La semaine passée, nous avons publié un premier article destiné à revenir sur les plus belles surprises de la saison régulière 2023 qui s’est achevée il y a déjà un gros mois. Nous avons ainsi eu l’occasion d’évoquer les cas de New Orleans, Indiana, Utah, Orlando et Oklahoma. Aujourd’hui, une tâche moins agréable – mais pas moins intéressante ! – attend le rédacteur : effectuer la review de la saison des franchises non qualifiées en playoffs et qui ont déçu au cours des 82 matchs disputés entre octobre et avril.
Il n’est cependant pas question de parler de l’ensemble de ces 9 autres équipes. En effet, l’exercice de 3 d’entre-elles peut difficilement être qualifié de “déception”, tant il était acté qu’elles ne voulaient jouer rien d’autre que la draft 2023. Dès lors, nous laisserons volontairement de côté le cas de San Antonio, Houston et Detroit, qui fera peut-être l’objet d’un troisième article afin de conclure cette mini-série.
Les plus malin.e.s d’entre vous ont désormais compris où seront braqués les projecteurs du présent article. Il apparaît effectivement que la saison 2022-23 s’est terminée en eau de boudin pour 6 franchises. Quatre parmi elles évoluent au sein de la conférence Est : Toronto, Chicago, Washington et Charlotte. Les deux dernières, fort logiquement, se trouvent de l’autre côté du pays : Portland et Dallas.
Sans se baser sur une “échelle de la déconvenue”, apprécions ensemble ce qui a manqué à ces différents collectifs pour réaliser les objectifs qu’ils s’étaient pourtant fixés lors de la précédente intersaison.
Washington Wizards
Si les Washington Wizards étaient un aliment, ce serait un yaourt nature, sans sucre. Ni mauvais, ni bon, juste insipide. C’est triste à dire, notamment pour la fanbase de l’équipe de D.C, mais il semblerait que cette équipe n’intéresse aujourd’hui plus personne au-delà, justement, de ce carcan d’aficionados. L’équipe, championne NBA en 1978 avec Wes Unseld et Elvin Hayes, a achevé un nouvel exercice sans saveur, à la 12ème place de la conférence Est (35 victoires, 47 défaites, comme l’an passé). Cela fait dorénavant 5 années que les Wizards n’ont plus terminé une saison avec un bilan a minima à l’équilibre.
Sans vouloir nous jeter inutilement des fleurs (vu les piètres pronostiqueurs que nous sommes, chez QiBasket), nous avions globalement prévu cette énième bévue collective. Dans nos pronostics d’avant saison, parmi les 9 rédacteurs interrogés, tout le monde avait estimé que la franchise dirigée par Wes Unseld Jr allait terminer entre les 10ème et 12ème position de sa conférence. La faute, d’un côté, à une compétitivité accrue de ce côté du pays de l’Oncle Sam. Celle, aussi et surtout, à un effectif non pas incohérent, mais tout simplement trop juste pour prétendre à viser les playoffs sans passer par cette immondice de mini-tournoi préalable.
Il y a pourtant un souci majeur dans cette franchise, que tout le monde a identifié : les choix des têtes-pensantes. Rappelons en effet, pour ceux du fond qui l’aurait oublié, que Bradley Beal s’est vu offrir un contrat de 5 ans et 251 millions de dollars (il peut prétendre à gagner quelque 57 128 610 dollars en 2026-27, alors qu’il aura 34 ans), au sein duquel figure une no trade clause, stipulation qui interdit à la franchise de transférer le joueur sans son aval. Certes, Beal a su s’imposer comme un excellent joueur, capable de scorer 30 points par soir sur l’ensemble d’une campagne. Certes bis, la fidélité possède un prix, ce ne sont pas les Blazers qui soutiendront l’inverse. Par contre, là où Damian Lillard semble être de la trempe de ceux qui peuvent mener leur équipe au titre NBA, Bradley Beal ne peut prétendre à hisser les siens bien plus haut qu’il ne l’a démontré cette année. Ca fait un peu chère la 12ème place, si vous voulez notre avis.
