« Pitié que ça s’arrête », voilà comment résumer la période compliquée qu’ont connu les fans des Memphis Grizzlies après une fin de saison hachée par les blessures et les déboires hors parquet. Une sortie prématurée au goût amer face aux Lakers de LeBron, un Ja Morant empêtré dans des histoires stupides dû à un gros manque de maturité et un entourage pas des plus sain, un Dillon Brooks de plus en plus dur à gérer et un Steven Adams qui ne revient pas de blessure. Et dans tout ça ; Desmond Bane rayonnant, Triple J défenseur de l’année et sélectionné avec Team USA comme Santi Aldama avec l’Espagne. Très haut, très bas, Memphis.
Que retenir de l’an dernier ? Une saison à 50 victoires, une belle seconde place à l’Ouest malgré des blessures nombreuses et des cadres absents en fin de saison ? Une équipe jeune, très jeune qui se heurte à la réalité du haut niveau ? Une dichotomie entre l’image publique et les déboires de certains ? Ombre ou lumière ? Désillusion ou apprentissage nécessaire ?
Car des bonnes surprises il y en a eu. D’un Kenneth Lofton Jr signé en Two Way devenu star locale à l’arrivée de Luke Kennard à la trade deadline en passant par la déception Ziaire Williams, la confirmation des espoirs placés en Santi Aldama ; le Front Office n’a pas manqué de flair pour faire monter l’effectif en compétence et expérience, variant les profils de joueurs. N’hésitant pas à tenter des paris.
Une densité d’effectif qui a permis de faire avec les nombreuses absences. Du sixième homme Brandon Clarke revenu en forme, impactant et complémentaire avec l’ensemble de l’effectif ; fauché par une cruelle blessure au tendon d’achille. A Steven Adams qui n’aura pas réussi à revenir à temps pour aider son équipe bien mise en difficulté par Los Angeles.
Memphis se heurte à la transition de reconstruction à prétendant dans des proportions pire que l’an dernier. Plus de surprises ou de bluffs, Memphis est attendu chaque soir comme une équipe sérieuse, l’innocence de la jeunesse deviendrait-elle de l’arrogance ? L’œil non averti trouvera l’équipe de Memphis chambreuse, n’appréciera pas les rituels d’avant et d’après match. Le fan du Tennessee sait que son équipe a toujours revendiqué ce mélange d’attitude col bleu et grande gueule.
Il a fallu vite se projeter pour Memphis ; cap sur une saison où sa conférence continue inlassablement sa course à l’armement. Continuer à renforcer son core via la Draft, combler les départs de Dillon Brooks, désireux d’un rôle plus en accord avec ses aspirations, d’un Tyus Jones qui a enfin l’opportunité de s’exprimer en tant que titulaire.
Ses 16 points et 8 passes, cette capacité à toujours faire le bon geste et ce leadership calme mais naturel manqueront aux jeunes ours. Comme Kyle Anderson avant lui ou Jonas Valanciuanas, il ne reste plus grande monde l’équipe type de la première saison des Grizz Next Gen.
Si Tyus s’en va ; c’est surtout car arrive également Marcus Smart au grand dam des fans de Boston. Comme une lumière au bout du tunnel ; l’arrivée de Smart a mis du baume au cœur pour des fans qui voient leur meneur All-Star emprunter un chemin bien sinueux. Si Smart n’apporte pas de solutions aux problèmes des Grizz, son leadership, sa défense et sa polyvalence offensive seront cependant un atout massif dès ses premières minutes sur le terrain. 11 points, 6 passes et 3 rebonds. Ce ne sont pas des stats ronflantes mais l’engagement total de Smart sur le terrain est un intangible qui n’a pas de valeur. Une dévotion totale en défense, une capacité à défendre plusieurs postes et une hargne qui le voit autant défendre Curry que KD.
