Entre les 29 novembre 2019 et 2 avril 2021 @BenjaminForant et @Schoepfer68, accompagnés ponctuellement par d’autres membres de la rédaction, ont dressé le portrait de certains des acteurs méconnus ou sous-estimés de la NBA. Au total, ce sont 63 articles qui vous ont été proposés : un par année, entre les saisons 1950 – 1951 et 2009 – 2010, avec quelques bonus par-ci, par-là.
Pour cette saison 2, Le Magnéto change de format. Si l’idée est toujours de narrer la carrière des joueurs dont on parle finalement trop peu, il ne s’agira plus de traverser de part en part la si vaste histoire de la Grande Ligue. Désormais, chaque portrait sera l’occasion de braquer les projecteurs sur une franchise en particulier, avec l’ambition d’évoquer l’ensemble des équipes ayant un jour évolué en NBA, mais également en ABA.
Replongez avec nous dans ce grand voyage que constitue Le Magnéto. Notre 82ème épisode traite non pas d’un joueur oublié, mais d’une superstar criminellement sous-estimée. Fonçons en direction de Denver et de ses 1 600 mètres d’altitude pour évoquer un joueur au moins aussi grand, Alex English.
Nous sommes le 13 janvier 2019 à Denver. L’équipe sort d’une nouvelle victoire, l’énergie est électrique dans le stade. Aux premiers rangs, un homme à la stature imposante applaudit, grand sourire, l’œil vif. La fin de la rencontre est sifflée et il file vers les vestiaires comme si de rien n’était. Rien d’anormal, tout le monde le connaît ici. Au milieu de ces joueurs NBA au sommet de leurs qualités athlétiques, le soixantenaire n’est pas ridicule. Il est plus grand qu’une bonne partie d’entre eux, et son allure au fil des années est devenue bien imposante. Avec l’âge, une bedaine assez classique pour sa tranche d’âge a poussé, comme pour valider les années qui passent et la vie oisive qu’il peut maintenant mener. Pendant que joueurs et coachs s’enferment pour fêter la victoire et débriefer de la rencontre, les journalistes prennent l’homme d’assaut. Là non plus, rien d’anormal. Cet homme, c’est un habitué des lieux, et quand il faut parler des Nuggets, on sait qu’on a là une figure de référence.
Parce que cet homme, crâne rasé et affable, c’est une légende locale. Alex English a beau voir vieilli, la franchise n’a pas oubliée l’un de ses premiers grands représentants. Et dans une ville qui n’a jamais connu les finales NBA, n’a pas vu s’empiler les stars, n’a jamais attiré même les joueurs en nombre, il est nécessaire d’honorer ceux qui ont porté dignement les couleurs du Colorado. D’autant que contrairement à de nombreuses légendes à venir, Alex English n’a pas été drafté par la franchise. Il a choisi d’être là. Et le geste compte.
Si cela ne change rien à ses exploits avec la franchise, ça veut tout de même dire quelque chose pour les fans. La franchise est allée le chercher et au fond, c’est un peu comme s’il leur avait rendu leur adoption. Puis, y a quelque chose chez l’ancienne star de la franchise qui colle bien avec l’identité des Nuggets. Jamais ils n’ont été sous le feu des projecteurs, et même quand les choses vont bien, ils ne réussissent pas à pleinement à attirer l’attention sur eux. Alors forcément, ils se reconnaissent en Alex English. Lui qui a passé les années 1980 à scorer inlassablement, sans jamais retenir l’attention des médias. Alors que ses pairs mettaient la NBA au cœur de la vie des américains, lui qui pouvait les regarder droit dans les yeux, rencontres après rencontres, se contentait de faire son travail, sans réellement chercher la gloire et l’attention.
Pourtant, quand on lui tend un micro, English est un bon client. Éloquent, juste dans ses analyses et exemplaire par son phrasé. Parce qu’au delà du basket, English a aussi voué sa vie à la langue et à son expression.