À ses côtés, pourtant, quelques joueurs ont réalisé une saison de belle facture. Le premier est évidemment Kristaps Porzingis, qui a tout simplement réalisé le meilleur exercice de sa carrière. Le Letton, qui a pris part à 65 matchs (du jamais vu depuis 2016-17) affiche 23,2 points (50 % au tir, 38,5 % de loin sur 5,5 tentatives), 8,4 rebonds, 2,7 passes décisives, 1 interception et 1,5 contre de moyenne. Par moment, il a semblé endosser le costume (trop grand pour lui, quel comble pour un bonhomme de 2m21) de franchise player de ces Wizards. Notons également l’éclosion de Kyle Kuzma. Si l’ailier drafté par les Lakers connaît encore du déchet (notamment au tir) et peut agacer par des choix que nous pourrions qualifier de… personnels, Kuz vient également de terminer la plus belle saison depuis son arrivée dans la Grande Ligue.
Qu’est-ce qui a manqué à ces Wizards version 2022-23 ? Un peu tout, à vrai dire. Offensivement, l’équipe présente le 22ème offensive rating de la saison (114,4). Le jeu prôné était globalement lent (18ème PACE), mais le roster était dénué d’un véritable chef d’orchestre, capable de manipuler les défenses adverses sur demi-terrain (malgré tout le bien que l’on pense de Monte Morris). De surcroît, on constate les problématiques qu’ont eu tous les joueurs – ou presque – pour se rendre sur la ligne réparatrice (22,4 par match, 24ème total). En effet, seules 20,2 % des possessions washingtoniennes se sont terminées sur la ligne des lancers-francs, signe que l’agressivité sur les drives n’était pas forcément au rendez-vous. Ajoutez à cela une certaine propension à perdre le ballon (12,7 % de perte de balle) et une incapacité globale à gober des rebonds offensifs (23ème de la Ligue) et vous obtenez une attaque qui toussote et qui vit heureusement sur la belle adresse de l’ensemble de ses acteurs.
Défensivement, il semblerait que provoquer les pertes de balle adverses n’était pas au programme de la saison (27ème dans l’exercice). Par contre, malgré un defensive rating moyennasse (21ème), plusieurs points positifs sont à souligner. Pour commencer, seules trois franchises ont envoyé leurs adversaires moins souvent sur la ligne des lancers (Lakers, Bucks et Celtics). Ensuite, la défense au cercle s’est révélée de très bonne facture, grâce notamment à la dissuasion de Porzingis et Gafford (8ème). Le souci majeur, c’est que la zone qui a été la moins bien défendue est celle qui rapportait le plus de points à l’adversaire (19ème à trois-points). On constate surtout qu’individuellement, les extérieurs alignés par Unseld Jr sont globalement des passoires défensives (Kispert, Morris, Beal, Barton, Nunn, Davis…).
Ajoutez à cela un entraîneur en manque d’inspiration et vous obtenez un cocktail capable de faire dégoupiller le compte français de la franchise, dont les acteurs n’en demandent pourtant pas tant. Le problème majeur, c’est que l’avenir ne semble pas être radieux dans la capitale, dont les finances sont bouchées et dont les assets sont bien maigres. Il n’y a plus qu’à croiser les doigts pour que le jeune homme sélectionné avec le 8ème choix de la draft 2023 vienne embellir un peu cette sombre perspective !
Toronto Raptors
S’il y avait bien une équipe qui, à l’été 2022, a choisi de miser sur la continuité, c’est bien les Toronto Raptors. Aucun trade d’ampleur n’est en effet à déclarer et 9 des 11 joueurs qui ont disputé le plus de rencontres en 2021-22 ont rempilé sous la tunique des canadiens. Les seuls départ à mentionner sont ceux de Sviatoslav (oui, il s’appelle Sviatoslav et non pas Svi) en août et de Khem Birch à la trade deadline, excellemment bien remplacé par la venue de Jakob Poeltl.
