S’il fallait définir la saison des Toronto Raptors version 2022 – 2023 en un seul mot, le bon terme serait “moyen”. Un bilan de 41 victoires pour 41 défaites, une 9ème place à l’Est, et une élimination en play-ins face aux Bulls de leur ancienne star Demar Derozan et surtout sa fille, Diar, qui a liquéfié les différents dinosaures sur la ligne des lancers francs. Si l’on continue dans les stats, la franchise canadienne a fini 11è offensive rating, 12e defensive, 12e au net rating. Une saison somme toute moyenne.
Ce qui a principalement animé la saison des Raptors, c’est les rumeurs de transferts qui ont entouré la totalité de l’effectif. Que ce soit O.G Anunoby, Gary Trent Jr et surtout Pascal Siakam, tous y sont passés. Pourtant rien n’a bougé, notamment lors d’une trade deadline qu’on annonçait partout plus que mouvementée. Au final, aucun départ important, et une acquisition intéressante en la personne de Jakob Poetl.
Finalement, cette saison a permis a Pascal Siakam de réitérer une saison d’All Star. Si l’efficacité n’est pas parfaite (51% d’EG, 97 de True Shooting + qui correspond à l’efficacité par rapport au niveau de la ligue, la moyenne se trouvant à 100), la création, elle, s’améliorer de plus en plus (dans les 15 meilleurs centiles de la ligue à son poste en terme de ratio assist/usage, et dans les 4 meilleurs centiles en terme d’assist % ).
Cette saison a également permis de continuer à développer Scottie Barnes. Après une saison rookie très prometteuse et auréolée du titre de ROY, l’exercice sophomore a peu paraitre moins enthousiasmant. Derrière une efficacité qui reste moyenne, l’ex joueur de Florida State a travaillé sa création et est aujourd’hui un vrai joueur All-Around. Il est en plus de cela très impressionnant défensivement. Entre sa taille (2m06), son envergure, sa mobilité et sa science du placement, il peut devenir dans les prochaines années une vraie référence à son poste de ce côté du terrain, en plus d’apporter de multiples façons en attaque.
Le reste du roster a proposé ce qu’ils faisaient depuis des années : Fred VanVleet a continué à s’affirmer en tant que deuxième option, même si le joueur a des défauts clairs (sa défense et sa claire inefficacité). Gary Trent a fait du Gary Trent : Catch & Shoot à 3 pts, peu de pénétrations et de créations. Anunoby a remonté la pente offensivement, après une saison un peu moins bonne. Si la quantité a très légèrement baissé (de 23,8 pts inscrits à 23,3 pour 100 possessions), la qualité, elle, a légèrement augmentée (101 de TS+ pour un EG% de 55%). Enfin, les Jakob Poetl ou autres Precious Achiuwa ont apporté leurs lots de qualité.
La saison laissé entrevoir un été mouvementée, marquée par de possibles départs libres ou des trades.
In & out : le point sur le roster
Arrivées : Dennis Schroder, Jalen McDaniels, Gradey Dick, Garett Temple, Mouhamadou Gueye, Kevin Obanor, Markquis Nowell (Two-way), Javon Freeman-Liberty (two-way),
Départs : Fred VanVleet, Dalano Banton, Will Barton
Roster 2023/2024
Meneurs : Dennis Schroder, Malachi Flynn, Jeff Dowtin,
Arrières : Gary Trent Jr, Javon Freeman-Liberty, Markquis Nowell,
Ailiers : OG Anunoby, Scottie Barnes, Gradey Dick, Garrett Temple, Otto Porter Jr,
Ailiers forts : Pascal Siakam, Ron Harper Jr, Chris Boucher, Thadeus Young, Jalen McDaniels, Kevin Obanor, Mouhamadou Gueye
Pivots : Jakob Poetl, Precious Achiuwa, Christian Koloko
Phase de l’équipe : Ventre mou
Comme les deux saisons précédentes, les Raptors sont attendus à une place bâtarde. Le roster reste très qualitatif, avec un noyau en pleine force de l’âge, impossible donc de les voir en reconstruction. Cependant, dur de les imaginer au dessus. La concurrence sera très rude, mais l’effectif ne semble pas avoir progressé.