En attendant, les journalistes s’affolent autour d’English en patientant de pouvoir discuter avec la jeune garde des Nuggets. Au milieu de cette fourmilière, avec son flegme légendaire et sa bienveillance, English dispense ses impressions, tire des comparaisons et complimente à souhait, sourire en travers, le présent et l’avenir de cette jeune équipe. Mais alors qu’une journaliste l’interroge sur les différences entre son époque et l’actuelle, son regard se perd au loin. Il faut dire que de l’eau a coulé sous les ponts depuis le temps où English maniait la balle orange et arpentait les parquets. Justement, voyageons avec lui à travers l’histoire.
Il était une fois dans l’Ouest
Comme pour beaucoup de joueurs NBA, la vie a commencé modestement pour Alex. Né en Caroline du Sud, ses frères et sœurs et lui doivent grandir loin de leurs parents. Ces derniers sont partis travailler à New-York laissant à leur grand-mère la marmaille et leur éducation. Évidemment, la vie est rude et la fratrie doit apprendre à faire avec, d’autant que les fins de mois commencent très tôt et que les exigences de la survie collective obligent la vieille dame à rationner. En grandissant, donc, Alex apprend que manger une fois par jour peut être une norme et qu’il faut savoir se contenter de peu. De bonne nature, l’enfant ne s’en plaint pas et ressemble finalement déjà à l’adulte qu’il deviendra. Oui, les hivers sont froids, neigeux et le manque de moyen fait partie de leur quotidien, mais tout n’est pas si sombre. Le jeune homme est déjà capable de relativiser et le civil rights movement a considérablement amélioré la vie des afro-américains dans l’Etat.
C’est dans ce contexte globalement positif qu’il grandit et commence à s’adonner au basketball. Pourtant, là non plus tout ne démarre pas sous les meilleures auspices. Avec son allure maigrichonne, il dénote de certains de ses camarades et son style peine à convaincre ses partenaires de jeu. S’il aime pratiquer ce sport, s’intégrer n’est pas chose facile, tant en raison de l’apparence de son jeu, que par ses difficultés avec ses semblables. En raison de son style un peu pataud, maladroit et également de sa difficulté à connecter avec les enfants de son âge, il hérite du surnom Flick, abréviation d’afflicted, qu’on pourrait traduire par “affligeant” ou “atteint”. Pourtant, comme déjà mentionné, le renfermé Alex English est plutôt en phase avec l’humain et c’est probablement pourquoi, au cours de sa future carrière, il publiera 3 recueils de poésie écrits tout au long de sa vie. A ce stade pourtant, le futur ailier des Denver Nuggets s’échine encore à trouver sa place.
Le surnom et les moqueries dont il hérite ne vont pourtant pas le décourager de jouer et en prenant de l’âge, il forge son style très particulier. Pas aussi costaud que les joueurs qu’il affrontera, il s’entraîne et s’appuie largement sur son jumpshot et un toucher de balle très soyeux.
C’est avec ce background qu’il intègre l’université de North Carolina. Là-bas, il s’impose comme une des premières stars de l’histoire du basketball universitaire. Entre sa faculté à scorer en volume, prendre du rebond et son efficacité, il marque nécessairement les esprits. Au cours de ces 4 années, il aiguise également son intérêt pour les arts qui le suivront sa vie durant. Il s’intéresse à l’architecture et la sculpture, mais c’est avant tout pour la littérature et la poésie que son cœur flanche. Là-bas, il s’offre une réputation de basketteur mais durcit également les contours de cette future star qui fuit les projecteurs. Un basketteur-artiste dont la sensibilité lui permettra, à sa façon de faire les beaux-jours d’une franchise qui lui ressemblera beaucoup.