La continuité comme crédo, donc. Il faut dire que l’an passé, les Raptors ont terminé leur saison régulière avec 48 victoires (34 défaites) et se sont battus comme des beaux diables au premier tour des playoffs face aux 76ers (défaite 4 – 2). Et pourtant patatra, voici les dinosaures en 9ème position de la conférence Est, avec un bilan à peine à l’équilibre (41 – 41) et une sortie de route précoce lors de la première rencontre du play-in tournament (défaite 109 – 105 face aux Bulls, avec une craquante dans le dernier quart-temps). Si la participation des (désormais anciens) hommes de Nick Nurse au play-in n’était pas une surprise en soit (nous étions 8 sur 9 à y penser), c’est surtout la manière qui nous pousse à évoquer le cas des Raptors aujourd’hui.
Le problème trouve-t-il sa source dans les blessures des cadres ? Absolument pas ! Il apparaît que les joueurs majeurs de l’effectif ont disputé plus de rencontres que la saison passée (Siakam, VanVleet, Barnes, Anunoby, Trent Jr et Boucher ont tous joué au moins 66 rencontres). Le mental, par contre, a pu être atteint. En effet, depuis le début de l’année 2023, plusieurs noms étaient sur toutes les bouches dès lors qu’il s’agissait d’évoquer la future trade deadline. Anunoby était envoyé dans l’ensemble du pays, VanVleet avait manifestement la bougeotte et même le nom de Siakam était murmuré. Tout ça pour… rien du tout.
Pour autant, ces vrais-faux départs ont-ils réellement eu une influence sur la qualité médiocre de l’exercice régulier de Toronto ? Les résultats collectifs de l’équipe après la deadline ne le démontrent pas de prime abord : 27 matchs, 15 victoires, 12 défaites. On s’aperçoit toutefois que les victoires ont toutes été remportées contre des équipes qui n’étaient pas spécialement venues pour gagner (excepté trois matchs, remportés face aux Nuggets, au Heat et aux Timberwolves), tandis que toutes les oppositions face aux franchises ambitieuses ont été perdues (Cleveland, Denver, les deux Los Angeles, Milwaukee, Philadelphia, Boston x2, Chicago au play-in). Fort contre les faibles, faible contre les forts, en somme.
Si l’on dézoome et que l’on tient compte de l’ensemble de la saison, on constate que Pascal Siakam et cie ont connu un passage à vide fatal d’une vingtaine de rencontres au mois de décembre : 19 matchs, 14 défaites. Certes, le calendrier était loin d’être aisé. Il est néanmoins indigne de la part d’une franchise réputée solide de s’incliner dès que l’adversité montre les canines.
Le pire parmi tout cela, c’est que les bilans collectifs sont loin d’être hideux. Toronto présente par exemple le 11ème offensive rating de la saison, malgré une adresse globalement catastrophique. Les Raptors présentent en effet le 27ème true shooting % et se paient même le luxe de terminer derrière les Pistons. Les seules franchises derrière les canadiens ? Houston, San Antonio et Charlotte. Si l’on parle draft 2023, c’est pas mal. Si on parle basketball, ça fait un peu chier. Les Raptors ont fait le choix de minimiser l’utilisation du tir lointain, pour prendre les 2 / 3 de leurs tirs avant la ligne primée. La réussite n’était néanmoins pas au rendez-vous, car seuls les Suns et les Pistons affichent un taux de réussite moindre à deux-points que Toronto (52,5 %, les Kings sont à 58,6 !). Le résultat est exactement identique à trois-points : 28ème position (33,5 %, Philly est à 38,7 !). On sait qu’il peut faire froid au Canada, mais de là à conserver les moufles pour jouer…
Défensivement, il y a également à redire. Les Raptors étaient globalement permissifs à trois-points, en acceptant que les franchises adverses dégainent de loin (40 % des tirs pris). La défense sur les shooteurs extérieurs mérite toutefois d’être revue, dans la mesure où 37,4 % des tentatives ont été transformées en points. Encore une fois, les Raptors sont les canards boiteux de la Ligue, en compagnie des Spurs, Blazers et Rockets. Un dernier point négatif peut être mis en avant, qui concerne les deux côtés du terrain : les lancers-francs. En l’attaque, Toronto en provoquait peu. En défense, le prisme était nettement inversé.
