Drôle d’équipe que ces Atlanta Hawks depuis leur run de 2021 jusqu’en ECF. Tantôt sous-estimée, tantôt surestimée, difficile de savoir réellement sur quel pied danser. La saison dernière a toutefois permis d’y voir un peu plus clair : les Hawks sont une équipe de haut de play-in, c’est-à-dire qu’ils peuvent raisonnablement espérer aller en play-offs, mais pas dans une position où ils seront favoris.
Avec l’arrivée de Dejounte Murray, un second all-star à associer dans le backcourt avec Trae Young, les ambitions étaient élevées et n’ont pas été suivies par des actes. Du moins, la majorité de la saison. Est alors arrivé ce qui devait arriver : fin février, après 2/3 d’une saison plutôt moyenne et assurément décevante au regard des objectifs annoncés, Nate McMillan, peu aimé des cadres du vestiaire, a pris la porte et a été remplacé par l’expérimenté Quin Snyder, chargé d’inculquer un nouvel état d’esprit défensif et une mentalité conquérante.
Dans les faits, ce fut légèrement mieux : le nouveau coach semble avoir fait du bien au niveau de l’état d’esprit des joueurs : l’attaque tourne aussi bien, il y a davantage d’efforts défensifs (Trae Young montre d’ailleurs l’exemple et a progressé dans ce domaine), et moins de polémiques stériles autour de MacMillan, de John Collins, du leadership de Trae Young ou que sais-je… Le groupe vit mieux, l’alchimie est meilleure et, même si cela ne s’est pas réellement traduit dans les différents rating et dans le bilan collectif, les Hawks ont mieux fini leur saison qu’ils ne l’avaient commencée.
La saison régulière n’a été ni bonne ni mauvaise : avec 41 victoires pour 41 défaites, sans gros trous d’air majeur ni immense série de victoires, les Géorgiens ont été réguliers dans leur irrégularité. Bilan, une 8e place sans gloire. Avec en prime les problèmes récurrents des Faucons : très bonne attaque (3e offensive rating de la ligue), piteuse défense (5e pire défense). Un contraste irrémédiable pour aller loin en postseason. Pourtant, dans leur habituelle irrégularité, ils ont surpris positivement : d’abord en gagnant contre Miami et en terre floridienne le premier match du play-in, puis en prenant deux rencontres face à Boston, au premier tour des play-offs. Une sortie par la grande porte, inespérée au vu de la saison mais aussi et surtout porteuse d’espoirs pour la suite.
Avec un coach et un effectif qui tirent désormais dans la même direction, et après ces sept rencontres réussies de postseason, les Hawks regardent désormais devant eux et peuvent rehausser leurs ambitions.
In & out : le point sur le roster
Arrivées : Patty Mills, Kobe Bufkin, Wesley Matthews, Mouhamed Gueye
Départs : John Collins
Roster 2023/2024
Meneurs : Patty Mills, Trae Young
Arrières : Bogdan Bogdanović, Kobe Bufkin, A.J. Griffin Jr., Garrison Mathews, Dejounte Murray
Ailiers : Saddiq Bey, De’Andre Hunter, Wesley Matthews
Ailiers-forts : Mouhamed Gueye, Jalen Johnson
Pivots : Clint Capela, Bruno Fernando, Onyeka Okongwu
Phase de l’équipe : Play-in
À écouter des cadres de l’effectif ces dernières années, les Hawks visaient le titre. Plus raisonnablement, depuis que le melon de certains a dégonflé après leur exploit d’il y a deux ans, Atlanta est dans une optique de progression. L’ambition plancher est simple : retourner en play-offs. L’objectif réel est d’aller en play-offs en évitant le play-in et d’essayer de passer un tour.
Hormis John Collins, tous les cadres sont restés. L’ossature est la même, les jeunes (AJ Griffin et Jalen Johnson en tête) progressent. Le coach capable de leur faire franchir un cap mental et défensif est arrivé, il n’y a plus qu’à le faire désormais. Et si possible dès la saison régulière, ça serait mieux.
Les tendances de l’été
Après les enflammades des années précédentes, l’intersaison 2023 a été marquée du sceau de l’austérité. Quelles décisions ont été prises ?
Alléger la masse salariale
Avec le nouveau CBA, qui entrera en vigueur cette saison, les franchises au-dessus de la luxury tax seront plus sévèrement sanctionnées. En vérité, tous les choix des Hawks ont été pris dans en ce sens : réduire la masse salariale et essayer de faire de la place pour les futures re-signatures. Ni une ni deux, les décisionnaires à Atlanta ont d’abord pris la décision d’économiser les 78 millions restants sur trois ans du contrat de John Collins en le bradant à Utah contre Rudy Gay et un second tour de draft.
