Le basketball peut être une véritable partie d’échecs, particulièrement quand arrive l’heure des Playoffs et ses longues séries. Un changement de couverture défensive, un décalage sur les priorités offensives, un changement de stratégie sur le ciblage adverse, un repli différent peut parfois changer du tout au tout un affrontement. Et puis parfois, même une série sur le papier très équilibrée peut se jouer sur quelque chose de très simple.
C’est peut être la première leçon que nous pourrons tirer de ce Game 1 entre les Cleveland Cavaliers, à domicile, et les New-York Knicks, venus avec la ferme intention d’arracher l’avantage du terrain. Ces mêmes Knicks qui en 2021 avaient assisté médusés à leur propre échec se sont depuis achetés des talents de premier plan. Mais au-delà de cette évidence, ils ont juste fait parler leur engagement physique et leur envie de dominer. Jarrett Allen résumera cela à la pression des Playoffs, et son intensité :
Nous avons appris que le basketball des Playoffs est très intense. C’était la première expérience pour beaucoup de nos gars.
Entre stress d’une foule en ébullition, partition extrêmement physique des Knicks et arbitrage différent, il est certain que la nécessité de s’adapter est bien présente. Mais le mal est ici bien plus profond, les Knicks ont érigé le rebond offensif en élément clé de leur jeu offensif et les Cavaliers malgré une raquette constituée de deux “big” n’ont pas réussi à contenir l’énergie adverse. Pourtant, c’était un élément ô combien évident sur lequel le coaching staff a dû mettre l’accent pour préparer la série.
Nous l’avions cité lors de notre preview vidéo de la série Cavaliers – Knicks. Les Cavaliers, plutôt décevants dans la protection du rebond malgré leur taille devaient mettre l’accent sur ce domaine pour espérer maîtriser leur série. En se faisant complètement briser sous l’arceau, ils sont donc passés à côté de ce premier défi.
Hier, ils n’ont capté que 57,7% des rebonds défensifs disponibles. Vous l’aurez donc compris, cela veut dire que 43,3% du temps, New-York s’est offert une seconde chance de scorer. Ainsi, malgré un Randle pas encore à 100%, un Jalen Brunson gêné par 3 fautes rapides en première mi-temps et un Tom Thibodeau très résolu à l’idée de faire jouer son banc, les Cavs se sont inclinés.
Un ajustement simple ?
En définitive, les Knicks se sont imposés de 4 points. Nous sommes loin du blowout qui sous-entendrait un écart conséquent entre les deux équipes. New-York a pris 5 tirs de plus que ses adversaires, ont terminé avec deux paniers d’avance.
On pourrait même se dire, que finalement, c’est assez simple. Arriver avec plus d’engagement physique au prochaine match, tenter d’impliquer toute l’équipe dans le box-out, le rebond afin de sécuriser le rebond défensif. Quitte à être moins efficace en transition, ne pas laisser de seconde chance sur rebond offensif. On a déjà vu des équipes arriver dépassées dans le premier match, rebondir au suivant en changeant de visage. Après tout, le Game 1 est souvent un round d’observation. Celui où on tente de jauger les forces et faiblesses de l’adversaire. Les siennes. Avant de jouer ses meilleures cartes.
Donc finalement, c’est simple pour Cleveland ? Maîtriser le rebond.
Peut-être. Mais quelque chose nécessite toute de même notre attention. Et si ce n’est pas la seule : nous pourrions parler de l’attaque beaucoup trop stéréotypée reposant sur un Donovan Mitchell esseulé et un Darius Garland trop timoré ; celle-ci semble plus préoccupante pour une équipe qui vient de perdre l’avantage du terrain. Je parle du manque de profondeur.
Car oui, Cleveland arrivait dans la série avec un banc hautement moins productif que celui des Knicks, particulièrement en verve cette saison. Et hier soir, dès la première rencontre, l’écart entre les deux a été rendu clair : Tom Thibodeau pouvait faire appel au sien, avec des performances particulièrement éclairées de Josh Hart (17pts, 10 rbds), au four et au moulin, ou d’Isaiah Hartenstein, toujours prêt à faire démonstration de son engagement physique. Résultat, le joueur de New-York qui a passé le plus de temps sur le terrain a joué 33 minutes et des poussières. Tandis que le 5 de départ des Cavaliers n’a lui, eu quasiment aucun répit :
Aussi plusieurs questions se posent. Est-ce un ajustement si simple lorsque vous n’avez pas brillé dans l’exercice pendant 82 matchs de saison régulière ? Est-ce que c’est un ajustement si évident quand on vous demande plus d’engagement physique dans une série que vous souhaitez désormais emmener loin (avantage du terrain perdu) ? A fortiori lorsque vous risquez de jouer face à des adversaires plus reposés que vous ?
La réponse à ces questions n’a rien de rhétorique. Après tout les titulaires des Cavs sont jeunes et athlétiques. Peut-être peuvent-ils endurer cette charge pour 6 ou 7 rencontres. Mais elles ont au moins le mérite de soulever que l’intensité et la puissance physique n’ont rien d’une simple question de volonté. Et au vu de la rencontre d’hier soir, il y aura besoin d’un travail collectif pour éviter de se faire dominer de la sorte match après match :
Le constat est donc fait. J.B Bickerstaff a des choses à revoir sur sa copie. Evan Mobley qui a beaucoup souffert doit lui aussi se reprendre pour venir en aide à Jarrett Allen. Mais dans le même temps, les Knicks ont-ils moyen d’aller encore plus loin ?