Il existe tout de même un immense point positif : les pertes de balle. C’est très simple ; personne n’a perdu moins de ballon que les Raptors sur l’ensemble de la saison et personne n’a provoqué plus de perte de balle qu’eux. On se console comme on peut.
Au final, cela sent le grand chambardement du côté de Toronto. Masai Ujiri, réputé pour faire des choix drastiques, risque d’appuyer sur un bouton orange foncé. L’effectif semble s’être cogné le crâne contre un plafond de verre, malgré les saisons très correctes de plusieurs de ses cadres (Siakam aurait pu postuler pour une NBA team, Trent Jr, Anunoby, Barnes et Poeltl ont globalement été satisfaisants, VanVleet a besoin d’un rendez-vous chez l’opticien (39 % au tir, 34 % de loin). Le drame final, c’est que la lottery n’a rien changé, Toronto ayant hérité du 13ème choix, comme prévu. À toi de jouer, Masai !
Dallas Mavericks
Les Dallas Mavericks restaient sur une (surprenante ?) finale de conférence 2022, au cours de laquelle la franchise s’est inclinée face au futur champion, les Warriors de Golden State. C’est donc peu dire que le roster, toujours dirigé par Jason Kidd, était chargé d’ambition pour cette saison 2022-23. Le début de saison a été moyennasse, mais les fans de l’équipe y sont désormais habitués ; cela fait plusieurs saisons que les mois d’octobre et de novembre sont décevants, avant que les Mavs passent la démultipliée pour la nouvelle année. Cette fois-ci, au 2 janvier 2023, Dallas affichait un bilan honnête de 22 victoires pour 16 défaites. Les Texans, d’un Luka Doncic toujours aussi fort, se trouvaient alors en 5ème position d’une conférence Ouest extrêmement serrée.
Ce fut le début de la fin. Le mois de janvier a été presque catastrophique (9 défaites, 5 victoires). Puis vint l’explosion. Celle initiée par Mark Cuban et Nico Harrison, qui ont envoyé Spencer Dinwiddie, Dorian Finney-Smith et quelques picks pour attirer la sacro-sainte seconde star, Kyrie Irving. Il est vrai que l’on réclamait depuis longtemps un second ball-handler aux côtés de Luka Doncic. On souhaitait également accoler un autre All-star aux côtés du Slovène. Avec l’arrivée d’Irving, le front-office Texan a fait une pierre, deux coups.
C’est peu dire que l’association des deux joueurs n’a pas tenu toutes ses promesses. Dans un jeu souvent trop stéréotypé, les deux franchise player ont évolué chacun leur tour, sans véritable synergie. La faute, peut-être, à une période d’adaptation insuffisamment longue. La saison s’est donc achevée de bien piteuse manière et même une petite opération tanking. Au final, Dallas termine son exercice avec 38 victoires, 44 défaites et une 11ème place de conférence. Inutile de dire que ce n’était clairement pas ce qui était prévu.
Les principales difficultés ont été défensives. En effet, l’attaque des bleus a été particulièrement bonne (6e offensive rating, 6e true shooting %, 5e à la perte de balle, 7e aux lancers provoqués… mais 30e au rebond offensif). Il n’y a donc rien à redire, ou presque. Défensivement, c’est tout l’inverse. Certes, sur les 25 dernières années, la défense de Dallas a souvent été moyenne. Cependant, nous avions aperçu un renouveau en 2021-22, où la franchise a affiché l’une des 6 meilleures défense du pays. Les départs de l’intersaison n’ont d’ailleurs pas substantiellement impactés ce côté-ci du terrain. Pourtant, Jason Kidd n’est jamais parvenu à faire correctement défendre les siens au cours de ces 82 rencontres régulières.
