57 victoires pour 25 défaites. La régulière a pris la forme d’un long fleuve tranquille pour les Boston Celtics : continuité dans la performance, top 5 défense et top 5 attaque de la ligue, un léger creux autour du All-Star break et une bonne fin d’exercice pour arriver en avril sur la dynamique escomptée.
La deuxième place à l’Est, pour la seconde année consécutive, n’a pas surpris les observateurs, pourtant il y avait de quoi être inquiet à l’orée de la saison 2022-2023 : après le brillant run de 2022 et surtout après le « scandale Ime Udoka », c’est une page blanche qui s’ouvrait pour la franchise du trèfle, avec pour seule continuité l’intronisation de l’ancien assistant d’Udoka : Joe Mazzulla.
Le coach rookie n’est pas allé dans la continuité de son prédécesseur, puisqu’il a fait de son équipe une franchise bien plus efficace offensivement, avec l’impulsion de ses deux leaders, Jayson Tatum et Jaylen Brown, qui ont tous les deux réalisé leur meilleure saison en carrière au scoring (30 points de moyenne pour JT contre 26,5 pour JB), tout en la rendant moins efficace défensivement.
La rigueur défensive qui avait fait la réputation et la force des Celtics sous Udoka a disparu au cours de la saison régulière et n’est que trop peu réapparu pendant les Playoffs : après avoir vaincu des Hawks combatifs, mais avec des limitations défensives, puis des Sixers très accrocheurs et tout aussi limités, Boston est tombé face au Heat dans une série au scénario rocambolesque (mené 3 à 0, retour à 3 partout, défaite sans vraiment se battre en Game 7), qui a exposé bon nombre de ses failles actuelles : autant les failles sur le terrain que les failles mentales.
Malgré un nouvel échec dans sa quête de titre et un recul par rapport à la saison précédente, l’exercice 2022-2023 n’est absolument pas à jeter et des satisfactions sont à noter : Derrick White a été l’un des meilleurs joueurs des Celtics, autant en sortie de banc qu’en tant que titulaire ; la recrue Malcolm Brogdon a eu un impact immédiat, a mené le banc des C’s et a même remporté le titre de 6th Man of the Year ; Tatum et Brown n’ont cessé de s’affirmer et d’endosser des responsabilités offensives au cours de l’année ; Marcus Smart a poursuivi sa mue en tant que meneur titulaire et a joué de plus en plus juste, ne se contentant plus uniquement de son rôle, mais en étant un playmaker de bon niveau (6,3 assists par match, son record en carrière) et le véritable liant offensif.
En résumé, tous les atours d’une saison réussie, d’autant plus en année 1 du projet Mazzulla, avec toutefois la frustration à l’arrivée. Une fois encore, les voyants sont au vert et Boston fera partie des favoris au titre au commencement de la nouvelle saison.
In & out : le point sur le roster
Arrivées : Jrue Holiday, Lamar Stevens, Svi Mykhailiuk, Dalano Banton Oshae Brissett, Kristaps Porzingis, Jordan Walsh
Départs : Marcus Smart, Blake Griffin, Grant Williams, Danilo Gallinari, Robert Williams III, Malcolm Brogdon
Roster 2023/2024
Meneurs : Jrue Holiday, Dalano Banton, Payton Pritchard
Arrières : Jaylen Brown, Derrick White
Ailiers : Sam Hauser, Jayson Tatum, Svi Mykhailiuk, Lamar Stevens, Jordan Walsh
Ailiers-forts : Oshae Brissett, Kristaps Porzingis
Pivots : Al Horford, Luke Kornet
Phase de l’équipe : Contender
À défaut d’être peut-être les favoris ultimes (Nuggets ? Bucks ?), les Celtics sont assurément contender à l’aube de cette nouvelle saison. Le groupe a pas mal bougé mais l’ossature est globalement restée la même. Néanmoins, il semble que le vent tactique ait changé. L’arrivée de Jrue Holiday et Kristaps Porzingis semble correspondre à l’idéologie que veut installer Boston. Ce nouveau duo, comparé à Marcus Smart et Robert Williams III, est adapté pour jouer le drop. Les Celtics semblent avoir dit adieu au switch all.
