S’il est bien une équipe qui a déjoué les pronostics l’an dernier, ce sont les Sacramento Kings. Cible des doutes suite au transfert du jeune et talentueux Tyrese Haliburton vers Indiana pour récupérer Domantas Sabonis, la franchise californienne a réalisé une saison tout bonnement magnifique, que ce soit en termes de résultats ou de jeu. Spectaculaires, offensifs, ils ont renoué avec le succès et, surtout, retrouvé les Playoffs après 17 ans de disette. Intraitables à l’extérieur et constants tout au long de la régulière, Sacramento ne parviendra pas à passer le premier tour des Playoffs après une superbe 3ème place à l’Ouest.
L’upset viendra des Golden State Warriors, dans une confrontation aussi alléchante à priori que plaisante dans son déroulement. Dans des styles parfois très similaires, les deux équipes se rendent coup pour coup et les Kings ne laissent pas leur inexpérience les inhiber face à de multiples champions NBA. Mieux, toujours emmenés par ses leaders, Sacramento ira décrocher un Game 7, au Golden One Center, malheureusement perdu face à un Stephen Curry en mode légende (50pts).
Qu’importe, malgré cette petite déception, les Kings ont réalisé une superbe campagne 2022/2023 et sont désormais une équipe à prendre – très – au sérieux. Derrière un duo De’Aaron Fox – Domantas Sabonis en feu, le groupe semble complémentaire et les bases pour l’avenir sont désormais solides. Alors, les Kangz sont-ils définitivement à oublier ?
In & out : le point sur le roster
Arrivées : Sasha Vezenkov (Europe), Jalen Slawson (Draft), Colby Jones (Draft), JaVale McGee, Chris Duarte (trade), Jordan Ford
Départs : Terence Davis, Richaun Holmes, P.J. Dozier, Matthew Dellavedova, Chimezie Metu
Roster 2023/2024
Meneurs : De’Aaron Fox, Davion Mitchell, Jordan Ford (two-way)
Arrières : Kevin Huerter, Malik Monk, Chris Duarte, Colby Jones, Keon Ellis (two-way)
Ailiers : Keegan Murray, Harrison Barnes, Kessler Edwards
Ailiers-forts : Trey Lyles, Sasha Vezenkov, Jalen Swalson (two-way)
Pivots : Domantas Sabonis, Alex Len, JaVale McGee
Phase de l’équipe : Playoffs
Après une telle saison 2002/2023, les Kings n’ont pas d’autres objectifs que les Playoffs. En réalité, leur ambition est certainement de faire mieux encore, en passant cette fois un tour.
Nous reviendrons sur les mouvements estivaux, mais l’effectif de Sacramento est resté presque identique. Dans une Conférence Ouest, certes toujours plus folle, il n’y a pas de raison pour Mike Brown et ses hommes de revoir leurs prétentions à la baisse.
Tout l’enjeu sera de confirmer que les Kings n’auront plus rien d’une surprise pour leurs adversaires désormais prévenus. Finalement, presque tous les joueurs seront attendus lors d’une saison qui devra valider les progrès de chacun et les espoirs placés en eux.
- De’Aaron Fox a-t-il les épaules pour être le franchise player d’une équipe ambitieuse ?
- Mike Brown saura-t-il poursuivre l’identité de jeu développée l’an dernier tout en maintenant de bons résultats ?
- Est-ce que les ajustements estivaux permettront aux Kings de progresser ?
Pour la première fois depuis bien longtemps, la franchise de Sacramento sera attendue et scrutée lors de cette régulière 2023/2024. Reste à savoir s’ils seront au rendez-vous.
Les tendances de l’été
On prend les mêmes et on recommence
Si les Kings se sont montrés discrets cet été, c’est que leur marge de manœuvre restait relativement faible. Alors, après la Draft, sur laquelle nous reviendrons, Sacramento a décidé de donner un peu d’air à ses finances. Moins utilisé la semaine dernière (et pour cause), Richaun Holmes était alors envoyé à Dallas en compagnie de Olivier-Maxence Prosper, choisi en 24ème position par les Kings quelques jours plus tôt. En échange, les californiens ne reçoivent… Aucun joueur. Mais du cash, et libèrent surtout une douzaine de millions de dollars. De quoi laisser de la place aux véritables priorités estivales : reconduire le roster qui a tant séduit.
Domantas Sabonis était le premier dossier à gérer. Pour le conserver sur le long terme, les Kings lui ont offert 217 millions de dollars sur cinq ans. Le lituanien entrait dans sa dernière année de contrat avec un salaire de 22M, et a même obtenu une revalorisation dès cette saison. Si le tarif peut sembler onéreux après que le pivot ait montré des limites en Playoffs, Sabonis est incontestablement un facteur majeur du succès de l’an dernier. Véritable plaque tournante du jeu offensif prôné par Mike Brown, il a également contribué à l’explosion de Fox. En sécurisant le lituanien, Sacramento verrouille son jeune noyau dur pour les prochaines années, en espérant un vieillissement de la concurrence.
