On dit que l’amour dure 3 ans. En NBA, on a tendance à dire que la vie est faite de cycles, durant de 4 ans à une décennie pour les plus chanceux. Ces cycles voient des équipes se construire dans l’ombre, puis émerger pour capter la lumière. Quand il s’agit des Los Angeles Clippers, cette notion semble être….. un plus condensée. Depuis l’arrivée de Kawhi Leonard et Paul George dans la cité des anges, les cycles sont annuels.
Ainsi, l’histoire de la saison passée ressemble peu ou prou à celle des saisons précédentes. Les Clippers ont commencé la saison avec un statut d’équipe à surveiller si les étoiles s’alignaient. La franchise a ainsi accueilli le retour de Kawhi Leonard, d’abord inquiétant entre temps de jeu limité et faible production, puis rapidement étincelant.
Comme tous les ans, les dirigeants ont travaillé à la trade deadline pour améliorer l’effectif en vue des Playoffs. Ainsi, Russell Westbrook retrouvait une nouvelle jeunesse à la mène, Eric Gordon ajoutait une menace extérieure supplémentaire et Mason Plumlee renforçait le secteur intérieur.
Sauf que voilà, chez les Clippers, tout n’est que cycles courts et on ne lésine pas avec la tradition.
Paul George était donc annoncé absent pour le premier tour des Playoffs en raison d’une nouvelle blessure et Kawhi Leonard, stratosphérique dans les Games 1 & 2 face aux Suns pour arracher l’avantage du terrain, allait rater la suite de la série pour une entorse au genou.
Résultat, tout s’est passé comme à l’accoutumée pour l’autre franchise de LA : ils sont arrivés en Playoffs avec un statut d’équipe de premier plan, ont montré de belles choses dans leur temps escompté, mais ont dû déposer les armes sans pouvoir pleinement se battre, concédant une défaite décevante et perpétuant cette bonne vieille rengaine du “à quoi cela aurait ressemblé avec Paul George et Kawhi ?“.
L’été se profilait donc, avec une question de fond : les Clippers croyaient-ils toujours en leur duo ou allaient-ils hisser le drapeau blanc ?
In & out : le point sur le roster
Arrivées : K.J Martin, Kobe Brown, Jordan Miller, Joshua Primo
Départs : Eric Gordon, Jason Preston
Le roster 2023/2024
Meneurs : Russell Westbrook, Nah’Shon “Bones” Hyland, Joshua Primo
Arrières : Terance Mann, Norman Powell, Brandon Boston Jr, Brodric Thomas, Jordan Miller
Ailiers : Paul George, Marcus Morris, Amir Coffrey, Kobe Brown
Ailiers-forts : Kawhi Leonard, Nicolas Batum, Robert Covington, K.J Martin
Pivots : Ivica Zubac, Mason Plumlee, Moussa Diabate
Joueurs en two-way contract.
Phase de l’équipe : Prétendant au titre
La finalité de cet été, c’est que les Clippers ne lâcheront pas l’affaire. On pourrait se dire que les meilleures années de ce groupe sont passées : certains role players sont vieillissants, Kawhi et PG13 sont désormais dans la trentaine et le pic théorique du cycle est déjà probablement passé. Pourtant, les Clippers sont toujours une équipe, qui au complet, à de véritables atouts.
Le groupe est profond, possède deux véritables stars sur lesquelles s’appuyer et l’arrivée de Russell Westbrook dans un contexte qui lui convient fut une véritable réussite. Le meneur joue un rôle plus secondaire, mais représente une force à la mène que l’équipe cherchait depuis plusieurs saisons.
Les Clippers ne sont peut-être pas au sommet de ce qu’ils auraient pu être, mais n’en restent pas moins une équipe qui entrera dans la saison avec nulle autre idée que le titre. Et ce n’est pas Steve Ballmer, qui ne rechigne jamais à la dépense depuis le rachat de la franchise, qui freinera les ambitions de la franchise.
Les tendances de l’été
L’été fut assez calme pour les Clippers. Dès lors que la stabilité fut de mise, l’intersaison des angelinos ne cachait pas beaucoup de grandes batailles. Si James Harden a fait part de son envie de jouer chez les Clippers, le marché qui semblait pendu à la décision des Trail Blazers autour du cas Damian Lillard, continue de tourner sans Harden.
Toutefois, la première étape est toujours la draft.
Les Clippers étaient en possession des picks 30 & 48. Avec le dernier choix du premier tour de la draft, la franchise a fait l’acquisition de Kobe Brown. Ailier de presque 24 ans, Brown sort d’un cursus complet à Missouri. Bon défenseur d’équipe, doté d’un physique puissant avec ses 2m03, 2m14 d’envergure et surtout, ses 114kgs, il peut contribuer en attaque en faisant le ménage près du cercle.
