Nous y voilà. La preview 2024 des Chicago Bulls.
Lecteurs. Je crois bien que cette preview est la seule, dont la franchise a été couverte par le même rédacteur depuis l’existence du site. Et cette année, je dois admettre que je suis en bout de course. Depuis 2017, j’ai cru que cet effectif finirait par faire quelque chose. On a vu plusieurs moutures, mais j’étais persuadé que le jeune groupe lancé en 2017 pouvait devenir une bonne équipe. J’ai pensé que les choix d’Arturas Karnisovas qui visait à ramener Lonzo Ball, DeMar DeRozan, Alex Caruso et Nikola Vucevic pouvait donner quelque chose.
A ce stade, je me dis que cette équipe est à l’image du genou de Lonzo. Un cas pas loin d’être désespéré. Chaque période de progression a été suivie d’une douche froide et le non-retour de Ball a semblé entériner un projet qui en l’état, n’avait d’origine pas une longue espérance de vie.
Bref, les Bulls sont arrivés la saison dernière avec un groupe identique à celui de la saison précédente et sans-surprise, il ont fait moins bien. Parce que Lonzo n’était toujours pas là, que DeRozan pouvait difficilement faire aussi bien et que Vucevic n’est toujours pas le joueur dont cette équipe a réellement besoin, Chicago n’a pas réussi ne serait-ce qu’à stagner. Les Bulls de Zach LaVine n’ont toujours qu’une campagne de Playoffs au compteur et je suis définitivement à court d’espoir pour cette équipe.
In & out : le point sur le roster
Arrivées : Jevon Carter, Torrey Craig, Julian Philips, Terry Taylor, Quenton Jackson, Max Heidegger, Henri Drell
Départs : Patrick Beverley, Derrick Jones Jr, Javonte Green, Marko Simonovic
Roster 2023/2024
Meneurs : Lonzo Ball, Alex Caruso, Ayo Dosunmu, Coby White, Dalen Terry, Carlik Jones
Arrières : Zach LaVine, Onuralp Bitim (two way contract)
Ailiers : DeMar DeRozan, Torrey Craig, Quenton Jackson, Terry Taylor, Henri Drell
Ailiers-forts : Patrick Williams, Julian Philips, Justin Lewis (Two way contract), Adama Sanogo (two way contract)
Pivots : Nikola Vucevic, Andre Drummond
Phase de l’équipe : Ventre mou
Le cas des Chicago Bulls est particulièrement frustrant, mais ils semblent s’être imposés comme une définition du ventre mou.
Frustrant car les Bulls ont du talent. Derrière la paire Zach LaVine – DeMar DeRozan, il y aurait de quoi construire quelque chose de solide. Nikola Vucevic n’est pas ce qu’il faut à ce groupe, mais n’en reste pas moins un intérieur très polyvalent, Lonzo Ball était une formidable addition avant une opération au genou dont il ne s’est toujours pas remis, presque 2 ans plus tard, et la franchise possède un casting de role players des plus intéressants, entre Alex Caruso, Ayo Dosunmu, Torrey Craig, Patrick Williams ou encore Coby White.
Et pourtant, l’équipe a perdu sa compétitivité au moment où Lonzo Ball, élément essentiel de l’effectif, a dû quitter la rotation.
Depuis, les Bulls sont une équipe qui semblent à plein potentiel quand ils ont un bilan à l’équilibre. S’ils sont capables d’accéder au Playin, demeure la sensation que cette équipe pouvait et devait faire mieux.
Ce constat fait : cet été a-t-il changé quelque chose ?
Les tendances de l’été
Alors que les Bulls retrouvaient les Playoffs en 2022, la saison 2023 fut un retour dans le dernier tiers de l’Est.
En 2022, les Bulls avaient bénéficié d’un départ canon qui avait pris fin avec la blessure de Lonzo Ball. Sans le retour de ce dernier, les odes pour la saison suivante n’étaient pas exceptionnelles, mais nous espérions mieux que la médiocrité et le manque de continuité affichés l’an passé.Toute l’année, les Bulls n’ont pu afficher la moindre constance. Ils n’ont jamais fait mieux que 3 victoires consécutives et à chaque fois qu’une série de 3 victoires était lancée, ils perdaient le 4eme match par une marge de 15,8pts. Dans les bons soirs, ils ressemblaient à une excellente équipe : entre une défense de premier ordre, des talents offensifs capables de faire pleuvoir les coups et des joueurs en progrès, à l’instar de Coby White qui se trouve enfin, ou d’Alex Caruso, plus à l’aise offensivement que durant sa 1ere saison.
Ceci étant dit, puisque l’aîné de la famille Ball n’est toujours pas appelé à revenir, on pouvait attendre des décisions fortes durant l’intersaison. Est-ce que les Bulls allaient casser leur groupe ou tenter de se renforcer ?
En réalité, rien de tout ça.