Pour autant, il y a cette impression persistante que les Celtics ont effectué un léger pas en arrière depuis l’éviction d’Ime Udoka, comme s’ils avaient dévié du chemin tout tracé qui allait les mener au trophée Larry O’Brien dans les 2-3 prochaines saisons. Là, l’horizon semble moins clair qu’il y a 400 jours. Les trades majeurs de cet été ont, non pas jeté une ombre sur les futures ambitions, mais posé question. Si les doutes ne surviennent pas encore dans le Massachusetts, et qu’il y a beaucoup de raisons de les placer parmi les favoris, le ciel est comme les cheveux de Marcus Smart : moins vert qu’auparavant.
Les tendances de l’été
Alors qu’on s’attendait à une intersaison relativement calme à Boston, Brad Stevens a finalement dynamité le cocotier et fait exploser une partie de son roster. Qu’en est-il dans les faits ?
Le blockbuster trade : le départ déchirant
21 juin 2023. La sphère NBA récupère d’une harassante saison, ponctuée par le premier titre des Denver Nuggets, et patiente en attendant une draft qui s’annonçait historique pour nous, Français. Tout le monde attend aussi le 1er juillet, l’ouverture de la free agency. Soudain, les insiders majeurs NBA font état d’un deal à trois entre les Celtics, les Clippers et les Wizards. Les fans de Boston se couchent sereins lorsqu’ils comprennent qu’ils s’apprêtent à récupérer Kristaps Porzingis en ne lâchant que Malcolm Brogdon. Des tweets « Brad Stevens, le GOAT » et « let’s go !!!! » affluent sur ce que l’on appelait encore Twitter.
Au réveil, c’est toutefois la douche froide. Comme dirait M’Bappé : « le deal, il a changé ». En effet, ce n’est plus Malcolm Brogdon qui s’envole pour Los Angeles, mais bien Marcus Smart qui prend un billet aller pour le Tennessee. Qu’est-ce que ça change ? Tout.
Avec ce départ, les Celtics perdent le joueur qui caractérisait le mieux leur âme et leur esprit défensif. Ils laissent également partir leur meneur titulaire, tout en envoyant un message négatif à leur meneur remplaçant, Brogdon, qui sait qu’il était dans des rumeurs sérieuses de trade, malgré sa bonne saison.
La suite du blockbuster trade : Jrue Holiday in, Brodgon et Timelord out
La suite tant attendue de l’été, la réponse aux questions du trade originel. Le trade de Lillard a engendré une chance unique pour Boston, celle de récupérer Jrue Holiday et de se débarrasser d’un Malcom Brogdon mécontent. Le prix à payer pour ça était celui de Robert Williams III, et deux picks.
Une fois l’impact émotionnel de la perte du Timelord digéré, ce trade semble la parfaite réponse à une opportunité unique. Déjà, c’est un trade qui signifie qu’aucun autre contender n’aura Holiday dans son effectif. De plus, c’est une vraie upgrade comparée à Malcolm Brodgon. Il permet aussi de répondre aux questions stratégiques que le duo Robert Williams III et Porzingis aurait posé. Stevens annonçait vouloir les faire jouer ensemble sur le terrain, mais j’avais du mal à imaginer comment ça pourrait être possible. Boston passe donc du “switch all” et du “roaming” à la défense de “drop”.
Cet échange apporte énormément de réponses défensives, avec Holiday et KP comme expert du drop, a côté de White, Horford et les Jays, on peut imaginer facilement la défense que Boston affichera en saison régulière. Là où le trade ouvre des questions c’est en attaque. Aucun créateur d’élite, deux des connecteurs sont partis, “quel role pour KP et Holiday ?”, “quelles responsabilités pour JB et White ?”, “comment va progresser JT à la passe? “… beaucoup de questions en suspens.
La grosse prolongation
C’était dans les tuyaux depuis un moment, mais c’est devenu officiel le 25 juillet dernier, Jaylen Brown a signé une extension d’un montant historique : 304 millions de dollars sur cinq ans. Un montant qui peut faire tiquer, car c’est vrai que ça fait beaucoup d’argent pour un joueur qui est au mieux une option 1B, mais que beaucoup, dont l’auteur de ses lignes, considèrent comme une très bonne option 2. Voire une option 3 pour certains (coucou Azad).
