Certes, ces deux franchises sont passées par des dernières saisons décevantes, où les espoirs se sont souvent changés en désillusions. Mais là, quoi qu’il advienne, la saison est déjà réussie. Cap donc sur une série qui pourrait s’avérer très intéressante entre des Cleveland Cavaliers de retour en Playoffs, et des New-York Knicks qui ont trouvé un nouvel élan après l’échec de leur saison 2021-2022.
Les deux FO avaient coché la case Playoffs dans les objectifs de la saison et si les Knicks ont eu une petite suée, c’est par la porte des Seigneurs que les deux équipes se sont qualifiées pour la post-season, laissant derrière eux les Hawks, le Heat et les Bulls.
Les joueurs de la Big Apple auront à cœur de faire oublier le 1-4 contre les Hawks en 2021 et les Cavaliers pourront enfin prononcer le mot “Playoffs” sans trembler des genoux et sans devoir parler de LeBron James.
Un duel de 4ème contre 5ème, des effectifs complets, des salles électriques dans les gros matchs, deux gros scoreurs plein de talent, tout est là pour faire de cette opposition une belle pub pour le basket.
Passés glorieux cherchent avenirs radieux
Loin de moi l’idée de faire passer Cleveland pour ce qu’il n’est pas comparé au palmarès des Knicks mais voilà deux fanbase qui doivent vivre des années passées et qui aimeraient sans doute avancer vers un futur ambitieux.
D’un côté, l’Ohio qui se prend au jeu des “Ce n’était plus arrivé depuis…” et de l’autre l’Etat de New York qui cherche à remplacer ses stars parties trop tôt. On baigne dans la nostalgie et on ose pas encore trop y croire ayant si souvent connu la déception.
Et pourtant, l’une de ses deux équipes va jouer, au minimum, une demi finale de Conférence Est cette année ! Les deux équipes en seront à leur quatrième duel en Playoffs et Cleveland n’a jamais gagné jusqu’à présent.
Rappelons enfin que durant la saison régulière les Knicks ont gagné 3 matchs et perdu un seul face aux Cavs.
Attaque
On commence donc par l’attaque. Et là-dessus, on aura donc deux clients avec deux membres de l’élite de cette saison.
Duel de flingueurs et big men
Deux gros transfuges sont venus renforcer les deux équipes cet été avec Jalen Brunson et Donovan Mitchell. On a longtemps cru que Spiderman allait poser sa toile entre deux buildings à Manhattan mais Cleveland a su saisir l’opportunité dans le money time de ce trade.
Les deux joueurs n’ont pas les mêmes qualités athlétiques mais utilisent les mêmes armes pour scorer. Spida dans un style plus aérien que son collègue mais avec une meilleure réussite derrière l’arc pour l’ancien pensionnaire de Dallas.
Cet affrontement, c’est celui de deux attaques élites de la ligue. D’un côté, les Knicks, 4eme offensive rating avec leur attaque diablement efficace malgré son apparence bizarre, de l’autre, les Cavs portés par une paire d’arrières aussi doués au scoring qu’à la création.
New-York a en effet basé son évolution sur l’arrivée de Jalen Brunson apportant un playmaking qui manquait cruellement, grâce à cet attaquant diablement efficace. Mais pas que. Julius Randle a bénéficié de cette arrivée et nous rejoue sa version 2020-2021. Et pour ne rien gâcher, l’équipe domine considérablement le rebond offensif (2eme offensive rebond % de la ligue) derrière un Mitchell Robinson vorace et un groupe globalement très physique.
Quoi qu’il en soit, Cleveland et New York ont tous les deux besoin que leurs pistoleros soient en forme pour se donner une chance de remporter un match. Dans les deux cas, le bilan est de 7W et 7L quand l’un d’eux manque à l’appel.