Draft et intersaison : quel bilan ?
Pour commencer l’intersaison, les équipes se donnent rendez-vous pour le rituel de la draft. Rituel auquel les Bulls n’étaient pas conviés en l’absence de tour cette saison. Allaient-ils monter un échange pour y apparaître ou laisser passer leur chance ?
A l’image de la free agency qui les attendaient, les Bulls ont décidé d’être passifs au soir d’une draft pourtant considérée comme très dense en talent. L’intersaison, quant à elle, se résume à quelques mouvements mineurs et deux prolongations importantes.
D’un côté, la franchise a laissé libre Javonte Green, role player volontaire qui apportait son écot, Patrick Beverley, qui ne sera que de passage et Derrick Jones Jr, ailier bondissant qui continue de peiner à trouver un rôle à la hauteur de sa détente. Pour compenser ces pertes, la franchise ramène Jevon Carter, Torrey Craig et beaucoup de noms inconnus du circuit NBA.
Dès lors, en l’absence d’échanges majeurs, la principale interrogation se trouvait autour de Nikola Vucevic. Finalement, la franchise décide de rempiler pour 3 ans avec son intérieur. Un choix qui signifie que la franchise croit toujours en lui, ou qu’elle refuse de le perdre sans contrepartie. Elle a pris la même décision concernant son meneur : Coby White, également prolongé pour 3 saisons. Reste donc un effectif qui apparaît comme un quasi copier-coller de la saison passée, avec la crainte de voir les mêmes qualités, les mêmes défauts et la même finalité.
Focus sur la saison 2023-24 des Chicago Bulls
Si l’on a appuyé assez lourdement sur l’impression de déjà-vu due à une étonnante stabilité au sortir d’une saison sans saveur, quels seront les principaux thèmes autour de l’année 2024 des Bulls ?
Demeurer une défense élite
Si l’on doit commencer par une satisfaction absolue de cette nouvelle saison, c’est bien la défense. Lonzo Ball s’était imposé comme un membre crucial de la défense de Chicago, mais la franchise a réussi à se réinventer en son absence. Avec le 5eme defense rating l’an passé, les Bulls surfent sur une multitude de très bons profils défensifs et une cohésion dans les schémas de premier choix, loin de la 23eme place de leur saison 2021-2022. L’équipe n’était donc pas dépourvue d’excellents profils défensifs et les principales recrues de l’intersaison semblent pointer vers une volonté de se maintenir dans les hauteurs du tableau.
Jevon Carter est connu depuis la fac pour ses missions défensives et continue de bâtir sa carrière sur cette force. Torrey Craig doit également sa carrière NBA à de belles qualités athlétiques et une polyvalence défensive individuelle et collective de belle facture. Ce dernier a réussi à développer un tir à longue distance afin de ne pas être un poids de l’autre côté du terrain et justifier sa présence sur le parquet.
Ainsi, ils rejoignent un groupe avec d’autres spécialistes défensifs et plusieurs joueurs, souvent pointés du doigt à tort, pour leur soit-disant faiblesse de ce côté du terrain. On peut penser à Nikola Vucevic qui en dépit d’un manque de verticalité est très intelligent dans son positionnement, ou de Zach LaVine qui peut avoir des errances mais est tout à fait capable de s’en tenir aux schémas collectifs ou de se lancer dans certaines missions défensives grâce à ses qualités athlétiques.
Si quelque chose ne se brise pas dans l’Illinois, il n’y a à priori aucune raison de penser que les hommes de Billy Donovan ne seront pas, une nouvelle fois, au moins parmi les 10 meilleures défenses NBA.
Zach LaVine – DeMar DeRozan, quelle version ?
Si la défense fut solide pour Chicago, on ne peut en dire autant de l’attaque. En dépit de la présence de plusieurs joueurs qui ont participé au ASG durant leur carrière (LaVine, DeRozan, Vucevic), les Bulls n’étaient que la 24eme attaque l’an passé. La somme de talent offensif à disposition paraissait pourtant suffisante pour espérer naviguer dans les moyennes de la ligue.
A ce propos, la paire LaVine – DeRozan a laissé une étrange impression l’an passé.
Instinctivement, on pourrait se dire que les deux extérieurs étaient moins en verve, ou plus souvent absents et ont diminué l’attaque des leurs. Pourtant, peu ou prou, leurs chiffres d’efficacité sont identiques ou sensiblement plus faibles. DeRozan a joué quasiment le même total de matchs qu’il y a deux ans, quand LaVine, n’avait pas manqué aussi peu de rencontres en 1 saison depuis sa saison sophomore (77 matchs joués !).