Ce qui est certain, c’est que l’arrière/ailier de 26 ans a rempli toutes les cases pour obtenir ce supermax : minimum sept ans en NBA ; être resté dans la franchise qui l’a drafté ; avoir été All-NBA, ce qu’il a réalisé la saison dernière. Il n’a donc rien volé, mais ce contrat pharaonique ne lui donne désormais plus le droit à l’erreur.
Grant Williams et le sacrifice financier
Joueur prépondérant sous Ime Udoka, Batman a perdu du galon sous Joe Mazzulla, au point de se voir relégué dans la hiérarchie et de n’avoir qu’un impact minime en play-offs. Ce crève-cœur s’en est suivi d’un autre pour tous les fans de Boston, puisque Grant Williams n’a tout simplement pas prolongé son bail dans le Massachusetts et est parti du côté de Dallas.
Ce départ est en même temps un choix sportif, puisque l’ailier-fort désirait à nouveau jouer un rôle majeur au cœur d’un projet, et également financier puisque les Celtics ne voulaient pas le payer autant que lui le désirait (54 millions de dollars sur 4 ans, ce qu’il a obtenu dans le Texas). Avec le nouveau CBA, qui entrera en vigueur cette saison, les franchises au-dessus de la luxury tax seront plus sévèrement sanctionnées. À l’instant T, les Celtics auraient pu payer ce montant pour Grant Williams, mais avec l’énorme prolongation de Jaylen Brown, et la future non moins énorme prolongation de Jayson Tatum (le franchise-player pourra signer pour un montant de 318 millions de dollars sur 5 ans à l’été 2024), ils ont préféré ne pas prendre ce risque.
Dans l’affaire, les Celtics n’ont pas perdu leur joueur contre rien, puisque Grant Williams est parti via un sign and trade qui a permis à la franchise verte de récupérer deux seconds tours de draft et une trade exception de 6,2 millions de dollars. Néanmoins, Boston a quand même perdu un autre soldat ++, le deuxième après Marcus Smart. Avec ces deux départs à la même intersaison, c’est aussi une partie de l’identité défensive, et même de l’identité tout court des Celtics qui quitte le TD Garden.
Se renforcer malin
Les finances des Celtics étant serrées, le board de Boston a essayé de renforcer les derniers spots de son roster à moindre coût. Trois joueurs sont donc arrivés, trois profils différents, mais capables d’apporter chacun à leur manière : Lamar Stevens, Svi Mykhailiuk et Oshae Brissett.
Lamar Stevens débarque en provenance des Cavaliers. Après trois saisons dans l’Ohio, il viendra principalement apporter de la défense dans les ailes. Un profil sérieux qui manquait dans la rotation.
Svi Mykhailiuk est également un ailier, mais l’Ukrainien a lui plutôt été recruté pour sa précision longue distance et sa capacité à écarter le terrain (42,5 % à trois points sur la saison dernière, et une bonne fin de saison du côté de Charlotte). Son profil se rapproche de celui de Sam Hauser, avec toutefois davantage d’expérience.
Enfin, Oshae Brissett a été récupéré d’Indianapolis. Correct en sortie de banc chez les Pacers, il apportera de la dureté au poste 4 et sera un pendant plus athlétique que Porzingis en tant qu’ailier-fort. Son profil rappelle un peu celui de Grant Williams, avec des qualités moins évidentes.
Avec ces trois soldats, auxquels on peut ajouter la signature du meneur de grande taille Dalano Banton et le pari Jordan Walsh, un rookie qui dépannera aux postes 3-4, Boston a été actif cet été et se retrouve avec un effectif qui a certes fière allure, mais qui n’est pas exempt de questions et d’interrogations.
Focus sur la saison 2023-24 des Boston Celtics
Comment jouer avec Porzingis ?