Les lieutenants de terrain ont soufflé le chaud et le froid cette saison. Darius Garland par son inconsistance et sa faculté à disparaitre par moments. Julius Randle davantage par son comportement pas toujours exemplaire même s’il a fourni une bien meilleure saison que la précédente avec une participation au match des étoiles. Ces deux-là doivent sortir le grand jeu pour permettre à cette série de matchs de décoller. Personne n’a oublié la défaite contre les Hawks et les matchs de Randle, qui semblait paralysé par l’enjeu et la pression de la salle mythique qu’est le MSG. De son côté, Darius doit montrer qu’il n’est pas qu’un nice guy sur un terrain et doit redevenir le baby face killer qu’il était la saison passée.A noter que Julius Randle revient peu à peu à l’entrainement suite à une blessure à la cheville et pourrait manquer le début de la série.
Cleveland a développé un jeu où les grands ont la belle vie et sont régulièrement mis sur orbite par leurs collègues. La plupart du temps, cela se passe sans encombre puisque la plupart des équipes n’ont pas deux grands joueurs capables de contrecarrer cela. Les Knicks ont de la taille à opposer à Allen et Mobley, et Bickerstaff devra surveiller que le rapport minute/utilité des deux tours soit en positif. Cela passe par nourrir Mobley et que ce dernier se mette aussi en position de recevoir la balle pour jouer son jeu et utiliser ses qualités au lieu de forcer un jeu poste bas qu’il maîtrise mal. Pour Thibodeau il faudra faire un choix sur la matchup entre Randle, Robinson, Barrett et Hartenstein pour 3 postes.
L’une des clés viendra sûrement de la production du banc. A Cleveland, Caris LeVert rayonne et semble avoir trouvé un rôle sur mesure en 6ème homme. Il a amélioré sa dernière passe, étant capable de prendre de longs contacts avant de décaler sur Allen ou Mobley ou bien encore son tir à 3pts en spot up. Le reste des remplaçants demeure très irrégulier. Rubio n’est pas encore remis à 100% de sa terrible blessure de l’an dernier, Osman peut prendre feu dans un bon soir ou rater les basiques tout aussi souvent. Il reste Dean Wade qui pourrait apporter du tir à distance et Lamar Stevens pour gratter quelques rebonds offensifs mais leurs présences a surtout une plus-value en défense.
Côté Knicks, on notera un banc plus homogène et davantage capable de permettre aux titulaires de souffler avec Immanuel Quickley qui a fini la saison en trombe et fait partie des meilleurs sixièmes hommes de la ligue, Grimes qui s’est imposé comme un all-around solide capable d’apporter de la finition et de la défense, Josh Hart qui est un renfort très notable et Hartenstein qui réalise ses meilleures performances en carrière.
Tom Thibodeau oblige, on risque d’assister à un grind des titulaires avant tout. Ceci dit, les armes ne manquent pas et il sera important de s’en servir au bon moment pour New York notamment pour forcer Rubio à rester sur le banc s’il est aussi dépassé en vitesse qu’au cour de la saison. La PACE est lente pour les deux équipes mais l’Offensive rating est supérieure pour les Knicks.
Le banc est enfin productif et on sait que trouver les bonnes rotations est crucial dans une série.
L’avantage est donc du côté de New York sur cet aspect à mon sens.
Défense
Si quelque chose peut faire la différence dans cette série, c’est la défense. Les Cavaliers, leaders de la ligue croiseront le fer avec des Knicks dans des standards faibles. De quoi offrir un avantage décisif ?
Le cadenas Wine and Gold
JB Bickerstaff est à la tête de la meilleure défense de la ligue… Ouais je sais moi aussi ça m’a fait bizarre. Avec Allen, Mobley, Okoro (encore incertain pour le début la série) et même Mitchell, les Cavaliers verrouillent la ligue à 110.6pts pour 100 possessions.
On avait peur d’un effet portes de saloon avec Mitchell et Garland en proue de la défense mais il n’en est rien et Spida a tenu à rappeler à la planète basket que ses capacités physiques pouvaient aussi servir à défendre.