Même si l’ailier-fort était dans des rumeurs de trade depuis au moins deux ans, le voir partir est un petit séisme dans l’univers géorgien, tant Collins est un joueur identitairement marqué du sceau « Atlanta » depuis sa draft en 2017. À l’image de son excellent run de play-offs 2021, il a été le partenaire de alley-oops privilégié de Trae Young. Toujours titulaire, l’ailier-fort avait toutefois rétrogradé dans la hiérarchie interne depuis l’arrivée de Dejounte Murray et a scoré son plus faible total de points (13) depuis sa saison rookie.
Si le divorce semblait inévitable, les Hawks se séparent quand même de leur titulaire au poste 4 et d’un joueur capable de marquer 15 à 20 points par rencontre. Ce trade est donc avant tout un move financier avant d’être sportif. Il laisse en tout cas ce poste 4 assurément dégarni, mais nous y reviendrons dans la section suivante.
Grâce à ce transfert, les Hawks se sont créés une trade exception de 25.3 millions de dollars, la plus grosse de toute la ligue, à utiliser au cours de l’année, ce qui pourrait leur servir à absorber notamment un gros contrat en cas d’une future arrivée majeure.
Une re-signature majeure et étoffer le banc
Cet argent économisé du contrat de John Collins a permis ensuite la re-signature du bras droit de Trae Young, Dejounte Murray, à hauteur de 120 millions de dollars sur quatre ans. Avec déjà un énorme salaire (Trae Young qui prend 40 millions sur la saison à venir), et trois joueurs autour de 20 millions de dollars par saison (Hunter prolongé à l’intersaison passée, Capela et Bogdanović), les Hawks n’étaient pas loin d’être financièrement dans le rouge. Ce qui fait chier quand on est une équipe obligée de passer par le play-in depuis deux ans.
John Collins a donc été sacrifié sur l’autel de la raison financière, pour faire de la place à Dejounte Murray, mais aussi pour anticiper les futures prolongations de l’année prochaine : les dossiers Okongwu et Saddiq Bey.
Avec l’arrivée de l’expérimenté Patty Mills et la fougue du rookie Kobe Bufkin, le poste clé de back-up de Trae Young, semble être enfin comblé. Garrison Mathews et Wesley Matthews sont également arrivés pour densifier le secteur 2-3 des Hawks. Enfin, le pari Mouhamed Gueye a été tenté, pour se développer au poste 4.
En résumé, difficile de dire que les Hawks se sont renforcés cette intersaison. Le trade de John Collins a déplumé le poste 4 des Faucons, ce qui forcera le coaching staff à bricoler une majeure partie de la saison, jusqu’à trouver, espérons-le, la bonne formule. En parallèle, les finances sont assainies, ce qui était l’objectif prioritaire. L’ajout de bons role players (Wesley Matthews et Patty Mills) permet de conserver un niveau plancher de compétitivité de nature à les faire se battre pour les places 6-7-8. Surtout, la véritable upgrade a eu lieu en cours de saison, avec le remplacement Nate McMillan par Quin Snyder. Il est peut-être là le plus important à retenir.
Focus sur la saison 2023-24 des Atlanta Hawks
Trae Young-Murray, comment améliorer la connexion ?
Nous pouvons le constater après une saison : le blockbuster trade pour faire venir Dejounte Murray n’a pas eu l’impact escompté. Rien toutefois d’irrémédiable, mais il y a certains points qui posent quand même question. Tout d’abord un rapide rappel du profil et de la saison des hommes forts du backcourt.
Les Hawks sont l’équipe de Trae Young depuis la moitié de sa saison rookie : le meneur à un taux d’usage supérieur à 30% depuis la saison 2019-2020. Autant dire que l’attaque d’Atlanta est construite autour de lui, et même qu’il y a un fort héliocentrisme et qu’il a quasiment tous les ballons. Excellent playmaker, c’est le dépositaire principal du jeu de sa franchise et sur les quatre dernières saisons, il tourne en 27 points et 9.5 assists de moyenne. C’est donc l’alpha et l’oméga de toute la Géorgie.
Négatif en défense, malgré quelques progrès, il doit souvent être caché par ses coéquipiers pour ne pas être ciblé par les attaques adverses.
