Peut-être vous souvenez-vous des Phoenix Suns de 2021 ? Équipe surprise, en pleine émergence, qui mettait en déroute toute la conférence Ouest pour rejoindre les Bucks en finales NBA. Portés par Chris Paul et Devin Booker, cette jeune équipe incarnée par Mikal Bridges, DeAndre Ayton ou encore Cameron Johnson paraissait armée pour durer.
Eh bien, il n’en fut rien.
Un peu moins de 2 ans plus tard, Bridges et Johnson étaient échangés à la trade deadline pour obtenir Kevin Durant. Un coup risqué mais audacieux, tant KD est capable de s’insérer dans n’importe quelle équipe sans esquisser le moindre signe de difficulté. Si ce fut bien le cas, les Suns se sont pointés en Playoffs avec la drôle de sensation de posséder des lacunes et un manque de profondeur inquiétants.
Après avoir balayé des Clippers, une fois n’est pas coutume, privés de leurs stars, les Suns allaient se heurter au futur champion NBA. En dépit d’un banc exsangue et d’un Chris Paul blessé en cours de route, Phoenix allait néanmoins devenir la seule équipe capable d’arracher plus d’une rencontre aux Nuggets sur leur route pour le titre.
Un bilan pas si terrible quand on sait à quel point il est difficile de faire un grand échange en février, tout en conservant un effectif taillé pour le titre.
Dès lors, cet échauffement passé, les Suns se présentaient cette intersaison avec un défi d’envergure à relever : construire un prétendant autour de son duo Devin Booker – Kevin Durant.
In & out : le point sur le roster
Arrivées : Bradley Beal, Jusuf Nurkic, Eric Gordon, Grayson Allen, Keon Johnson, Jordan Goodwin, Yuta Watanabe, Nassir Little, Keita Bates-Diop, Bol Bol, Drew Eubanks, Chimezie Metu
Départs : Chris Paul, DeAndrey Ayton, Landry Shamet, Torrey Craig, Cameron Payne, Terrence Ross, T.J Warren, Bismack Biyombo, Jock Landale
Le roster 2023/2024
Meneurs : Saben Lee
Arrières : Devin Booker, Bradley Beal, Eric Gordon, Josh Okogie, Grayson Allen, Keon Johnson, Jordan Goodwin, Damion Lee
Ailiers : Kevin Durant, Ish Wainright
Ailiers-forts : Yuta Watanabe, Nassir Little, Keita Bates-Diop, Chimezie Metu
Pivots : Jusuf Nurkic, Bol Bol, Drew Eubanks, Udoka Azubuike
Joueurs en two-way contract.
Phase de l’équipe : Prétendant au titre
Lorsque vous montez une équipe avec autant de stars que celle des Suns, vous n’avez d’autres objectifs que le trophée Larry O’Brien.
Mat Ishbia, nouveau propriétaire de la franchise arizonienne, a décidé de la marquer de son empreinte. Décidant de rompre avec l’effectif finaliste d’il y a deux ans, le néo-proprio des Suns semble être de ceux, à la façon d’un Mark Cuban ou d’un Steve Ballmer, qui ne restent pas dans l’ombre.
Désireux de cumuler des stars, de rendre les matchs de son équipe accessibles au plus grand nombre (match des Suns & des Mercury disponibles gratuitement en antenne locale), la volonté de faire de sa franchise une franchise centrale de la NBA est indéniable.
Après un round d’observation très bref, Phoenix affiche donc un nouveau visage. Ce nouveau visage en fait-il néanmoins un favori ? Nous allons essayer de tracer le portrait de cette nouvelle version des Phoenix Suns.
Les tendances de l’été
L’enchaînement trade deadline – intersaison des Phoenix Suns fut d’une rare brutalité. Si vous n’êtes pas fans des Lakers, vous n’êtes pas habitués à voir de tels remaniements d’effectifs. Une farandole d’arrivées et de départs autour du duo Devin Booker – Kevin Durant, que nous vous proposons de découvrir dans cette partie.
