« They believed in the fat boy, it seems like it worked out. »
C’est finalement tout ce qu’il aura fallu ! Croire au « petit gros ».
Un « petit gros », 41ème choix de draft, futur MVP, finalement finaliste et champion NBA.
C’est une inspiration divine en un talent unique qui se voyait récompensée cette nuit du 13 juin 2023, lorsque Nikola Jokic brandissait timidement le trophée Bill Russell le désignant MVP des Finals et définitivement le meilleur joueur du monde.
Car il fallait bien le génial et futur hall of famer Nikola Jokic pour faire sortir les Denver Nuggets du club des franchises n’ayant jamais connu, ni les finales, ni le succès ultime en NBA…
47 ans… 47 longues années d’une histoire riche, certes, mais jamais couronnée de succès. 47 ans sublimés en un instant pour un titre d’autant plus savoureux qu’il voit tout un cycle de construction récompensé. Un « core » de joueurs draftés par la franchise, passé par des hauts, des bas, qui aura, plus d’une fois, soulevé interrogations et craintes quant à leur capacité à aller au bout.
Jamal Murray et Michael Porter Jr. auront prouvé et validé leur évolution de la plus belle des manières, alors qu’Aaron Gordon et KCP continuaient de remplir leur rôle de complément à la perfection. Restent les étincelles Bruce Brown et Christian Braun, essentielles, à l’image de leur finale brillante !
Ce groupe ne rêve maintenant que d’une chose, répéter l’exploit.
Pour cela ils pourront faire confiance en leur « petit gros », alors que la ligue est prévenue :
« Don’t bet against the fat boy »
In & out : le point sur le roster
Arrivées : Justin Holiday, Jalen Pickett, Julian Strawther, Hunter Tyson
Départs : Bruce Brown Jr., Thomas Bryant, Jeff Green, Ish Smith, Jack White
Le roster 2023/2024
Meneurs : Collin Gillespie, Reggie Jackson, Jamal Murray, Jalen Pickett
Arrières : Christian Braun, Kentavious Caldwell-Pope, Justin Holiday
Ailiers : Michael Porter Jr., Julian Strawther, Hunter Tyson, Peyton Watson
Ailiers-forts : Vlatko Cancar, Aaron Gordon, Zeke Nnaji
Pivots : Nikola Jokic, DeAndre Jordan
Phase de l’équipe : Prétendant au titre
C’est la première fois depuis les années 1977-1981 que la NBA voit un cinquième champion différent sur cinq saisons consécutives. Raptors (2019), Lakers (2020), Bucks (2021), Warriors (2022), Nuggets (2023) succèdent donc aux Blazers (1977), Bullets (1978), Sonics (1979), Lakers (1980), Celtics (1981) dans une NBA rarement aussi homogène et compétitive !
Un plaisir pour chaque fan et spectateur, une difficulté de plus pour ces Nuggets qui auront vu bon nombre de concurrents s’armer encore un peu plus dans la lutte pour le Graal. Si les Bucks sont les grands gagnants de l’intersaison et affichent un visage terrifiant, les Celtics ne se sont pas reposés sur leurs (maigres) lauriers alors que les Suns tentent un pari aussi risqué que possiblement gratifiant. Et en rester là serait oublier l’hypothétique renfort des Clippers qui pourraient voir J.Harden débarquer, ainsi que les discussions entre Anthony Davis et LeBron James qui leur permettront sans doute d’effacer d’un coup de baguette magique leur âge et leur fragilité physique, transcendés par l’humiliation du sweep des derniers playoffs.
Si les Nuggets auront finalement donné l’impression de dominer leur sujet et survoler la concurrence cette année, il n’en sera sûrement pas de même la saison suivante. Le Repeat sera donc loin d’être acquis pour une franchise qui en est à priori consciente, si l’on se fie aux échos du média day, et prête pour le challenge.
Les tendances de l’été
Bruce Brown, terrible départ annoncé…
La mission Repeat sera d’autant plus difficile qu’il est facile d’arguer que les champions en titre se sont affaiblis pendant l’intersaison. En cause, le départ de Bruce Brown, éligible à une augmentation salariale significative loin des rocheuses… Le meneur dynamiteur à tout faire ne s’y trompait pas et décidait de rejoindre un autre passeur de talent en la personne de Tyrese Haliburton aux Pacers pour 2 ans et 45 millions de dollars bien mérités.