Le reproche majeur que l’on peut faire à Trae Young, c’est grossièrement d’alterner excellence et manque d’efficacité au tir une année sur deux. En résumé, à l’image son équipe, il manque de régularité. Jugez plutôt :
La stat la plus marquante, c’est sans conteste la baisse de 5 points de son eFG% entre la saison dernière et celle d’avant (chute de 53.6% à 48.5%), tout en n’ayant pas diminué son nombre de tirs, malgré l’arrivée de Dejounte Murray. Non, assez inexplicablement, ses pourcentages ont fortement diminué (de 38 à 33% à trois points et de 51 à 47.6% à deux points).
Si Trae Young prend bien moins de tirs à trois points qu’auparavant (seulement six par matchs), non seulement il en met relativement peu, mais en plus sa sélection de shoot est toujours aussi insensée, au regard du nombre de tirs pris du logo. Même s’il est statistiquement le meilleur joueur de l’Histoire derrière la ligne imaginaire de 30 foot, ça n’en reste pas moins de mauvais tirs. En une phrase, la saison 2022-2023 de Trae Young, c’est : gros volume de tirs, peu d’efficacité, et toujours très bon passeur/playmaker.
Dejounte Murray, quant à lui, a dû s’adapter pour évoluer dans la galaxie Trae Young. Déjà, il a changé de poste et est passé de meneur à arrière. Puis il a changé de rôle, en passant de l’initiateur principal à celui de porteur de balle secondaire. Heureusement pour lui, c’est un joueur assez propre : malgré un usage rate logiquement déclinant (de 27.3% lors de sa saison all-star à San Antonio à 24.5% lors de l’exercice précédent), ses pourcentages au tir et son efficacité n’ont pas baissé. Ils ont même légèrement augmenté. Ce qui a baissé, ce sont ses statistiques en passes décisives et au rebond, mais on peut mettre cela sur la « taxe Trae Young ».
Si Murray s’est bien adapté, autant offensivement que défensivement, il est encore difficile de parler d’un véritable duo, et encore moins d’un duo dominant, car cela aura beaucoup été l’un puis l’autre, plutôt que l’un et l’autre. Dès lors, comment remédier à cela ?
-
Davantage de mouvement
L’attaque des Hawks est ultra stéréotypée. Fermez les yeux et imaginez une attaque typique d’Atlanta. Rouvrez les yeux. Avez-vous pensé comme moi ? C’est-à-dire : remontée de balle tranquille de Trae Young qui soit déclenche un tir casse-croûte du logo, après avoir demandé ou non un écran de son pivot ; soit recherche d’un partenaire intérieur pour un pick and roll, pendant que les ailiers attendent dans les corners. C’est évidemment un cliché, mais ce cliché survient en réalité très souvent. Cela explique pourquoi c’est la panique lorsque les défenses s’ajustent et que Trae Young, pris à deux, est forcé à lâcher le ballon.
Il faudrait une meilleur alternance : initier plus souvent l’attaque avec Dejounte Murray, faire bosser Trae Young sur son jeu off ball, faire sortir les ailiers des corners, solliciter différemment les interieurs. En une phrase, casser enfin l’héliocentrisme de Trae Young, qui ne mènera les Hawks nulle part, ou du moins pas aux hauteurs escomptées.
-
Conscientiser son leader
Trae Young is him. Ou peut-être pas. Il a des bons scoreurs et d’excellents shooters autour de lui : les Murray, Bogdanović ou Saddiq Bey. Ils méritent mieux que se voir cantonnés à ce rôle ingrat de spot-up shooter. Davantage de dynamisme sur le terrain permettrait à ces scoreurs de se retrouver dans de meilleures positions de tirs et ainsi de laisser parler leurs qualités de pénétration, en catch & shoot, etc. D’ailleurs, les analytiques tendent à prouver que Murray réussit plus de 43% de ses tentatives à 3 points dans les corners.
Le problème n’est donc pas les positions, mais l’absence de mouvement et d’ingéniosité tactique en attaque. Si Trae Young est de loin le meilleur playmaker de l’effectif, il doit aussi comprendre qu’il ne gagnera pas tout seul et que les Hawks peuvent marquer des points sans qu’il soit l’unique garant de l’attaque d’Atlanta. On pourrait penser qu’il partage ce défaut avec Luka Doncic, et c’est vrai, la différence est que le Slovène n’a pas un eFG% de 48.5 la saison dernière, mais bien de 56.
