Luka Doncic réalise une nouvelle saison de haute facture. Parmi les favoris pour le titre de MVP 2023, il est la principale force de création des Dallas Mavericks, une équipe qui lutte pour se qualifier en Playoffs sans passer par la case Play-in. Doncic a dès son arrivée en NBA rendu les choses claires : nous étions sur un prospect d’exception, tant par le potentiel exprimé que par la précocité dont il faisait preuve.
Alors qu’il évolue dans sa 5eme saison NBA, il a transformé Dallas en une équipe compétitive dès sa seconde saison, jouant les Playoffs tous les ans depuis 2019-20. Après plusieurs années à buter sur le premier tour, il a l’an passé connu ses premiers succès en Playoffs atteignant les finales de conférence après avoir sorti le favori de la conférence Ouest au meilleur des 7 matchs.
Pour autant, en ce début de saison 2022-2023, une question se pose toujours : quels renforts les Mavericks peuvent-ils obtenir pour rendre l’épopée de Luka Doncic et des Mavericks viable ? En effet, nous parlions l’an passé de comment le système de certaines équipes avait permis de rentabiliser au mieux les profils disponibles à travers une description du Space Ball.
Toutefois, la position déjà un peu légère de Dallas dans la conférence Ouest s’est compliquée avec le départ de Jalen Brunson aux Knicks durant l’été. Second créateur mésestimé, son départ a été “compensé” par une arrivée intéressante, Christian Wood, mais les Mavericks ont perdu un relais de haut niveau à la mène pour Doncic.
Et c’est là que le bât blesse : entre une précocité extrême qui n’a pas permis aux Mavericks de drafter haut pendant plusieurs années pour accumuler une base de prospects à développer, une gestion assez délicate des échanges et une équipe de vétérans autour de Luka Doncic, les Mavs ont-ils déjà utilisé toutes leurs ressources ou ont-ils encore de la marge pour apporter au Slovène un renfort de poids ?
Une gestion peu reluisante
Les Phoenix Suns ont prouvé ces dernières saisons qu’une mauvaise gestion n’empêchait pas nécessairement de rêver grand un beau jour. Après des années à rater leurs choix de draft, après une décennie calamiteuse en termes de résultats, ces derniers ont enfin obtenu un déclic en ramenant Chris Paul et en conservant les bons éléments. Depuis, c’est 2 bonnes saisons régulières et une apparition en finales NBA.
Toutefois, cette gestion hasardeuse a considérablement compliqué la situation actuelle de la franchise. Suite au titre 2011, Mark Cuban et ses équipes avaient décidé de renouveler l’effectif autour de Dirk Nowitzki. Une période durant laquelle de nombreux ménages ont été faits pour tenter de signer des grands nom de la free agency, suivis de créations d’effectifs assez faibles en plan B ou C. Après plusieurs années qui ont dégradé la structure d’équipe, la franchise a tenté plusieurs paris dont des joueurs comme Chandler Parsons, puis Harrison Barnes qui pour des raisons différentes se sont avérés de cuisants échecs. Lorsque le déclin de Dirk Nowitzki s’avéra inéluctable, les Mavericks ont pu passer plusieurs saisons dans les bas fonds de la ligue.
Si en 2017, la franchise essuie un échec à la draft avec Dennis Smith Jr, elle réussit beaucoup mieux la saison suivante. Échangeant son pick 5 et son futur 1er TDD 2019, elle obtient Luka Doncic drafté en 3. Un choix qui va rapidement propulser la franchise. D’autant qu’au second tour, les Mavs font main basse sur… Jalen Brunson. Conscients de détenir un futur candidat MVP, la franchise enchaîne, comme souvent en réalisant un choix risqué.
Elle monte un échange pour Kristaps Porzingis, contre 2 futurs 1er TDD (2021 & 2023) et plusieurs joueurs de rotation pour Kristaps Porzingis, Tim Hardaway Jr et Courtney Lee. Seul hic, cet échange qui paraît plutôt gagnant est réalisé car Porzingis prétend à un contrat maximum alors qu’il souffre d’un rupture des ligaments croisés. Une blessure pas anodine à fortiori pour un joueur de 2m21 dont le jeu au poste est inexistant.