En troisième meneur/arrière, un Derrick Rose en fin de course vient également poser ses valises. L’ancienne légende des Memphis Tigers, bien loin de ses années MVP ou de sa dernière saison complète à Minnesota. A 35 ans et avec un corps bien usé par les aléas de la NBA, Rose est avant tout attendu comme leader de vestiaire, mentor pour Ja Morant. Difficile de l’imaginer avec de nombreuses minutes sur le terrain, mais un contrat peu onéreux et avec un niveau de risque bas ; ça se tente.
Petit point sur l’effectif, ses départs et ses arrivées.
In & out : le point sur le roster
Arrivées : Marcus Smart, GG Jackson,
Départs : Dillon Brooks, Isaiah Todd, Tyus Jones
Roster 2023/2024
Meneurs : Ja Morant, Marcus Smart, Derrick Rose
Arrières: Desmond Bane, Luke Kennard, John Konchar
Ailiers: Ziaire Williams, Jake Laravia,
Ailiers-forts: Jaren Jackson Jr, Brandon Clarke, David Roddy, Santi Aldama Gregory Jackson (Two way)
Pivots: Steven Adams, Kenneth Lofton Jr, Xavier Tillman
Phase de l’équipe : Playoffs
Au risque que l’information ne soit pas claire, PAS D’AILIERS EN 2023 DANS UNE NBA DOMINÉE PAR DES POSTES 3.
Memphis n’a pas caché son souhait de viser haut en Playoffs. Forcé de constater cependant que le problème criant de faiblesse sur le poste d’ailier l’empêche de postuler au dernier carré de la NBA malgré un superbe bilan collectif.
Attention, il ne s’agit pas de dire qu’il faut un Kevin Durant ou un Paul George pour espérer passer un tour ; mais si l’ensemble des postes sont couverts et doublés voire triplés chez les Grizz, le poste d’ailier n’a aucun joueur majeur ou solution fiable. Par le passé c’était évidemment Brooks le taulier du poste où sa très bonne défense était parfois (souvent) atténué par des choix offensifs qui frôlent autant le génie que le catastrophique.
Sur ce début de saison, Memphis est coincé. Il faudra sûrement décaler Bane en ailier mais sa faible envergure risque de le pénaliser ? Konchar ne peut pas être aligner sur un haut volume de jeu, prenant la tempête en défense malgré une forte volonté ; quid de Ziaire Williams qui a complétement disparu de la circulation entre blessures et méformes ?
Reste l’option Jake Laravia, bon défenseur, shooteur et passeur mais qui manque d’expérience et de continuité. Compliqué, compliqué, compliqué.
Pour le reste ; c’est complémentaire, ça propose des profils variés et l’axe Morant-Bane-JJJ reste le point d’ancrage offensif d’une équipe qui se nourrit de contre-attaques en proposant un jeu agressif et rapide. En défense, la raquette solide JJJ/Adams a fait ses preuves et sera encore mis à contribution. Qui aligner sur le poste d’arrière ? Est-ce que Smart sera titulaire ? Kennard pour apporter à la passe et offensivement ? Difficile de se faire un avis tranché tant la balance peut autant pencher vers un demi-terrain rugueux qu’un Run and Gun époque Suns. Ahhh si seulement il y avait un poste qui combine, attaque et défense, shoot et pénétration ; vous savez :
UN AILIER
Les tendances de l’été
Renforcer le banc, amener des vétérans, consolider un effectif jeune et calmer un vestiaire qui est dans l’incompréhension vis-à-vis de sa superstar. Re-signer D-Bane pour garantir l’avenir et le récompenser pour les saisons complètes qu’il propose. Il ne fallait pas s’attendre à un été fantasque dans le Tennessee, le cap reste le même. Il faut grandir avec la réalité des petits marchés ; mêler patience, opportunité et progression pour espérer progresser. Gageons que le succès récent de Denver saura inspirer l’équipe de Zach Kleiman et de Taylor Jenkins.
Vous savez où on va ?