Plus d’une fois en play-offs, lorsqu’il a moins les calls des arbitres, Trae Young a tendance a aller moins au contact. Cercle vicieux : il s’excentre de l’arceau, déjà qu’il n’est pas le roi de la finition au cercle, et tente davantage de tirs primés (9 contre 6 en saison régulière), avec la même efficacité below average pour un guard NBA (33%). Sans compter que ses bombes du logo, souvent prises hors tempo, ont cassé quelques momentum dans la série contre les Celtics. En résumé, le lutin d’Atlanta doit apprendre à penser différemment : accepter que le taux d’usage de Murray augmente, du dynamisme sans ballon et se placer dans ses spots préférentiels, poser plus d’écrans pour ses intérieurs, etc.
Je ne lui jette pas non plus entièrement la pierre. En effet, les Hawks sans Trae Young, c’est un marasme offensif. D’où sans doute une partie du sur-jeu. Responsabiliser Murray avec la balle en main, avec ou sans Trae Young sur le parquet, lui concocter des systèmes offensifs comme il pouvait en avoir à San Antonio, ce serait déjà une bonne chose.
Le problème récurrent de la défense
Dans la lignée du point précédent, penchons-nous désormais sur l’autre côté du terrain. Si l’on pinaille un peu en ce qui concerne l’attaque, et qu’elle pourrait clairement être meilleure et moins stéréotypée, celle-ci en demeure tout de même d’excellente facture. Ce qui n’est pas le cas de la défense. La défense des Hawks est aussi simple à résumer : quand Trae Young est sur le terrain, ses quatre coéquipiers s’évertuent à le cacher pour qu’il ne soit pas trop exposé. Ils le réussissent d’ailleurs plutôt bien, mais la défense globale d’Atlanta reste médiocre. Que faire pour l’améliorer ?
-
Faire de Murray la seule pointe défensive
Dejounte Murray est un excellent défenseur, il est sans doute actuellement dans le top 5 des défenseurs extérieurs de la ligue, mais son impact sur la défense des Hawks a finalement été minime. Pire, entre la saison 2021-22 et la 2022-23, les Hawks sont passés de la 21e défense NBA à la 26e, avec un defensive rating qui a grimpé de 112.4 à 118.1. Autrement dit, Atlanta a défendu piteusement la saison dernière, et cela malgré l’arrivée en leur sein d’un très bon défenseur, qui était justement censé régler les errements défensifs récurrents. Ce n’est pas que Dejounte Murray a échoué, c’est plutôt qu’il n’a pas été mis dans les meilleures conditions pour réussir.
En effet, Murray n’est pas utilisé là où il excelle : seul sur l’homme, à la pointe du premier rideau défensif. Dans cette position, sa verticalité et ses appuis latéraux font de lui un défenseur redoutable sur le porteur de balle adverse. Intercepteur hors pair (13e de la ligue en steals), Murray peut aussi faire provoquer aux attaquants en face de lui énormément de turnovers. Mais il n’a été que trop rarement utilisé de cette manière, car, dans les faits, les Hawks sont souvent adeptes d’une défense avec deux pointes avancées (Murray et un autre joueur), ce qui donne une équation insoluble : soit Murray et Hunter sont à la pointe du combat, et s’ils sont passés, il ne reste que Capela et deux mauvais défenseurs (Young, Bogdanović, Bey, etc.) ; soit Hunter est en second rideau, et l’autre personne qui prend sa place (jamais Trae Young, toujours caché, mais plutôt Bey ou Collins) est bien moins bon que Dejounte Murray et les attaques appuient dessus pour trouver des décalages ou des lignes de pénétration.
Quand on analyse un peu plus en détail leur schéma défensif global, on se rend compte de trois choses : le premier rideau est trop facilement battu, ce qui offre un accès au cercle pour tous les joueurs agressifs ; l’intensité et l’envie de défendre ne sont pas toujours au rendez-vous ; les ailiers adverses se régalent sans cesse avec les espaces laissés par la présence d’un défenseur moyen que l’on tente de cacher sur les ailes (Trae Young ou Bogdanović souvent).
Dans le top 10 des pace de la saison dernière, Atlanta gagnerait sans doute à jouer plus lentement pour s’améliorer en défense. Plus ils jouent vite les possessions et les transitions, plus ils sont brouillons, moins ils sont adroits et moins ils se replacent vite. Tout Dejounte Murray ne peut pas tout combler : la réalité est que, à cause de leur style de jeu, les Hawks donnent un nombre incalculable de paniers faciles à leurs adversaires.
