A Philadelphie, les années se suivent et se ressemblent. Comme d’habitude, les Philadelphie Sixers performent en saison régulière.
Cette fois-ci, c’est une troisième place à l’Est qui sera accrochée, avec une belle 4ème place à l’offensive rating et une 8ème place concernant le défensif. De quoi être optimiste quant à la suite du programme.
Comme d’habitude depuis 6 ans (si l’on excepte le cas de 2020, qui coûtera la tête de Brett Brown), les Sixers se sortent du premier tour. Cette année, ce sont des Nets bien pauvres en talents qui subirent les foudres de Embiid & cie.
Mais comme toujours, la bien belle aventure des 76ers prend fin en demie-finale de conférence. Pour l’édition 2022-2023, ce sont encore les Celtics qui ruineront les espoirs de titre de la franchise de Pennsylvanie. Il faudra sept rencontres et une performance sensationnelle de Jayson Tatum pour permettre aux hommes de Joe Mazzulla de rejoindre les finales de conférence. Mais même si la série fût très disputée, le résultat final est le même : une cinquième défaite au deuxième tour en 6 saisons pour les 76ers.
Pourtant, Philly pouvait compter sur le (faux) MVP en titre. Car s’il reste le second pivot de la ligue, Joël Embiid sort quand même d’une saison extraordinaire. Offensivement, avec un usage de plus de 35%, Embiid a littéralement roulé sur la saison régulière, que ce soit en stats brutes (33 points, 10 rebonds et 4 passes, avec plus d’un contre et demi et d’une interception par match) ou en stats avancés (+6,2 points inscrits pour 100 possessions pour les Sixers lorsqu’il est sur le terrain, soit dans le 91e centile ou encore 113 de TS+, soit dans la catégorie des Durant, Curry et autres monstres).
Défensivement, Embiid demeure encore impactant, et reste l’une des ancres défensives les plus impressionnantes de la ligue.
A côté d’Embiid, les 76ers semblaient avoir un effectif préparé pour la post-season. Entre Harden, créateur pour autrui de très haut calibre, Maxey, ball handler secondaire (ou tertiaire) et excellentissime à 3 points et les soldats Tucker, Niang ou autres Shake Milton, il y avait de quoi faire.
Mais la défense impressionnante de Boston a ruiné le plan de jeu simplet de Doc Rivers, (comme expliqué dans cet article) et a envoyé Philly en vacances anticipées.
Cette nouvelle élimination était le prémisse d’un été très mouvementé, qui commenca dès la conférence de presse post-game 7, avec une sortie musclée du leader camerounais : « Me and James [Harden], we just can’t win alone. That’s why basketball is played five-on-five. We just need everybody to try to keep finding ways to get better and we’ll be fine ». Autrement dit, les 76ers allaient devoir se bouger.
L’été sera chaud à Philly.
In & out : le point sur le roster
Arrivées : Kelly Oubre Jr, Danny Green, Patrick Beverley, Mo Bamba, David Duke Jr (exhibit 10), Javonte Smart (exhibit 10), Terquavion Smith (two-way contract), Azuolas Tubelis (two-way contract), Ricki Council IV (two way contract),
Départs : Georges Niang, Shake Milton, Jalen McDaniels, Mac McClung
Roster 2023/2024
Meneurs : James Harden, De’Anthony Melton, Patrick Beverley, Javonte Smart, Terquavion Smith,
Arrières : Tyrese Maxey, Jaden Springer, Danuel House Jr, Ricky Council IV, David Duke Jr,
Ailiers : Furkan Korkmaz, Kelly Oubre Jr, Danny Green
Ailiers-forts : Tobbias Harris, PJ Tucker, Paul Reed, Azuolas Tubelis, Filip Petrusev,
Pivots : Joel Embiid, Mo Bamba, Montrezl Harrell, Dewayne Dedmon
Phase de l’équipe : Playoffs
Au moment où ces lignes sont écrites, l’effectif des Sixers a peu bougé en comparaison de la saison précédente. Si le roster reste celui ci-dessus, Philly devrait, sans trop d’inquiétudes, jouer le top 5 de la conférence Est, et donc, être “facilement” playoffables.