Mismatch permanent, difficile de déterminer s’il saura s’intégrer dans la rotation des Clippers. Offensivement, le joueur est doté d’une belle intelligence de jeu. Capable de faire les bons choix, il n’en reste pas moins un attaquant possédant des lacunes et des interrogations. Assez lent en raison de son poids, il n’est pas le moins du monde slasher. Son tir à mi-distance ne lui sera pas d’une grande aide et son tir à longue distance demande confirmation. Après 3 premières saisons universitaires avec une faible adresse à longue distance (<25%), il a signé une dernière année à 45,5% dans l’exercice pour 3,3 tentatives par match.
De quoi se faire une place ? Pas dit.
48eme choix, Jordan Miller n’obtient lui qu’un two-way contract. Le joueur évoluera sûrement en G-League, n’intégrant pas la rotation.
Concernant le reste de l’effectif, peu de changements, comme susmentionné. Le départ notable s’appelle Eric Gordon. Les Clippers n’étaient pas en position de garder l’arrière qui avait pourtant intégré la rotation de Tyronn Lue. La franchise possède néanmoins Terance Mann qui pourrait obtenir plus de responsabilités et Norman Powell pour tenir leurs lignes arrières.
L’arrivée principale s’appelle K.J Martin. L’intérieur n’est pas sans rappeler Kenyon Martin Sr, son père, et pourrait apporter de la verticalité aux Clippers. Bondissant, Martin est d’ores-et-déjà le joueur le plus agressif vers le cercle de cette équipe des Clippers. 173 de ses 410 paniers la saison passée étaient des dunks. Titulaire à Houston après le départ d’Eric Gordon, sa connexion avec Russell Westbrook, qui aime servir ce type de profils paraît déjà acquise. Le profil de Martin est simple : roule vers le cercle, prend des rebonds offensifs, coupe vers le panier. Pour le reste, pas grand chose à espérer. Il ne prend quasiment aucun tir, et à ce stade, c’est tant mieux, ne possède pas un talent de passeur particulier et ne sera pas utilisé, comme peuvent l’être Ivica Zubac ou Mason Plumlee poste haut sur du hand-off.
Néanmoins, son énergie en attaque peuvent lui gagner des minutes. Les Clippers qui possèdent une faiblesse certaine à l’intérieur depuis le début de l’ère Kawhi – PG ne seront pas contre un peu de renfort au rebond, même si on l’imagine mal cohabiter aisément avec d’autres non-shooteurs comme Plumlee ou Zubac.
Défensivement, difficile de statuer tant son passif, dans une équipe qui ne défendait pas (les Rockets), s’avère assez peu représentatif. Néanmoins, dans une équipe collectivement solide, Martin semble posséder la mentalité et la compréhension du jeu pour s’avérer utile de ce côté du terrain.
Focus sur la saison 2023-24 des Los Angeles Clippers
Comme tout effectif qui a beaucoup bougé pendant la trade deadline, les Clippers devront faire avec des membres historiques de l’équipe et certains qui vivront leur premier training camp, qu’ils aient fait partie de l’effectif ou non. Alors quelles problématiques cela suscite à l’orée de cette saison 2023-2024 ?
Russell Westbrook peut-il faire aussi bien ?
Après une année et demi calamiteuse chez les Lakers, Westbrook restait à Los Angeles, mais cette fois du côté des Clippers. Il va sans dire que dans un effectif où les stars ont moins besoin du ballon et où le spacing est idéal, Russell a immédiatement semblé renaître de ses cendres. A vrai dire, ce n’était pas qu’une impression, peu de joueurs ont connu deux parties de saisons aussi diamétralement différentes l’une de l’autre l’an dernier.
Chez les Lakers, Brodie était le meneur avec l’USage le plus élevé en NBA, tout en étant parmi les 12% les moins efficaces de la ligue. Chez les Clippers, il a montré une toute autre facette de son jeu : capable à la fois de mieux gérer la gonfle et de scorer à un niveau d’efficacité qu’on ne lui avait pas connu depuis sa saison MVP.
Westbrook version Clippers était une addition majeure pour cette équipe. Un coup de main d’une telle envergure, qu’elle fait d’autant plus regretter les absences de George et Kawhi en Playoffs. Toute la question maintenant : peut-il faire aussi bien ? Si l’on ne doute pas de sa faculté à créer des opportunités pour autrui, à attaquer le cercle, son jumpshot, lui, peut poser question. Oui, le profil de ses coéquipiers lui donne plus de facilités à s’exprimer. Mais est-ce suffisant pour expliquer une adresse bien supérieure au shoot que ses standards en carrière ?
Bien sûr, la confiance et le climat sont importants, mais il sera intéressant de suivre s’il peut continuer à rentrer ses tirs, notamment à longue distance, au même niveau (35,6% à 3pts avec les Clippers Vs 30,6% en carrière).