Ce choix a un certain potentiel : le letton est un stretch-5, peut être un protecteur de cercle grâce à sa taille, mais toujours est-il qu’il doit gérer son retour. Un retour d’autant plus délicat qu’il a toujours été sujet à blessures et possède un prototype physique particulier. Quelques jours plus tard, Dallas poursuit son entreprise de reconstitution en échangeant Harrison Barnes contre Justin Jackson et Zach Randolph. L’objectif étant de faire la place pour les prolongations de Dorian-Finney Smith, Maxi Kleber et Kristaps Porzingis.
Après 2 années compliquées avec le Letton et pas mal de bricolage, les Mavs échangeront Porzingis contre Davis Bertans et Spencer Dinwiddie. Bertans débarque avec un contrat en or massif (80M sur 5 ans signé avec les Wizards) et un temps de jeu famélique avec Washington. Si Dinwiddie apportera satisfaction en 3eme créateur, Dallas vient de sacrifier la valeur de 2 futurs 1er TDD et Harrison Barnes pour Spender Dinwiddie et Tim Hardaway Jr.
En parallèle, les nombreux 1er et 2nd TDD sacrifiés durant les années précédentes appauvrissent les renforts venus de la draft. Seul Josh Green obtenu en 2020 a pleinement intégré la rotation de la franchise. Pas de quoi offrir des chances de s’améliorer par la formation. Le seul joueur qui fera office de bonne surprise durant cette période de 5 ans est Jalen Brunson. Malheureusement, la franchise le laisse partir cet été, refusant de s’aligner sur le contrat offert par les New-York Knicks. Dans le même temps, l’équipe s’active pour aller chercher un intérieur capable de shooter en la personne de Christian Wood dans un échange qui, pour le coup, n’a pas coûté de pièces importantes à la franchise.
Quelle situation financière ?
La notion de salary cap est une notion d’intérêt relative. Bien sûr, être sous le cap signifie pouvoir acquérir des joueurs sans contrepartie. Mais être au-dessus, à l’inverse, permet de monter des échanges sans réellement se soucier de l’équilibre de la contrepartie financière. Pour autant, si besoin de confirmation, les Mavericks sont au-dessus et vont devoir donc réussir à séduire des partenaires de trade pour acquérir une star supplémentaire.
La franchise possède donc 167M de salaires cumulés sur cette saison et déjà 143M de garantis pour la suivante. Luka Doncic est le seul contrat max de l’équipe, et l’essentiel du cap est donc rempli de role players compétents mais dont aucun ne semble capable de dévoiler un potentiel supérieur à ce qu’ils ont produit jusqu’ici dans leur carrière.
La situation collective
En l’état, les Mavericks sont une équipe fonctionnelle qui possède suffisamment de bons défenseurs pour s’adapter en post-saison, des menaces à longue distance capables de sanctionner les prises à deux (ou plus) sur Doncic, mais dont la plus grosse menace balle en main derrière la star de l’équipe est Spencer Dinwiddie.
La formule peut fonctionner en saison régulière si Doncic demeure en bonne santé, mais elle donne néanmoins de véritables raisons d’être perplexe.
On sait qu’une équipe héliocentrique construite autour d’une seule menace majeure tend à être plus facile à stopper une fois en post-saison. Les défenses adverses commencent à monter des plans pour enrayer les forces adverses, tout comme les attaques s’organisent pour attaquer l’adversaire sur ses faiblesses. Or, les Mavericks possédaient l’an passé un joueur hautement efficace sur pick&roll et isolation qu’ils ont laissé partir.
Si médiatiquement le départ de Jalen Brunson n’a pas fait des émules, il était pourtant un game changer pour la franchise. A titre de comparaison, on peut dire que le jeu de Luka Doncic se rapproche quelque peu de celui de James Harden à Houston. Si le supporting cast d’Harden était supérieur à celui de Doncic, c’est pourtant en ajoutant une seconde option capable de prendre la balle des mains du barbu que l’équipe a connu son pic. En effet, en ajoutant Chris Paul au relais d’Harden, le travail des défenses était plus complexe une fois la post-saison arrivée.
De plus, cela retirait de la charge offensive des épaules du joueur, ce qui compte quand on traverse 82 matchs de saison régulière et les Playoffs.
En somme, les Mavs version Doncic-Brunson étaient une version très inférieure des Rockets d’Harden-Paul. Il s’agit maintenant, très probablement, de ramener une menace d’envergure pour seconder Doncic. Même si retirer la balle à ce dernier peut paraître contre-intuitif sur le papier.
