022, à l’aube de ses 24 ans. En va-t-il de même pour les franchise player que la NBA a connus ? Ont-ils également l’habitude d’être des phénomènes de précocité ?
La thématique de l’âge peut être abordée par différents biais. Commençons par évoquer les âges moyens et médians de ces joueurs, qui s’avèrent être absolument identiques – à une toute petite vache près.
Ainsi, en moyenne, le franchise player d’un tout frais champion NBA est âgé de 28,04 ans. C’était, par exemple, l’âge de George Mikan en 1953, de Magic Johnson en 1988, de Michael Jordan en 1992, de Shaquille O’Neal en 2001 ou de LeBron James en 2013. L’âge médian est le même : 28 ans tout rond. Il y a là une certaine forme de logique. L’on considère en effet habituellement que l’âge le plus courant pour entrer dans son prime se situe autour de 28 printemps.
De prime abord, l’auteur de ces lignes pensait que ces âges moyen et médian étaient plus élevés au cours du siècle dernier. Et pour cause, il était alors de coutume de réaliser un long circuit universitaire avant de rallier les parquets du monde professionnel. Partant, l’âge du premier titre NBA, pour le franchise player, pourrait également être repoussé. Il n’en est rien. Au contraire, même. Au 21ème siècle, le meilleur joueur de l’équipe championne est en moyenne 1 an plus âgé qu’au 20ème : 28,8 ans contre 27,7. Il en va exactement de même pour la médiane, à nouveau.
De la même manière, la décennie la plus “jeune” pour un franchise player est celle de 1940, bien que l’échantillon soit très court (3 saisons) : 23,7 ans de moyenne. Sur une décennie complète, la palme de la jeunesse revient à la suivante, avec 26,5 d’âge moyen. À l’inverse, c’est depuis 2020 que ces joueurs sont les plus âgés – en raison de la présence de LeBron James en 2020 – avec 30,2 ans de moyenne. Sur une décennie complète, ce sont les ninetees qui ont fait la part belle aux anciens (coucou Michael Jordan), avec 29,6 ans d’âge moyen pour le meilleur joueur de la franchise championne.
Mais alors, quel a été le plus jeune franchise player titré de l’Histoire ? Nous constatons qu’il sont trois à se partager la première place de ce podium. Ainsi, Connie Simmons, Magic Johnson et Tim Duncan venaient tous les trois de souffler leur 22ème bougie au moment d’être considérés comme étant le meilleur joueur de leur franchise respective. La palme de la vieillesse, à l’inverse, est seule détenue par le LeBron James de la bulle d’Orlando, alors que papy était déjà âgé de 35 berges. Il devance le Michael Jordan de 1998 (34 ans) et un groupe de bonhommes de 33 ans : Bill Russell en 1968, Jerry West en 1972, John Havlicek en 1974, Michael Jordan en 1997 et Stephen Curry en 2022.
La question de l’âge peut enfin être abordée sous un dernier angle. Il est en effet commun de dire que les “grands” – comprenez : les pivots – mettent plus de temps que les autres pour atteindre leur plein potentiel. L’assertion se vérifie-t-elle si l’on se concentre sur nos franchise player ? La réponse est négative. Au contraire, les pivots sont ceux qui présentent finalement la moyenne d’âge la plus basse, malgré l’échantillonnage important : 27,2 ans lorsqu’ils mènent leur franchise au titre. Suivent, peu derrière, les ailiers-forts (27,7 ans) et les meneurs (27,8 ans), tandis que les ailiers et les arrières sont d’un naturel plus âgé, encore une fois en raison de l’omniprésence de LeBron James et de Michael Jordan dans ces catégories (28,8 et 29,3 ans).
Renouvelons désormais le questionnement en nous attachant au nombre de saison(s) dans l’élite du franchise player d’un champion NBA.
Le nombre de saison(s) NBA du franchise player d’un champion NBA
Sauf à être un alien, un joueur doit avoir fait de longues gammes pour prétendre à être le meilleur joueur d’un champion NBA. Par exemple, Michael Jordan a attendu sa 7ème saison pour enfiler sa première bague professionnelle, contre 9 pour LeBron James. En somme, si Rome ne s’est pas construite en une semaine, devenir un véritable franchise player ne se fait pas du jour au lendemain.