Bradley Beal, troisième membre du Big Three
Il y a encore 2 ans, nous aurions parlé du Big Three des Suns dès la trade deadline. Avec Chris Paul, Devin Booker et Kevin Durant, Phoenix aurait eu l’allure d’un inarrêtable armada. Force fut de constater ces derniers mois, que Chris Paul commençait à vieillir de manière assez significative. Plus vraiment capable de faire la différence et de créer une séparation avec ses vis-à-vis, le meneur ne possédait plus l’impact et l’aura qui était encore le sien il y a peu.
Peu enclin à jouer le conservatisme, Mat Ishbia semble avoir poussé son GM, James Jones, à étudier le marché illico.
Bradley Beal, enfin ouvert à un départ de Washington fut donc la cible principale de la franchise. Si de l’extérieur, l’arrivée d’un arrière, alors que le meilleur joueur de l’équipe fut assez nettement Devin Booker en Playoffs peut paraître étonnante, nous verrons ensuite que ce choix pourrait être plus opportun qu’imaginé.
Quoi qu’il en soit, les Suns ont désormais un véritable trio de stars, qui va devoir éprouver ses habitudes pour tenter de tirer le meilleur des profils de chacun.
La fin de l’ère Deandre Ayton
On a souvent entendu qu’Ayton voulait quitter Phoenix.
On a entendu que le problème était relationnel avec Monty Williams. On a vu le joueur si précieux en 2021, boudeur et renfrogné par moment. En réalité, on a beaucoup spéculé sur le cas Deandre, mais la franchise a tranché et a décidé de profiter du départ de Damian Lillard à Milwaukee pour envoyer son pivot à Portland. Dans l’opération, elle récupère Jusuf Nurkic, Grayson Allen, Nassir Little, Drew Eubanks et Keon Johnson.
De toute évidence, la franchise avait deux motifs à l’idée de cet échange. Tout d’abord, essayer d’assainir le vestiaire, alors que l’équipe possède peu de temps pour créer des automatismes dans un groupe constitué essentiellement de joueurs arrivés durant les dernières semaines. Si Ayton était un obstacle, alors l’obstacle a été écarté.
Par ailleurs, si le remplacement d’Ayton par Jusuf Nurkic est en apparence perdant, l’arrivée de 4 joueurs supplémentaires répond parfaitement au criant besoin de profondeur des Suns. Une profondeur qui est d’une part nécessaire pour économiser ses stars en saison régulière, mais aussi et surtout pour posséder la faculté de s’ajuster une fois les joutes de Playoffs lancées.
Oui, Ayton apportait plus de garanties d’un point de vue défensif que Nurkic, particulièrement sur le poste de pivot, clé de voute d’une défense.
Oui, il apportait également plus de garanties en termes de santé que le pivot bosniaque. Toutefois, d’autres arrivées peuvent être précieuses à commencer par Grayson Allen, joueur idoine en complément d’un panel de stars avec son jeu sans ballon ou Nassir Little et Drew Eubanks, 2 joueurs besogneux qui pourraient se tailler une place dans la rotation.
D’autres arrivées
James Jones possédait peu de marge de manœuvre pour reconstruire une rotation.
Avant même l’échange de Deandre Ayton, l’été avait été marqué par quelques signatures bien senties et des paris à bas prix dans le but de proposer un supporting cast à son trio de stars. Alors que Phoenix a été handicapé face aux Nuggets par le trop plein de joueurs sur lesquels il était facile de faire l’impasse en attaque, l’objectif était d’apporter des snipers éprouvés sur les bancs d’Arizona.
Parmi les arrivées encore non mentionnées et qui semblent importantes, on peut ainsi noter celle d’Eric Gordon, en provenance des Clippers.
Après avoir longtemps végété dans la reconstruction des Rockets, le vétéran peut enfin rejouer dans une équipe compétitive.
Shooteur d’une efficacité redoutable, il peut également donner quelques coups de main lorsqu’on lui confie la gonfle. Gordon présente diverses caractéristiques qui pourraient en faire un joueur clé de l’équipe. Dans un effectif qui devrait lui permettre d’être oublié par les défenses adverses, comme ce fut le cas lors de son cours passage aux Clippers, il peut être d’une efficacité redoutable (90eme percentile lors de son passage à LA), mais sait également créer du jeu et prendre les bonnes décisions quand le besoin s’en fait sentir. Si Gordon est en bonne santé la saison prochaine, il pourrait être l’une des plus belles additions de ce marché des agents libres côté Phoenix.
