Dans une équipe des Clippers en manque de stabilité, Terance Mann n’a loupé que deux matchs sur les deux dernières saisons. Aux côtés du duo de star composé par Kawhi Leornard et Paul George, Terance représente l’équipe que les Los Angeles Clippers ont voulu construire. Une équipe de wings dynamiques, pouvant vivre sans le ballon, capables de défendre sur plus grands qu’eux et de rentrer leurs trois points. Malheureusement, Marcus Morris a bien vieilli depuis son arrivée, et il en est de même pour Nicolas Batum. Alors, Terance sera-t-il capable d’apporter encore plus la saison prochaine ? Que peut-on attendre de lui ?
Vraie menace extérieure ou mirage offensif ?
Arrivé en NBA après quatre ans à Florida State, Terance a mis du temps à développer un tir à trois points efficace. Mais, lors de sa quatrième année en NCAA, son % à trois points est monté à 39%, et son pourcentage aux lancers-francs à 79%. Le 48e tour de la draft 2019 a réussi à maintenir cette efficacité puisque ses % en NBA sont sensiblement les mêmes depuis quatre saisons. Son minutage ne permet pas d’affirmer que sa réussite en carrière correspond à sa vraie valeur, mais en quatre saison il est à plus de 38% aux trois points, sur 517 tentatives.
Sur la dernière saison, 93% de ses tentatives sont assistés, mais il a aussi montré une capacité à se créer son propre tir. Sur un échantillon assez réduit (toujours ce problème de minutage), il est à 37% sur les Pull ups à trois points cette saison. Une action qu’il semble bien maitriser est le step-back, qu’il arrive d’ailleurs à faire face au panier mais aussi sur les ailes. Mais là où il est le plus efficace c’est en Catch and Shoot, où il affiche un sympathique 40%. À côté d’initiateurs offensifs tels que Kawhi et PG, c’est vraiment une arme offensive remarquable pour créer du spacing et punir les prises à deux.
Je pense qu’avec plus de systèmes pour lui trouver des tirs ouverts, Terance pourrait encore plus apporter aux Clippers. Sur ses trois points assistés, c’est souvent suite à des kick outs, ou des extra passes à la suite d’un kick out. Avec un Kawhi et un PG qui vieillissent, le temps est peut être venu de moins se reposer sur l’isolation et mettre plus de systèmes de jeu en place du côté de Tyronn Lue. Mais, bien que Terance soit efficace à trois points, arrive-t-il à être une menace dans d’autres zones du terrain ?
Attention ça coupe
Parmi les “Combo” sur Cleaning The Glass, Terance Mann fait partie du 93e centile à la réussite au cercle ! Maintenant qu’on connait sa réussite au cercle, ainsi que ses pourcentages à trois points, on comprend mieux son 106 de TS+. Alors, bien entendu, il propose assez peu de création pour aller au cercle. 54% des ses paniers marqués au cercle sont assistés, avec seulement 4.3 drives par match.
En réalité, bien qu’il soit surtout utilisé off-ball pour les tirs au cercle, les possibilités sont multiples. Il cut énormément, et sur des angles différents. Il peut couper à 45′, face au panier ou depuis le corner. Son mouvement constant loin du ballon peut faire regretter qu’il ne joue pas à côté des meilleurs passeurs/playmakers.
Il peut aussi être utilisé comme poseur d’écran sur les moments où les Clippers jouent petits. Néanmoins, là où il me semble le plus impressionnant, c’est quand il est dans le rôle de connecteur. Les chiffres indiquent déjà une volonté de faire la passe, et le terrain ne fait que confirmer. En effet, il affiche un ratio AST:Usg de 0.92, ce qui est vraiment positif pour un joueur off-ball avec un si petit usage.
Ce Mann a la fibre
La vraie raison de la rédaction de cet article, c’est l’intention de mettre en lumière ce connecteur oublié et sous utilisé. Ce sont d’abord les statistiques qui ont attiré mon attention, puis j’ai pris le temps de revoir des séquences de matchs avec Mann sur le terrain. Il peut aussi jouer un rôle d’initiateur sur certaines séquences, mais puisqu’il joue aux côtés de Russell Westbrook, Leonard, et PG, c’est plutôt son rôle de connecteur qui va nous intéresser ici. Quel genre de connecteur est-il ?
Et bien il est très complet. Comme mentionné plus haut, il sait jouer le rôle du poseur d’écran et peut alors jouer le rôle de connecteur sur short roll. Sur ces séquences, il arrive à trouver ses coéquipiers au dunker spot, sur des cuts, ou derrière la ligne à trois points. L’autre gros plus, surtout dans une free flow offense, c’est sa capacité et sa volonté à faire des coupes de manière permanente. Depuis le corner il propose des coupes dans le bon timing et sur le bon tempo. Quand ses coéquipiers le trouvent, il arrive à exploiter le décalage et vient souvent trouver un joueur libre dans la raquette.
Il arrive aussi à amplifier les décalages sur des cuts à 45′, qui sont les coupes les plus difficiles à exécuter, mais les plus efficaces. Sa dernière carte, et on en revient au début de l’article, vient des opportunités qu’il s’offre pour punir les close outs. Il représente une menace au tir qui attire les défenseurs, et son handle lui permet de punir chaque retard ou décalage. A tout cela s’ajoute sa bonne vision de jeu et sa volonté de trouver ses coéquipiers.
Après un tour d’horizon de son impact offensif, analysons ce qu’il peut apporter défensivement, malgré son manque de taille.
Moyen partout, mauvais nul part
Afin de donner un peu de contexte à l’analyse de la défense de Terance Mann, il faut comprendre qu’il a joué au sein d’énormément de line-ups différentes. Seulement 268 possessions jouées avec la line-up principale (pour un fabuleux +13.3 de Net rating, mais bon, la taille de l’échantillon ne permet pas d’en tirer grand chose). Par conséquent, ses partenaires de défense changent tout aussi souvent que son rôle. Il est important de prendre tout ça en compte pour comprendre qu’il est difficile pour lui d’exceller quelque part, et qu’on lui demande surtout d’être partout à la fois.
Partout, tout le temps, et face à n’importe qui. Sur certains séquences, il défend même sur l’intérieur adversaire. Comme face aux Cavaliers, où il commence sur Evan Mobley avant de switcher sur Darius Garland, ou contre les Lakers où il se retrouve à défendre au poste face à Anthony Davis. Sur les séquences small ball des Clippers, il switche à tout va, d’un intérieur vers un extérieur, ou l’inverse. Il vient aussi faire ses rotations au cercle et participe beaucoup au rebond. C’est par ailleurs un très bon rebondeur pour son poste (91e centile au rebond offensif, 71e centile au rebond défense d’après les métriques de Cleaning The Glass). Autre élément positif au rebond, ses on/off montrent que les Clippers performent beaucoup mieux au rebond sur les moments où il est sur le terrain.
Sur les séquences avec un Pivot par contre, il va moins participer au rebond, et beaucoup moins switcher. Sur de nombreuses séquences on peut le voir naviguer autour des écrans pour suivre le porteur de balle. Au final, comme en attaque, il fait de tout, à petite dose. Je pense que le manque d’un rôle clair, d’une structure stable et d’un plan de jeu solide l’empêche de performer encore plus. Alors, comme c’est un joueur que j’apprécie, je croise les doigts pour que la saison des Clippers soit plus calme que les précédentes. Aux côtés de Kawhi et PG, j’aimerais voir Terance Mann passer un cap cette saison, mais il faudra que le contexte le permette.