Tous les éléments statistiques sont dans le orange foncé. La raquette, composée alternativement de JaVale McGee, Christian Wood ou Dwight Powell s’est faite ouvrir. L’absence de Maxi Kleber, longtemps blessé (37 matchs disputés), a ici produite une influence néfaste. La protection de cercle était ainsi très moyenne et même Finney-Smith, élément défensif clé du roster, ne pouvait rien faire pour boucher tous les trous. Pourtant, à trois-points, la réussite adverse à globalement été mauvaise sur l’ensemble de l’exercice, signe que l’équipe était capable de sortir sur le shooteur. Même Luka Doncic s’est mis à défendre, c’est dire.
Il n’en demeure pas moins que Dallas présente la 24 défense de la Ligue. Parmi les équipes ambitieuses, seuls les Kings ont fait pire. Sinon ? Indiana, Portland, Detroit, Houston et San Antonio. On se croirait dans la wagon-bar d’un train en direction de l’enfer.
Le pire dans cette histoire, c’est que l’optimisme n’est pas forcément de mise pour la saison à venir. Le contrat d’Irving arrive à son terme et il existe un risque non négligeable que le bonhomme – dont les actions sont toujours imprévisibles – teste le marché des agents libres. Âgé de 31 ans, Uncle Drew peut en effet espérer signer le dernier gros contrat de sa carrière, lui dont les dernières saisons ont été pour le moins tumultueuses. Son départ libérerait certes de la masse salariale, mais de manière insuffisante pour espérer le remplacer par un autre All-star.
L’été promet d’être riche en suspens. Dallas vient de conserver son 10ème choix de draft, mais risque de chercher preneur sur le marché des transferts. Qui sait, en parvenant à conserver Irving et en attirant un lieutenant solide avec les rares assets disponibles (pick 10, pick 2027, Josh Green, Maxi Kleber, Reggie Bullock…), les Mavericks parviendront peut-être à nouveau à être compétitifs dès l’an prochain !
Charlotte Hornets
Pour citer une chanson que connaît toute une génération, nous pourrions dire que l’été dernier, les Charlotte Hornets avaient la tête dans le cul et le cul dans le brouillard. Miles Bridges a commis l’irréparable en passant à tabac sa femme tandis que Montrezl Harrell et James Boucknight ont été arrêtés par les forces de l’ordre, respectivement en possession de drogues et pour conduite sans permis. Ajoutez à cela le fait que LaMelo Ball ait manqué les 30 premières rencontres de la saison (et les 20 dernières) et vous obtiendrez une saison où tout, ou presque, est à jeter à la benne.
Las Vegas, qui réalise des prévisions d’une efficacité troublante chaque saison, ne s’y est pas trompée, en estimant que Charlotte allait remporter au mieux 26 victoires au cours de cet exercice 2022-23. L’équipe dirigée par Steve Clifford en a finalement gagné un de plus (27 victoires, 55 défaites, avant dernière place de la conférence Est). Il faut dire qu’amputé de ses deux joueurs phares de la saison précédente, le roster paraissait bien faiblard. Pour débuter la saison, Clifford a aligné Terry Rozier (ou Dennis Smith Jr), Gordon Hayward, Kelly Oubre, PJ Washington et Mason Plumlee. Pour alimenter des espoirs de playoffs, on conviendra aisément que ce n’est pas optimal.
Quels ont été les principaux freins à une belle surprise ? L’absence de LaMelo Ball constitue évidemment une difficulté insurmontable. On s’aperçoit d’ailleurs que le meneur All-star, dont la santé est vacillante (comme celle de tous les rejetons de la fratrie Ball, ce qui n’est peut-être pas qu’un hasard), a remporté 13 des 36 matchs qu’il a disputés. Autrement formulé, Charlotte a glané la moitié de ses victoires avec sa star. Sans lui, le bilan s’élève à 14 victoires pour 32 défaites. Il n’y a d’ailleurs là rien d’étonnant : privez une équipe de son meilleur joueur et ses résultats chuteront logiquement.