Autre arrivée de premier choix, celle de Yuta Watanabe.
Ancien coéquipier de Kevin Durant à Brooklyn, le japonais a clairement exprimé l’envie de réitérer l’expérience en évoluant aux côtés de l’ailier. Doté d’un shoot extrêmement fiable, il devrait facilement s’insérer dans le groupe et sanctionner les aides défensives adverses sur ses coéquipiers. Avec ses 44,4% à 3pts pour 2,3 tentatives par match l’an passé, il représente une menace certaine. L’ailier fort dont le temps de jeu continue de croître depuis son arrivée en NBA pourrait bien devenir un joueur clé de la rotation des Suns et ce, assez rapidement dans la saison. S’il maintient sa folle adresse de la saison passée, utilise sa mobilité et les espaces offerts par le casting 5 étoiles autour de lui, il pourrait devenir clé dans la rotation de l’équipe. Exemple :
Ensuite, on peut citer 3 joueurs qui ressemblent à des tentatives.
En premier lieu, l’acquisition de Bol Bol a tout l’air d’un pari à bas coût.
Depuis son arrivée en NBA, le pivot peine à se faire une place dans une rotation. Parfois perdu sur un terrain, il n’en reste pas moins un joueur dont le potentiel physique (2m18 et 2m34 d’envergure avec une rare mobilité) et le potentiel technique (handle, pull-up, tir à longue distance) en font toujours un prospect intriguant malgré les années passant. S’il arrive à se discipliner des deux côtés du terrain, il pourrait vraiment apporter un coup de boost réel à cette équipe. Ceci étant dit, il entre dans sa 5eme saison NBA et continue d’être un attaquant qui oublie ses coéquipiers et tend à peiner à évoluer dans un système collectif.
On peut ensuite parler de Keita Bates-Diop et Chimezie Metu. Deux joueurs qui devront se faire leur place en travaillant dur en défense et en se montrant actifs loin du ballon pour ne pas handicaper leur équipe offensivement. Leur place dans la rotation semble néanmoins loin d’être acquise.
Au revoir Monty Williams, bienvenue Frank Vogel
Quitte à faire un grand chantier, les Suns ont également décidé de se séparer de leur coach.
L’homme connu pour avoir été l’un des artisans majeurs de la sortie du marasme pour Phoenix a donc été remercié. Critiqué pour certains non-choix en Playoffs, Monty Williams pouvait également sembler dans une position inconfortable avec une rotation famélique à manœuvrer.
Frank Vogel, qui attendait son heure depuis son licenciement par les Lakers (avec qui il fut champion en 2020) revient donc aux affaires.
Connu pour être principalement focalisé sur la défense, il obtient un effectif dont la mentalité semble résolument tournée vers l’attaque. Coach d’ajustement plus qu’un coach qui arrive avec une philosophie marquée, il devra apporter un équilibre à son équipe. On peut s’attendre à voir Phoenix laisser beaucoup de liberté à ses attaquants, avec la volonté de maximiser le spacing pour ses stars. Potentiellement une philosophie de read & react dans laquelle les joueurs se doivent simplement de créer des automatismes et de profiter des espaces générés par leurs leaders.
Mais allez, penchons-nous réellement sur la saison à venir des Suns maintenant.
Focus sur la saison 2023-24 des Phoenix Suns
Bradley Beal, meneur des Suns
Évidemment, le principal sujet de cette intersaison agitée est l’arrivée de Bradley Beal.
Pour commencer, quel joueur est Beal ? Rapidement, on pourrait parler d’un arrière technique, capable d’évoluer avec comme sans la balle. Scoreur redoutable, même au sortir de deux saisons en deçà de ses standards (notamment au niveau de l’agressivité), il peut facilement générer une séparation avec ses vis-à-vis. Que ce soit grâce à des appuis exceptionnels, une flexibilité sur les chevilles qui lui permet de se créer des angles facilement et une imprévisibilité dû à une faculté à scorer aux 3 niveaux (raquette, mi-distance, trois points).
Plutôt costaud, mobile, il est capable de créer du contact pour s’ouvrir un tir ou chercher une faute et s’avère à la fois un merveilleux shooteur de mi-distance, dans la plus pure tradition de cette équipe de Phoenix, mais offre également d’autres perspectives.