Dur pour moi d’être joyeux et optimiste quand je vois l’Ouest encore se renforcer ; les autres contenders allaient chercher des superstars, comblant leurs manques via la Free Agency ou des Block Busters Trade quand Memphis ne peut ni flamber la luxury tax ni casser son Young Core. Il est trop tôt pour tenter ce genre de coup, si l’occasion vient à se présenter, qui prendre ?
Les moves faits cet été vont dans le sens d’un Front-Office qui croit en sa jeunesse dorée. Car encore une fois, Memphis n’a pas pu compter sur sa pleine puissance au moment voulu. Peut être est-ce une bonne chose ? L’équipe qui a su s’imposer face aux Warriors lors du Play-in était donné tout sauf gagnante. Un retour à la réalité nécessaire pour Memphis qui est à sa place. Dans le haut du pack mais encore loin du sommet. Une place d’une bête en chasse, qui va se recentrer sur son jeu, ce qu’elle sait faire et créer sa stabilité via l’ajout de vétérans confirmés et une progression naturelle pour ses jeunes stars.
Difficile d’être patient mais c’est la seule option. L’équipe a validé pour la seconde fois un bilan qui la voit haut placée dans sa conférence, s’appuyant sur une attaque dangereuse et une défense rugueuse. Il a manqué de la constance entre blessures, suspensions et méformes. La dure réalité de la NBA où l’excellence est banalisée.
Focus sur la saison 2023-24 des Memphis Grizzlies
Faire aussi bien, mais mieux
Prime à la continuité. Memphis si elle veut rester à sa place, confirmer tout le bon travail abattu depuis le départ de Gasol et Conley et garder ce statut fragile de contender ; doit proposer aussi bien mais en insistant sur la continuité. Assurer ses bases, maîtriser ses fins de matchs qui ont coûté des défaites évitables. Permettre ainsi de reposer ses cadres, ne pas tomber dans la débauche d’énergie pour courir après le score. Memphis doit jouer comme un prétendant fort de ses ambitions. Solide sur ses bases, saisissant les opportunités face aux grosses écuries, pratiquant la même qualité de jeu du premier au dernier quart temps et piétinant les matchs faciles. Un mélange d’expérience, de confiance et d’autorité qu’apporteront le vestiaire.
Le banc est impactant et profond malgré la blessure de Clarke, la ligne arrière fougueuse et dangereuse. Les postes intérieurs solides et prêts à contribuer lorsque Jenkins sonne la révolte ; il n’appartient qu’à une personne de donner le ton cette saison. Car oui je n’ai toujours pas parlé de Ja Morant.
Bonne gueule sale gosse
J’adore autant Ja que j’ai détesté toutes ces histoires stupides et immatures qui ont agité l’été de Memphis. Un meneur talentueux, besogneux, leader, en pleine ascension, adoré par sa ligue et sa ville ; qui est tombé dans une spirale négative coutant autant à l’athlète qu’à son équipe.
Je ne vais pas revenir sur les événements qui ont contraint la NBA et la franchise à suspendre temporairement le joueur qui incarne le renouveau dans le Tennessee. Charge à lui de montrer que la rédemption existe, comme Z-Bo et Tony Allen ont su le faire avant lui.
Sportivement il sort de sa meilleure saison sportive. Une hausse dans l’ensemble des stats notamment au rebond et à la passe, une impression de domination dès qu’il touche la balle. Un mélange d’agressivité saine et de fougue qui font de lui un cauchemar pour la défense.
Mais un joueur qui encore une fois, n’a pas joué 60 matchs pour des causes multiples. Sera en plus de cela suspendu pour le début de saison. Les progrès attendus pour Ja ne sont pas statistiques, il va progresser naturellement comme tout jeune plein de talent qu’il est. On peut pointer une faiblesse à 3 pts et une défense pas à la hauteur de son athlétisme. Mais il sera avant tout attendu dans son comportement sur et en dehors des terrains. Le temps de la fête est terminé à Memphis, il faut ressortir le bleu de chauffe.
