Le Miami Heat va avoir la chance d’aller se frotter aux Milwaukee Bucks, équipe avec le meilleur bilan de saison régulière et favorite des bookmakers. Cette affiche est devenue un classique en NBA ces dernières années. C’est le troisième affrontement entre la bande à Jimmy et le crew de Giannis depuis 2020. Le premier acte avait vu le Heat sortir les Bucks à la surprise générale avec un plan Anti-Giannis concocté par Erik Spoelstra. La dernière confrontation avait suscité beaucoup d’intérêt, les Bucks allaient-ils encore une fois se louper face au Heat ? Quatre victoires et un coup de balai plus tard, Milwaukee avait montré que le Heat et les Bucks ne boxaient plus dans la même catégorie.
Tout le monde chez QiBasket et sur la planète NBA voit les Bucks l’emporter, mais il ne faut pas vendre la peau du Bulter avant de l’avoir tué. En 2021, les Bucks avait sweepé le Heat d’un Jimmy Bulter à 29.7% au tir, avec un Khris Middleton au sommet de son art. Les années ont passé mais les Bucks semblent toujours bien au-dessus le l’ennemi Floridien. L’idée ne sera pas de prédire si sweep il y aura, mais de donner à vous lecteurs les clés pour regarder cette série et pour comprendre les forces en présence.
Que nous disent les chiffres ?
Afin d’appréhender cette série, il faut comprendre l’approche offensive et défensive de ces deux équipes. Pour cela, les four factors de Dean Oliver offrent une perspective intéressante. En résumé, on évalue la performance d’une équipe à travers quatre facteurs: l’efficacité au tir (EFG%), les pertes de balles (TOV%), le rebond offensif (OREB%), et la présence sur la ligne de lancer-franc (FTA Rate). Ces quatre facteurs sont pris en compte pour l’équipe et pour son adversaire, ce qui donne un total de huit métriques à regarder.
La première qui va nous intéresser est l’efficacité au tir. Milwaukee est tout bonnement élite en défense dans ce domaine avec un Opponent EFG% de 52% quand la moyenne est à 54.5%. Offensivement, ces Bucks sont moins impressionnants que les années précédentes, mais, en face, la défense du Heat ne semble pas capable d’étouffer l’attaque de coach Budenholzer.
En effet, la défense du Heat en saison régulière a été plus que moyenne. L’Opponent EFG% les classe derrière Indiana par exemple, avec plus de 56% d’EFG% laissé aux adversaires. Mais Spo et le Heat peuvent se transformer en Playoffs, et les Bucks se sont déjà fait surprendre en 2020. Le problème du Heat se trouve plus en attaque, avec une efficacité au tir inférieur à celle d’OKC ou du Magic. Erik va devoir se réinventer pour trouver comment attaquer la défense des Bucks.
Là où les Bucks font très fort en défense, c’est qu’ils ont réussi à être élite pour réduire l’efficacité des tirs adverses, tout en étant la deuxième équipe qui envoie le moins ses adversaires aux lancer-francs. On pense forcément à Jimmy 2 fois qui se repose beaucoup sur sa capacité à aller sur la ligne, et on se dit qu’une série contre une telle défense peut être interminable. Cherry on the cake, les Bucks sont la deuxième équipe qui laisse le moins de rebond offensif à ses adversaires. Défensivement, les Bucks se positionnent tout en haut des classements sur les four factors, hormis pour les pertes de balles adverses ont ils sont tout simplement dernier.
C’est anodin, mais ce style de défense est à l’opposé de la philosophie que pouvait avoir Jason Kidd défensivement avec les Bucks. Philosophie qui avait eu un succès de courte durée. On ne peut pas en dire autant de celle de Budenholzer qui a fait des Bucks une Rolls-Royce défensive depuis des années. Le Heat, lui, a gardé cette stratégie de générer des pertes de balles et d’aller sur la ligne des lancers, assez classique pour le Heat de Jimmy et Spo. Si on jette un œil au graphique ci-dessous, on peut voir assez facilement la différence d’approche de nos deux protagonistes.
Les Bucks sont l’équipe qui se repose le moins sur les pertes de balles adverses pour marquer, ce qui peut étonner quand on pense à Giannis, l’arme numéro 1 de la NBA en transition. L’ami Giannis s’est diversifié depuis 2020 et l’échec de la bulle, la question est maintenant de savoir ce que Spo va pouvoir mettre en place pour ralentir Giannis.
Comment ralentir Giannis ?
Ici, tout tient dans le mot “ralentir” et cela pour deux raisons. Premièrement parce que comme Laouni Mouhid, personne ne peut l’stopper. L’idée n’est pas d’annihiler Giannis mais bien de réduire son impact et de l’isoler de ses coéquipiers pour le forcer à tomber dans ses travers d’heroball. Deuxièmement, parce que pour le gêner, il faut le ralentir physiquement. Lors de son dernier match complet contre le Heat par exemple, il a littéralement couru sur la défense amorphe de Miami. Ben Taylor illustre bien cette menace que présente Giannis une fois lancé dans sa vidéo “How to be a shooting threat when you can’t shoot”.
Le match du 4 Février entre le Heat et les Bucks est une autre illustration du besoin de ralentir Giannis. Son scoring repose sur la vitesse qu’il prend avant de passer la ligne à trois points, ou off-ball. Lorsqu’il reçoit le ballon à l’arrêt, ou qu’il n’a pas la place pour prendre de la vitesse avant de driver en contre attaque, il perd de son impact. En réalité, le seul moyen de gêner un Giannis lancé, c’est de générer des passages en force. Lowry aura donc aussi un rôle à jour pour ralentir le grec.
