Que cette année 2022 – 2023 fût compliquée pour les Detroit Pistons. Alors que cette dernière aurait dû être la première étape d’une nouvelle version, mené par une superstar en devenir en la personne de Cade Cunningham, tout ne s’est pas déroulé comme prévu.
Si personne n’attendait les Pistons en Plays-ins, et encore moins en Playoffs, on espérait quand même un peu plus de qualité des deux côtés du terrain. Mais ce ne fût pas le cas. Les bilans comptables et statistiques ne sont pas bons : seulement 17 victoires, 65 défaites, une dernière place à l’est, une 28ème place à l’offensive rating et la même chose pour le défensive rating. Si cela n’était pas suffisant, l’espoir numéro 1 de la franchise, Cade, a seulement joué 12 matchs, freiné par une blessure qui ruina sa saison sophomore.
Évidemment, même la majeure partie du tableau est noire, il y a quelques signes de satisfactions à notifier. Le cas Jaden Ivey par exemple. En progression constante tout au long de la saison, il a fini l’exercice sur une pente ascendante, en perdant moins de ballons (même s’il reste dans les 15e centile à son poste en terme de turnovers %) et en étant plus en réussite avec son shoot longue distance. Jalen Duren a aussi montré des flashs, ayant un profil défensif très intéressants.
Si le roster était majoritairement composé de jeunes joueurs, l’un des cadres expérimentés a proposé la meilleure saison individuelle de sa carrière. Bojan Bogdanovic, avec 25,9% d’usage, a eu pour la première fois de sa carrière autant de responsabilités. Et il n’a pas faibli face à ce nouveau statut de première (ou deuxième option) : 41,5% à 3pts, dont 45% en Catch & Shoot, 62% de True Shooting. De quoi être optimiste pour la saison 2023 – 2024 ?
In & out : le point sur le roster
Arrivées : Tosan Evbuomwan, Marcus Sasser, Malcolm Cazalon, Ausar Thompson, Joe Harris, Monte Morris
Départs : RJ Hampton, Cory Joseph, Eugene Omoruyi, Hamidou Diallo
Roster 2023/2024
Meneurs : Cade Cunningham, Killian Hayes, Marcus Sasser, Monte Morris
Arrières : Alec Burks, Jaden Ivey, Rodney McGruder, Jared Rhoden (Two-way), Stanley Umude,
Ailiers : Buddy Boeheim, Malcolm Cazalon (Two-way), Ausar Thompson, Joe Harris
Ailiers-forts : Bojan Bogdanovic, Isaiah Livers, Tosan Evbuomwan
Pivots : Marvin Bagley III, Jalen Duren, Isaiah Stewart, James Wiseman
Phase de l’équipe : Reconstruction
Sans grande surprise, les Pistons sont aujourd’hui dans une pure phase de reconstruction. Comme nous le verrons dans quelques paragraphes, le roster à en son sein de nombreux jeunes, épaulés par quelques vétérans. L’objectif de cette saison sera de faire le tri parmi ces jeunes, et de lancer une dynamique positive. Mais dur de voir Detroit accrocher une place aux play-ins, tant l’écart de talent entre les équipes attendues autour des 9e et 10e places semble grand.
Nous devrions les retrouver en fond de conférence, autour des Wizards ou des Hornets, avec un œil davantage tourné vers les hauts picks de draft (de nouveau) plutôt que vers la post-season.
Les tendances de l’été
A Détroit, les intersaisons se suivent et se ressemblent : on draft, on récupère quelques anciens pour entourer la jeunesse, et on repart au combat. Mais cette année, une petite chose à changer.
La draft, encore la draft…
Hayes, Cade, Ivey, Duren, Sekou Doumbouya… Depuis quelques années, les Pistons enchainent les picks de draft plutôt haut. La cuvée 2023 ne dérogera pas à la règle, car la franchise du Michigan a obtenu (avec déception) le 5ème pick, eux qui rêvaient de Victor Wembanyama.
Le front office a donc jeté son dévolu sur Ausar Thompson, frère jumeau d’Amen, qui a été sélectionné juste avant par les Rockets.
Ausar a un profil intriguant. Sorti tout droit de l’Overtime Elite, nouvelle ligue professionnelle que certains jeunes préfèrent à l’université et donc à la NCAA, le néo-Piston a été élu MVP de la saison et des finales en 2023.