Crucial dans le run de Denver jusqu’au Larry O’Brian Trophy, à l’image de son rebond offensif qui donnait l’avantage aux siens au dernier match des finales, nul doute que son apport manquera à la franchise du Colorado.
B.B évoluait effectivement sur un poste et dans un rôle clé pour les Nuggets : à la fois meneur remplaçant capable de suppléer à la création et sur le drive (secteur de jeu plutôt faible chez les arrières de Denver) mais aussi en défense sur les lignes extérieures. Si Nikola Jokic a pu afficher d’aussi bons chiffres sur la défense en drop, notamment en final NBA, c’est aussi parce que Brown (et KCP) offraient de bien meilleures options défensives sur les porteurs de balles adverses que ce qu’a pu connaitre le Serbe en carrière.
La franchise semble toutefois avoir une solution toute trouvée pour palier au départ et à l’apport de Brown : son presque homonyme Christian Braun.
Le rookie a en effet brillé lors de sa 1ère saison NBA. Aussi prêt qu’un jeune joueur puisse l’être, il a immédiatement su apporter à l’équipe de par sa défense et son intelligence de jeu. Si il n’est pas impossible que le sophomore puisse ainsi palier parfaitement à l’absence de Bruce en défense, c’est offensivement que ce remplacement pourrait se faire ressentir. Christian évolue plus encore que son aîné dans un rôle de finisseur, reste encore inconstant dans ce domaine et ne saurait rassurer autant que l’expérimenté Bruce Brown.
Il est également important de constater que si cette option semble bonne, elle génère néanmoins une perte de profondeur réelle en vue des playoffs. Ainsi ET Bruce Brown ET Christian Braun ont apporté durant la dernière course au titre, et le jeu des fautes aidant il est toujours important de bénéficier de l’apport de différents joueurs à ce stade de la compétition.
Dans cette optique Peyton Watson devrait avoir son rôle à jouer et devenir ce que Christian Braun a pu être la saison passée et ainsi suppléer son homologue de draft. Il en reste que la valeur de l’apport du jeune ailier est difficile à anticiper tant celui-ci a encore peu joué sur les parquets NBA…
Reggie Jackson et la difficile mission de la second unit…
C’est une constante maintenant depuis quelques années, Denver prend l’eau à chaque sortie de son franchise player. Un constat encore plus implacable depuis la perte de Monte Morris, ex parfait meneur back-up derrière Jamal Murray.
Le jeu de la second unit ne fait que s’étioler et Michael Malone doit systématiquement en appeler aux titulaires et au « stagger » (échelonner les minutes de certains titulaires pour faire en sorte que les remplaçants ne soit jamais livrés à eux-mêmes) pour résoudre ce problème… avec plus ou moins de succès. Jamal Murray est souvent trop isolé sur ces séquences avec le banc et il faut souvent qu’Aaron Gordon se dévoue à jouer les postes 5 pour rééquilibrer les choses… Une situation loin d’être idéale pour un prétendant au titre car loin de favoriser le repos de ses stars…
C’est vers Reggie Jackson que la franchise se tourne pour régler, au moins, une partie de ce problème. Un espoir d’autant plus ambitieux que celui-ci n’avait jusqu’alors (l’intéressé est arrivé à la trade deadline l’an passé) pas brillé sous ses nouvelles couleurs. Il faut dire que le vétéran est un meneur plus scoreur qu’organisateur et a tendance à beaucoup tenir le ballon là où la second unit des pépites aurait certainement besoin de l’inverse. Preuve en est un AST:Usg régulièrement très moyen.
Mais ces scores au mieux décents concernant son playmaking ne seraient pas si inquiétants si en parallèle de cela le joueur savait régulièrement scorer efficacement… Vous l’aurez compris, ce n’est pas le cas, c’est même plutôt l’inverse. Ainsi il faut remonter à la saison 2020-2021 afin de trouver une marque correcte à l’efficacité pour le joueur.