Kristaps Porzingis. Jayson Tatum. Jaylen Brown. Jrue Holiday. Comment faire cohabiter les quatre ensemble ? Cela sera la problématique principale de la saison. Joe Mazzulla peut toujours nous réserver des surprises, comment va-t-il intégrer le Letton et l’ancien d’UCLA dans son cinq majeur… On peut imaginer par exemple, Holiday – Brown – Tatum – Porzingis – Horford, ou un cinq small ball Holiday – White – Brown – Tatum – Porzingis
Après un coup d’œil aux noms du dessus, idéalement pour Porzingis, il serait préférable d’évoluer sur le parquet avec un meneur au profil davantage gestionnaire comme Holiday et de défenseurs polyvalents. Les deux cinq semblent viables, selon l’opposition, surtout en Playoffs.
Kristaps Porzingis rejoint les Celtics, ce sera davantage à lui de s’adapter que l’inverse : l’équipe entière ne sera pas modelée pour lui, ce n’est pas le franchise player. Il n’arrivera pas en terrain conquis, mais son rôle ne sera pas non plus inconnu : il devrait être ce poste 4 fuyant qui étirera les défenses et se chargera de punir à longue distance. On l’a déjà vu faire à New York, à Dallas et à Washington.
Si l’on ajoute à cela une forme de protection de cercle sur de la défense en drop, qui sera très utile avec Jrue. On peut aussi parler de sa capacité à réaliser des passes dans le bon tempo et à tenter des pénétrations de temps en temps, ça sera déjà très bien. Défensivement, il sera associé à Al Horford si Boston joue grand, mais lors des minutes en small ball, il sera le seul protecteur de cercle. Les minutes qu’il a joué avec Gafford l’année dernière montre la complexité de le faire jouer à côté d’un role de roamer, ce qui peut expliquer le trade de R-Will vers Portland.
Jayson Tatum et Jaylen Brown devront considérer Porzingis pour ce qu’il est, c’est-à-dire un véritable intérieur, un partenaire privilégié de pick and roll et de pick and pop. Le Letton sait rouler et poser des écrans, ce serait dommage de ne pas l’utiliser ainsi, surtout qu’il a de bonnes mains pour un intérieur.
Les qualités du géant de 2m21 s’adaptent bien aux caractéristiques offensives des Celtics. En effet, Boston est une équipe adepte du 5-out, c’est-à-dire de laisser ses cinq joueurs derrière la ligne à 3 points et de favoriser la circulation de balle rapide pour créer des décalages. Ainsi, Boston va soit chercher le mismatch pour attaquer vers le cercle, soit avoir des tirs à trois points ouverts. Shoot it, move it or attack it.
Avec des joueurs intelligents, biberonnés par le Brad Stevens basketball, comme Tatum, Brown, ou qui s’adaptent facilement, comme Horford, White et Jrue, Porzingis sera comme un poisson dans l’eau. Il pourra reprendre le rôle d’Al Horford, lorsque le vétéran était associé à Robert Williams, avec encore davantage d’efficacité : Porzingis est devenu un excellent tireur et tournait à 38,5 % de réussite à 3 points sur un bon volume (5,5 de tirs tentés par match).
Si le Letton a parfois pu être frustré de son rôle et de son utilisation lorsqu’il évoluait avec Luka Doncic, il a réussi à travailler sur ses défauts et est désormais bien meilleur quand il doit évoluer loin du ballon. Il a appris à mieux se positionner et à faire preuve d’efficacité sur les trois niveaux du terrain : à longue distance, à mi-distance et près du cercle. C’est une véritable menace.
Kristaps Porzingis a été recruté pour jouer avec les deux stars déjà présentes, mais aussi pour évoluer à leur place. Porzingis sait se créer son propre tir, profiter des espaces et punir son défenseur direct. Ce sera une arme importante lors des moments où l’adresse des deux Jay sera en berne ou lors des quart-temps au cours desquels l’attaque générale des Celtics patinera. Porzingis a cette capacité rare en NBA de pouvoir débloquer des situations par son seul talent.