Mais ce n’est pas ces performances qui l’ont amené à être choisi au 5è choix. A tout juste 20 ans, Ausar a un profil physique d’élite. Considéré comme un arrière ou un ailier, il mesure un peu plus de 2m, pour 94 kilos et 2m08 d’envergure.
Si offensivement c’est Amen qui est le plus à l’aise, de l’autre côté du terrain, c’est Ausar qui tient la dragée haute. Mobile, athlétique, verticalité, il a tout pour devenir une référence à son poste et être la tête d’affiche d’une grosse défense.
En attaque cependant, Ausar est un vrai projet à développer. Certes, il scorait avec un gros volume en Overtime Elite, mais quel était le réel niveau de la concurrence ?
Ausar est un joueur qui joue plus sans ballon que son frère, ce qui pourrait être un vrai avantage quand il aura Cade a côté de lui. En effet, lorsqu’il est utilisé en tant que ball handler, le jeune Thompson a beaucoup de déchets. Un défaut qui peut se gommer avec le temps, mais il ne faudra pas trop compter sur sa création pour autrui lors de ses débuts.
Cependant, au vue de son physique, il n’a aucun problème à driver. Et il faudra grandement qu’il s’appuie là dessus, car Ausar a un tir extérieur très faible.
Ausar est un vrai projet, et s’inscrit parfaitement dans ce qu’essaye de mettre en place les Pistons. Quel rôle et quel niveau pour lui en cette première saison ?
Quelques ajustements de roster
Detroit n’a pas été la franchise la plus active sur le marché des agents libres cet été. Pourtant, le front office des Pistons a effectué quelques mouvements plutôt intéressants.
Si le manque de motivation défensive n’est pas vraiment explicable, l’attaque de Detroit, très faible, pouvait s’expliquer par plusieurs facteurs : un manque de création derrière Cade (28e à l’assist/ratio et 29e à l’assist/TO) et une faiblesse importante sur les shoots extérieurs (22ème au % à 3pts).
Pour ce faire, deux petits nouveaux ont rejoint les Pistons cet été : Monte Morris et Joe Harris.
Le premier est réputé pour être l’un des meilleurs meneurs back-up de cette ligue. Très propre (100e percentile en terme de TOV%), plutôt créateur (76e percentile en terme d’assist/usage), efficace longue distance (39%, soit dans les 21% les plus efficaces de la ligue à son poste), il a le profil parfait pour compléter Cade.
Joe Harris, quant à lui, ne réclamera pas autant le ballon que Monte Morris. Dans son rôle de Catch & Shooteur en sortie de banc, l’ex-Nets sort d’une saison d’une efficacité de haut calibre (43% de loin, dans les 3% les plus efficace à son poste en NBA).
Leurs apports sera le bienvenue pour driver les jeunes fougueux de Motor city.
Un nouveau cycle
Dans la partie précédente, j’ai écris que le manque de motivation défensive, notamment pour une équipe de jeunes (qui devrait être mort de faim et en forme athlétiquement) n’était pas explicable. Cette non-volonté peut s’expliquer par la relation coach-joueur, qui ne semblait plus être au beau fixe. Dwayne Casey semblait au bout du cycle, et le changement de coach paraissait inéluctable.
Le choix de Monty Williams est surement l’un des meilleurs que pouvait faire la franchise. Monty Williams sort d’une expérience satisfaisant à Phoenix. Il a en partie aidé la franchise à revenir sur le devant de la scène, eux qui étaient hors des débats depuis le départ de Steve Nash. Monty a énormément apporté à Booker. Lui qui paraissait être un soliste sur ses premières années de carrière, a vu sa création collective devenir une vraie force. Le coaching de Monty Williams (en plus de son entraînement personnel et de son expérience qui grandissait) n’y est surement pas pour rien. Monty est aussi responsable des très belles progressions de Mikal Bridges, et, dans une moindre mesure, Cameron Johnson.
Monty SAIT développer des joueurs. Il sait les accueillir jeunes, optimiser dans un premier temps leurs qualités avant de travailler sur d’autres aspects et les faire grandir. Lorsque l’on voit la brochette de joueurs à développer et/ou relancer, le feat semble idéal entre le coach et la franchise du Michigan.