Si la phase que nous avons choisi est le ventre mou, attention à ne pas se tourner vers un démantèlement du roster à la trade deadline, et donc d’une reconstruction pure et dure. Mais ne nous avançons pas trop, la saison 2022 – 2023 et l’été passé nous a fait mentir sur les intentions de Masai Ujiri et de ses équipes.
Les tendances de l’été
Goodbye Nick Nurse, welcome Darko Rajakovic
Après 5 ans de bons et loyaux services au Canada, Nick Nurse, coach bagué en 2019 avec Kawhi, Lowry et consorts a décidé de plier bagage et de rejoindre la Pennsylvanie et plus précisément les Sixers. Pour le remplacer, le front office a opté sur un jeune coach inconnu du grand public : le serbe Darko Rajakovic.
Longtemps assistant sur différents bancs (Thunder, Suns et Grizzlies entre 2020 et 2023), le nouveau head coach de 44 ans débutera à Toronto sa première expérience en tant que head coach. Difficile donc d’analyser ce que promets Darko Rajakovic sur un banc. Mais ce qui est sûr, c’est que ce changement de staff confirme ce qu’on voyait depuis quelques temps. Après Lowry et VanVleet, le roster champion s’effrite petit à petit. Seul Siakam et Anunoby sont toujours au sein de la franchise.
Le cycle arrive donc à son terme, et le front-office a misé sur un nouveau poulain pour driver ces Raptors new-génération. Alors que Masai Ujiri aurait pu installer un coach expérimenté, souvent réputés (pas forcément à raison) pour être dans un processus de victoires immédiates, le GM a jeté son dévolu sur un jeune coach sans référence. Une façon d’amorcer un rebuild complet du roster ?
Goodbye Fred VanVleet, welcome Dennis Schroder
Le principal mouvement estival à Toronto est le changement de meneur. Après 7 saisons aux Raptors, Fred VanVleet est parti prendre un énorme chèque dans le Texas. Après une saison de role player aux Lakers, Dennis Schröder arrive au Canada dans un rôle de très probable titulaire.
Il faut dire que le meilleur joueur du monde est en forme : auréolé d’un titre de MVP des championnats mondiaux et d’un titre historique pour l’Allemagne, le meneur sort d’une saison plutôt réussie, après une saison 2021 – 2022 d’errance.
Le premier point d’interrogation concernant Dennis Schröder est son habitude à prendre de grosses responsabilités. Si l’on excepte l’équipe nationale, ça fait quelques années que Schroder n’a plus été le premier ou le deuxième ball handler d’une équipe, souvent relayé dans un rôle secondaire comme lors de ses passages aux Lakers.
Si dans un contexte FIBA, ce rôle lui sied à merveille, pourra-t-il être le premier (ou second, derrière Siakam) ball handler d’une équipe NBA en 2023 ? La question se pose.
Gradey Dick, un profil manquant ou répétitif?
Les Raptors avaient, pour la draft 2023, le 13è choix. Avec celui-ci, les Dinos ont choisi Gradey Dick, freshman sorti tout droit de la célèbre université de Kansas. Poste 3 spécialisé dans le shoot (40% à 3 points l’année passée), il apportera immédiatement un grand spacing, ce qui ne sera pas de trop avec Schroder (32% l’année passée), Siakam (32%) et Barnes (28%).
Selon nos amis d’Envergure experts en draft, Gradey est très polyvalent dans le shooting. Il peut sortir d’écrans, de plusieurs systèmes voire se créer son propre tir.
Défenseur capable, joueur intelligent, le jeune joueur doit encore travailler son handle qui est plutôt faible. Mais nul doute que Gradey Dick va rapidement devenir un chouchou de la Scotiabank Arena.
Le profil semble cependant beaucoup ressembler à celui de Gary Trent, même si le rookie sera un peu plus grand que son ainé. Certes, on n’a jamais assez de bons shooters, mais il ne semble pas invraisemblable d’imaginer l’ex Blazers dans une autre franchise avant la fin de saison.
Focus sur la saison 2023-24 des Toronto Raptors
Défendre le plomb
Depuis quelques années, les Raptors terminent toujours entre le 10 et le 15e defensive rating. Et si la renaissance de Toronto passait par ce secteur de jeu ? Toronto possède un roster de freaks. Entre Barnes, Precious Achiwua, Siakam, Anunoby, Chris Boucher, Jalen McDaniels et dans une moindre mesure Dick, Poetl, Koloko ou Gary Trent, l’effectif est rempli de joueurs polyvalents, pouvant switcher à outrance. On retrouve de la protection de cercles de haut niveau, de l’intelligence off ball et du physique on ball. De quoi avoir une excellente défense, en somme.