Maintenant, tout ça, c’est dans un monde de bisounours. En effet, les Sixers ont de grandes chances de voir un (ou plusieurs) joueurs quitter la Pennsylvanie d’ici les semaines à venir. Et ça, ça changerait tout.
Après le trade de Damian Lillard, les Sixers sont la dernière équipe à avoir le dossier d’un multiple All-Star- All NBA (et accessoirement MVP) sur le feu : vont-ils réussir à le gérer à la perfection ? Si oui, resteront-ils à leur place de playoffable quasiment assurée ? Et dans le cas contraire, jusqu’où dégringoleront-ils ?
Les tendances de l’été
James Harden, restera, restera pas ?
C’est LE feuilleton estival pour Philadelphie. Alors qu’il a rejoint les Sixers lors de la trade deadline 2022, pour ce qui annonçait le début de la fin des Nets, James Harden a exprimé publiquement et à de très nombreuses reprises sont envie de quitter la franchise.
Mais quelle est la cause du profond désaccord entre lui et Daryl Morey, GM de Philly ? Ce serait (comme souvent) une histoire d’argent. Sans entrer dans les détails, après le sacrifice financier du MVP 2018 l’été dernier, Morey aurait “promis” à Harden un gros contrat sur plusieurs saisons. Mais, selon les insiders US, le management des Sixers aurait un peu reculé au regard du physique déclinant de The Beard, de quoi le rendre furieux.
Harden a donc choisi de prendre sa player option à environ 34 millions, avant de demander son transfert. Il semble convaincu à l’idée de quitter Philly : multiples charges envers Daryl Morey, menace de ne pas jouer à la reprise, absence lors du Media Day, … Une situation qui rappelle le cas Ben Simmons.
Ce feuilleton met Philadelphie dans l’embarras. Alors que Joël Embiid est agacé du peu d’armes qu’il a autour de lui et de la façon dont ses concurrents directs (Bucks et Celtics) se renforcent, quelle réaction aura-t-il si Harden n’est pas remplacé par un joueur de son calibre ?
Embiid, comme le reste du roster (nous y reviendrons), a un besoin criant de gros créateur pour autrui à ses côtés, rôle que remplissait parfaitement Harden. Qui, sur le marché à ce jour, pourrait compenser un tel départ ?
Les questions restent multiples. Plus le début de saison approche, plus l’option de le voir rester aux Sixers en étant inactif jusqu’à la trade deadline semble s’approcher.
Doc Rivers out, merci pour… rien ?
Après trois saisons sur le banc de Philadelphie, Daryl Morey a décidé de mettre fin au contrat de Doc Rivers. Alors qu’il avait été recruté pour permettre à la franchise de passer un cap, après le passage de Brett Brown, on ne peut pas dire que l’objectif fixé par le front-office ait été atteint.
Réputé pour être un solide leader de vestiaire, le Doc n’a pas réussi à élever son niveau de coaching, que ce soit les schémas, rotations ou développement de joueurs. C’est dommage, car cela aurait permis à Philly de ne pas se reposer sur des individualités et cela aurait – peut être – ouvert les portes des finales de conférence tant espérées depuis le début du Process et du règne de Joel Embiid 1er.
Au final, que retenir de son passage ? Trois excellentes saisons régulières, un développement d’Embiid qui l’a fait passé de grosse star à MVP, et trois éliminations en demies-finales de conférence, dont une très moche face aux Hawks. Nick Nurse fera-t-il mieux ?
Quelques retouches dans le roster
Patrick Beverley, Danny Green, Mo Bamba, Kelly Oubre Jr : du côté de Philly, on a joué la carte de l’expérience (voire de la vieillesse) et des joueurs plus ou moins fonctionnels.
Danny Green sort d’une saison quasi blanche. A 36 ans, dur de voir ce qu’il pourra apporter. Défensivement, ce n’est plus du tout le même qu’avant. Il restera toujours un shooter extérieur d’élite, mais aura-t-il les cannes suffisantes pour courir derrière les écrans comme à la belle époque ?