Auto Bane
Difficile pour moi de rester objectif en parlant de Desmond Bane tant je suis fan du joueur depuis son arrivée dans le Tennessee. Un joueur polyvalent, fort shooter, défenseur de fer, leader sur et en dehors du terrain. Progressant sur son handle, sa vision de jeu et les choix faits sur le terrain. Une troisième saison en 21/4/4 avec un létale 40% à trois points pour les plus gros bras du Tennessee.
Le Front Office ne s’est pas trompé en sélectionnant le senior de TCU, Memphis tient sa perle et l’a signé sur plusieurs années sans hésiter, tant Bane impacte dans tous les compartiments du jeu. Il est le joueur au plus haut plafond de l’équipe et celui sur qui va reposer le début de saison. Aux côtés d’un ailier fort qui a connu une coupe du monde bien compliquée.
Le temps de la confirmation
Jaren Jackson Jr sort également de sa meilleure saison. Défenseur de l’année, 18 points, 7 rebonds pour 3 contres, et un retour à 35% à 3 pts pour quasi 4 tentatives. Une feuille de stats bien remplie malgré les presque 4 fautes par match, la spéciale JJJ dirons-nous. Une progression qui fait plaisir tant Jaren concentre énormément d’espoirs sur son potentiel. L’intérieur longiligne est taillé pour la NBA Moderne, en attaque il est efficace à longue distance et est de plus en plus à l’aise avec le jeu poste bas et le drive.
En défense son corps long, sa vitesse latérale et sa bonne vision lui permettent d’être la clé du système et à Adams de se concentrer sur ses missions aux rebonds. Rebond qui reste un problème individuel dans une équipe qui collectivement en capte beaucoup. Quand JJJ est aligné avec le géant néozélandais, il peut se concentrer sur ses sources de valeur ajoutée. Mais avec le kiwi absent et un Anthony Davis de retour en forme, Jaren a eu à composer avec des fautes nombreuses et une équipe de Los Angeles qui a pilonné à l’intérieur. Il n’est donc pas surprenant de voir Jaren continuer à s’épaissir, à être responsabilisé offensivement tout en trouvant cet équilibre entre débauche d’énergie, maitrise de faute et bonne présence en défense. Il devrait largement profiter du duo Smart/ Adams pour aller dans ce sens.
Plus qu’un bon statistique, on attend plus de matchs joués (l’énorme point noir), une moyenne de fautes stable autour des 3 par matchs, et un JJJ en santé, candidat All Star ?
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
A défaut d’espérer un meilleur bilan, on attend avant tout une équipe qui se maintient dans le top 5 de sa conférence, jouant des coudes pour batailler avec les meilleurs de sa conférence. Un bilan autour des 50 victoires, un retour impactant de Ja Morant dans un vestiaire sain, une défense constante sur l’ensemble des matchs et une attaque qui se diversifie / repose moins sur sur une débauche d’énergie.
Une progression pour le young core, des Grizz next gen qui ressortent les crocs et ont à cœur de prouver que les bilans des saisons précédentes ne sont pas des accidents. Un début de saison où il faut composer sans son sixième homme et sa superstar. Il ne serait pas surprenant de voir Jenkins resserrer son jeu, intégrant Smart en tant que titulaire aux côtés de Bane, JJJ et Adams pour apporter une stabilité attaque/défense. Il faut tenir jusqu’au retour de Morant, prévu pour la fin d’année civile.
Une fois Morant réintégré, il faudra batailler pour assurer son spot en Playoffs, mais avant tout prendre match par match et s’appuyer sur la force du collectif.
Plus que jamais, les blessures coûteront cher à Memphis cette année. Il faut donc assurer les fins de matchs, tuer l’opposition dès que possible pour reposer les joueurs fragiles, permettre au banc de s’exprimer et garder l’ensemble des joueurs concernés.
Ne parlons pas de patience, il est ici affaire de continuité et de constance dans l’effort.
Charge à Taylor Jenkins de mobiliser son effectif après un été chahuté, All Heart, Grit’n Grind.