Appuyer sur la Défense permettrait d’utiliser encore la transition comme arme privilégiée offensive. En effet, en 2022-2023, les Raptors étaient la cinquième franchise qui utilisait le plus la transition (18,6% de fréquence), pour une réussite de 1,14 point par possession (14e meilleure réussite).
Scottie Barnes est l’exemple parfait de ce que pourrait devenir la défense de Toronto : excellent playmaker pour son poste (86e centile au block %, 70e centile au steal %), le joueur impacte plus que positivement son équipe lorsqu’il est sur le parquet (75e centile pour les on/off défensifs).
Le futur des Raptors semble donc passer par la défense. Espérons que Darko Rajakovic puisse installer ses systèmes dans ce roster qui semble pouvoir correspondre à beaucoup de demandes défensives.
Un manque de création ?
C’est un problème qui pèse sur l’attaque des Raptors depuis le départ de Kyle Lowry. 26e équipe à l’assist % la saison passée, Toronto n’est pas l’équipe la plus inspirée lorsqu’il faut attaquer sur attaque placée. Et ce n’est pas l’intersaison qui améliorera cela. Si VanVleet n’est pas réputé pour être un grand créateur pour autrui (37e percentile à l’ast/usage, soit moins bien que 63% des joueurs de son poste), Dennis Schroder, lui, est encore pire, avec seulement un 25e centile. De plus, aucun réel backup gestionnaire ne ressort de l’effectif, ni même un arrière axé sur de la création balle en main.
Dans les faits, cela veut dire que le principal (ou second) dépositaire du jeu des Raptors n’est pas attiré par la passe, le jeu pour autrui. Heureusement pour les Raptors, les forwards canadiens que sont Barnes et Siakam sont dans respectivement 88e et 83e percentile à sa même stat. Les initiations offensives vont donc une nouvelle fois passée par eux. Cela suffira-t-il ?
Faut-il faire exploser le roster ? et qui sont les intouchables ?
Mais pour que ces suppositions se réalisent (ou non), il faudrait que l’effectif reste intact. Pourtant, les rumeurs vont continuer à s’accentuer sur de potentiels départs.
Il faut dire que de nombreux cadres sont proches de la fin de leurs contrats. Pascal Siakam est dans la dernière année de celui-ci, tout comme Gary Trent et Achiuwa. Il restera à Anunoby une saison en player option pour l’exercice 2024 – 2025. Optera-t-il pour être agent libre ?
Les vétérans Thaddeus Young et Otto Porter Jr sont également concernés.
En fonction de l’évolution de cette saison, de nombreux départs peuvent être attendus. Si la saison tourne au vinaigre, ne vas-t-on pas décider de faire table rase du présent et de repartir avec Dick et Barnes comme base ?
A contrario, si la saison commence bien, ne vas-t-on pas essayer de renforcer le roster, comme la rumeur Lillard le laisse paraitre ses derniers jours ?
Tout est possible à Toronto, et le seul intouchable semble être ce bon Scottie. On verra dans quel sens tournera le vent lors d’un hiver qui va être agité.
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
A Toronto, le principal motif d’espoir s’appelle Scottie Barnes. Le ROY 2022 sera l’attraction principale de cette nouvelle saison. Il semble être le seul intouchable de cet effectif. Complet, de plus en plus distributeur, il ne manque plus qu’une légère hausse d’efficacité pour en faire un vrai all around player.
Collectivement, on attend des Raptors qu’ils soient encore un poil à gratter au sein de cette conférence Est qui semble homogène derrière les mastodontes que sont les Celtics, les Bucks et Philly (en attendant le dénouement des cas Harden et Lillard). Les Raptors semblent courts au niveau de la création et pourraient galérer offensivement, mais on peut espérer de leur part une grosse présence défensive, comme peuvent le promettre des profils comme Anunoby, Barnes, Siakam ou Achiuwa. On compte sur les inspirations et la fraicheur qu’amèneront un nouveau coach des deux côtés du terrain.
Mais il n’est pas exclu que cette équipe soit dissoute en milieu de saison, en fonction de comment se déroule l’exercice. il sera donc intéressant de suivre ces Raptors version 2023 – 2024 !