Les Knicks sont quant à eux 19ème defensive rating de la ligue avec 114.8pts encaissés pour 100 possessions. Décevant dans le secteur, surtout pour une équipe coachée par Tom Thibodeau.
Si Hartenstein, en sortie de banc, amène de la protection de cercle, le banc des Cavs est plus riche d’éléments défensifs. J’y inclus Caris LeVert car son énergie a permis de récupérer de nombreux ballons pour des paniers faciles en transition. Stevens amène une certaine rage qui a su trouver un écho à de nombreuses reprises cette saison et, enfin, Dean Wade est capable de tenir un poste 3 ou 4 de manière très convaincante.
Sans aucun doute, Cleveland a une forte carte à jouer sur plan défensif, même si la raquette des Knicks s’est avérée efficace pour contenir les Cavs cette saison. S’ils ont pu remonter des déficits importants tout au long de la régulière, ils le doivent à la défense de fer qu’ils ont infligée à leurs opposants.
Home Sweet Home
L’un des enjeux pour les Cavs sera de protéger l’avantage du terrain à tout prix durant la série. Avec un bilan de 31-10 en étant à domicile et un vilain 20-21 à l’extérieur, le calcul est simple, gagner à Cleveland n’est pas simple pour les visiteurs et la Rocket Mortgage Fieldhouse peut rapidement se transformer en chaudron en fusion et permettre de remonter l’équipe dans tous types de contexte.
A l’inverse, les Knicks ont un meilleur bilan à l’extérieur qu’au Madison Square Garden. Ça semble être une hérésie complète mais c’est le cas. A eux de trouver les ressources pour venir piquer un match dans l’Ohio et faire douter une jeune équipe des Cavs qui manquent de rigueur et de nerfs lorsqu’elle est loin de ses terres.
Autrement dit, les 2 premiers matchs pourraient décider de la physionomie globale de cette série.
Les forces en présence
Les Cavaliers possèdent une défense amplement supérieure. Les Knicks une attaque sensiblement plus dynamique. Si l’on devait résumer les avantages majeurs, on pourrait dire que les Knicks possèdent l’avantage de la profondeur d’équipe, tandis que les Cavs s’appuieront sur une défense diablement efficace. Les Playoffs sont parfois de véritables parties d’échecs. Justement, est-ce le duel des coachs est un game-changer dans cette série ?
JB Bickerstaff et Tom Thibodeau
A eux deux ils en auront fait des conneries ! Le second a quand même une expérience en Playoffs plus importante mais qui reposait sur des techniques révolues et plus d’actualité. Le premier a tout à prouver, toutes les pièces sont entre ses mains, il a une équipe qui ne cesse de lui envoyer des fleurs et qui semble unie derrière sa tête pensante (et chauve).
Tous deux ont été moqués au cours de leur carrière et cette saison ils ont eu à cœur de laver leur image par de bons résultats. Mais là on parle d’autre chose. Si les joueurs se doivent d’élever leur niveau de jeu, les coachs le doivent aussi et, à ce petit jeu, il y en a un qui ne sortira pas vainqueur de ce duel… Si l’un deux se fait out-coacher, les railleries repartiront de plus belle et leurs egos doivent le savoir aussi.
Qu’attendre de cette série ?
Je ne m’attends pas à voir des envolées de points mais plutôt des matchs à l’ancienne typiques de l’Est. De l’engagement dans tous les compartiments du jeu et donc une PACE lente comme un dimanche de novembre. Le score finale de la série ne reflètera probablement pas les scores des matchs et je pense que Cleveland va passer par 6 matchs pour l’emporter.
Ceci étant dit, si un fan des Knicks me donne le score inverse, je ne vais certainement pas lui rire au nez tant les forces en présence se ressemblent. L’équipe qui trouvera rapidement une 3ème source fiable pour alimenter le marquoir fera un grand pas vers la demi-finale de conférence.