Pourtant, malgré 4 belles saisons universitaires, un comportement exemplaire et une santé de fer, Alex English ne voit pas sa côte crever les plafonds. Alors qu’il se présente à la draft de 1976, le joueur voit son nom quelque peu boudé est n’est finalement drafté qu’au second tour, en 23eme position, par des Milwaukee Bucks orphelins de Kareem-Abdul Jabbar, parti deux ans plus tôt à la conquête de Los Angeles. Les grandes heures des Bucks semblent bel et bien appartenir au passé et il est temps pour la franchise de tracer un nouveau futur. La sélection d’Alex English ne semble pourtant pas être le cœur du projet et après 2 ans à ronger son frein sur le banc en raison d’une concurrence trop grand à sa position, l’ailier profite du statut d’agent libre pour filer… à Indiana.
Indiana est comme Milwaukee : une franchise qui cherche à se remettre d’aplomb. Cette fois, en revanche, Alex English fait bel et bien partie des plans de l’équipe et il se révèle comme un scoreur et un titulaire. Il n’est pas encore une star, mais joue et démontre un talent certain pour enfiler des paniers. Pourtant, au cours de sa deuxième saison, il est échangé contre une ancienne vedette des Pacers : George McGinnis. Ce dernier a fait les beaux jours de la franchise lorsqu’elle évoluait encore en ABA, et malgré une carrière à la dérive, Indiana échange le prometteur English aux Denver Nuggets. Ce qui va signer le début d’une longue idylle à l’aube des années 80.
Coup de foudre à Denver
Alex English, scoreur de la décennie
Alors que George McGinnis va rapidement disparaître de la NBA après le trade, Alex English va connaître une trajectoire opposée. Et un homme va permettre ce décollage : Doug Moe. Anciens assistant coach de la franchise, jusqu’en 1976, il fait son retour dans le Colorado après 4 années chez les San Antonio Spurs. A la tête de cette équipe après 6 mois à observer en tant qu’assistant, il est finalement positionné à la tête des Denver Nuggets.
Il va alors fait un choix tactique qui va fortement bénéficier à English et faire de lui un joueur majeur de l’histoire de la franchise. Le mantra de l’équipe va être simple : tout faire pour scorer. Avec Moe à la barre, les Nuggets courent beaucoup. Ils se jettent en transition dès que la balle est récupérée ou a traversé les filets, et mettent en place une attaque placée très brève où les joueurs doivent dégainer dès qu’une opportunité se profile. Dès la première saison complète dans les Rocheuses, les statistiques d’English deviennent incomparables avec ce qu’il proposait ses premières saisons en NBA. Il termine la saison à 23,8 points, 8 rebonds et 3,8 passes décisives. Alex English a toujours été un joueur à l’aise dans des attaques débridées et dans du jeu rapide, notamment dans ses années universitaires.
Son style matche parfaitement avec les attentes du coach. D’autant que l’ailier est un joueur très complet. Scoreur de haut volume, il est à l’aise pour se frayer un chemin vers le panier. Mais surtout, son tir a beau ne pas être très académique, toujours est-il que son tir à mi-distance est une arme létale dont il ne se prive pas d’utiliser. En prime, il est un rebondeur très solide malgré son apparence assez frêle et un playmaker qui ne demande qu’à prendre plus de responsabilités.
Après une première saison qui permet de poser les bases d’une nouvelle ère pour le joueur, il faut désormais décoller sur le plan collectif. Le style de jeu de l’équipe de Doug Moe en fait une équipe qui score a très haut volume, et doit prendre le dessus sur ses adversaires par l’attaque et uniquement par l’attaque. Or, si le bilan est mitigé après cette première saison (37-45), les dirigeants croient toujours en leur coach pour leur faire franchir un cap.
Bonne nouvelle, l’équipe ne va plus attendre pour décoller. Ces aficionados du run & gun commencent à partir de la saison 1981-82 à finir leurs saisons avec un bilan positif. À partir de cette saison et jusqu’à la saison 1990-91 (dernière saison d’English à Denver), ils jouent entre 4,6 et 15,9 possessions de plus que la moyenne de la Ligue. Et à ce rythme effréné, ils vont réussir à accéder aux playoffs à 9 reprises sur 10 possibles.