Autre problématique liée à son scoring, le joueur a tendance à prendre des tirs peu rentables dans des zones peu à même de créer une synergie offensive intéressante. Beaucoup de tirs à mi-distance, peu de lay-up à l’arceau, un nombre de tirs à 3 point légèrement en deçà de la moyenne… Le tout avec une des pires efficacités à son poste.
Une résurrection en baroud d’honneur, c’est tout ce que l’on souhaitera au meneur vétéran et à l’équipe. Il faudra bien ça pour résoudre le problème de cette second unit qui ne comptera autrement quasiment que des joueurs peu ou pas expérimentés… C’est qu’il n’y a pas 36 solutions de renforts pour un prétendant au titre.
La draft, réel moyen d’upgrade à bas coût ?…
85% c’est peu ou prou ce que représente le 5 majeur des Nuggets en proportion du payroll de l’équipe. Le prix d’un des meilleurs cinq de la ligue, certes, mais qui nécessite un excellent doigté pour y ajouter de la valeur et des joueurs à même d’apporter malgré des salaires faibles.
Pour cela les Nuggets font le pari de la draft ! Auréolée du succès de l’an passé en la personne de Christian Braun, la franchise du Colorado se tourne vers des joueurs les plus NBA Ready possible et capables de faire le moins d’erreurs une fois sur le terrain… Quitte à sacrifier le gain à moyen-long terme par rapport à des profils avec plus de potentiels.
Ainsi Jalen Pickett est un meneur confirmé de 24 ans qui aura déjà joué 5 ans en NCAA. Petit et peu athlétique la trajectoire et l’atypisme de son profil aura sans doute découragé plus d’une franchise NBA mais pourrait faire le bonheur de Denver qui pourra compter sur sa science du pick’n roll et d’un style de scoring rare pour un arrière de cette taille : tout en contact, dans le jeu intermédiaire et proche du panier notamment sur post up.
Deux autres pick auront permis aux Nuggets de sélectionner Julian Strawther et Hunter Tyson deux joueurs qui devraient réussir à s’épanouir rapidement dans des rôles de shooteurs finisseurs.
Ce pari est risqué et peu courant chez les candidats au titre et si l’historique de la franchise en matière de draft n’est plus à prouver, il n’en est pas de même quant au développement et à la maximisation de ses prospect. Michael Malone va devoir s’adapter et embrasser lui aussi ce pari.
Focus sur la saison 2023-24 des Denver Nuggets
Michael Malone, le dernier échelon.
Pas une mince affaire pour le coach au caractère entêté, mais qui aura su néanmoins, et petit à petit, lui aussi, évoluer tout au long de son aventure dans les rocheuses jusqu’à cette dernière campagne de playoffs menée d’une main de maître. Malone et son coaching staff, dont on disait qu’ils tardaient à mettre en place les changements nécessaires, ont en effet parfaitement préparé chaque match-up et donné toute l’avance tactique possible à une équipe qui a su ensuite s’adapter rapidement aux contre coups auxquels elle devait faire face.
Une campagne de playoffs réussie donc, symbole d’une capacité de remise en question et de progrès peut-être trop questionnée par votre serviteur à la plume. Il n’en reste pas moins que si M.Malone m’a convaincu personnellement de la plus belle des manières que les coachs peuvent évoluer eux aussi, l’entrée de l’équipe dans une nouvelle phase sera un nouveau challenge pour l’homme.
C’est un euphémisme que de dire que Malone est exigeant avec ses jeunes joueurs. Une exigence renforcée, en plus, par l’obligation de résultats que nécessite la position du club. Problème, cette exigence et cette pression du résultat le conduisent bien souvent à une forme d’indécision et d’inconstance dans le choix de ses rotations. Pour des jeunes prospects, cela peut être perturbant, puisqu’ils n’ont pas le temps de prendre confiance dans un rôle qu’ils voient trop souvent disparaître aussi rapidement qu’il leur avait été attribué. Ce n’est pas pour rien que les meilleures trouvailles de Malone se sont faites régulièrement après que son effectif ait été amputé de plusieurs options suite à quelques blessures.
