Qu’il est loin, le temps où les New-Orleans Pelicans ont représenté une réelle menace pour les Suns sur leur route vers la Finale NBA… L’optimisme de la première saison de la collaboration McCollum-Ingram-Valanciunas, l’émergence de Herb Jones et Trey Murphy III, la coqueluche Jose Alvarado… Les voyants étaient au vert. Et, en toile de fond, évidemment, le noeud de cette preview : le retour tant attendu de Zion Williamson.
L’espoir s’est rapidement justifié. Zion a dissipé les nombreux doutes sur son état physique et sa motivation. Certes parfois laissé au repos (8 matchs manqués sur les 37 premiers de la saison), Williamson a montré qu’il demeurait au sein de l’élite statistique de la ligue, alliant volume (26 points par match, 16ème de la ligue) et efficacité (62% de réussite à 2pts). Surtout, son impact sur les résultats des Pelicans est décisif : les Pelicans sont premiers de la Conférence ouest en décembre ; ils manqueront de peu les Playoffs après la blessure et fin de saison de Zion Williamson le 2 janvier. Alors, l’heure est-elle à nouveau à l’optimisme, dans l’attente d’une infirmerie plus paisible ? Et au milieu des incertitudes, sur quels éléments tangibles les Pelicans pourront-ils se baser la saison prochaine ?
In & out : le point sur le roster
Arrivées : Jordan Hawkins, Cody Zeller.
Départs : Jaxson Hayes, Garrett Temple, Josh Richardson, Willy Hernangomez.
Roster 2023/2024
Meneurs : CJ McCollum, Jose Alvarado, Kira Lewis Jr.
Arrières : Dyson Daniels, Jordan Hawkins.
Ailiers : Brandon Ingram, Trey Murphy, Naji Marshall.
Ailiers-forts : Zion Williamson, Herb Jones.
Pivots : Jonas Valanciunas, Larry Nance Jr, Cody Zeller.
Phase de l’équipe : Play-In
New Orleans a subi en 2022-23 la cruauté du play-in tournament, après en avoir bénéficié la saison précédente. Sans la blessure de Zion Williamson, il n’aurait pas été difficile d’envisager les voir éviter le playin et se qualifier directement. Dans le même temps, on a si rarement vu l’effectif au complet évoluer qu’il serait imprudent de baser une trop importante partie de l’analyse sur ces trois premiers mois.
Même en misant sur des améliorations internes marginales, l’incertitude liée aux blessures force à la retenue. Zion évidemment, mais d’autres pièces essentielles sont aussi sujettes aux pépins physiques : Brandon Ingram et Larry Nance Jr ont joué respectivement 45 et 65 matchs en 2022/23. Avec un effectif peu ou prou identique à celui de la saison passée et privés de Trey Murphy III pour le début de saison, les Pelicans devraient nager dans les mêmes eaux.
Les tendances de l’été
Comme pour la cigale, l’été est rarement le moment le plus productif pour les petits marchés. Effectivement, au sein d’une intersaison globalement paisible, les Pelicans ont joué la carte de la continuité. Par défaut ou par volonté, David Griffin a confirmé l’effectif actuel en place.
Même les rumeurs concernant un trade le soir de la draft ont confirmé la volonté de continuité. Les Pelicans auraient été intéressés par un échange avec Portland pour le 3ème choix (Scoot Henderson). Ils n’étaient cependant apparemment pas disposés à mettre dans l’échange un de leurs très prometteurs Herb Jones ou Trey Murphy Jr.
Finalement, le plus grand mouvement de l’intersaison aura été la signature à long terme de Herb Jones. Le front office aurait pu attendre un an supplémentaire, mais la coqueluche du NBA Twitter a donné assez de garanties pour se voir offrir dès cet été un beau contrat (54M$ sur 4 ans).
Une question reste toutefois en suspens : le poste de pivot. Jonas Valanciunas était éligible à une prolongation de contrat en Louisiane, il ne l’a pas reçue. Son back-up, Larry Nance Jr, n’a, depuis la fin de saison, de back-up plus que le nom. Le recrutement de Cody Zeller, aussi modeste soit-il, est peut-être un signe supplémentaire d’un futur changement au poste 5.
Focus sur la saison 2023-24 des New Orleans Pelicans
Zion, Ingram, McCollum : la complémentarité offensive en question
L’attaque des Pelicans s’est effondrée la saison dernière. Compensée par une défense de haut-niveau (6ème de la ligue) portée par l’excellent Herb Jones, l’attaque a souffert de plusieurs dysfonctionnements (20ème à l’offensive rating).
La présence de Zion Williamson transcendant le jeu de n’importe quelle équipe quand il est sur le terrain, partons ici du principe qu’il sera présent une majorité de la saison prochaine. Sa force principale est évidemment sa facilité d’accès au cercle. Et corollairement, sa gravité lorsqu’il a la balle était l’élément moteur de toute leur construction offensive. En témoigne sa création par la passe, en nette progression (4,6 assists par match l’an passé), profitant des ajustements des défenses qui ne peuvent que respecter sa menace proche du cercle.
