Durant l’été 2023, le TD Garden a vu partir son cœur et son âme depuis 2014, Marcus Smart. Bien sûr, le nom sur l’avant du maillot restera toujours plus important que celui dans le dos, Marcus lui-même le disait. Alors même sans Marcus, le TD Garden allait continuer à rugir. Même sans Marcus, les fans des Celtics allaient pousser pour la victoire. Néanmoins, les fans des Celtics (moi y compris) étaient à la recherche du remplaçant de Marcus Smart dans leurs cœurs. À la recherche du nouveau favori pour aller chercher les Tommy points.
Mais plutôt que de le trouver dans les dernières arrivées, le nouveau chouchou du Garden était déjà là depuis Février 2022. Monsieur Derrick Richard White. Bien que certains aient pu voir son arrivée comme un désastre, le transfert de Derrick White (contre Josh Richardson, Romeo Langford, un choix du premier tour 2022 et un swap de choix du premier tour 2028) est devenu un élément fondamental de la réussite des Celtics. Sa première saison avait pu laisser de la place à certains doutes. Mais les 18 derniers mois ont été plus qu’encourageants. Les quatre derniers matchs de Derrick White au Garden cristallisent ce nouveau momentum chez les Celtics. Nouveau momentum confirmé avec le “couronnement” de White par le TD Garden contre les Knicks le 8 Décembre dernier.
Après un grand match face au Knicks, Derrick White se présente à la ligne des lancers-francs pour marquer son trentième point. C’est le moment que le Garden choisit pour déclarer sa flamme à Derrick avec des “MVP chants”. Quelques mois après le vide laissé par le départ de Marcus, l’âme du Garden semble renaître de ses cendres à travers le génie de Derrick White. Mais alors pourquoi Derrick White plus qu’un autre ?
MVP – Most Virtuous Player
Derrick est le type de joueur que les fans de basket adorent. Défensivement, il n’abandonne pas, jamais. Peu importe le type d’action, quand il s’agit de gêner son adversaire jusqu’à la dernière seconde de la possession, Derrick is that guy. Sa capacité à répéter les efforts, naviguer à travers les écrans et contrer ses adversaires fait de lui un joueur unique. Cette saison encore, il fait partie des arrières qui contrent le plus de tirs. Depuis le début de sa carrière, il est entre le 100e et le 97e centile sur le BLK% chez les guards.
Bien que le contre ne soit pas un indicateur défensif parfait, cette capacité à contrer le tir reflète très bien le joueur défensif qu’est Derrick White. C’est l’assemblage unique d’un arrière plutôt grand, très mobile, capable des meilleures lectures. Un défenseur qui sait lire où va le jeu, et qui grâce à sa persévérance, peut contrer des tirs.
Sur les derniers matchs au Garden, White a encore pu démontrer au peuple vert sa capacité à contrer les tentatives adverses, même quand elles semblaient faciles. Immanuel Quickley imaginait s’offrir un floater facile dans la raquette, au-dessus de Kornet. Résultat ? Contré ! Donovan Mitchell croyait prendre un pull-up à 3pts grand ouvert après l’écran d’Allen. Résultat ? Contré ! Paolo Banchero pensait s’être offert une situation confortable au poste-bas face à un joueur plus petit. Résultat ? Contré !
C’est la Derrick White Experience. Quand un joueur pense qu’un tir facile s’offre à lui, Derrick White est là pour lui rappeler qu’aucun tir ouvert n’est donné au Garden. Chaque panier sera mérité, et D-White représente parfaitement ce que l’équipe des Celtics essaye d’être à domicile cette saison. En effet, les Celtics sont à 13 victoires pour 0 défaite à domicile. Tout ça avec un Net rating de +16 sur ces 13 matchs au TD Garden. Et comme vous pouvez vous en douter, Derrick White est une des raisons de ce succès.
“The devil is in the details”
“Le diable est dans le détail” est une expression idiomatique qui fait référence à un piège ou à un élément mystérieux caché dans un élément paraissant anecdotique ; elle indique que “quelque chose peut sembler simple, mais en fait les détails sont compliqués et susceptibles de causer des problèmes”. Cette définition est une illustration de ce que fait vivre Derrick White aux adversaires des Celtics. Comme le dit Vincent, mon cher collègue chez Le Trèfle, Derrick White fait la différence dans les “petites choses”; dans les détails. Dans un sport ou plus de 200 possessions sont jouées sur 48 minutes, une accumulation de petites choses permet de faire la différence.