Le niveau de Westbrook sera par ailleurs un élément clé pour les Clippers. Si George et Leonard peuvent porter la balle, que Mann et Powell peuvent dépanner balle en main, les back-ups à la mène inspirent peu. Jason Preston ne s’est jamais fait une place dans la rotation (et vient d’être laissé libre au moment de publier cette preview) et Bones Hyland reste avant tout un soliste très maladroit.
Des ailes qui grincent un peu ?
Nous l’évoquions plus tôt, le roster des Clippers a du vécu et certains joueurs sont désormais des vétérans de longue date en NBA. Entre Marcus Morris, sorti de la rotation l’an passé (et pour cause, il était catastrophique à tous les niveaux), Nicolas Batum, transparent lors des derniers Playoffs et qui semble de plus en plus refuser ses shoots, ou encore Robert Covington peu utilisé et toujours en délicatesse au scoring, il semblerait que les ailes des Clippers puissent s’avérer… problématique l’an prochain.
Bien sûr, devant ce beau monde se trouve les deux stars de la franchise, Paul George et Kawhi Leonard. Néanmoins, les Playoffs nous ont prouvé, une fois encore, que la profondeur d’un effectif est cruciale pour aller au bout.
Un élément que Michael Winger, GM des Clippers n’a jamais omis jusqu’ici. Les effectifs construits par ces Clippers ont toujours possédé pléthore d’options viables, particulièrement sur les ailes. Mais n’auront-elles pas, à la trade deadline, besoin d’un coup de neuf pour conserver leur impact d’antan ?
La saison régulière toujours en mode automatique ?
L’an passé, les Clippers ont commencé la saison intraitables en défense, mais pointant comme la dernière attaque de la ligue pendant les premières semaines de compétition. A l’inverse, en fin de saison, les Clippers à l’image de Kawhi Leonard, retrouvaient leur feu offensif. Dans le même temps, ils semblaient incapables de défendre, encaissant des valises malgré une équipe en forme.
Résultat, sur l’ensemble de la saison, les Clippers terminent 17e à l’offensive et au defensive rating. Une forme de médiocrité qui interroge, selon moi, plus de l’intérêt que porte ce groupe à la saison régulière, qu’à ses facultés réelles. La franchise a géré sa saison dans l’optique des Playoffs. Si elle n’a pas réellement été récompensée pour ses efforts, il paraît que ce soit encore la meilleure chose à faire avec ce groupe et particulièrement son duo de star.
Dès lors, on devrait encore voir des Clippers ne pas vraiment révéler leur meilleur visage en saison régulière et il faudra prendre avec des pincettes ce que nous observerons.
TOUTEFOIS.
Les nouvelles règles visant à limiter le load management des stars NBA, va-t-il compliquer le repos des Clippers ? Paul George et Kawhi Leonard font tous les deux parties de cette liste et si les sanctions financières pour la franchise ne feront certainement pas frémir Steve Ballmer, celles obligeant un des deux joueurs à être en tenue lors des matchs diffusés en antenne nationale peuvent, par exemple, compliquer la situation de Los Angeles. Kawhi fait partie des joueurs qui peuvent, en raison des nombreuses blessures traversées, bénéficier d’une dérogation.
Mais le problème mérite d’être noté alors que le plus grand ennemi des Clippers, a souvent été leur propre fragilité physique.
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
Honnêtement à ce stade, la saison régulière semble presque anecdotique. Non pas que l’équipe dispose d’une telle marge qu’elle doit la prendre à la légère, mais parce que la finalité reste encore d’arriver avec un groupe en pleine santé en Playoffs. Si l’on excepte l’échec de la Bulle en 2020, nous n’avons plus jamais vu les Clippers en pleine forme au moment où la saison compte.
J’aimerai dire : on espère voir ce groupe traverser la saison régulière avec une véritable stabilité, mais le vieillissement de ses ailiers poussent également à s’interroger. Le début de saison sera sûrement une bonne prise de température sur l’état de forme de ce groupe et la nécessité éventuelle de l’ajuster.
Quoi qu’il en soit, on aimerait bien voir cette équipe redevenir la bonne défense qu’elle est supposée être avec une réelle régularité. Pour le reste, le trio Westbrook-George-Leonard demeure particulièrement intriguant, d’autant qu’ils sont entourés d’excellents role players : de Terence Mann & Norman Powell à la paire d’intérieurs Ivica Zubac – Mason Plumlee.
Qui sait ? Peut-être une bonne surprise avec Kobe Brown pour apporter un petit coup de neuf sur les ailes.
La mission est simple, obtenir un billet direct pour les Playoffs, sans avoir à forcer sur les organismes pour éviter le Playin. L’objectif sera simple : briser les traditions et enfin vivre des Playoffs sans regrets.