Les Kings ont d’ailleurs répété l’opération prolongation sur d’autres hommes : Harrison Barnes d’abord, pour 54 millions de dollars sur trois ans. À 31 ans, l’ailier gagnera donc moins d’argent, une belle opération pour Sacramento qui a su convaincre rapidement l’ancien Warrior. Polyvalent et expérimenté (15 pts, 4.5rbds, 1.6ast, à 47.3%), il s’est affirmé au fil des années comme un élément de valeur dans cette jeune équipe. Pas forcément l’ailier de rêve, mais complet sur un poste clé de la polyvalence d’une équipe.
Trey Lyles ensuite, reconduit pour deux ans et 16 millions de dollars. L’ailier-fort, recruté l’an dernier dans un trade, est l’une des grandes satisfactions du roster. Élément intéressant de la rotation, il fait exactement ce qu’on attend de lui : contribuer en sortie de banc et accepter son rôle. Un autre dossier bien géré par les Kings, et surtout rapidement. De la même manière, Alex Len a été prolongé pour une saison. Moins utilisé, il a cependant su se montrer surprenant par séquence. L’objectif était clair : conserver le même effectif pour assurer la continuité d’une identité de jeu ainsi qu’un état d’esprit solidaire et combattif. La mission est accomplie pour le front office.
Quelques paris
Une fois le noyau reconduit, l’heure était aux petites améliorations. À commencer par la signature de Sasha Venzenkov MVP de l’Euroleague en titre. Pour 20 millions de dollars sur trois ans, le bulgare traverse donc l’Atlantique à 28 ans. Les Kings avait obtenu l’an dernier les droits sur le joueur, drafté en 2017 par les Nets mais jamais arrivé en NBA. L’ailier-fort tournait à 17.0 points, 6.1 rebonds et 2.2 passes de moyenne cette saison en Euroleague, à 60% de réussite au tir dont 43% à 3-points. Mike Brown semble enthousiaste à l’idée de l’intégrer dans sa rotation, et l’on espère une aventure convaincante pour la star de l’Euroleague.
Derrière, les Kings ont attiré Nerlens Noel et JaVale McGee pour étoffer le secteur intérieur. Seul le second sera conservé par Sacramento, pour amener son immense expérience à un groupe encore jeune et surtout pas habitué aux joutes de postseason. Enfin, les californiens ont envoyé deux seconds tours de Draft à Indiana pour récupérer Chris Duarte. Belle surprise lors de sa saison rookie (13.1pts de moyenne), l’arrière a connu une année sophomore plus délicate, perdant près de dix minutes par match et subissant une blessure en début de saison. Un pari à moindre coût et sans risque pour les Kings, qui tenteront de relancer un joueur qui a laissé entrevoir de belles choses.
Enfin, Sacramento mise sur la jeunesse pour apporter de la profondeur à son effectif. Lors de la Draft, ils ont fait affaire avec Boston pour monter de la 38ème à la 34ème place. L’objectif étant de récupérer Colby Jones, arrière ayant passé 3 saisons à Xavier en NCAA. Bosseur et polyvalent, l’arrière s’est illustré au niveau universitaire l’an dernier. Les Kings voient en lui un couteau suisse et un connecteur offensif, qui sait un peu tout faire sans exceller dans un registre aujourd’hui. A ses côtés, la franchise conserve Keon Ellis et signe Jordan Ford, meneur né à Sacramento, en plus d’avoir choisi Jalen Slawson en fin de Draft.
Focus sur la saison 2023-24 des Sacramento Kings
L’attaque peut-elle réitérer ?
Avant l’arrivée de Mike Brown à la tête de l’équipe, les Kings étaient une bonne attaque et une piètre défense perdant beaucoup de matchs. Depuis son arrivée, les Kings sont la meilleure attaque de la ligue (1er off rating), une piètre défense (24eme def rating), mais qui finit 3eme de la conférence Ouest. Sans jouer au bon et au mauvais chasseur, disons que Brown a bien soigné son entrée en matière. Plutôt que de jouer contre la nature de son groupe en espérant trouver un équilibré attaque/défense, le coach a magnifié le talent offensif à disposition.
En jouant sur leurs forces, il a réussi à obtenir une adhésion immédiate à son projet. Autour d’un duo Fox – Sabonis qui a réalisé une saison implacable, de nombreux joueurs très intelligents sans ballon et/ou dotés d’un flair offensif indéniable. Ainsi, si on ne fut pas surpris de voir Kevin Huerter (40,8% à 3pts pour 6,8 tentatives par match !) contribuer solidement, on a en revanche découvert un Keegan Murray déjà décisif dans sa saison rookie ou un Malik Monk qui fait enfin fructifier son dynamisme en attaque.
Monk réussit le pari de confirmer le scoring aperçu aux Lakers, tout en se mêlant dans le collectif pour devenir un second créateur de haute volée. Le jour et la nuit pour l’arrière qui décroche définitivement son billet pour s’installer en NBA. Mieux, il confirme en Playoffs en prenant plusieurs rencontres à son compte et faisant jeu égal avec son franchise player.