Car disons-le. Avec 2 des shooteurs à mi-distance les plus géniaux de la ligue (Devin Booker & KD), on pourrait se dire que la cohabitation des trois ne sera pas forcément évidente. Tout du moins, il semble naturel de penser que mieux vaut des skillsets différents qu’une multitude de joueurs qui partagent la même spécialité.
En l’occurrence, les Suns étaient :
- Numéro 1 au nombre de tirs pris sur des mi-distances à courte portée
- Numéro 2 au nombre de tirs pris sur des mi-distances à longue portée
- Derniers au nombre de tirs pris dans la raquette
- 18eme au nombre de tirs pris à 3pts
Face aux Nuggets, c’est cette incapacité collective à aller au cercle qui a pu compter parmi les plus grosses faiblesses de l’équipe. D’ailleurs, de toutes les équipes en Playoffs, les Suns étaient bons derniers au nombre de tirs pris au cercle (14,5 par match, quand toutes les équipes qui sont allées en finale de conférence en prenaient au moins 22) et derniers également au nombre de tirs à 3 points.
D’un côté, Devin Booker n’a pas l’explosivité lui permettant d’aller à répétition attaquer la peinture sur attaque placée (il le fait plutôt en transition ou lorsqu’il reçoit la balle en mouvement), de l’autre, Kevin Durant a vu sa faculté à accéder au cercle chuter au fil des années et des blessures. Contrairement à ce que son rapport taille/mobilité laisse supposer, KD n’a jamais été un attaquant agressif, notamment en raison d’un handle qui ne lui permet pas si aisément de se mouvoir dans cette zone. Cette tendance est désormais réduite à peau de chagrin. Pour preuve :
Bradley Beal, s’il a une attirance certaine pour la mi-distance et particulièrement les longs 2, est pour autant un des arrières qui attaquent le plus la raquette et prennent le plus de corner 3.
Plus agressif balle en main, doté d’un premier pas plus explosif que Devin Booker et d’un decision making plus que louable, il est fort probable que les Suns penchent pour une alternance entre Beal et Booker à la création. Pour revenir à la raquette, Beal est un des arrières-scoreurs les plus prolifiques de la ligue près du cercle. Avec 10,6pts inscrits dans cette zone l’an passé, il est devant des slashers très athlétiques comme Anthony Edwards, Zach LaVine ou encore Donovan Mitchell.
Grâce à sa technique et une maîtrise de son équilibre, il figure dans le 94eme percentile dans la finition au cercle chez les arrières. Si on réduit cette liste sur un panel d’arrières qui gèrent un haut volume de ballon, seul Kyrie Irving est plus adroit que lui. Basta.
Ainsi, celui qui paraît le plus capable de porter à haut volume et créer des opportunités faciles pour les siens, c’est bien l’ancienne star des Wizards. Pour ordre d’idée, voici les 3 Shot Charts de Durant Booker ; Beal en 2022-2023 :
On imagine que cela fait partie du calcul de la franchise et l’absence de meneurs back-up dans l’effectif porte à croire que non seulement les deux arrières titulaires vont beaucoup porter la balle, mais aussi qu’ils se relaieront de manière à ce que l’un des deux soit toujours sur le terrain.
Si un back-up à la mène arrivera sûrement à la trade deadline, toujours est-il que c’est bien Beal qui débutera à cette position pour Frank Vogel (ou tout moins, celui qui sera le plus responsabilisé ainsi). Ce duo sur les lignes arrières donnera d’ailleurs aux Suns un avantage de taille, que Beal avec sa faculté à finir avec le contact pourra exploiter. Le roster des Suns avec sa multitude d’arrières et sans meneur peut paraître étrange, mais il se pourrait bien que Beal soit l’homme de la situation.
D’autant que le roster donne des conditions optimales.
Spacing & mouvements off-ball
Pour optimiser ce groupe, les Suns avaient besoin d’un spacing optimal.
Bien que Josh Okogie, shooteur plutôt médiocre ait survécu à cette purge estivale grâce à ses talents de défenseurs sur le point of attack, le reste du recrutement penche vers l’idée d’aligner des joueurs apportant du shoot ou un certain dynamisme dans les coupes vers le cercle.
