Entre les 29 novembre 2019 et 2 avril 2021 @BenjaminForant et @Schoepfer68, accompagnés ponctuellement par d’autres membres de la rédaction, ont dressé le portrait de certains des acteurs méconnus ou sous-estimés de la NBA. Au total, ce sont 63 articles qui vous ont été proposés : un par année, entre les saisons 1950 – 1951 et 2009 – 2010, avec quelques bonus par-ci, par-là.
Pour cette saison 2, Le Magnéto change de format. Si l’idée est toujours de narrer la carrière des joueurs dont on parle finalement trop peu, il ne s’agira plus de traverser de part en part la si vaste histoire de la Grande Ligue. Désormais, chaque portrait sera l’occasion de braquer les projecteurs sur une franchise en particulier, avec l’ambition d’évoquer l’ensemble des équipes ayant un jour évolué en NBA, mais également en ABA.
Replongez avec nous dans ce grand voyage que constitue Le Magnéto. Notre 81ème épisode nous permet d’évoquer la carrière de Wally Szczerbiak, ancien ailier des Minnesota Timeberwolves au nom bien compliqué à écrire.
Il était une fois dans l’Ouest
Minneapolis, 1989
Au crépuscule des années 90, les Minnesota Timberwolves sont encore une franchise juvénile, à peine âgée de 10 ans. Créée en 1989, elle peine malheureusement à faire son trou en NBA, enchainant les saisons dans les bas fonds de la ligue. Pourtant, ce n’est pas la première fois qu’une équipe professionnelle est implantée dans les Twin Cities. Outre deux franchises ABA, Minneapolis a surtout connu la création des Lakers, qui tiennent leur nom de cette région des lacs, avant leur départ pour Los Angeles en 1960. Avec cinq titres remportés entre 1949 et 1954, dont trois consécutifs, on parlait alors de dynastie, la première de l’histoire NBA. Une dynastie à Minneapolis, vous avez bien lu. Comme quoi, la lose dans le Minnesota, ça n’a pas toujours été vrai… Enfin il y a longtemps.
Car pour ce qui est des Timberwolves, les débuts sont pour le moins compliqués. A l’inverse du Magic d’Orlando, arrivé la même année et qui connaitra une ascension rapide, avec notamment une participation aux Finales 1995, les loups piétinent. Eux qui tiennent leur nom de la présence massive de loups des bois dans le Minnesota ne font pas vraiment peur à grand monde dans la Ligue. S’ils ne sont pas très inspirés lors des différentes draft, ils sont aussi assez malchanceux. Malgré leurs classements catastrophiques, ils ne bénéficient jamais d’un choix dans le Top 3, passant à côté de futures grandes stars.
Dans des cuvées assez pauvres, les Wolves peinent à renforcer leur effectif, et seules les sélections de Christian Laettner et Isaiah Rider semblent donner un peu d’espoir. Celui-ci restera vain, Minnesota étant trop instable au coaching. Et après une expérience infructueuse pour Jack McCloskey, le GM fondateur des Bad Boys de Detroit, la franchise est au fond du gouffre, 5 ans seulement après sa création. Les propriétaires, Harvey Ratner et Marv Wolfenson (vous l’avez ?), conviennent d’une vente de l’équipe pour une délocalisation à New Orleans. C’est la NBA qui sauve les Timberwolves d’un déménagement, refusant ce mouvement. Glen Taylor rachète alors la franchise, et nomme la légende Kevin McHale aux commandes.
Après une nouvelle saison ratée, Minnesota obtient le 5ème choix de la draft 1995. Les loups jettent alors leur dévolu sur un jeune lycéen, du nom de Kevin Garnett. Flip Saunders est également nommé coach. Vous l’aurez compris, les Timberwolves s’apprêtent enfin à prendre leur envol. En ajoutant des éléments comme Tom Gugliotta, ou Stephon Marbury (en échange du jeune Ray Allen, un choix qui s’avèrera contestable sur le long terme), la franchise connaît enfin le bonheur en 1996-1997. Garnett et Gugliotta sont les premiers All-Stars dans l’histoire des Wolves, et ces derniers accrochent leurs premiers Playoffs. Sweepés au premier tour, ils rééditent la performance l’année suivante, remportant leur premier match en postseason et passant proche d’un uspet face aux Sonics.
La saison 1998-1999 sera le théâtre d’un lock-out majeur dans l’histoire NBA, en grande partie causé par la signature du gigantesque contrat de Kevin Garnett un an plus tôt – une extension de 6 ans pour 126 millions de dollars. Les Wolves ont d’ailleurs alourdi leurs finances, et souhaitent garder de l’argent pour conserver leur deuxième future star, Stephon Marbury. Malheureusement, cela entraine le départ de Tom Gugliotta, qui en plus ne souhaite plus jouer avec le meneur. Marbury, lui, décide alors qu’il veut être LA star d’une franchise, et force son trade lors de cette saison, laissant Minnesota orpheline de Gugliotta et perdant à presque tous les niveaux. Dans l’échange, les Timberwolves récupèrent notamment le meneur Terrell Brandon, et ce qui deviendra le 6ème choix de la draft 1999.
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Pendant ce temps-là, de Madrid à New York
Chez les Szczerbiak, le basket est devenu une affaire de famille. Walter, né en Allemagne, a fait ses classes dans le parcours universitaire américain, avant de faire un bref passage par la ABA dans les années 70. Surtout, il décidera de rallier l’Espagne et le Real Madrid, avec lequel il s’illustrera, remportant trois titres consécutifs de FIBA Intercontinental Cup (ancienne Euroleague), et nommé MVP de la compétition en 1977. Quelques semaines avant cette nomination, Walter et sa femme Marylin avaient alors donné naissance au petit Wally Szczerbiak, dont le chemin était déjà tout tracé.
La famille déménage à Long Island après la retraite de Walter. Son fils grandit donc dans le parcours scolaire américain, se prend de passion pour la balle orange et se fait même remarquer lors de ses années lycée. Cependant, Wally est trop petit pour attirer l’attention des recruteurs universitaires de la côte Est. C’est Wally lui-même qui prendra les devants pour s’engager avec l’université de Miami… A Oxford, dans l’Ohio. Allez comprendre la logique des noms. Si ses deux premières saisons sont timides, Wally explose lors de son année junior, avant de confirmer. Avec plus de 24 points de moyenne, Szczerbiak mène les Redhawks jusqu’au Sweet 16 du tournoi NCAA de 1999, après deux performances remarquables (notamment un premier match éliminatoire à 43pts dans un upset face à Washington). Wally laissera sa marque à l’université de Miami, devenant le 5ème joueur à voir son maillot retiré (en 2002) et entrant au Hall-of-fame du campus quelques années plus tard. Wally a bien grandi, culminant maintenant à 2m01, et son talent est évident. Après un parcours complet à l’université, le fils Szczerbiak décide de s’inscrire à la draft NBA 1999. Il sera choisi rapidement, en 6ème position, par les Minnesota Timberwolves.
Coup de foudre à Minnesota
Prêt à contribuer
A 22 ans, