Avant le 8 février 2023 et le trade de Mike Conley, le Utah Jazz affichait la 4e meilleure attaque de la ligue avec un offensive rating de 117.9, soit trois points de plus que la moyenne NBA.
Suite à ce trade, le Jazz s’est écroulé en attaque avec un offensive rating de 113.1 pour finir la saison. Après avoir été une des meilleures attaques de la ligue pendant quelques mois, le Jazz était maintenant la 6e pire attaque de la ligue. Bien entendu, le seul trade de Mike Conley n’a pas causé cet effondrement. À bientôt 36 ans, et après 16 années dans la grande ligue, l’ancien 4e tour de draft a encore de beaux restes.
Mais alors, après 1025 matchs et 32648 minutes jouées, que reste il du meneur du Grit and Grind ?
Un sniper parmi les loups
Alors oui, la NBA à évolué, tout autant que Mike Conley. Néanmoins, certains chiffres sont presque choquants. Mike est passé d’une énorme fréquence au cercle comme Rookie (48% des ses tentatives) à seulement 14% en 2023. De l’autre côté, son volume à trois points à complètement explosé. Depuis 2021, au moins la moitié de ses tentatives viennent de derrière la ligne. Son volume à trois points a augmenté, ainsi que le pourcentage de ses tirs qui sont assistés.
En effet, Mike était un meneur qui prenait plus de quatre pull-ups à trois points par match jusqu’à la saison 2022. Maintenant, il en prends moins de trois par matchs, accompagnés de plus de deux catch-and-shoots. Il a maintenant un régime de tir plus équilibré, ce qui permet de l’utiliser comme menace off-ball en plus du pull-up. Cet équilibre s’explique aussi par une réussite au pull-up qui a dégringolé (de 40% à 33%). Sa science du mouvement, son intelligence de jeu et sa qualité de tir fait de lui une menace off-ball de tous les instants. Il peut être utilisé de manière statique dans un corner, ainsi que pour punir les double-team ou via des écrans off-ball.
Au vu de son utilisation sur la fin de saison, je pense qu’on verra de plus en plus Mike loin du ballon. Sa capacité à rentrer des tirs à trois générés par lui même pourra dépanner en fin de possessions, mais c’est maintenant en catch-and-shoot qu’il devrait punir l’adversaire.
Le Pick & Roll comme deuxième arme
Dans la deuxième partie de saison, Conley a retrouvé un partenaire de Pick & Roll qu’il connait très bien, Rudy Gobert. Bien que l’échantillon soit petit, Mike Conley a été un vrai tueur sur le Pick & Roll à Minnesota avec 1.25 point par possession. C’est tout simplement le 99e centile. Sur la saison, on passe à 1 point par possession mais ses partenaires de Pick and Roll étaient moins expérimentés du côté de l’Utah.
Sur ces actions, l’expérience, le handle, le QI basket, la gestion des angles et du tempo de Mike Conley est une vraie arme offensif. Pas seulement individuelle mais aussi collective. Lors de ces séquences, Mike peut servir ses coéquipiers sur toutes les situations. Short Roll, Skip Pass, Pick & Pop, Hand Off, toutes les situations avec un écran pour le porteur de balle entrainent des bonnes opportunités de marquer pour l’équipe.
L’heure de devenir connecteur
Comme observé, Mike Conley arrive à être une menace au tir loin du ballon, et un passeur avec le ballon dans les mains. Mais aux côtés de Anthony Edwards, Kyle Anderson ou encore Karl-Anthony Towns qui sont des joueurs qui peuvent (et aiment) porter la balle, Conley va devoir se muer en connecteur. Au vu de ses compétences, son expérience et sa vision de jeu il a toutes les cartes en mains pour jouer ce rôle.
Quand il est loin du ballon, il reste en périphérie et propose peu de mouvement. Avec des cuts au bons moments, grâce au spacing qu’il peut générer, il pourrait permettre à l’attaque des Minnesota Timberwolves de passer au niveau supérieur. On voit des flashs d’un rôle de connecteur, lorsqu’il punit les mauvais close-outs et attaque le panier pour exploiter le décalage. Suite à ça, il peut trouver ses partenaires grâce à tous ses skills déjà évoqués.
Et la défense dans tout ça ?
Conley a été le meneur de jeu de deux très bonnes défenses. Memphis dans les années 2010 puis le Jazz plus récemment. Bien que le rôle du meneur est structurellement pas très influent sur une défense, la présence de Conley dans des bonnes défenses n’est pas anodin. Il a même été 2nd All-Defensive Team en 2013, et a fini deux saisons avec plus de deux interceptions par match. On parle donc d’un bon défenseur sur les lignes arrières.
Mais, 2013, c’était il y a 10 ans. Les années sont passés pour Conley, et la NBA a évolué. Le meneur de 35 ans n’est mesuré qu’à 1m85, et n’a plus ses jambes de ses grandes années. Alors dans une ligue où les meneur sont de plus en plus grand, de plus en plus robuste, tout en restant rapide, Conley devient une cible. La prochaine saison sera probablement la dernière saison compétitive de ce meneur qui a traversé les décennies sans faire de bruit.
Alors, je vous invite à profiter une dernière fois de ce vestige d’une équipe Grit and Grind qui a marqué l’histoire de la ligue. Ces Memphis Grizzlies qui ont été une des rares équipes à gagner une série comme 8eme seed.