Patrick Beverley a lui aussi connu une saison mouvementée, qui débutera aux Lakers avant de filer à Chicago : à 35 ans, pourra-t-il apporter défensivement, alors que son efficacité au shoot devient de plus en plus problématique (92 au TS+ l’année dernière 8pts en-dessous de la moyenne) ?
Mo Bamba, lui, est un pari. Tradé par le Magic aux Lakers en février dernier, il a été complètement laissé de côté par Darvin Ham. Injury prone, inefficace, il reste cependant un protecteur d’arceau correct. De quoi permettre à l’ex Magic de 25 ans de gagner une place dans la rotation, entre Harell, Dedmon et derrière Embiid ?
Enfin, le 26 septembre dernier, très longtemps après le début de la free-agency, les 76ers ont attiré Kelly Oubre Jr, qui sort de deux saisons très compliquées à Charlotte.
Malgré un usage conséquent (26% la saison passée, digne d’un lieutenant ou d’une très bonne troisième option), l’ex Warriors de 27 ans n’a pas réussi à endosser ce rôle d’option offensive de premier plan (par défaut). Est-ce qu’un rôle plus mineur à Philly, comme à ses débuts à Washington, lui irait mieux ?
Que de questions sans actuelles réponses. Les signatures estivales ne révolutionneront rien, mais si l’une ou deux d’entre elles s’avèrent être positives, dans le petit rôle qui leur seront proposé, les Sixers auraient tord de s’en priver.
Focus sur la saison 2023-24 des Philadelphia Sixers
Nick Nurse, l’homme providentiel ?
Malgré la présence de Joël Embiid, les Sixers n’ont pas fait la différence du côté défensif du terrain la saison dernière.
En réalité, son impact a bien diminué comparé aux saisons précédentes, et à l’idée qu’on se fait du joueur. Quand on pense à Embiid en défense, on pense à une protection de cercle redoutable. Sur certaines séquences face aux Celtics en Playoffs, on avait l’impression que les joueurs de Boston avaient même peur d’aller se présenter au cercle face au camerounais-français-américain.
Mais pourtant, la réalité des chiffres nous raconte une bien autre histoire.
Embiid, malgré un gros volume de tir défendu au cercle, a un impact presque nul. Moins de 2% de perte d’efficacité au cercle imposé sur plus de 8 tentatives défendues par matchs. Sur un tel volume, seuls Vucevic et Jokic font pire. Ça se ressent collectivement, les Sixers étaient 23e sur 30e sur l’efficacité allouée aux adversaires sur les tentatives aux cercles.
Quel lien avec Nick Nurse ?
Sur les années où Marc Gasol était encore un Raptor, leur défense du cercle était élite. Avec la perte du pivot, le coach a dû ajuster ses schémas défensifs. Mais, si on veut anticiper la future défense des 76ers, on peut surement se baser sur ces Raptors des années Gasol. Défensivement aussi, les Raptors de Nurse ont toujours été des équipes très agressives sur le porteur de balle.
*Sur ces années-là, la défense ds Raptors poussait leur adversaire à la perte de balle, et ça se perçoit dans les chiffres des TOV% : les défenses coachées par Nurse sont premières ou deuxièmes aux TOV% depuis quatre saisons.
On peut imaginer qu’avec des joueurs comme De’Anthony Melton, les Sixers vont aussi pouvoir reproduire des schémas défensifs agressifs. Un protection au cercle de retour, et de la pression sur les porteurs de balles adverses, voilà ce qu’on peut attendre de la défense des Sixers la saison prochaine.
En attaque, on prend les mêmes et on recommence ?
Difficile de reprendre les mêmes quand James Harden et son USG% à 30% sont portés disparus.
Néanmoins, on peut s’attendre à moins de changement de ce côté-là, surtout sans connaître le remplaçant d’Harden.
L’équipe des Sixers de l’année dernière s’est reposée sur un Joël Embiid omnipotent, avec un énorme USG%. Selon les chiffres de CleaningTheGlass, seuls Doncic, Trae Young, Giannis, Lillard et Ja Morant ont plus été plus utilisés que lui l’année dernière.
Donc des meneurs héliocentriques, et Giannis.