Quant à Alex English, c’est le véritable début de sa carrière et de celle qui va faire de lui une légende, méconnue, mais légende quand même. Durant cette décennie, il va scorer 26,9 points en moyenne, capter 5,9 rebonds et distribuer 4,6 passes décisives par match. Sur le plan des récompenses, il est élu 8 fois All-star malgré un public trop peu au fait de ses exploits, à une période où la NBA prend son essor grâce à la rivalité Bird-Magic. En plus de cela, il obtient 3 sélections dans les All-NBA Teams et un titre de meilleur scoreur de la saison en 1982-83. En obtenir qu’un ne l’empêchera pas d’être le scoreur le plus prolifique des années 1980, ni plus ni moins. Entre une capacité à scorer à haut niveau, soir après soir, et une santé de fer (seulement 7 matchs manqués dans la décennie !), il s’implante dans les livres d’histoire comme un scoreur invétéré dont seul la longue carrière universitaire (coutume à l’époque) et une éclosion tardive empêcheront de toucher les sommets.
Pour autant, si les Nuggets sont désormais une équipe sur laquelle on peut compter pour les playoffs et qu’English est l’un des joueurs les plus durs à stopper de la Ligue, il est nécessaire de se focaliser sur le moment clé d’une saison NBA : les playoffs. Car si la saison régulière vous assure un statut de star et l’accès aux records, c’est en post-season que se forgent les légendes.
Alex English face aux playoffs
Dans une décennie où les joueurs courent beaucoup et les attaques se taillent la part belle, les Nuggets font office d’extrémistes. Avec Alex English sur les ailes, mais également Kiki Vandeweghe (autre scoreur à haut volume) et Dan Issel au poste de pivot, Denver n’a aucun problème à enfiler les paniers. Or si l’attaque vous assure de belles saisons, savoir réaliser des stops en défense vous facilite considérablement la tâche une fois les joutes de playoffs lancées. Sachant cela, comment la franchise s’est comportée durant la décennie et comment le jeu d’Alex English s’est transposé à ce contexte ?
Déjà âgé de 28 ans, Alex English dispute en 1982 sa seconde campagne de playoffs. La première avec un véritable rôle. Opposé aux Suns, favoris, les Nuggets vont chuter 1-2. Pour English, c’est un court apprentissage qui laissera des velléités revanchardes après une série décevante. Il est en deçà de son impact habituel et peine à trouver la mire, ne pouvant empêcher une défaite à l’extérieur lors du game 3.
Le hasard faisant parfois bien les choses, il obtient une opportunité de racheter et de prendre sa revanche dès l’année suivante. Après une saison régulière faisant peu ou prou office de copier-coller de la précédente collectivement, l’ailier arrive plein de confiance. Il vient de remporter son premier (et dernier) titre de meilleur scoreur de l’année et peut sereinement recroiser la route des Phoenix Suns. Et cette fois, il transforme l’essai. Plus en verve que la saison précédente, il met une grosse pression sur la raquette adverse. En dépit d’un statut de challenger, le 6eme de conférence ne tremble pas et réussi à arracher une qualification pour les demi-finales de conférence. English, termine à 26,7 points par match, 7 de plus que la saison précédente. S’il n’est pas le joueur le plus déterminant de la série, Kiki Vandeweghe brillant particulièrement par son efficacité, English connaît enfin la satisfaction de passer un premier tour de playoffs, quelques mois avant la trentaine.
Malheureusement, la belle histoire s’arrête là. Opposé aux Spurs du trio Gervin – Moore – Banks, les Nuggets n’ont pas les éléments défensifs pour se permettre d’y croire. Ils encaissent 132,5 points par match sur la série et encaisseront un autoritaire 4-1.