-
La problématique du pivot
Atlanta a en vérité un problème structurel qui tient du fait qu’ils ont presque toujours au moins deux joueurs négatifs sur le parquet et que l’on ne peut pas cacher tout le monde. Mais il y a des solutions. Bien sûr, oui, laisser Dejounte Murray en premier rideau, mais il y aussi cette gestion du pivot à revoir.
Il est acté que Okongwu et Capela ne peuvent pas jouer ensemble. Le Suisse est toujours le titulaire et le Nigérian son remplaçant. C’est le cas depuis maintenant trois ans. Je pense encore que Capela est meilleur que Okongwu, mais ses stats baissent et l’écart se rétrécit entre les deux. Capela est un bon protecteur de cercle mais devient inefficace dès lors qu’on le fait sortir de sa raquette, notamment dans un 5-out. Okongwu peut protéger le cercle presque aussi bien que son collègue, tout en étant bien plus mobile que lui, ce qui offre ainsi davantage de solutions défensives à utiliser. Dans une année où les jeunes d’Atlanta (Johnson, Griffin, etc.) tapent de plus en plus à la porte, ne serait-il pas tant de lancer Okongwu en titulaire ? D’amorcer enfin cette transition ? D’autant plus si Quin Snyder arrive à discipliner son effectif et lui inculquer une plus grande rigueur défensive.
Contractuellement, c’est aussi une saison charnière pour le poste 5 des Hawks : Capela sera agent libre en 2025, mais, surtout, Okongwu arrivera à la fin de son contrat rookie l’été prochain. Vont-ils le sécuriser avant le début de la saison ou les dirigeants d’Atlanta vont-ils attendre l’an prochain ?
-
Consistance et sérieux global
Les Hawks sont une équipe frustrante à voir jouer, car ils donnent sans cesse l’impression d’en avoir en réserve et de ne pas appuyer sur l’accélérateur par flemme. La défense est une affaire de personnel et de volonté. Le personnel est à peu près là, au moins pour être une défense average, la volonté parfois on en doute. À l’arrivée, c’est ce qui coûte cher à Atlanta et leur donne leur piteux defensive rating.
En ce sens, la venue d’un coach à la rigueur défensive affirmée comme Quin Snyder est une bonne chose, sans doute la meilleure qui pouvait arriver à ce groupe. Bien défendre ne s’improvise pas, cela s’apprend. Des progrès ont déjà été aperçus sur la fin de saison dernière, à voir désormais comment le coach parviendra à transmettre ses méthodes.
Le défi est de taille : depuis leur run de 2021, Atlanta a enchainé deux exercices décevants d’un point de vue défensif, ce qui a plombé bon nombre de ses rencontres et par extension son classement en saison régulière. Avec davantage de sérieux et d’envie en défense, la 6e place de Brooklyn aurait largement été accessible. Malgré toutes les choses positives montrées en attaque, si la consistance défensive n’est toujours pas là cette saison, le résultat sera le même : une régulière en dents de scie, avec l’inconstance comme seule compagne, achevée entre 7 et 10 (c’est-à-dire au moins derrière Boston, Philly, Milwaukee, Cleveland, Miami et New York) puis une élimination sèche au premier tour des play-offs, si postseason il y a.
L’énigme du poste 4
Avec le départ de l’historique John Collins, bien malin qui prédira son remplaçant dans le cinq majeur pour la saison à venir. Puisque la piste Siakam n’a pas abouti et que le front office des Hawks n’a pas l’air décidé à recruter un gros ailier-fort, le poste 4 est bien dépourvu actuellement à Atlanta. Rien n’a filtré pour l’instant, mais trois pistes se dégagent tout de même. Trois talents pour trois profils très différents. Tour d’horizon.
-
De’Andre Hunter
Imaginer « Baby Kawhi » réaliser des missions au poste 4 aurait du sens au regard de la réussite de son ainé à ce poste. Long, tanké, excellent défenseur, pas trop mauvais finisseur (15 points par match la saison passée et 35% à 3 points), Hunter est déjà un ailier de bon niveau. Alors qu’il dispose de tous les attributs physique, pourquoi pas le transformer en ailier-fort ?