Alors que la franchise va avoir besoin de pouvoir compter sur des jeunes talents inexpérimentés (cf paragraphe précédent), l’entraineur devra donc une nouvelle fois prouver qu’il est capable de dépasser les critiques que l’on pourrait lui faire.
Prove me wrong, coach !
Michael Porter Jr. : Évolution… ou stagnation ?
C’est une marotte pour ceux qui suivent la franchise chaque année et encore plus pour ceux qui lisent cette preview chaque saison (laissez-moi par ailleurs vous remercier de votre fidélité !) : Michael Porter Jr. est LE joueur qui peut changer le plafond de cette équipe de Denver. Et alors même que la franchise vient de gagner le titre NBA et se tient sur le toit du monde, la marotte reste vraie.
C’est que l’ailier, si il a montré de réels signes d’évolution sur le dribble et le drive en seconde partie de saison, a presque déçu (offensivement du moins) durant ses derniers playoffs.
Déception sans trop de conséquences mais une marge supplémentaire sur laquelle l’équipe ne crachera(it) pas, ceci dit.
Une contrariété à nuancer donc, d’autant plus que des doutes étaient encore permis quant à sa capacité à rester sur le terrain au niveau ultime de post-season. En effet, l’ailier souvent caricaturé comme étant un défenseur inapte a prouvé à son monde qu’il n’en était rien et que ceux qui ne regardaient pas l’équipe jouer pouvaient ranger leur prêt-à-penser et se mettre à jour, sous peine de passer pour des ignares (certains continueront, on ne s’en inquiète malheureusement pas ici). C’est que Porter Jr. peut compter sur sa taille pour gêner activement et régulièrement les tentatives adverses au cercle et apporte un vrai plus aux Nuggets, en manque dans ce secteur de jeu. S’il n’est pas élite dans le domaine, cet apport additionné à une meilleure mobilité latérale lui permet de ne pas être trop pris en défaut ou de se rattraper le cas échéant… Demandez donc à Caleb Martin.
Pour le reste, sa potentielle évolution offensive, cette année pourrait bien être la dernière avant de tirer un constat probablement clair sur les possibilités du joueur.
Les mêmes rengaines se répètent saison après saison et l’idée que les blessures nous auront certainement privées d’un talent complétement polyvalent dans ce secteur de jeu commence à poindre. L’ailier ne va en effet plus autant au cercle qu’avant (sa première saison dans la ligue). Il y finit pourtant toujours avec une grande efficacité et si l’on peut attribuer ce constat aux blessures du joueur, alors il est peut-être possible d’être positif et d’espérer une plus grande agressivité, alors même que Michael Porter jr. vient de passer l’été le plus sain et reposant physiquement de sa jeune carrière.
L’évolution défensive rassurante est « derrière lui » et lui permettra peut-être d’également améliorer son dribble.
Dernier chainon manquant pour laisser l’ailier attaquer plus en soliste, il faudra néanmoins que Michael Malone lui donne des répétitions sur lesquelles travailler afin d’affiner cette partie de son jeu. Une autre solution pour la seconde unit ? Si le gain à long terme pourrait peut-être en valoir la chandelle, pas sûr que l’idée soit au programme… Mais sait-on jamais Malone pourrait là aussi décider d’évoluer…
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
Il serait trop aisé de ne vouloir voir que le fameux « Repeat » cette saison. Ou du moins ce serait un écueil dans la course à la sacro-sainte « dynastie ». Une équipe un peu meilleure, semble être ce qu ‘il y encore de mieux à viser afin d’atteindre, à nouveau, l’objectif du Graal.
Meilleure dans sa régularité en saison, meilleure dans sa gestion des matchs, meilleure dans ses individualités (Jamal Murray et Michael Porter Jr en tête), enfin et surtout meilleure dans l’intégration de ses talents afin de s’offrir de nouveaux role players dans la rotation de Playoffs (Peyton Watson en priorité).
« Être meilleur », c’était en tout cas le message de plusieurs membres de la franchise lors du media day, joueurs et coaching staff compris, un message et une approche rassurante pour une ambition pas si inappropriée et à laquelle votre serviteur se permettra de se joindre en citant un grand homme :
Messieurs : « Faites mieux ! ».