Après une saison 1983-84 décevante et une élimination au premier tour des mains du Jazz d’Adrian Dantley, les Nuggets se renforcent et réussissent à monter une défense quasiment dans les standards de la Ligue. Pendant l’intersaison, Calvin Natt arrive à Denver pour former un duo offensif avec English et remplacer Vandeweghe, parti à Portland. L’équipe connaît sa meilleure saison depuis l’arrivée d’English et la prise de pouvoir de Doug Moe, terminant avec un bilan de 52-30.
Les Nuggets arrivent au premier tour favoris et croisent à nouveau le fer contre les Spurs. Toujours porté par George Gervin, San Antonio a néanmoins chuté dans la hiérarchie de l’Ouest. Toutefois, la série est très accrochée et si Denver l’emporte 3-2, c’est avant tout parce que cette fois, l’équipe est capable de réaliser des stops en défense. Elle n’encaisse “que” 110,2 points par rencontre et English s’impose comme le leader offensif (29,8 points). La route peut continuer. Et cette fois, c’est le bourreau de la saison passée qui vient croiser la route des Nuggets. Une fois de plus favoris, le Jazz sera incapable de contenir la paire English (30,6 points / match) – Natt (22,8 points / match) qui vont expédier Utah en 5 rencontres.
Alex English est désormais en finale de conférence et va en découdre avec le leader de l’Ouest pour espérer atteindre les finales NBA : les Lakers de Kareem-Abdul Jabbar, Magic Johnson, Byron Scott, James Worthy et autres joueurs de renoms. Face à ce titan, les Nuggets sont confrontés à leurs limites intrinsèques. Certes, le roster a du talent, mais son run & gun ne suffit pas à faire plier les Lakers, loin s’en faut. Les hommes d’Hollywood vont cantonner ceux des rocheuses à un maigre offensive rating : 106,2. Les Lakers ont rendez-vous avec l’histoire et plient la série en 5 matchs.
Les derniers coups d’éclats
L’année suivante, les Nuggets progressent encore en défense et sont au-dessus des standards de la Ligue. Malheureusement, leur attaque perd de son liant et s’ils terminent tout de même à 47 victoires et à la 3eme place de l’ouest, la progression s’est enrayée. Au premier tour, ils affrontent les Portland Trail Blazers de … Kiki Vandeweghe.
Comme une confirmation que l’équipe a fait le bon choix en l’échangeant, le trio Alex English – Calvin Natt (arrivé de Portland) – Fat Lever (arrivé de Portland) dominent la série, permettant aux Nuggets de se qualifier rapidement (3-1). Hélas, opposés aux 2eme de conférence, les Houstons Rockets portés par Hakeem Olajuwon et Ramph Sampson, l’attaque de Denver se casse les dents. Si English est inarrêtable en dépit de la présence d’un des meilleurs défenseurs de l’histoire dans la raquette (29,8 points / match), Natt se brise sur les récifs adverses et Houston avance au tour suivant.
Au sortir de cette déception, les choses s’apprêtent à se corser. Alors que 1985 a été la dernière saison de Dan Issel, la saison 1986-87 est marquée par la saison blanche de Calvin Natt qui se blesse lourdement dès le premier match de la saison. Les Nuggets se qualifient péniblement en playoffs et sont une nouvelle fois exécutés des mains des Lakers.
Au début de la saison 1987-88, Alex English sait que le temps presse. Il aura 34 ans au terme de cette saison et s’il est toujours au sommet offensivement, il n’est pas naïf. Mauvaise nouvelle, la blessure de Calvin Natt a laissé le joueur sur le carreau, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Pour autant, de multiples renforts permettent à Denver de posséder moins de menaces de premier plan, mais une attaque plus homogène. Ainsi, ils réalisent la meilleure saison de l’ère English, terminant à 54 victoires et possèdent également la meilleure défense que les Nuggets ont possédé dans ce laps de temps.