Comme mentionné dans la partie précédente, l’équipe s’est dotée de gâchettes de renom telles que Grayson Allen (39,9% à 3pts l’an passé), Eric Gordon (42,3% chez les Clippers), Yuta Watanabe (44,4%) voire Bol Bol qui pourrait être un intérieur hybride à mixer dans l’effectif.
En outre, l’arrivée de Jusuf Nurkic offre également une option de premier choix sur du hand-off. Pour libérer ses arrières, Frank Vogel pourrait faire le choix de positionner le pivot poste haut pour libérer la raquette et distribuer le jeu. Ce type d’actions est particulièrement pratique pour permettre aux extérieurs de recevoir la balle déjà en mouvement et générer du chaos dans la défense adverse.
Passeur plutôt doué, le pivot bosniaque sait donner la balle dans le bon timing à ses coéquipiers, mais sait aussi se mouvoir vers le cercle et faire la bonne action si celle-ci lui revient. Avec des armes létales tant côté stars que role players (Gordon, Allen & Watanabe notamment), il y a vraiment un véritable coup à jouer. Notamment dans la mesure où ses coéquipiers sont de bons manieurs de ballons, mais pas des meneurs de jeu de formation.
En effet, Devin Booker et Bradley Beal sont des joueurs qui aiment recevoir la balle en mouvement. Favoriser du jeu poste haut leur permet à la fois d’être lancés à la réception de la balle, mais aussi de faire valoir leur large palette offensive. Que ce soit le pull-up, le drive ou la passe, ces derniers peuvent tout faire. Il en va de même d’ailleurs pour KD qui excelle sur ces shoots.
Que ce soit sur hand-off ou pick & roll, les Suns sont armés pour rendre la vie compliquée aux adversaires à base de systèmes plutôt simples.
Beal, Durant et Booker sont tous les 3 des joueurs actifs off-ball. Il suffit ainsi d’un simple écran à l’opposé du ballon pour libérer l’un d’eux et ouvrir un tir “facile” à leur mesure.
Durant a d’ailleurs naturellement pris ce rôle de joueur de Spot-up (19,6% de ses tirs, pour 1,43 par tir pris !) dès son arrivée à Phoenix, où la balle était généralement entre les mains de CP3 & Booker. Booker n’était d’ailleurs pas en reste malgré des portions de saison sans Paul, avec 13,1% de ses tirs et 1,31 points par tir pris.
Puisque Beal amènera cette menace vers le cercle qui faisait défaut à l’équipe (Chris Paul prenait 0,4 tir par match dans cette zone…), l’attaque en sera d’autant plus dynamique et difficile à anticiper. Surtout que ces joueurs sont tous réputés pour leur efficacité. Autrement dit, lorsque l’un d’eux touche la balle, cela oblige immédiatement les défenses adverses à faire des choix.
Quel meilleur exemple que la réaction d’une défense à Kevin Durant qui reçoit la balle avec un mismatch ?
En somme, avec des role players bien choisis, des stars aussi dangereuses balle en main que sans, le spacing des Suns sera un véritable casse-tête. Une équipe qu’on devrait retrouver parmi les offensive rating les plus élevés de la ligue et espérons, un jeu collectif de haute facture.
Bon, mais la défense dans tout ça ?
Néanmoins, si l’attaque des Suns offre de belles promesses, c’est de l’autre côté du terrain que le véritable challenge se trouvera.
En prenant Frank Vogel, James Jones souhaitait un homme capable de bâtir ce genre de murailles. Aux Lakers, le néo-coach des Suns était à la tête de la meilleure défense NBA, mais compliqué de bâtir une machine défensive sans les profils idoines.
En Californie, il avait une multitude de joueurs, des stars aux role players, réputés pour leurs qualités défensives. L’an prochain, Vogel ne possèdera pas ce genre de luxes.
Si ses stars sont loin d’être catastrophiques en défense, Bradley Beal a régressé depuis de nombreuses saisons dans le domaine et il sera intéressant de voir si avec des joueurs capables de le soulager en attaque, il peut revenir à plus de régularité. Kevin Durant est un défenseur solide, qui sait se placer et peut utiliser sa taille pour offrir un deuxième rideau intéressant. Booker s’est quant à lui taillé un statut de défenseur solide ses 2 dernières saisons.
