L’espace d’une demi-saison l’année dernière, on a cru que les mormons allaient nous créer la surprise de l’année avec une qualification pour le play-in, alors qu’on les voyait tous à la bataille pour Victor Wembanyama. Il ressort donc beaucoup de positif d’une saison qu’on attendait triste et morose avec, tout d’abord, l’explosion de Lauri Markkanen, qui finira MIP de la saison 2022/2023. On a aussi vu la résurrection de Mike Conley avant son transfert aux Minnesota Timberwolves. Du côté joueur un peu oublié, on a pu voir que Colin Sexton et Kris Dunn avaient encore des choses à montrer en NBA.
Mais, la vraie révélation au grand public du côté du Utah Jazz cette année, c’était la découverte de Will Hardy. Après cinq saisons comme assistant chez les Spurs, puis une année chez les Celtics, Will Hardy a connu sa première saison comme Head Coach cette année. Avant que Danny Ainge baisse sa culotte pour assurer une demi-saison de tanking, l’attaque du Jazz a ressemblé, pendant quelques semaines, à une des meilleures attaques de la ligue.
Néanmoins, l’ami Ainge a continué à s’activer à la draft et sur le marché des transferts pour avancer le chantier entamé il y a maintenant un an, après les trade successifs de Rudy Gobert et Donovan Mitchell.
In & out : le point sur le roster
Arrivées : Taylor Hendricks, Keyonte George, Brice Sensabaugh, Omer Yurtseven, Joey Hauser, John Collins, Romeo Langford
Départs : Rudy Gay, Damian Jones, Juan Toscano-Anderson, Hassan Whiteside, Udoka Azubuike
Roster 2023/2024
Meneurs : Talen Horton-Tucker, Kris Dunn, Collin Sexton
Arrières : Jordan Clarkson, Ochai Agbaji, Romeo Langford
Ailiers : Lauri Markkanen, Simone Fontecchio
Ailiers-forts : Taylor Hendricks, Brice Sensabaugh, Luka Samanic, Joey Hauser, John Collins
Pivots : Walker Kessler, Kelly Olynyk, Omer Yurtseven, Micah Potter, Nick Ongenda
Phase de l’équipe : Reconstruction
Après une saison à 37 victoires, alors que moins de 25 étaient attendues, on peut s’attendre à une saison similaire de la part du Jazz. L’équipe a continué à récupérer de jeunes talents, via la draft de Taylor Hendricks et via la free agency avec les signatures d’Omer Yurtseven et de Romeo Langford. En plus de ces jeunes, le Jazz a aidé les Hawks à se débarrasser de John Collins, contre un Rudy Gay vieillissant. Rien de bien grandiloquent, ils vont continuer de développer les talents déjà présents, et attendre les prochaines drafts.
Pourquoi attendre les prochaines drafts ? Et bien pour la ribambelles de picks de draft que le Jazz a récupéré l’été dernier. En effet, contre Donovan Mitchell, ils avaient récupéré trois premiers tours de draft non protégés des Cavaliers, et deux swap picks. De l’autre côté, ils ont aussi obtenu des Timberwolves quatre premiers tours de draft non protégés des Cavaliers, et un swap pick pour Rudy Gobert. En plus de ça, ils ont des contrats qui seront échangeables dans les prochaines années, comme ceux de Colin Sexton ou de John Collins.
L’urgence n’est donc pas de mise du côté du Jazz, aucunement besoin de gagner maintenant. On a d’ailleurs vu ça l’année dernière aussi. Alors que la saison était bien engagée, Danny Ainge a échangé certains de ses meilleurs joueurs. Afin d’assurer le tanking, l’utilisation de Talen Horton-Tucker a grimpé à plus de 30% d’usage rate sur les derniers mois de la saison. Avec son inefficacité chronique, le Jazz s’est assuré une mauvaise attaque. Suite à la trade deadline, le Jazz est passé à un offensive rating de 113 points par 100 possessions (7eme pire attaque). Tout ça après avoir été une des meilleures attaques de la ligue pendant quelques mois, il était l’heure de tanker.
Il n’y a donc aucun objectif de play-in, pas de volonté de gagner. Le Jazz va continuer à développer ses jeunes, laisser Will Hardy faire ses gammes, et renifler les bons coups sur le marché des transferts.
Les tendances de l’été
À l’Ouest, rien de nouveau
Après un été 2022 rocambolesque, qui a permis de faire table rase sur l’arc “Mitchell Gobert”, le Jazz a passé une saison bien plus tranquille. Le seul gros changement à déclarer est le trade qui a fait venir John Collins. Le message envoyé est donc qu’il faudra se contenter de la situation actuelle et se préparer pour des joueurs meilleurs. Mais ce n’est pas forcément négatif, au contraire même. C’est même un indicateur que l’équipe est sur la bonne voie.
Bien que le tanking pour Victor Wembanyama ait été un échec, le Jazz semble être dans la bonne direction. Le coach Will Hardy a commencé à mettre en place une attaque collective qui tourne bien, et adaptée à son effectif actuel. Toujours dans une volonté de jouer grand, le Jazz n’est pas allé chercher d’arrières. Ils ont drafté Taylor Hendricks, qui représente bien la philosophie de l’attaque actuelle du Jazz. La saison dernière, le Jazz était la quatrième équipe aux rebonds offensifs, et la cinquième à la fréquence à trois points (39% de leurs tentatives).
Pas de renfort à l’arrière ?