Forcer Giannis à avoir le ballon en mains sans être en mouvement a pour conséquence de réduire son avantage athlétique mais aussi de le forcer à prendre des tirs à mi-distance. Le mieux reste de l’amener à prendre des tirs à trois points car malgré une réussite de 28%, Giannis continue de dégainer à longue distance. Boston l’avait très bien compris l’année dernière, mais cette défense demande une rigueur et une concentration à toute épreuve.
Malgré un tir friable, envoyer Giannis et ses 65% aux lancers-francs semble bien trop risqué pour être une stratégie défensive viable. Comme dans The Wire, le grec semble avoir réponse à tout. Alors si l’attaque des Bucks autour de Giannis semble difficile à ralentir, il faudra trouver comment attaquer la forteresse du Wisconsin.
Les remparts des Bucks ont-ils une faille ?
Bien que Jrue Holiday et Giannis Antetokounmpo soient des défenseurs remarquables, la pierre angulaire de la défense des Bucks reste Brook Lopez. Brook est revenu en 2023 en meilleure forme qu’en 2022, et son impact est retentissant. Il a fini la saison deuxième au D-LEBRON, et fait partie des favoris pour le DPOY. Toutes les équipes NBA sont venues se casser les dents sur les deux tours de contrôle de Milwaukee. Néanmoins, tout problème est sensé avoir une solution. Pour le problème Brook Lopez en 2022, les Celtics avait joué la carte Grant Williams. Lopez qui jusque-là ne suivait pas Grant au-delà de la ligne à trois points a été obligé de s’adapter. Le pari d’Ime avait porté ses fruits.
Quel pari va tenter Spo cette année ? La réponse se trouve peut être autour du hand-off, avec Bam Adebayo. Bam ne peut pas générer de spacing pour amener Brook Lopez à quitter la peinture. En effet, Adebayo n’a inscrit que huit trois points en carrière NBA. Mais Bam est un spécialiste du hand-off, et ce système amène Brook Lopez à sortir loin du panier. Le drop coverage de Brook Lopez est d’ailleurs beaucoup moins efficace en hand-off que lors d’un pick-and-roll classique. Malgré la défaite le 5 Février dernier, le Heat s’est montré dangereux sur les actions où Bam vient faire un hand-off.
L’autre possibilité pour mettre à mal la défense des Bucks est la contre-attaque. On a vu au-dessus que Miami était la 4ème équipe qui marquait le plus grâce à des pertes de balles adverses. Selon moi, ce sera une autre clé afin de renverser la série pour le Heat. Si le Heat arrive à mettre la pression sur les porteurs de balle des Bucks, ils pourront alors multiplier les contre-attaques où Brook Lopez n’aura pas le temps de venir gêner les tentatives Floridiennes. La tâche ne sera pas simple, car Milwaukee possède un bon nombre de porteurs de balle avec Holiday, Jevon Carter, Giannis, Joe Ingles, Grayson Allen et Khris Middleton. Ce dernier est revenu en cours de saison est n’a joué qu’une trentaine de matchs. Il sera une des clés de cette série.
Khris Middleton: WD40 ou MH730 ?
Khris Middleton s’est blessé au genou au début du mois d’Avril mais les insiders NBA l’annonce prêt pour le début des Playoffs. La vrai question n’est pas de savoir si Khris va jouer mais quel Khris allons nous avoir sous les yeux ? Sera t’il le parfait second pour Giannis en attaque, capable de fluidifier le jeu et clutch quand le match le demande ? Ou alors, viendra t’il casser la dynamiques offensives de Bud car il n’est toujours pas en rythme ? Lors de ces 10 derniers matchs avant sa blessure, Middleton semblait avoir retrouvé son basket. Il affichait un correct 36% à trois points sur six tentatives, et distribuait plus de six passes décisives par match. Il semble encore capable de driver et d’attaquer le mismatch.
Demandez à Joël Embiid, lors du dernier match, Khris l’a attaqué, pull-up à trois et drive, mi-distance aussi, Khris semblait être le WD40 dont l’attaque de Milwaukee a tant besoin. Est-ce-que Khris sera capable de régulièrement amener ce genre d’intensité avec la réussite nécessaire pour être une vraie menace en Playoffs ? Face à la défense agressive de Miami, les doutes sont permis. Des doutes en défense vont aussi refaire surface. Comment les récentes blessures ont impacté la mobilité de Khris ? Des blessures au genoux ne sont jamais sans conséquences, et on peut s’attendre à ce qu’il soit mis dans les écrans pour être attaqué par Herro et Butler.
Les minutes de Khris sans Holiday seront à surveiller, en attaque comme en défense. Sur les 479 minutes jouées ensemble, les deux compères poste un Net Rating de 8.9. Quand Khris joue avec Carter ou Allen, le Net Rating tombe autour de +2. Beaucoup de chiffres, beaucoup de détails, beaucoup de spéculation, mais le grand jour est arrivé et il est venu l’heure de donner nos prédictions !
Predictions à la volée
- Butler ira chercher au moins une victoire
- Les blessures aux genoux de Lowry et Middleton seront déterminantes
- Le Heat marquera moins de 100 points par match
- Grayson Allen et Tyler Herro vont se fritter
- Giannis finira un match dehors pour 6 fautes
- Les retrouvailles entre Jae Crowder et le Heat rajoute un peu de drama
- Giannis tournera en triple double sur la série
- Les Bucks gagneront en 6 matchs