Il s’avère que l’exemple précité de Jordan coïncide à peu de chose près avec la moyenne historique. Entre 1947 et 2023, les éléments centraux des équipes championnes affichent en moyenne 7,7 saisons NBA au compteur. On peut y voir une spécialité verte, puisqu’il en allait ainsi de Bob Cousy, Bill Russell, John Havlicek, Jo Jo White ou Larry Bird avec les Celtics (1957, 1963, 1969, 1976 et 1986). Presque 8 saisons, cela signifie – selon nos standards actuels – que le franchise player mène sa franchise au succès à cheval entre la fin de son second contrat et le début du troisième.
L’expérience médiane de ces athlètes ne varie à nouveau que très peu, puisqu’elle s’élève pile poil à 8 années professionnelles. En somme, tous les chiffres nous indiquent ici que pour être le leader d’une équipe qui va au bout, il est nécessaire – voire impératif – de prendre son mal en patience. C’est du moins ce que l’histoire nous apprend.
Nous pouvons à nouveau tenter une comparaison siècle par siècle, puis décennies par décennies. D’évidentes raisons nous poussent à constater, pour une fois, une véritable différence. Et pour cause ; figurez-vous que dans la NBA des années 1940 et 1950, chaque fin de saison venait couronner une équipe. Eh si ! Or, dans la mesure où la NBA venait tout juste d’être créée, les franchise player possédaient évidemment une bien faible ancienneté dans le basketball professionnel. Ainsi, au 20ème siècle, le nombre de saison moyen d’un tel joueur s’élève à 6,7, contre 9,8 au 21ème. Soit 3 ans de différence, tout de même.
Ainsi, parmi les 54 franchise player du siècle passé, seuls 12 d’entre eux affichaient une expérience dans la ligue d’au moins 10 années. Il s’agit de Bill Russell (1966, 10 ans et 1968, 12 ans), Jerry West (1972, 12 ans), John Havlicek (1974, 12 ans), Rick Barry (1975, 10 ans), Elvin Hayes (1978, 10 ans), Kareem Abdul-Jabbar (1980, 11 ans), Hakeem Olajuwon (1994 et 1995, 10 et 11 ans) et, encore et toujours, Michael Jordan (1996, 1997 et 1998, 11, 12 et 13 ans).
Ce chiffre est exactement similaire sur les 24 premières années de notre siècle, que l’on songe à Shaquille O’Neal (2003, 10 ans), Kobe Bryant (2009 et 2010, 13 et 14 ans) ou encore à LeBron James (2013, 2016 et 2020, 10, 13 et 17 ans). L’on en arrive donc à la conclusion selon laquelle les franchise player n’ont jamais été aussi vieux qu’aujourd’hui, ce qui traduit peut-être le signe que les moyens actuellement mis en oeuvre dans la Ligue permettent à ses superstars de se maintenir en forme un peu plus longtemps.
Si l’on divise nos recherches par décennie, nous tombons sans surprise sur des résultats similaires, pour les mêmes raisons. Il n’est donc peut-être pas nécessaire d’en dire plus.
Avant de nous intéresser aux records en la matière, analysons le nombre moyen de saison NBA que les franchise player avaient dans les pattes en fonction de leur poste. Pour une fois, il existe de véritables disparités, qui vont d’ailleurs à l’encontre des croyances populaires. Les meneurs, par exemple, affichent en moyen 7,9 années d’expérience au moment de soulever le Larry O’Brien trophy. Il s’agit tout bonnement du second total le plus élevé. La “faute” en revient entre autre à Jerry West (12 ans dans la Ligue en 1972), Tony Parker (13 ans en 2014) et Stephen Curry (13 ans en 2022). De surcroît, hormis le jeune Magic Johnson (3 ans en 1982), la moyenne demeure haute.