Les Mavericks possèdent-ils encore les moyens d’obtenir une star ?
Après plusieurs années à réaliser des échanges coûteux et parfois perdants, après une draft globalement peu prolixe, les Mavericks ont-ils toujours les moyens de réaliser un échange majeur ?
Nous l’avons dit, il semble improbable de voir l’équipe vider son salary cap pour chercher une star. Avec plus de 50M au-dessus du cap, il faudrait éliminer l’essentiel du roster, ce qui n’est évidemment pas le meilleur moyen d’attirer un joueur majeur.
Surtout que les joueurs les plus intéressants sont des vétérans dont le potentiel est déjà atteint et qui sont vitaux pour l’équilibre de l’équipe. Dorian Finney-Smith, Maxi Kleber, Christian Wood voire Dwight Powell semblent essentiels dans le contexte actuel.
Il faut dès lors réussir à rendre un échange attractif tout en évinçant des contrats. Depuis plusieurs saisons, réaliser un échange d’envergure semble avoir un coût assez aisément quantifiable. S’il y a bien sûr des différences en fonction du nombreux d’années disponibles, du niveau de le star acquise ou des joueurs qui accompagneront l’échange, toujours est-il que cela s’obtient à coups de 1er tours de draft, allant de 3 à 5, au regard des derniers échanges réalisés entre 2019 et 2022. Pour la franchise qui paie le prix fort, c’est s’ouvrir une chance pour passer un cap supplémentaire : souvent dans l’optique d’aller chercher le titre. Cela veut aussi dire, qu’en cas d’échec, lancer un cycle de reconstruction est quasi-impossible puisque la franchise n’est plus en possession de ses tours de draft et donc, de son destin.
Pour mieux comprendre l’idée, je vous renvoie à cet article sur le coût d’une star en NBA.
La situation des Mavericks et leurs tours de draft
Si on prend en considération que le coût pour une co-star serait un grand nombre de tours de draft, qu’en est-il de la situation des Mavericks ? La mauvaise nouvelle, c’est que, comme susmentionné, les Mavs ne sont pas en possession de leur prochain tour de draft. Cette saison encore, peu importe le résultat de la seconde partie d’exercice, ce sont les Knicks qui drafteront avec le pick 2023 de Dallas.
La bonne nouvelle, en revanche, c’est qu’à partir de 2024, la franchise texane possède cette fois la totalité des ses choix. Et c’est là que la franchise à un véritable coup à jouer. Certes, en vertu de la “Stepien rules“, elle ne peut, comme les autres franchises, donner 2 tours de draft consécutifs. Si Dallas venait à jeter son dévolu sur un joueur annoncé sur le départ, elle monterait un deal proche de ceux qu’on a vu cet été pour Donovan Mitchell & Rudy Gobert. C’est à dire qu’elle donnerait à son partenaire d’échange 1 tour de draft tous les 2 ans, tandis qu’elle donnerait à l’équipe d’en face la possibilité de choisir le choix le plus favorable entre le leur et celui concédé.
En général, cela signifie 4 à 5 saisons où les Mavericks connaîtraient une année sans choix de draft au 1er tour et une autre avec le moins bon des deux choix disponible. Pour autant, cela signifie qu’il reste une cartouche à Dallas pour s’offrir à peu près n’importe quelle star de la ligue sur le départ. A eux de se montrer convainquant et surtout de frapper juste dans leur choix, s’ils venaient à recourir à cette option.
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En somme, si rien ne garantit une grande saison pour Dallas, l’espoir demeure. Il reste à priori au moins un échange à la franchise si elle souhaitait s’offrir une chance de passer un nouveau cap. Avec un salary cap déjà bien rempli et la menace d’une luxury tax qui se profile, cela signifiera très probablement de trouver un moyen d’inclure ou de se séparer de joueurs comme Tim Hardaway Jr ou Davis Bertans via des échanges. Pour autant, la perspective de ramener un joueur du calibre de Donovan Mitchell (par exemple) est toujours ouverte pour les Mavericks. Et c’est déjà une belle nouvelle lorsqu’on possède un joueur qui a tout le potentiel pour régner sur la ligue dans les années à venir…. S’il reçoit les renforts nécessaires.