2eme à l’Ouest, les Nuggets affrontent les Seattle Supersonics au premier tour. Favoris, ils vont toutefois connaître une série délicate. Opposés à une défense bien en place et dominés au rebond, les Nuggets paniquent. Ils tirent à 41,8% sur la série et Alex English est malmené alors qu’il est l’attaquant principal de l’équipe. Heureusement, Jay Vincent propose une série d’un bel acabit et vient en aide à l’ailier pour se débarrasser 3-2 de Seattle.
Au tour suivant, les Nuggets croisent la route d’une jeune franchise : les Dallas Mavericks. Dans cette série, moins âpre, Alex English retrouve des couleurs, scorant 25,8 points par rencontre. Malgré tout, il est terriblement isolé et la fragilité aperçue au tour précédent se conforme : Denver s’effondre et s’incline en 6 rencontres. Cette victoire au premier tour est la dernière de l’ère Doug Moe / Alex English.
La saison suivante, les Nuggets reculent alors qu’English, bientôt 35 ans, entame son déclin. Une élimination au premier tour plus tard, c’est la fin de l’expérience Doug Moe, mais pas du run & gun. Paul Westhead prend sa place et possède une philosophie équivalente. Mais si Doug Moe se souciait peu de défendre, Westhead n’y pense même pas. Résultat, l’attaque devient caricaturale, mais ne suffit plus à compenser une défense désastreuse. Après avoir été éliminé d’un revers (0-3) des mains d’un vieil adversaire, les Suns, en 1989, en dépit d’une série de haute facture, ce sont les Spurs qui cette fois balayent Denver en 1990 (0-3, encore, 19 points / match). Si le final est décevant, l’ailier s’est tout bonnement imposé comme le scoreur le plus prolifique de la décennie 1980.
La fin
Malgré ce nouvel échec en playoffs, Alex English veut s’offrir une dernière danse. En 1990, il rempile pour une ultime saison NBA. Âgé de 37 ans, il obtient la confirmation que tout est plus difficile. Il finit par sortir du 5 de départ après une vingtaine de rencontres et se transforme en role player particulièrement peu efficace. Les Nuggets ne font désormais plus partie de l’échiquier de l’Ouest, et si English n’est pas prêt à raccrocher les sneakers, il comprend que son temps dans la Grande Ligue est terminé.
Alors, tel un acteur des 60s sur la pente descendante, il décide de se tourne vers l’Europe pour donner à sa carrière un sursis. Et comme Cliff Booth (rappelé à notre ère par le dernier film de Quentin Tarantino), c’est vers l’Italie que se tourne notre basketteur-artiste qui termine sa vie dans la balle orange après une ultime saison à Naples.
La place au box-office des Nuggets
Lorsqu’à l’été 1991, Alex English ne reçoit plus d’intérêt d’équipes NBA, il occupe une place monstre dans l’histoire de la franchise. Du point de vue des chiffres, il rafle à l’époque la mise dans l’essentiel des catégories statistiques, puisqu’il est le recordman du nombre de points, du nombre de passes, de matchs et de minutes disputées sous l’uniforme des Denver Nuggets, alors que la franchise s’apprête à traverse une période maigre en résultats, qui prendra plus ou moins fin dans les années 2000.
Après le passage d’Alex English, il faudra attendre très longtemps avant qu’un joueur n’ait une empreinte équivalente. Dikembe Mutombo offrira quelques beaux moments, mais c’est avec Carmelo Anthony que la franchise connaîtra réellement un vent nouveau. Toutefois, c’est bien dans la période actuelle, et toujours sous l’œil d’English, spectateur assidu, que Denver connaît sa période de succès la plus régulière. Si Nikola Jokic semble en passe d’éclipser English dans l’histoire de la franchise des Nuggets, toujours est-il qu’il reste à ce jour un des noms les plus éminents de la balle orange dans le Colorado.
—
Sources notables :
https://www.washingtonpost.com/archive/sports/1987/04/09/nuggets-english-point-production-to-film-production/5d7657c7-29e3-41ad-b7b9-45361d221fcf/
https://www.nba.com/news/history-nba-legend-alex-english