Néanmoins, on se demande qui va bien pouvoir porter le ballon et initier l’attaque. Talen Horton-Tucker semble avoir pris le rôle de l’initiateur et du playmaker, avec Jordan Clarkson comme deuxième arrière. Talen Horton-Tucker a fini la saison dernière par une énorme utilisation, et avec un gros volume de playmaking. Seul Kris Dunn peut apporter un peu de playmaking collectif, c’est dire à quel point cette équipe va être en manque de création.
Le trade de Mike Conley a engendré la dégringolade de l’efficacité offensive, et des mauvais résultats la saison dernière. Le fait que Danny Ainge ne fasse rien pour pallier à ça confirme ce qu’on peut attendre du Jazz la saison prochaine : du tanking.
Quid des assets
On ne s’attendait pas à ce que Danny Ainge utilise les assets cumulés l’été dernier dès cette année. Néanmoins, cet été a permis de comprendre que le Jazz allait continuer sur la même route qu’OKC il y a quelques saisons. Créer un effectif qui va permettre de développer des jeunes, tout en cumulant des contrats faciles à échanger, ainsi que des tours de draft. Malgré le manque de victoire la saison prochaine, il faudra mettre son focus sur le joueur susceptible de devenir un asset pour un échange, ou sur celui qui pourrait devenir une des fondations de l’effectif du futur.
Focus sur la saison 2023-24 du Utah Jazz
C’est grand, mais ça ne marque plus beaucoup
Le Jazz devrait perdre encore plus de match que la saison précédente. Après la trade deadline, le Jazz était sur un rythme de 32 victoires par saisons. C’était la 23e attaque et la 24e défense, et on voit difficilement comment la saison prochaine pourrait être différente.
Néanmoins, offensivement, Will Hardy arrivera dans sa deuxième saison comme head coach avec plus de certitudes. On peut s’attendre à revoir ses grandes line ups qui permettent de contrôler le rebond et de dominer physiquement. La line-up la plus utilisée suite à la trade deadline culminait à 205cm de taille moyenne. Cette line-up, composée de Talen Horton-Tucker, Ochai Agbaji, Lauri Markkanen, Kelly Olynyk et Walker Kessler, leur a permis d’obtenir un pourcentage de rebond offensif à 45% sur ces minutes ! Avec le peu de création que proposent les joueurs d’Utah, Will Hardy devra faire lui-même preuve de créativité pour arriver à générer un minimum d’attaque. Sinon, ils devront s’en remettre à de la bagarre au rebond offensif suite aux isolations de Jordan Clarkson et THT.
Attention aux transitions
Cette volonté d’aller au rebond offensif a une conséquence plutôt négative sur la défense du Jazz. La saison dernière, l’équipe de Salt Lake City était la pire en défense en transition. C’est une corrélation plutôt logique a une stratégie qui envoie plusieurs joueurs au rebond offensif. Mais, c’est aussi un signe d’un manque de discipline défensive. Bien sûr, l’effectif est jeune, et ne joue pas pour gagner. Néanmoins, c’est une habitude que le Jazz va devoir perdre sur les saisons où ils seront compétitis.
Défensivement, les schémas sont les mêmes depuis quelques années maintenant avec un intérieur qui joue le “drop”. Walker Kessler excelle dans ce domaine, et a été impactant dès sa première saison. Quand il était sur le terrain, la défense du Jazz affichait un défensive rating de 114.7. Sans lui ce chiffre tombe à 118.9. Sa présence sur le terrain réduit le volume de tentative au cercle, ainsi que la réussite au panier. Danny Ainge a finement joué son coup en laissant partir Rudy Gobert en échange de beaucoup d’assets, et parmi eux se trouvait Walker Kessler. On suivra sa progression de près sur la prochaine saison.
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
Il y aura beaucoup de choses à suivre cette saison du côté de l’Utah. Premièrement : Lauri Markkanen va-t-il confirmer son statut et son efficacité offensive ? L’année dernière, il était 10% plus efficace que la moyenne de la ligue au scoring. Encore mieux, il était dans le 96e centile en efficacité au tir pour les joueurs de son poste. Mais, maintenir se niveau d’efficacité ne sera pas facile, nous avons hate de voir si il pourra confirmer. Au dela de la confirmation, on attend aussi de voir plus de création collective.
En carrière, Lauri Markkanen a le même volume de passes décisives que de balles perdues. Son ratio AST:Usg est dans le 7e centile pour son poste, c’est dire à quel point il ne crée pas pour les autres. Mais, celui qui va pouvoir pallier à ça sur l’aile, c’est le nouveau arrivant, Taylor Hendricks. C’est un joueur au profil “3&Rim-Protection” qui pourra faire une raquette très intéressante défensivement aux côtés de Walker Kessler. Et, contrairement au Finlandais, Hendricks apporte une vraie plus value au passing. Il peut se fondre dans un rôle de connecteur en attaque, et pourra amplifier les décalages créés.
Sur les lignes arrières et à la création, on est très curieux de voir qui vont devenir les initiateurs de l’attaque. Mais surtout, à quel niveau ils seront capables de le faire. Utah a assez de finisseurs, quelques connecteurs mais c’est à la création qu’il y a de quoi être inquiet. Entre les solistes que peuvent être Clarkson ou Sexton, ou les joueurs inefficaces comme THT et Dunn, la création est la plus grande faiblesse du Jazz. Alors, ce qu’on veut voir cette saison, c’est comment Will Hardy va pouvoir pallier à ce manque de création individuelle grâce à son coaching.