Sur cette saison, Derrick White est devenu tellement bon à cumuler ces petites choses qu’il fait une énorme différence. Son On/Off est tout simplement élite, avec +13.9 quand il est sur le terrain, comparé aux minutes où il n’est pas sur le terrain. Le deuxième meilleur On/Off chez les Celtics est à +1.8. Cette statistique doit toujours être prise avec des pincettes. Elle est influencée par les autres joueurs sur le terrain (ainsi que ceux qui le remplacent quand il est sur le banc). Néanmoins, elle semble traduire une impression visuelle remarquable : les Celtics sont meilleurs avec White sur le terrain, peu importe la situation.
Mais quelles sont ces petites choses ? On a déjà parlé de sa capacité à rendre les tirs des arrières adverses compliqués, mais ça va au-delà de ça. Passons en revue, à travers ses quatre derniers matchs, comment White influence des actions, un match, et même une saison.
Mouvement constant, décalage permanent
Premièrement, il est toujours en mouvement. Si il n’est pas en mouvement, c’est qu’il est en train de prendre un Catch-&-Shoot (44% de réussite, avec 4 tentatives par match). C’est précieux d’avoir un joueur qui reconnaît que le mouvement constant est le meilleur moyen de créer du chaos dans une défense. À la réception d’un ballon, White est déjà engagé dans le mouvement suivant. Au foot on parle souvent des joueurs capables de scanner le terrain avant de recevoir la balle. On retrouve là même chose au basket. Sauf qu’au basket, le terrain est plus petit, il faut donc pouvoir scanner mais aussi commencer l’action suivante avant même la réception de la passe.
Comme le ballon bouge plus vite que les joueurs, une passe permet de créer un premier décalage. Un joueur comme White est capable de garder ce premier avantage en vie par son anticipation, son mouvement constant et ses bonnes lectures. Il peut aussi utiliser ses capacités quand il est à la création. Encore une fois, le diable est dans les détails. White sait comment attaquer le cercle, même quand un intérieur est là pour protéger le cercle. Il maîtrise le floater, et il a un contrôle remarquable de son corps et de sa vitesse. Alors quand il doit faire face à un défenseur plus grand, il sait utiliser ses forces pour faire face.
Cette année à Boston, il peut profiter d’un spacing encore plus exacerbé, et ses % de réussite au cercle s’en ressentent (74% depuis le début de la saison).
De connecteur à meneur
Cette année, encore plus que l’année dernière, il était attendu sur sa capacité à créer pour les autres. Les qualités de lecture de jeu, ainsi que sa capacité à faire les petites choses, lui permettent aussi d’être un super passeur. Dans une équipe des Celtics sans meneur de jeu d’école, Derrick White a aussi repris le rôle de Marcus Smart dans cet aspect du jeu. Comme passeur, on le connaissait déjà comme connecteur. Mais cette saison il initie encore plus l’attaque. Sa menace sur drive permet de créer des espaces pour les autres.
Comme on l’a évoqué, il fait les bonnes lectures dans presque toutes les situations. Mais ce qui permet aussi d’être le meneur de cette attaque, c’est son altruisme. Comme Kristaps Porzingis l’a évoqué chez JJ Reddick, Derrick White fait toujours les bons choix. Il fait tellement les bons choix qu’il frustre ses coéquipiers les quelques fois où il se trompe. Cette combinaison de petites choses font de lui un joueur toujours plus complet. Sur jeu placé ou sur contre attaque, il fait les bons choix pour permettre aux Celtics d’accumuler des petits avantages.
Catalyseur d’un début de saison (presque) sans erreur
Après un été ou les Celtics semblaient avoir perdu leur âme au profit des analytics, Derrick apporte les deux. Il permet aux fans des Celtics de s’y retrouver. Bien sur, son rôle n’était pas de remplacer Marcus dans nos cœurs, mais il permet de nous faire oublier son départ par moment. Dans le jeu, il apporte des choses différentes. Néanmoins, on retrouve en lui ce joueur qui fait la différence par les petites choses. Alors oui, c’est parfois moins spectaculaire que Marcus. Mais, c’est diablement efficace.
Attention tout de même, sa réussite au tir ouvre beaucoup d’espaces. Il est pour l’instant à 43% de réussite à 3pts, ce qui devrait finir par redescendre. Néanmoins, si il arrive à maintenir sa réussite au tir de la saison dernière, et qu’il continue de faire gagner Boston en étant le roi des petites choses, les Celtics peuvent voir loin, très loin. Sa synergie offensive avec Jaylen et Jayson, ainsi qu’avec les nouvelles recrues, est formidable. Défensivement et offensivement, il permet à Coach Mazzulla de s’adapter aux adversaires, soir après soir. Dans une NBA où les matchs se gagnent dans les details, et où l’adaptation est reine, Derrick White ressemble au coéquipier parfait pour aller chercher une 18e bannière tant méritée.