Seulement, les autres stars offensives de l’équipe, Brandon Ingram et CJ McCollum, s’intègrent plus difficilement dans un système qui voudrait mettre en exergue les points forts de Williamson. Ils apprécient tous les trois d’opérer dans la zone intermédiaire (McCollum prend plus de tirs à mi-distance que 95% des meneurs, Ingram que 99% des ailiers). De plus, Ingram a confirmé à la Coupe du monde 2023 qu’il n’était décidément pas à son aise en tant que joueur de spot-up et qu’il avait besoin de situations d’isolations pour être en rythme.
La quête de spacing
Malgré tout leur talent, la cohabitation de trois talents balle en main nécessite donc des concessions s’ils veulent trouver une attaque synergique. Le problème est de surcroît exacerbé lorsqu’ils partagent le terrain avec les quelques joueurs de l’effectif qui ne brillent pas par leur adresse à 3 points : Jonas Valanciunas, Herb Jones, Naji Marshall, Larry Nance Jr, Dyson Daniels…
L’an passé, seuls les Bulls tiraient moins à trois points que les Pelicans. Y aurait-il un parallèle à faire entre deux systèmes autour de stars offensives qui aiment tirer à mi-distance (DeRozan et Lavine) ?
Le rookie Jordan Hawkins pourrait trouver à New-Orleans le ticket d’entrée parfait dans la ligue. Une équipe qui a grandement besoin de tir extérieur, un jeune homme qui tirait 10 fois à trois-points sur 40 minutes à Uconn l’an passé, l’intérêt est tout trouvé. Il aura l’occasion de prouver sa valeur dès le début de saison suite à la blessure de Trey Murphy III, le seul autre tireur de catch and shoot de l’effectif.
Jonas Valanciunas, Larry Nance Jr…Zion Williamson ? : l’énigme du poste 5
Si la prolongation de contrat de Jonas Valanciunas traine, ce n’est pas que pour des raisons financières. Dans sa 31ème année, le pivot lituanien continue à peser au rebond, sa grande qualité. Toutefois, la NBA tend globalement à se distancier de son profil, lui qui n’est ni un créateur poste haut (un « hub » à la Jokic, Olynyk ou Plumlee), ni un écarteur de jeu (1.4 tentatives à 3 points par match). La perte de performance a surtout lieu en défense, où Herb Jones et Naji Marshall ne peuvent pas tout compenser : ciblé sur pick and roll et moins adapté à une NBA toujours plus espacée, l’utilisation de Valanciunas se fait de plus en plus compliquée.
Les stats d’impact dépeignent un joueur à l’impact largement négatif sur la performance de son équipe (l’équipe est 5 points meilleure sur 100 possessions lorsqu’il n’est pas sur le terrain). Comme souvent, un chiffre aussi exceptionnel cache un back-up beaucoup plus efficace. Ici, Larry Nance (+8.8 points sur 100 possessions). Nance Jr a le profil défensif idéal pour compléter les grands ailiers comme Ingram, Jones, Marshall et Murphy. Et offensivement, son rôle de rim runner très efficace à la finition (71% de réussite au cercle) se fond davantage dans le collectif.
Pour conclure, avantage clairement à Larry Nance Jr sur le poste 5. Son historique de blessure ne lui permettra sûrement pas de dépasser les 30 minutes par match. Il offrira toutefois davantage de garanties que Jonas Valanciunas. S’il est conservé, le Lituanien pourra toujours garder un intérêt, soit avec la second unit pour y apporter des fixations intérieures ; ou avec le cinq de départ selon les oppositions au poste 5. Et si Zion Williamson revient pleinement de sa blessure, peut-être Willie Green pourra-t-il débloquer un frontcourt Ingram-Jones-Zion aussi théoriquement intriguant que défensivement perplexant.
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
Une infirmerie vide, évidemment.
Dans la même veine, une saison complète de Zion Williamson, quoiqu’inespérée, serait une merveilleuse évolution. En forme, il a montré qu’il pouvait largement flirter avec le top 10 de la ligue. S’il reste en bonne santé, c’est la construction de l’effectif autour de lui qui sera à suivre. Or, les joueurs pour le maximiser ne semblent aujourd’hui pas être à New Orleans ; à quel moment iront-ils les chercher ?
Enfin, on veut voir les jeunes Pelicans continuer à se développer. Murphy et Herb Jones ont en effet été d’excellentes pioches ; place désormais à Dyson Daniels qui a un vrai rôle à jouer. L’Australien peut offrir de la percussion et de la création pour les autres, malgré ses difficultés persistantes au tir. Il a de plus le potentiel pour être le défenseur de première ligne, au « point d’attaque », que toutes les excellentes défenses se doivent de posséder. Évidemment, Jordan Hawkins, 14ème choix l’an passé, aura à cœur de montrer qu’il n’est pas qu’un tireur extérieur ; mais son tir fera très bien l’affaire dans un premier temps.
La saison des Pelicans dépendra grandement de la santé de son unique superstar, Zion Williamson. S’il est au rendez-vous, il devra se voir confier les clés d’une attaque complémentaire. Herb Jones et Larry Nance Jr devront confirmer qu’ils sont les ancrages défensifs qui ont fait la force de l’équipe l’an passé. Là où il y a Zion, il y aura toujours de l’espoir.