Côté défense, les C’s pratiquent régulièrement une défense de type « drop », qui nécessite une forte dissuasion en défense (rappelez-vous notamment de la drôle de manière de contester les tirs de Luke Kornet). Cela tombe bien, Porzingis excelle dans ce domaine. L’an dernier, les adversaires ont tiré 11,1 % moins bien à proximité du cercle lorsqu’il était le principal défenseur, soit le 97e percentile de tous les joueurs. Grâce à sa taille (2m21), son envergure estimée à 2m29, et sa lecture du jeu (1,5 blocks par match l’an passé, la dixième meilleure marque de la ligue), le géant sera une arme massive de dissuasion pour la défense de Boston.
Bien évidemment, tout cela est conditionné par le fait que Porzingis reste en santé. Historiquement, ses pépins physiques le laissent tranquille environ une année sur deux. La saison dernière, il a pu jouer 65 matchs, ce qui ressemble pour le Letton à une saison pleine.
Un changement d’identité ?
Avec les départs Marcus Smart et des Williams, une question s’impose : cette intersaison entérine-t-elle un changement d’identité pour les Celtics ? Dans les faits, non, mais en fait oui.
Non puisque Tatum, White, Horford et Brown sont toujours présents et connaissent les rouages des différents systèmes offensifs et défensifs de Boston. La perte de trois joueurs, même s’ils ont fortement contribué à la défense de fer de 2022 et la bonne défense de 2023, ne signifie pas que l’ensemble du château de cartes s’apprête à s’écrouler.
Certes, l’agressivité et le leadership défensif de Marcus Smart vont manquer. Pour autant, White, par sa polyvalence et par sa rigueur défensive, peut largement compenser ce manque.
En Playoffs, Jayson Tatum impulsera les efforts défensifs et se comportera comme un leader, ce qu’il est des deux côtés du terrain depuis sa série contre les Nets en 2022. JT est smooth, soyeux ou n’importe quel adjectif que vous voulez en attaque, mais il s’envoie des missions défensives de l’autre côté du parquet. Smart ou non, cela continuera à filer droit. Brown, quant à lui, n’est pas le meilleur défenseur de l’effectif, mais il est capable quand il veut. Porzingis, nous l’avons vu, peut se débrouiller par séquences et lorsqu’il est aidé d’un autre grand. Ce qui sera le cas au cours de la saison. Dans les faits, le cinq majeur de Boston pourrait être composé de trois bons défenseurs et de deux moyens. Après, comme c’est souvent le problème des hommes en vert, ça sera une question d’envie.
Cela étant dit, nous pouvons quand même remarquer un réel changement d’identité… amorcé au cours de l’intersaison 2022. La quintessence défensive des Celtics, c’était en Playoffs sous Ime Udoka. Le verrou était présent, les joueurs étaient étouffants et tout l’Est s’était cassé les dents. C’est sous Udoka que Tatum s’est révélé en excellent défenseur , qu’Horford a retrouvé ses jambes de 20 ans , que Robert Williams s’est affirmé , que Grant Williams a excellé dans son rôle de soldat , et que Marcus Smart a sans doute réalisé sa meilleure saison encore et a obtenu le titre de DPOY. Au fond, c’est Ime Udoka qui, par ses qualités de coaching, puis par ses agissements extra sportifs, a inculqué cette identité et qui l’a fait disparaitre, malgré sa volonté.
Joe Mazzulla, même s’il était un assistant d’Udoka, n’a pas du tout les mêmes préceptes en tant que coach principal : il est davantage porté sur l’attaque que sur la défense. Dès lors, faire venir un profil comme Porzingis colle à sa vision du basket et de l’attaque des Celtics. Autrement dit : le front office a donné à son coach les profils qu’il attendait. Sous Udoka, il n’y aurait eu ni trade de Marcus Smart, ni départ de Grant Williams : les deux auraient continué au TD Garden pendant de longues années. La mue identitaire au cours de la saison 2022-2023 et la volonté de Joe Mazzulla les ont sacrifiés, car celui-ci les considérait comme moins vitaux dans son projet de jeu.