Toutefois, il n’y a que peu de réels spécialistes chez les remplaçants.
Josh Okogie est probablement toujours le meilleur défenseur extérieur de l’équipe. Mais son utilisation a parfois été rendue caduque par son manque de talent offensif. Il pourrait néanmoins retrouver une place de titulaire en début de saison pour soulager ses coéquipiers du meilleur extérieur adverse. Est-ce qu’il sera toujours titulaire en fin de saison ? Rien n’est moins sûr avec l’arrivée de Grayson Allen : défenseur volontaire et plus facile à utiliser offensivement.
L’autre interrogation se trouve sur le poste de pivot. Jusuf Nurkic a globalement été un défenseur mésestimé durant sa carrière. Joueur européen de formation, il possèdait de bon fondamentaux, un sens du placement certain et une mobilité somme toute correcte. Si les deux premiers éléments demeurent, la mobilité a pris un sacré coup depuis cette affreuse blessure au tibias.
Depuis, il a été un défenseur à l’impact (on/off) positif, mais dans des défenses cataclysmiques et sans remplaçant de qualité derrière lui. Autrement dit, les chiffres sont en trompe l’œil et Nurkic a souvent été à la peine.
Pour essayer de tirer profit de sa présence, Frank Vogel pourrait être tenté de le protéger en pratiquant un drop très bas, afin de ne pas le pousser à sortir sur des extérieurs qui pourraient l’effacer sur une accélération. L’idée de le voir beaucoup associé à Kevin Durant, qui possède une taille d’intérieur, me semble également intéressante pour offrir une double protection de cercle. Cela demanderait un bon travail des extérieurs et d’accepter de laisser de tirs assez faciles à mi-distance, mais cela pourrait le meilleur compromis pour cette équipe.
Défendre de manière collective en raison du peu de spécialiste dans l’équipe sera la clé. Comme évoqué plus tôt, Keita Bates-Diop est un autre joueur qui pourrait se faire sa place en défense. Mais pas de quoi y voir un défenseur de premier plan, ni un joueur garanti d’entrer dans la rotation. Nassir Little pourrait également avoir sa chance, bien qu’il lui faudra revenir à de meilleurs dispositions après une saison peu reluisante (des deux côtés du terrain).
L’objectif sera d’ailleurs sûrement pour Phoenix d’être une défense correcte et de faire la différence en attaque. A moins d’une véritable surprise et d’une alchimie inattendue, tout porte à croire que se situer autour de la 15-18eme place en defensive rating serait déjà une belle victoire pour cet effectif.
Potentiellement même, qu’au vu du potentiel offensif, ce serait suffisant pour viser très haut.
Qu’attendre de cette saison ?
Nul doute que cette équipe sera une bête offensive l’an prochain.
Bien que le groupe doit forger une alchimie en peu de temps, les trois stars sont exceptionnellement compatibles, peuvent exister dans plusieurs rôles et ne devraient pas pâtir, bien au contraire, de leur cohabitation. Sans posséder un casting 5 étoiles autour, l’équipe a réussi avec quelques bonnes signatures et l’échange de Deandre Ayton à construire un groupe de joueurs intelligents avec, en mon sens, plusieurs valeurs sûres (Jusuf Nurkic, Eric Gordon, Grayson Allen, Yuta Watanabe et Drew Eubanks). Suffisant pour faire une rotation solide, tout en sachant que l’équipe cherchera à combler ses lacunes au mois de février.
Pas encore exactement un produit fini, mais proche d’y ressembler, ces Suns devraient faire tourner les têtes, et on espère de l’ingéniosité au coaching pour faire de cette équipe un must-watch sur le League Pass.
Défensivement, on peut espérer voir des stars qui tentent de se mettre au diapason, construire de bonnes habitudes afin de voir le potentiel de cette équipe autour du milieu de saison.
Néanmoins, il faudra gérer la saison et doser les efforts.
Avec Kevin Durant qui a eu de nombreuses lourdes blessure et Beal qui a tendance à manquer des matchs chaque saison, l’objectif sera d’économiser ce beau monde pour les Playoffs, car rappelons-le, cette équipe ne sera un franc succès que si elle offre une grande campagne de Playoffs. Ce groupe a été monté pour ça, et uniquement pour ça.