Zion Williamson a décidé, par sa trajectoire de carrière, d’envoyer un message aux fans de basket du monde entier : apprenez à profiter de l’instant présent. Carpe Diem, nous dit donc la star des New-Orleans Pelicans, qui la saison passée a de nouveau éclaboussé les parquets de son talent, 30 matchs, avant de manquer le reste de la saison. De retour aux affaires, il est donc forcément le centre des attentions.
Puisque nous savons désormais qu’il ne faudra pas prendre sa présence pour acquis, chaque match compte. Si le charme dû à sa présence reste intact, il s’accompagne néanmoins de multiples frustrations sur les profils qui l’entourent, les choix réalisés par David Griffin et le manque d’optimisation évident de ses qualités.
Toutefois, je ne vous propose pas une critique exhaustive des Pels, mais plutôt de discuter d’un élément qui me taraude depuis plusieurs saisons : ne pourrait-on pas enfin envisager de débarrasser Willliamson de la compagnie des autres intérieurs ?
L’idée ici n’est pas réellement de dire que cette proposition créerait la situation idéale pour l’intérieur, mais plutôt d’améliorer cette dernière, compte tenu du contexte de l’équipe. En effet, si la franchise avait un défenseur d’arceau élite, capable en attaque d’être une menace extérieure, alors la question ne se serait pas posée. Ces profils étant néanmoins très prisés et rares, ils sont donc nécessairement difficiles à trouver ou très chers (en salaire ou en assets). A ce titre, le meilleur choix pour les Pelicans ne serait-il pas de convertir la difficulté en opportunité ?
Sans plus tarder, je vous propose de discuter du pourquoi et de ce que cela signifierait pour New-Orleans.
Zion et les pivots, un résultat… mitigé ?
Depuis le début de sa carrière, Zion a vu passer divers pivots, mais 2 ont partagé à ses côtés le rôle de titulaire : Steven Adams et Jonas Valanciunas.
En ces deux joueurs, la franchise a maladroitement tenté d’optimiser sa jeune star. Le premier, était supposé contribuer avant tout à limiter les faiblesses défensives de l’intérieur. Parfois peu concerné en défense, possédant certes des qualités athlétiques hors normes mais pas la protection de cercle d’un pivot, la franchise pensait donc compléter Zion.
Toutefois, Steven Adams était aussi la plus belle arme anti-Zion livrée directement à ses adversaires. Pivot frustre offensivement, contribuant presque exclusivement près du cercle, Adams contractait les défenses près de la raquette permettant de limiter la force principale de l’ailier fort : les drives et la finition au cercle.
Résultat, durant la période passée ensemble, les Pelicans étaient globalement moins bons quand les deux intérieurs étaient associés que quand ils évoluaient séparément. Si, une fois n’est pas coutume, l’échantillonnage représentatif est une difficulté avec Zion, toujours est-il que le résultat me paraît sans appel :
L’association donnait quelque chose d’inattendu. Certes l’équipe était bonne offensivement, notamment grâce à une domination du rebond, mais le duo s’avérait inutilisable en défense, sans optimiser le jeu de Zion. Résultat, les Pels fonctionnaient mieux quand ils étaient séparés, conduisant fatalement à un échange d’Adams à Memphis, contre Jonas Valanciunas.
Cette fois, l’équipe pensait tenir un bon complément offensif. Valanciunas peut jouer poste haut et possède un tir très viable à courte et mi-distance, et même, un embryon de tir à 3 points qui pouvait se développer. Toutefois, quand le duo paraissait possiblement viable offensivement, la paire défensive paraissait elle… anachronique. Une fois encore néanmoins, des problématiques identiques s’expriment : les défenses vont avoir tendance à délaisser le pivot pour compliquer la vie du colosse.
Ce dernier est certes suffisamment fort pour finir, même quand plusieurs joueurs s’interposent entre lui et le cercle, comme récemment face aux Knicks :
… Mais toujours est-il que cela semble être une limite évidente.
Exemple plus tôt dans le même match.
Valanciunas sert Zion en mouvement, et plonge vers le cercle pour jouer un rebond éventuel. Résultat, les Knicks switchent et Mitchell Robinson, bon protecteur de cercle, va se retrouver face à Williamson. C’est donc le vis-à-vis de Valanciunas qui contre l’ailier fort. Puisque Valanciunas est parti sur sa gauche, la trajectoire de Williamson est d’autant plus facile à anticiper qu’il ne peut finalement attaquer que sur sa main droite.