Marcus Smart est difficilement remplaçable en l’état, mais son rôle et son leadership pourront être partagés entre Jrue Holiday et Jayson Tatum. Enfin, la dernière question, c’est : comment diable vouloir se montrer plus tueur et avoir la mentalité de winner en tradant Smart ? De prime abord, on dirait une totale antithèse. Pour en arriver à cette conclusion, le front office s’est dit que ce groupe était arrivé à son plafond avec deux entités : Smart en tant que meneur titulaire et Smart en sa qualité de leader du vestiaire. C’est une conclusion osée. Est-elle véridique ?
Marcus Smart a un plafond en termes de talent pur : il ne fait pas et n’a jamais fait partie des dix meilleurs meneurs de la ligue. Avec l’arrivé de Jrue Holiday, peut on parler de vrai step-up ? Les avis sont partagés, mais Holiday va apporter des choses bien différentes que Smart sur un terrain. Maintenant, au sujet de son leadership, on n’a cessé de répéter depuis des années que Smart était l’âme, le cœur et les poumons de cette franchise, alors pourquoi le remplacer par un joueur avec certes un plus haut plafond, mais qui n’est pas connu pour son leadership et pour ses qualités collectives au sein d’un vestiaire ?
Je parierais sur deux choses : l’opportunité de marché Porzingis-Holiday et la tentation de penser que cette construction d’effectif actuelle était en fin de cycle. Marcus Smart a beaucoup apporté en tant que leader, mais on ne peut pas dire non plus que tout a été rose depuis l’année 0 du projet, c’est-à-dire de façon totalement arbitraire avec le départ de Kyrie, en 2019 : des players meetings, des embrouilles internes, des délitements mentaux lors de certains grands moments (notamment contre le Heat en 2023), des régulières avec d’immenses trous d’air qui obligent à faire des remontadas en seconde partie de saison (en 2022) ou à capituler sans vraiment se battre (en 2021). Oui, il y a trois finales de conférence sur les quatre dernières saisons, mais il y n’y a aussi et surtout qu’une seule apparition en Finales NBA et aucun titre au bout.
Malgré l’affect porté à Marcus Smart, le pragmatisme montre qu’il a échoué à guider ses deux jeunes stars au trophée Larry O’Brien. Jayson Tatum peut désormais poursuivre sa mue en tant que leader : de plus en plus vocal au fil des années, le franchise player continuera de d’affirmer son leadership dans les vestiaires et sur les parquets. Smart ne méritait aucunement d’être tradé pour autant, et il aurait facile pour le management de run it back, mais cette décision forte peut à minima s’expliquer et se comprendre. À voir désormais si ce sera pour le meilleur ou pour le pire ?
Le rôle de Jaylen Brown
Auteur de la meilleure saison de sa carrière au scoring lors de la saison régulière, Jaylen Brown s’est pourtant troué en post-saison, avec en point d’orgue son affreux Game 7 contre le Heat (8 turnovers, 1-9 à trois points). C’est le premier vrai coup d’arrêt pour l’arrière de 26 ans. Est-il capable de s’en relever ? Si oui comment ?
Peu de gens prennent Jaylen Brown pour ce qu’il est vraiment, c’est-à-dire un bon joueur de basket, sans doute top 20-25 NBA, avec des qualités et des défauts évidents. Hélas, souvent, soit on essaye de l’ériger plus haut que ce qu’il n’est et d’oublier ses faiblesses, soit à l’inverse on tente de le descendre plus bas que terre et d’en faire un joueur dépourvu de bons côtés. Posons tout de suite deux bases : non, Jaylen Brown n’est pas une première option, ni même réellement un 1B dans une équipe contender ; oui, il progresse d’année en année.
L’arrière All-Star n’aura jamais le handle de Paul George ou le côté smooth de son compère JT, mais il a ses qualités. C’est un excellent joueur d’équipe et de système, il est fiable à 2 points, sent bien les lectures du jeu et peut rentrer des gros tirs. En revanche, ce n’est pas un playmaker, ni pour les autres ni réellement pour lui-même. Dans l’effectif, c’est sans doute lui qui souffre le plus de cet absence de meneur gestionnaire et/ou d’initiateur élite. Partant de ce constat, que faire ? Qu’il arrête d’abuser du tir à trois points (33% de réussite la saison, c’est beaucoup trop peu pour un arrière), qu’il cesse de se penser the guy et qu’il diminue encore son taux d’usage. La présence de Porzingis pourra l’aider en ce sens : le Letton prendra et marquera davantage de tirs primés que lui, il sera capable de garder le ballon et se créer son propre tir. Autrement dit, que Jaylen Brown simplifie son jeu, élimine les scories qui le desservent et oublie ses rêves de grandeur, pour se concentrer sur ses points forts : percussion, pénétration, vitesse, lecture des systèmes et qu’il choisisse mieux ses spots de shoot.