L’attaque s’est donc reposée sur beaucoup d’isolation, de post-up et de pick and roll avec James Harden. Sans Harden, on risque de voir encore plus d’isolations de la part des Sixers. Tyrese Maxey pourra aussi dépanner sur des actions en pick and roll mais l’efficacité sera moindre comparée à celles que pouvaient avoir Harden et Embiid. Ce qui laisse croire qu’on aura beaucoup d’isolations, d’autant que Nurse est un coach un peu moins créatif en attaque qu’en défense.
Offensivement, sans Harden, l’effectif semble légèrement bancal.
On a un Joël Embiid qui est capable de créer pour lui mais qui montre des limitations quand il s’agit de créer pour les autres. On a aussi Tyrese Maxey qui est un créateur secondaire ou tertiaire, pas vraiment non plus capable de créer pour les autres sur ce qu’on a pu voir lors de ses premières saisons.
Autour de ces deux “créateurs” orphelins de James Harden, il reste des spot-up shooteurs, auxquels on peut ajouter les nouveaux venus Oubre, Beverley et Danny Green, qui dépendent de la création des autres pour exister.
Qui (et comment) va pouvoir créer des situations de tirs pour Melton, Danuel House ou encore PJ Tucker… ? Il manque clairement un créateur primaire capable de créer des décalages et de trouver ses coéquipiers dans les bonnes situations. En bref, il manque clairement un James Harden chez les Sixers…
La saison dernière, les Sixers avaient brillé en saison régulière grâce à la troisième attaque et la dixième défense de la ligue. Sans Harden, mais avec Nurse, il se pourrait que l’équilibre s’inverse, et que les 76ers deviennent une défense élite avec une attaque moyenne.
Tyrese Maxey, c’est ton moment gamin
La saison dernière, les minutes avec Embiid et Maxey sur le terrain, sans Harden, ont montré de belle promesses offensivement.
L‘offensive rating ne chutait pas lorsque Harden quittait le terrain pour laisser le duo Maxey Embiid mener l’attaque. Mais, sur les minutes sans Embiid et sans Harden, l’attaque des Sixers en prenait un coup (-5 points par 100 possessions). Avec aucun ajout à la création dans l’effectif et le départ d’Harden, Maxey va devoir progression à la création pour lui et pour les autres.
La saison dernière, 55% de ses paniers étaient “assistés”, tandis que son AST% chutait à 16%. Il faudra inverser la tendance l’année prochaine. Il a montré qu’il était capable de se créer son propre trois points, c’est un très bon indicateur dans la NBA actuelle.
Il arrive aussi à provoquer des fautes et s’offre des opportunités de points faciles sur la ligne de lancers-francs. Néanmoins, sa réussite au cercle et sa capacité de création au cercle est encore mauvaise : il fait parti des guards les plus “assistés” dans le domaine, et avec une réussite dans l’exercice très moyenne (42e centile).
Si Maxey veut être le futur de la franchise, c’est maintenant qu’il faut le prouver.
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
Difficile de prédire quoi que ce soit pour Philly tant que le feuilleton Harden ne se sera pas décanté. Dans le flou total, la situation peut vraiment partir dans tous les sens. Les Sixers réussiront-ils à attirer un aussi gros poisson dans un trade ? Pourra-t-il autant créer offensivement qu’Harden ? Vont-ils plutôt choisir plusieurs joueurs fonctionnels à intégrer dans le roster ? Mais cela conviendra-t-il à Embiid, qui vient de voir Giannis et Tatum récupérer coup sur coup Lillard et Holiday ?
Tant de questions sans réponses, en tout cas, tant qu’Harden est à Philly. Pour le reste, on espère voir un peu plus de jeu en Pennsylvanie, notamment driver par un nouveau coach plein d’idées. On a également hâte de voir jusqu’à où pourrait aller Tyrese Maxey, lui qui devrait avoir les rennes du navire tant que ce bon vieux James boudera dans son coin. Enfin, on est pressés de voir si Embiid pourra réitérer une énième saison de calibre MVP, après cet été qui a dû être frustrant pour lui.
En attendant, tout est dans les mains de James Harden, et ça, c’est quand même super drôle.
Je suis un hater des sixers, donc je suis pour la continuité de ce downfall
Prochaine étape : Joël qui saute