Ainsi, sans surprise, l’association entre les deux intérieurs n’est pas un franc-succès depuis son arrivée, et les Pelicans, sont fatalement beaucoup plus dangereux quand Zion évolue sans le lituanien, qu’avec… :
Le résultat est encore plus spectaculaire qu’avec Adams. Nous avons pris l’ensemble des minutes depuis l’arrière du lituanien à New-Orleans et cette fois, l’équipe a un net rating de +9,3 quand Zion joue sans Valanciunas.
Pour situer les niveaux de performances :
- 118,5 d’offensive rating correspondait à la 3eme attaque NBA la saison passée
- 109,2 de defensive rating correspondait à la 10eme défense NBA la saison passée
Si l’échantillon est encore une fois trop faible pour le considérer comme une représentation parfaite, il donne une indication intéressante. D’autant que l’histoire se répète avec d’autres pivots alignés à ses côtés, dont le très douteux Jaxson Hayes.
Est-ce que les Pelicans ont déjà testé ?
De fait, si la section précédente vise juste, les Pelicans ont déjà dû tester de faire jouer Zion sans un pivot, non ?
Eh bien, on peut dire que oui. Malheureusement, cela représente entre 5 et 10% de son temps sur les parquets selon les saisons (selon Cleaning The Glass). Et puisque vous avez bien suivi, vous vous doutez que cela représente très très peu de minutes. Autrement dit, quelques possessions dans un match ou un match isolé à l’occasion. Pas de quoi tirer une leçon quelconque.
De fait, avant d’aller regarder quelques séquences, quels sont les avantages et inconvénients théoriques d’une telle expérimentation ?
Avantages potentiels d’un Zion Williamson Pivot
Zion est la définition même du mismatch. Trop mobile pour les joueurs costauds et plus lent, beaucoup trop costaud pour les joueurs plus mobiles, la seule solution est de défendre collectivement pour offrir un rideau apte à la contenir.
Monter un groupe composé uniquement d’arrières, ailiers ou intérieurs mobiles et capables de shooter ouvre le champ des possibles. Si votre équipe peut évoluer en 5-out, cela optimise l’espace de ce dernier pour opérer et découper la défense. Ce faisant, c’est un dilemme pour l’adversaire : laisser à son défenseur l’essentiel des responsabilités, ce qui risque de permettre à Zion d’obtenir énormément de points faciles, OU envoyer des aides mais prendre le risque de laisser un tireur ouvert ou de manquer une coupe d’un coéquipier.
Puisque Williamson est à la fois un créateur très convaincant en plus d’être un scoreur efficace, cela augmenterait considérablement le plafond offensif de l’équipe. Voici une séquence face au Thunder où il évoluait au poste de pivot, entouré d’arrières et ailiers.
Plusieurs choses sautent aux yeux :
- La gravité de Zion occupe l’attention de 2 défenseurs juste en occupant la raquette
- Une impasse faite sur Herb Jones avant même que Zion ait touché la balle
- La défense est de fait, extrêmement étirée (probablement trop, par ailleurs)
Ainsi, dès qu’il obtient la balle, Jalen Williams a besoin d’aides, ouvrant 2 shooteurs (Dyson Daniels & Herb Jones), Zion choisit la passe la plus simple (et le shooteur le plus fiable). Dès l’action suivante, la défense offre un tir ouvert dès que la menace Zion se présente à elle :
En outre, un Zion en pivot offre la possibilité de jouer à un PACE très élevé, de concrétiser énormément sur le jeu en transition, le tout sans théoriquement perdre au rebond offensif dans lequel il excelle. Les Pelicans s’offriraient également la possibilité de multiplier les mismatchs. En effet, l’équipe pourrait inverser les pick & roll avec des arrières qui viennent jouer les poseurs d’écran, obtenant soit un switch très favorable, soit un avantage supplémentaire pour Zion dans l’attaque du panier.
Autrement dit, fournissez lui des ailiers athlétiques, capables de punir à 3 points et vous pouvez viser un offensive rating dans les hauteurs de la ligue.