Au-delà d’un pur bilan comptable, c’est dans l’animation offensive que l’absence de Ball s’est faite ressentir. Charlotte affiche en effet la pire attaque de l’ensemble de la saison régulière, alors même que certaines franchises ont tout mis en oeuvre pour scorer le moins possible. L’équipe présente également le pire true shooting % et s’est rendue bien incapable de se rendre sur la ligne des lancers dans l’optique de gratter quelques points faciles (24ème, 1 action sur 5 terminée aux lancers). Le tir à 2 points a été très utilisé (58 tentatives par match, 5ème total), avec une efficacité très limitée (52,8 %, 27ème total). Seul Portland a tenté plus de dunk / lay-up que les Hornets au cours de ces 82 matchs, mais Charlotte se trouve à nouveau dans le dernier tiers de la Ligue en terme de réussite. Vous l’aurez compris, les shooteurs ont globalement failli à leur tâche.
De l’autre côté du terrain, il y a moins de points négatifs à mettre en avant. La défense des Hornets s’est ainsi révélée moyenne dans l’ensemble des secteurs (20ème au defensive rating).
Il y a encore un élément dont il faut parler. Dans un marasme collectif et judiciaire, les Hornets avaient néanmoins l’occasion de combler un trou béant dans leur roster : le poste de pivot. Pour ce faire, le front-office a utilisé son 15ème pick de la draft 2022 pour sélectionner Mark Williams (2m16, 110 kilos en sortie de Duke). Alors que la raquette constitue un terrible running gag pour la franchise depuis des années, il paraissait en effet évident qu’il fallait profiter de cet exercice tronqué pour développer Williams des deux côtés du terrain. Cela n’a pas été fait, ou du moins que très partiellement.
Et pour cause ; au moment de célébrer Noël, le rookie avait en tout et pour tout disputé trois rencontres, pour un temps de jeu total de… 12 minutes et 52 secondes ! La faute n’est pas à jeter sur une blessure qui aurait éloigné le pivot des terrains. Non, si Mark Williams ne jouait pas, c’est parce que son coach ne le faisait pas entrer sur le terrain. Peut-être que le joueur était encore trop vert pour le monde du basketball professionnel, comme c’est fréquemment le cas pour les intérieurs. Néanmoins, dans la mesure où l’équipe n’avait aucune ambition collective (bilan de 9 – 24 à Noël !), il n’aurait pas été sot de lui faire faire les crocs.
D’ailleurs, lorsqu’il a enfin été utilisé (notamment avec le transfert de Plumlee aux Clippers), Williams a affiché de belles promesses. Avec son physique de frigo américain, il s’est imposé comme un rebondeur solide (pointe à 20 prises contre le Heat, dans une victoire). Si son utilisation offensive est encore frustre, il a également démontré qu’il n’était pas totalement manchot à l’heure de placer la balle dans le panier adverse. En somme, s’il y avait un point positif à retenir de la saison de Charlotte, c’est bien que l’équipe semble avoir trouvé son pivot du futur. Il faudra s’en contenter, pour l’heure. En attendant Scoot Henderson, avec le pick 2 de la prochaine cuvée ?
Chicago Bulls
Nous étions (grosso modo) en février 2022. J’entamais un article intitulé “Donnez le trophée de MVP à DeMar DeRozan“. Le swingman réalisait alors une saison XXL, au sein d’une équipe qui trônait alors à la toute première place de la conférence Est (non pas que j’estime que cette statistique collective doive entrer en ligne de compte dans l’attribution des trophées individuels). Si la fin de saison a finalement mal tourné, les Chicago Bulls ont démontré qu’on pouvait compter sur eux pour jouer les poils à gratter.