Pourtant, les deux joueurs ont semblé moins impactants. Concernant DeRozan, il n’a pas donné l’impression de marcher sur un nuage et n’a ainsi pas autant pris le jeu à son compte qu’il y a deux ans. Là où l’ailier avait porté la réussite des siens, notamment dans les fins de matchs en 2022, il a paru plus en retrait l’an dernier. Il en fut de même pour LaVine, qui cherchait plus ses coéquipiers, souhaitait visiblement plus faire circuler la balle mais a semblé du coup, parfois, trop peu mordant pour aider les siens.
Le problème, comme évoqué en introduction de cette partie, c’est que l’équipe était inconstante et que les leaders semblaient moins aptes à sauver l’équipe les soirs où la pièce tombait du mauvais côté. En attestent des usages en baisse. En résulte une équipe qui dominait le clutch (matchs serrés : 5 pts ou moins d’écarts dans les 5 dernières minutes du match) en 2022 : +15,9 de net rating, 25 victoires en 41 matchs concernés et qui s’y vautrait dans les grandes largeurs en 2023 : 0 de net rating (neutre donc), mais seulement 15 victoires en 38 matchs concernés.
De quoi assez largement justifier un bilan bien plus médiocre entre deux exercices.
En somme, les Bulls ont besoin de leurs leaders offensifs, s’ils ne progressent pas collectivement en attaque.
Nikola Vucevic, toujours le même problème…
Nous revenons là encore sur deux éléments clés pour comprendre cette équipe.
Premièrement, l’équipe n’a toujours pas un indiscutable meneur NBA. Lonzo Ball n’est toujours pas là, Coby White n’est toujours pas le meneur idoine, Alex Caruso n’est pas un porteur de balle primaire et Jevon Carter n’est pas assez talentueux offensivement pour reprendre le flambeau. Résultat, l’équipe doit trouver d’autres formes de créations et de solutions au scoring.
Pourtant, Nikola Vucevic paraît toujours être une étrange présence dans ce groupe. Si vous vous souvenez de notre preview 2023 des Chicago Bulls (je peux rêver), nous abordions déjà ce point.
Vucevic, pivot All-Star peine à tenir ses promesses. Si son apport défensif est solide, ce que l’on attendait de ce dernier était d’être une source de création pour autrui et un attaquant bougrement efficace, maintenant entouré d’attaquants de talents supérieurs à tout ce qu’il avait connu en carrière. Sa première saison était désastreuse en termes de scoring, sa seconde pire, et nous avons certes assisté à des progrès l’an passé. Mais des progrès qui laissent l’intérieur en dessous des moyennes à son poste :
Dans le 45eme percentile en termes d’efficacité, il fait donc beaucoup mieux, mais reste globalement très décevant. Vucevic peine à contribuer alors que ses coéquipiers sont pourtant bien plus capables de générer des espaces. En parallèle, l’équipe ne semble pas tirer grand profit de ses qualités de passeur. Évidemment que Vucevic va libérer quelques coéquipiers au cours d’une rencontre, mais que ce soit un manquement de Billy Donovan ou le joueur qui peine à s’imposer, toujours est-il que l’équipe doit trouver une solution pour faire mieux avec son pivot.
L’équipe a piétiné en attaque et si Vucevic a été recruté par les Bulls, c’est avant tout pour ce qu’il peut apporter dans ce compartiment du jeu.
S’ils n’arrivent toujours pas à trouver une solution sur ce cas, alors nous en reviendrons à l’éternel problème : cette équipe est construite pour posséder une identité défensive, et pourrait encore franchir un palier avec un intimidateur pour pivot. Ainsi, avec un Vucevic encore moyen en attaque, sa présence resterait incongrue car à contre-emploi des besoins de l’équipe.
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
Alors que veut-on voir de la part ces Bulls ? Cela paraît assez simple : une équipe qui reste parmi les meilleures défenses de la ligue, tout en réussissant à trouver les moyennes NBA offensivement. Se sortir du ventre mou pour Chicago tient en réalité à une équipe qui se trouve en attaque, ni plus ni moins. Sur le papier, ils ont amplement le talent pour être moyens, même en l’absence d’un meneur de jeu de premier ordre.
Si cela passe par une meilleure cohésion offensive, alors les Bulls pourraient vivre une saison de bien meilleure facture. La franchise espère probablement s’appuyer sur de la jeunesse qui suivrait l’exemple de Coby White, en proposant une progression interne significative. Les Bulls aiment beaucoup Ayo Dosunmu, mais performent pour le moment mieux quand il est sur le banc. Si le meneur franchissait un palier, cela offrirait un nouveau two-way player de qualité à Billy Donovan et son staff. Surtout, la franchise attendait beaucoup de Patrick Williams, qui entre blessures et stagnation, continue de décevoir.
A défaut de renforts, il faudra s’appuyer plus sur le duo LaVine – DeRozan et espérer qu’il soit au rendez-vous. Sans un sursaut offensif, il faudrait alors espérer de la réussite dans le clutch, mais difficile d’imaginer un DeMar DeRozan de nouveau touché, à ce point, par la grâce.