Inconvénients potentiels d’un Zion Williamson pivot
Bien sûr, tout avantage vient généralement avec son lot d’inconvénients.
Immédiatement, on peut penser que l’équipe en serait pénalisée défensivement. L’absence d’un protecteur de cercle représente un risque évident, tout comme l’absence d’un grand pour sécuriser le rebond défensif. On peut également imaginer, que certains match-ups, face à des équipes qui s’appuient sur des pivots comme fer de lance de leurs attaques seront forcément plus difficiles. Enfin, il est aussi tout à fait possible que cela représente une débauche d’énergie supplémentaire pour lui des deux côtés du terrain. Que ce soit parce qu’il devient le poseur d’écran principal des Pelicans ou bien parce qu’en défense il devra combler plus de brèches en dernier rempart.
Ces réserves sont naturelles et pourraient bien s’avérer problématiques.
Toutefois, on peut s’offrir quelques perspectives.
Tout d’abord, la protection de cercle est finalement déjà une faiblesse des Pelicans. L’an passé, les Pels étaient l’équipe qui autorisait le plus haut pourcentage au tir au cercle (68,5% !) de la ligue. De fait, s’ils ne résoudraient pas forcément le problème, peut-on se créer une difficulté qu’on a déjà ? Le risque est certes de l’empirer, mais dans le même temps, on remarque que la défense des Pels a toujours été meilleure lorsque Zion est associé à des défenseurs plus mobiles (exemple : Larry Nance Jr).
Le rebond ensuite a beau être cadenassé par la présence de pivots, cela reste néanmoins un effort collectif. Avec un bon travail sur le box-out, et avec les qualités athlétiques indéniables des jeunes joueurs des Pelicans, l’équipe pourrait tenir son rang en la matière, sans être l’assurance tout risque.
Enfin, concernant les match-ups difficiles, après tout, est-ce que le problème n’est pas universel, lorsque vous faites face aux Joël Embiid, Nikola Jokic ou Giannis Antetkoumpo ?
Mais alors, bonne ou mauvaise idée ?
En définitive, il est impossible d’obtenir une réponse sans la tester sur un temps long. Sur le papier, les Pelicans possèdent de multiples faiblesses dans leur construction. Brandon Ingram n’est pas un bon profil aux côtés de Zion, certains joueurs prennent du cap space alors qu’ils ne sont pas indispensables, les pivots se suivent et tous sont en décalage avec ce dont l’équipe a besoin autour de Williamson, et, en même temps, à leur décharge, la franchise évolue plus souvent sans qu’avec son intérieur.
Ceci étant dit, l’expérience me semble posséder beaucoup plus d’atouts (outre l’aspect fun et expérimental) en sa faveur, que de véritables points noirs qui la rendraient caduque par nature.
Offensivement, il y a fort à parier que le résultat serait explosif et les rares séquences observées dans ces conditions penchent vers une multiplication des tirs ouverts, tant la gravité de Zion est phénoménale. Défensivement, difficile de ne pas voir un modèle très exigeant pour Zion et ses coéquipiers. Néanmoins, il semblerait erroné de penser que l’évaluation de ce modèle se résume à “meilleur en attaque”, “moins en bon en défense” et donc, un résultat neutre.
La réussite d’un modèle repose sur la balance entre les apports et les pertes.
En l’occurrence, si l’équipe progresse tellement d’un côté du terrain, que la perte de l’autre est négligeable, alors la question ne se pose plus.
Quoi qu’il en soit, l’expérience Valanciunas, comme l’expérience Adams avant elle, penche déjà vers l’échec. Rien que pour cela, il serait intéressant de voir coaching staff et GM se mobiliser pour trouver une issue à cette situation, dont la solution – dans le contexte actuel – est peut-être déjà sous leurs yeux.
Franchement Zion a encore 5 voir 10kilo de trop en ce début de saison.
Son gabarit de forme est celui de Duke, c’est indéniable et tant que lui et son entourage pro ou familiale n’accepteront pas de l’accompagner en ce sens nous ne verrons plus le Zion explosif de Duke intercepteur, contreur, qui la était déjà a 129k alors qu’aujourd’hui il a le morphotype d’un joueur de footUS et doit bien faire 140kilo voir un chouille+