Rapidement, la saison des Kings a semblé différente de celle des saisons passées. Derrière un De’Aaron Fox meilleur que jamais : plus de scoring, plus d’efficacité, plus clutch ; Sabonis apporte une polyvalence offensive dingue et est devenu la plaque tournante de l’équipe en distribuant le jeu poste haut. Egalement, ils ont su apporter une multitude de connecteurs capables de devenir des créateurs secondaires voire tertiaires.
Le génie de cette saison a été dans l’optimisation. L’ensemble des membres de la rotation de Brown ont réalisé une saison référence. Que ce soit de la part de joueurs installés en NBA, ou de joueurs dont la carrière semblait au point mort et qui sont revenus à la lumière, même pour quelques instants (Trey Lyles, Alex Len).
Néanmoins, l’euphorie peut-elle durer ? Les Kings n’ont pas changé grand chose, mais plusieurs points sont à noter :
- Ces joueurs en état de grâce peuvent-ils maintenir le niveau démontré l’an passé ? Même ceux qui ont connu des inflations indéniables à l’adresse au tir ?
- Les 8 rotations principales n’ont presque pas manqué de matchs, peuvent-ils espérer une nouvelle saison sans aléas ?
La bonne nouvelle, c’est que le système offensif prôné par Brown et son staff s’appuie sur une réelle animation offensive, plus que sur des décalages créés par une seule (ou plusieurs) individualité. En prime, les ajouts débarqués durant l’intersaison, Vezenkov, Duarte, Noël ou McGee sont tous dans l’état d’esprit d’une attaque animée et efficiente.
D’un côté, des scoreurs capables de faire les bons choix en attaque et de faire vivre la balle, de l’autre, des intérieurs avec des profil de rim-runners qui se contentent de faire ce qu’ils savent faire : jouer près du panier, capter des lobs et jouer le rebond offensif. Ces ajouts pourraient aussi permettre de compenser des méformes éventuelles, si tant est que le duo à la tête de l’équipe maintienne sa production.
En prime, l’effectif pourrait également trouver d’autres sources de scoring. D’une part, par la progression interne de certains joueurs, à l’image d’un Keegan Murray qui devrait naturellement obtenir plus de responsabilités, ou d’un Davion Mitchell encore timoré offensivement et qui semble avoir de la marge de manœuvre. Mais également en demandant plus à d’autres joueurs, à l’instar d’un Harrison Barnes à l’Usage très faible l’an passé.
Un peu plus de défense ?
A l’épreuve des Playoffs, après une saison basée sur l’attaque à outrance, les Kings ont montré qu’ils pouvaient également, dans le feu de l’arène, présenter une défense convaincante. Si un Curry plutôt esseulé en attaque durant la série est finalement venu à bout des Kings, toujours est-il que Sacramento est une équipe globalement jeune et athlétique.
De Davion Mitchell à Harrison Barnes, de Malik Monk à Nerlens Noël, il y a du matériel pour défendre. La profondeur supplémentaire obtenue pendant l’intersaison pourrait également permettre de reposer les organismes et d’accroître l’intensité. Le sujet est à la fois crucial mais tendu pour Sacramento. En l’absence d’ajouts majeurs durant l’été, cela s’avère la principale progression suceptible de permettre aux californiens de confirmer voire de faire mieux cette saison. Les ajouts de Noël et McGee sont probablement dans l’optique de faciliter la vie des défenseurs en apportant des défenseurs capables de dénier l’accès au cercle.
Problème, si l’équipe possède, comme susmentionné, des éléments intéressants, elle n’a que peu de spécialiste. Bien sûr, un bon coaching, des joueurs qui comprennent ce qui leur est demandé et déploient les efforts peuvent permettre à un groupe individuellement moyen en défense de bien figurer. L’objectif pour les Kings serait probablement d’attendre les moyennes NBA plutôt que de faire partie des bonnets d’âne. Néanmoins, la route semble longue et il semble, qu’il ne faille pas espérer des miracles pour cette saison.
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
La saison des Kings est assez simple en réalité, tant dans le résumé de l’intersaison, que dans les axes à surveiller. L’équipe a prôné la stabilité en conservant le groupe de la saison passée, puis a cherché des moyens intelligents de gagner en profondeur. L’ajout de Sasha Venzenkov sera probablement la plus grande curiosité de ce début de saison. L’intérieur pourrait passer devant Lyles dans la rotation et apporter un vrai plus à cette équipe. Pour le reste, mettre en valeur Nerlens Noël, ressusciter JaVale McGee voire Chris Duarte offrirait encore plus d’options au coaching staff de Mike Brown.
L’objectif est simple, ne pas planter la belle réussite de l’an dernier. Beaucoup de franchises qui sortent la tête d’années de médiocrité peuvent avoir tendance à replonger, transforment une belle épopée en bouffée d’air frais vite oubliée. Pour cette saison 2023-2024, Sacto espère scander à nouveau Light the Beam, jouer les premiers rôles à l’Ouest afin d’éventuellement, tenter d’utiliser leurs assets pour franchir le dernier cap.
Et qui sait, prétendre un jour au titre ?