Si Jayson Tatum est le leader et le meilleur joueur des Celtics, Jaylen Brown en est en réalité le baromètre : si JB est bon, l’équipe l’est aussi ; lorsqu’il est à côté de ses baskets, toute l’équipe plonge également. Son impact sur le collectif est prépondérant : ce n’est souvent pas lui qui fait gagner sa franchise, mais mal l’utiliser ou lui donner des libertés contraires à ses qualités, c’est tirer une balle dans le pied de tout le Massachusetts. En régulière, Joe Mazzulla était parvenu à plutôt bien l’utiliser, mais tout s’est délité en play-offs, au fil des tours : contre Atlanta, Jaylen Brown était incandescent ; puis il a été bon sans plus contre Philly et médiocre contre Miami.
Le véritable Jaylen Brown se trouve quelque part entre son récital face à Atlanta et sa partition honteuse contre le Heat. Ni héros, ni zéro. Il pourra s’en relever, à lui et à son coach de trouver le bon équilibre pour qu’il puisse exprimer tout son potentiel.
Je mets aussi Joe Mazzulla dans le lot, car il sera attendu au tournant la saison prochaine. En saison régulière, il a été plutôt bon, mais ses limites actuelles de coaching ont été exposées lors des play-offs. Le coach désormais sophomore devra être plus inspiré dans ses rotations et ses choix tactiques. Ce sera à lui de clarifier les rôles et la répartition des tickets shoots, c’est-à-dire déterminer qui est numéro 1, numéro 2 et numéro 3 entre Tatum, Brown et Porzingis. Que l’on arrête ses histoires de 1A et 1B. Lorsque Jaylen Brown aura enfin eu son rôle clarifié, et qu’il l’aura accepté, s’il y parvient, il ne sera pas loin d’être la meilleure deuxième option de la ligue.
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
Boston a changé, mais les Celtics restent les Celtics. Ils sont souvent capables du meilleur, parfois du pire, et c’est souvent très bien ainsi. Il est assez clair que les C’s ont changé d’identité et sont passés d’un verrou défensif à une excellente attaque. Ils ont fait un virage à 180 degrés. Pour le meilleur ? Impossible de le savoir, mais cela correspond davantage finalement aux préceptes du coach, à l’effectif actuel et aux quatre all-stars Jayson Tatum, Jaylen Brown, Jrue Holiday et Kristaps Porzingis.
Boston a changé, mais l’on s’attend quand même à une saison régulière de haute facture et sans trous d’air majeurs. Une fourchette entre 52 et 58 victoires est placée. Toutefois, davantage que le nombre de victoires, c’est le contenu qui sera scruté. Arriveront-ils à devenir cette attaque incontrôlable et dévastatrice pendant 82 matchs puis en play-offs ? Parviendront-ils à réaliser les efforts défensifs dans les moments qui comptent vraiment ? Ce groupe sera-t-il assez soudé et concerné dans l’adversité ? En vérité, ce sont surtout ces points-là qui seront analysés et débattus avec attention. Puisqu’au fond, avec l’effectif actuel, les Boston Celtics ont tout pour s’extraire de l’Est et remporter les Finales. En ont-ils seulement la volonté au plus profond de leurs tripes ? Sauvés l’an passé par le talent de Tatum en Game 7 face aux Sixers puis dépassés dans l’envie par le Heat, la fenêtre de tir et de titre ne sera pas ouverte éternellement.
Bien sûr, aussi, on veut voir Kristaps Porzingis en santé et on espère un bel hommage à Marcus Smart quand il reviendra au TD Garden le 5 février prochain.