Ce n’est toutefois rien à côté des arrières, qui présentent une expérience moyenne de vieux briscards : 9,5 ans. Il faut rappeler que l’échantillon est limité (10 occurrences) et que 8 d’entre elles se répartissent entre Michael Jordan et Kobe Bryant. Le premier parcouraient les parquets depuis 7 ans en 1991 et 13 en 1998. Bryant, quant à lui, n’a été franchise player “qu’à” deux reprises, en 2009 et 2010. Étant drafté en 1996, il possédait alors respectivement 13 et 14 années d’expérience. Les deux jeunots qu’étaient Rip Hamilton (5 ans en 2004) et Dwyane Wade (3 ans en 2006) n’y changent rien : en moyenne, pour être un arrière franchise player, il est nécessaire d’être drafté une décennie auparavant.
En raison des similitudes qu’ils présentent, nous pouvons évoquer les résultats des deux postes de l’aile ensemble. Et pour cause, les ailiers disposent d’une expérience infinitésimalement supérieure aux ailiers-forts : 7,6 ans contre 7,5. À nouveau, le poste 3 réalise un véritable grand écart, entre les deux années d’expérience de Larry Bird en 1981 et les 17 de LeBron James en 2020. Le King est évidemment la caution “bouteille” de son poste, accompagné en cela de John Havlicek (12 ans en 1974) et de Rick Barry (10 ans l’année suivante). L’idée est la même pour le poste 4. On y retrouve quelques échappés d’EPHAD encore fringants comme Elvin Hayes (10 ans en 1978), Tim Duncan (10 ans en 2007), Kevin Garnett (13 ans en 2008) ou Dirk Nowitzki (13 ans en 2011) et des bambins expédiés du berceau, à l’instar du Tim Duncan de 1998 (2 ans d’expérience).
La palme de la jeunesse revient – de très loin – aux pivots. Au global, les 29 joueurs répertoriés affichent une expérience moyenne de 6,5 ans dans la Ligue. C’est un an tout rond de moins que les ailiers-forts. La raison à cette écart ? La préhistoire de la NBA. Connie Simmons, Georges Mikan (5 fois), Dolph Schayes, Bill Russell (4 fois), Willis Reed, Kareem Abdul-Jabbar et Bill Walton, tous sacrés avant la fin des seventies, affichent sans exception une expérience inférieure à 7 années. Autrement formulé, la moitié des pivots franchise player ont mené leur franchise au titre avant d’avoir terminé leur 6ème saison professionnelle.
À cet égard, le poste de pivot présente une singularité. Si l’on tient compte de deux périodes (avant 1978 et après), les résultats liés à leur expérience diffèrent grandement. Avant, sur 21 titres, ils avaient 5,3 années de métier en moyenne. C’est plus de 2 ans de moins que les ailiers-forts. En somme, en cette époque, les pivots arrivaient à dominer plus tôt que n’importe qui. Depuis 1978, la donne est tout autre, car les joueurs restants (Kareem Abdul-Jabbar, Moses Malone, Hakeem Olajuwon, Shaquille O’Neal et Nikola Jokic) présentent en moyenne 9,5 saisons professionnelles au moment de remporter le titre NBA.
Terminons cette analyse – et cet article – par les records en matière d’expérience, même s’il en est un que nous avons déjà spoilé. En effet, LeBron James et ses 17 années au compteur dans la bulle d’Orlando de 2020 constituent un véritable record. L’avance sur le second est d’ailleurs considérable, puisqu’il s’agit des 14 années de Kobe Bryant en 2010.
Mais alors, qui sont les plus inexpérimentés à avoir mené leur équipe au titre ? Il s’agit tout d’abord de Joe Fulks, franchise player des Warriors de Philadelphia en 1947, qui était alors rookie ! Il faut dire que le titre en question a été remporté en 1947. Il s’agissait tout simplement… de la première année d’existence de la NBA ! Tous les joueurs, exceptionnels ou non, étaient alors rookies. Il en est allé de même en 1949, l’année du premier titre remporté par les Lakers de Minneapolis, emmenés vers les sommets par le phénomène qu’était George Mikan. De quoi donner de l’espoir à tous les rookies à venir : statistiquement, ils peuvent devenir franchise player et remporter le titre. Par contre, le mur de la réalité risque d’être difficile à gravir.