Focus sur la saison 2023-24 des Detroit Pistons
Le cas Cade et son entente avec Ivey
Comme depuis son arrivée en NBA, Cade Cunningham sera l’attraction numéro 1 des Pistons de Détroit cette saison. Après une saison quasiment blanche, causée par une fracture du tibia, l’ancien choix numéro 1 de draft devrait être de retour sur les parquets en début de saison. Il retrouvera alors Jaden Ivey, son nouveau partenaire de backcourt, avec qui il n’a eu que très peu le temps de jouer.
Dans la preview de l’année passée, nous écrivions : “Complémentaires, les deux arrières seront les deux principaux porteurs de balle des Pistons, et le rookie (ndlr : devenu sophomore) pourra profiter de la vision de jeu et de la qualité de passe de son camarade pour scorer à foison.”
Ivey était isolé cette année. Il a dû créer bien plus que ce qui était prévu, ce qui ne l’a pas mis dans des situations forcément favorable. Pourtant, on a pu voir toutes ses qualités : très présent sur drive (42% de ses shoots sont pris à moins de 10 pieds de l’arceau), il a su améliorer en cours d’année sa sélection de tirs, lui permettant de finir la saison à 37% en Catch & shoot à 3pts (sur 2,5 tentatives par match).
Si l’on ajoute à ces deux pans offensifs le fait qu’il devrait moins créer pour autrui et bénéficier du retour de Cade pour être servi dans de magnifiques conditions, cela pourrait donner une très grande saison pour Jaden Ivey.
Pour Cade, dur de tirer quoi que ce soit de la saison précédente. On va espérer un retour en forme et qu’il continue à travailler son shoot qui est loin d’être optimal tout en continuant à distribuer la gonfle à ses nouveaux camarades.
Un matériel défensif plus qu’intéressant
Avec la draft d’Ivey et de Duren, on pouvait s’attendre à une très forte défense la saison passée. Que nenni. Certes, la jeunesse et le manque d’expérience n’aide pas toujours, mais le manque d’implication était flagrant. Ce côté du terrain devrait être la priorité de Monty Williams. De plus, il a le matériel pour exécuter ses demandes. Entre Ivey, Thompson, Duren, Stewart et d’autres, l’ex coach des Suns aura de quoi faire.
La raquette ne devra plus être une autoroute comme elle l’a été (65% de réussite adverse, soit la 5è pire de NBA sur plus de 30 tentatives par match, la 8è pire fréquence de NBA), et les lignes arrières devront se resserrer. Ce sera un axe intéressant à observer en ce début de saison.
Il y aura des déçus
Ivey, Thompson, Hayes, Cade d’un côté. Bagley, Stewart, Wiseman, Duren de l’autre. Que ce soit sur les lignes arrières ou dans la raquette, l’effectif est rempli de jeunes et/ou de joueurs à la relance. Malheureusement, tous n’auront pas le temps de jeu souhaité.
Si nous devions jouer au jeu des pronostics, Cade, Ivey, Duren et évidement Ausar Thompson semblent intouchables. Killian Hayes pourrait trouver une place en sortie de banc, mais sans une réelle évolution de son efficacité, dur de lui voir un avenir dans le Michigan.
Concernant la raquette, Isaiah Stewart semble vraiment en avance sur le duo de revenant Bagley/Wiseman. Si le premier a eu un passage plutôt intéressant en fin de saison 2021-2022, avant la resignature de son contrat, le second n’a pas vraiment convaincu.
Seront-ils toujours à Motor City à la fin de la trade deadline ? Rien n’est moins sûr, surtout lorsque l’on voit les manques sur l’aile.
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
A Detroit, on espère enfin revoir du beau jeu en cet exercice 2023-2024. Après une saison très compliquée (pour ne pas dire plus), il faut revenir aux bases qui ont fait les grandes heures de la ville : une forte défense, un état d’esprit conquérant imprimé par le coach et les jeunes au fort caractère, et remettre la création offensive entre les mains du génie de la maison.
Comme toutes les équipes en reconstruction, Detroit va connaitre des périodes sombres, où l’alchimie entre les jeunes n’opèrent plus, où. les défaites s’enchaineront. Mais le plus important est ailleurs : il faut recréer un collectif autour d’un coaching staff, et développer ce young core, quitte à se séparer des éléments qui ne correspondent plus.
Si, miraculeusement, les Pistons se retrouvent dans la course aux Plays-ins, alors la saison sera plus qu’une réussite. Mais l’important n’est pas là. Il faut retrouver du plaisir sur le terrain de Detroit, pour que l’hiver qui s’annonce soit un peu moins froid que prévu.