Depuis ? Badaboum. Lonzo Ball, primordial dans la création pour autrui et le spacing des siens (qui aurait pu le dire, à sa draft !) a manqué toute la saison 2022-23 et des interrogations planent même au-dessus la poursuite de sa carrière. Pour le reste, le constat mêle globalement ce que nous avons pu écrire au sujet de Toronto et de Charlotte. Expliquons-nous.
Les ressemblances avec l’exercice des Raptors se perçoivent si on effectue une lecture globale des 82 rencontres régulières. Les deux équipes semblaient armées pour jouer une place directement qualificative en playoffs, mais ont dû toutes les deux passer par le play-in tournament (affrontement direct d’ailleurs, remporté par Chicago). Les Bulls, en bout de course (40 victoires, 42 défaites), ont ensuite chuté face au Heat.
La comparaison avec les Hornets se comprend moins aisément. Elle trouve sa source dans les difficultés rencontrées par les deux franchises : une attaque en berne et une défense solide. Car c’est là que le bât blesse pour les hommes de Billy Donovan. Pourtant, le matériel offensif ne manque pas, avec la présence de DeRozan, Zach LaVine et autre Vucevic. Il n’en demeure pas moins qu’avec un tempo moyen (19ème PACE), les Bulls ne présentent que le 24ème offensive rating de la Ligue. La raison n’est pas à chercher dans une quelconque maladresse (12ème au true shooting %). Elle est découverte dans la typologie des tirs pris : seuls les Hawks ont plus dégainé 2 points au cours de la saison (66,7 % des tirs dégaines par les taureaux valaient 2 points s’ils étaient convertis). Fort logiquement, la réciproque est également vraie : Chicago se classe 29ème dans l’utilisation du tir primé. Or, sauf erreur grossière, trois-points valent plus que deux.
À l’inverse, la défense constitue un point positif non négligeable (5ème defensive rating). Chicago s’est particulièrement bien comporté sur les lignes de passe et au périmètre. Sur le terrain, le crédit est à accorder aux role player que sont Andre Drummond, Javonte Green ou la coqueluche Alex Caruso. En effet, cela ne vous aura pas échappé, les stars de l’effectif ne sont pas spécialement réputées pour leur investissement défensif, même si Nikola Vucevic s’est plutôt bien débrouillé sous les cercles, malgré des difficultés de mobilité qu’il ne réglera jamais.
Au final, si l’on veut bien tenir compte de l’absence de Lonzo Ball, l’équipe ne se trouve-t-elle pas là où elle devait être ? DeRozan a réalisé une saison dans ses standards, tout comme LaVine. On s’aperçoit surtout que, comme l’an passé, les Bulls ont connu les pires difficultés du monde pour vaincre les équipes supposément plus fortes. C’est pour cela que nous parlons de Chicago ici, car la saison laisse un arrière-goût de stagnation malvenue. Étant donné qu’on perçoit mal les perspectives d’amélioration pour l’an prochain, le risque de se retrouver à nouveau dans le ventre mou de l’Est existe réellement. N’est-ce pas là la pire position dans une Ligue extrémiste comme l’est aujourd’hui la NBA ?
Portland Trail Blazers
Ne passons pas par 4 chemins. Hormis les Mavericks, la plus gros déception de la saison régulière (parmi les équipes qui ne se sont pas qualifiées pour les playoffs) s’appelle Portland Trail Blazers. L’équipe dirigée par Chauncey Billups était promise à un petit tour au play-in. Rares étaient ceux qui estimaient que Damian Lillard allait regarder les playoffs à la télévision (ou en courtside sur le parquet des Nets).C’est qu’après une saison cataclysmique en 2021-22 (27 victoires, Lillard blessé et très maladroit lorsqu’il jouait), on s’attendait à un renouveau dans l’Oregon.