Le problème principal c’est que l’équilibre défensif des Hawks tient justement en De’Andre Hunter et le changer de poste risque de faire bien davantage de mal à la défense qu’il ne ferait de bien à l’attaque d’Atlanta. Ce serait incohérent. Les défenseurs moyens (Young, Bey, Bogdanović) sont justement cachés et camouflés grâce au travail titanesque effectué par Hunter au poste 3. De plus, imaginer Hunter en 4 empêcherait mécaniquement Dejounte Murray de se reposer, puisqu’un line-up Young-Bogdanović-Bey-Hunter-Capela/Okongwu ne serait absolument pas viable défensivement.
Personnellement, ce qui vaut ce que ça vaut, je ne pense pas que les Hawks prendront le risque de changer de poste leur meilleur défenseur.
-
Jalen Johnson
Le remplaçant naturel. Seul véritable ailier-fort de formation, l’ancien de Duke est pourtant souvent sorti du banc en tant …qu’ailier la saison passée. CQFD. Pour autant, il a réalisé une saison sophomore prometteuse, au point de réellement le considérer dans cette discussion. De corps NBA ready (2m06 pour 100 kilos), le jeune ailier-fort a bénéficié des faveurs de Quin Snyder en fin de saison dernière, qui a apprécié ses efforts défensifs, ses qualités athlétiques, sa bonne vision de jeu et son énergie en attaque. Auteur de trois performances à 15 points et + sur les quatre dernières rencontres de régulière, Jalen Johnson semble prêt à prendre désormais son envol. En tant que titulaire ?
C’est à voir ! Car la candidature de Jalen Johnson comporte deux gros bémols : son inexpérience et son absence de shoot. Son inexpérience d’abord, car il est difficile d’envisager placer dans le cinq majeur un joueur qui a en tout et pour six titularisations NBA en deux ans. C’est peu. Habitué à jouer face à des 2nd unit, l’écart de niveau pourrait être brutal. Ensuite, c’est un relativement mauvais shooter à longue distance et même dès qu’on le sort de la raquette (28.8% à trois points), ce qui pourrait handicaper le spacing d’Atlanta, déjà moyen.
J’aurais tendance à penser que si la progression de Jalen Johnson suit la courbe linéaire espérée, c’est lui le futur ailier-fort des Hawks. Il en a le profil, les qualités et le potentiel. Pour autant, cela prendra du temps et il commettra des petites erreurs avant d’atteindre ce niveau escompté. Dès lors, je doute que Quin Snyder le lancera dès maintenant en tant que titulaire. Reste donc l’option suivante, la plus sage dans l’immédiat, la moins risquée et sans doute celle qui sera prise pour démarrer la saison.
-
Saddiq Bey
Ailier de formation, Saddiq Bey n’a aucun problème derrière l’arc (40% à 3 points depuis qu’il est à Atlanta). C’est une solide gâchette, qui n’hésite pas à dégainer mais qui possède un corps tanké qui l’aide à absorber les contacts et à aller chercher ses points près du cercle. Le décaler au poste 4 améliorerait les problèmes de spacing, mais cela ne résoudra pas tous les écueils.
Le défaut majeur de la candidature de Saddiq Bey en tant qu’ailier-fort, c’est qu’il est un peu petit pour le poste (2m01) et surtout qu’il n’est pas un bon défenseur. Déjà que Capela ou Okongwu sont souvent exposés par les errements défensifs des autres joueurs des Hawks, positionner Saddiq Bey proche de la raquette ne dissuaderait pas grand monde. Pire, il deviendrait même une cible privilégiée des lignes de pénétration adverse.
Disons-le clairement, installer Saddiq Bey dans le cinq de départ, et encore plus au poste 4, n’aiderait pas Atlanta à solutionner ses problèmes structurels en défense. Mais il apporterait une forme d’équilibre global, un compromis, en attendant que Jalen Johnson soit prêt à prendre sa place.
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
Lors de cet exercice 2023-2024, on ne demande pas à Atlanta de réinventer la roue. Non, simplement de se montrer plus rigoureux/concernés/impliqués (choisissez le mot que vous préférez) en défense pendant toute la saison régulière et de développer une attaque efficace sans qu’elle soit autant héliocentrée autour de Trae Young.
Si Quin Snyder arrive à poser sa patte et vient à bout de ces deux chantiers, les Hawks ne devraient pas être très loin de ravir le titre de vainqueurs de division à Miami et surtout d’atteindre les play-offs sans passer par le play-in.
Dans le même temps, si les différents jeunes de l’effectif (Griffin, Johnson, Okongwu) se développent bien et que Dejounte Murray prend de plus en plus d’importance en Géorgie, ce serait encore mieux.