Les blessures, les Blazers y ont à nouveau été confrontés. Le meneur star, qui a retrouvé la mire, n’a disputé que 58 matchs (32,2 points de moyenne, le cochon). Son compère du backcourt, Anfernee Simons, a quant à lui passé 20 rencontres sur le flan, soit seulement une de plus de Jerami Grant. Enfin, Jusuf Nurkic a pris part à 52 rencontres. Pour ces 4 titulaires, cela fait tout de même 93 rencontres manquées. Or, lorsqu’on regarde le roster de Portland, on s’aperçoit rapidement que la profondeur n’est clairement pas son point fort.
La depth chart ferait presque pleurer. Aucun meneur de métier n’est en effet en mesure de suppléer aux absences de Lillard (Gary Payton II est le second meneur en terme de minutes jouées… alors qu’il était blessé au début de la saison et qu’il est parti à la trade deadline !). La balle a donc logiquement été confiée à Simons, dont le développement reste intéressant et prometteur. Sur les ailes ? Le grand désert. Josh Hart a rejoint les Knicks, laissant le poste 3 à des joueurs comme Nassir Little, Justise Winslow ou Cam Reddish. Dans une NBA qui passe énormément par les ailiers, il y a de quoi trembler des genoux. D’autant plus que le constat est le même chez les ailiers-forts, ou seul le sophomore Trenton Watford a eu des minutes derrière Grant (avec de belles promesses, notamment au tir !).
Au final, comme toujours avec Portland, c’est la défense qui a hypothéqué toutes les chances de compétitivité. L’équipe a en effet terminé sa saison avec le 27ème defensive rating. Pire, à compter du lancement de l’opération tanking, Portland s’est bagarré avec San Antonio pour avoir le droit d’être considéré comme la passoire officielle de la Ligue. Chaque adversaire passait pour un sniper d’élite (49,1 % de tirs convertis) et les rebondeurs faisaient globalement la sieste (24ème au defensive rebound %, antépénultième au nombre de rebonds pris).
Certes, ces chiffres sont faussés par la fin de saison, que le front-office a décidé de jeter par les fenêtres du Moda Center pour espérer se rapprocher le plus possible des abysses et d’un pick intéressant. Portland a capitulé dès le milieu du mois de février, en faisant le choix – pertinent, pour le coup – de responsabiliser les jeunes. Il faut d’ailleurs se frotter les yeux avant de regarder le 5 majeurs des dernières rencontres, où l’on retrouve Shaedon Sharpe, Skylar Mays, Jeenathan Williams ou encore Kevin Knox.
Attardons nous rapidement sur le cas du premier cité. Drafté en 7ème position en 2022 malgré une année vierge de toute rencontre sportive, Sharpe a globalement convaincu. S’il a connu de véritables difficultés de la mi-décembre à la mi-mars après des débuts satisfaisants, il a terminé sa saison en fanfare, alors que les clés de la franchise lui ont été confiées (24 points (46 % au tir, 38 % de loin, 77 % aux lancers), 6 rebonds, 4 passes décisives et 3 pertes de balle en 36 minutes de jeu sur ses 10 derniers matchs). À l’instar de ce que nous avons pu écrire pour le cas de Charlotte, le développement des jeunes (Sharpe, mais aussi Watford) constitue l’unique éclaircie dans le ciel Oregonais. Ca tombe bien, il y aura bientôt un nouveau jeune à potentiel à intégrer dans le roster, avec le choix n° 3.
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Ils étaient 6 (très) mauvais élèves lors de cet saison 2022-23. Pour certains d’entre eux, la dégringolade pouvait s’anticiper – oui, on parle des Hornets. Pour d’autres, les circonstances ont rapidement mis fin aux ambitions collectives, souvent sacrifiées sur l’autel de la draft (Portland, Washington). D’autres, enfin, n’ont tout simplement pas su élever leur niveau de jeu pour atteindre les objectifs qui ont pu être fixé en octobre 2022 (bonjour, les Mavericks). En espérant avoir la chance d’évoquer le cas d’autres équipes l’an prochain, à la même époque, lorsqu’il s’agira de se pencher sur les déceptions de la saison 2023-24 !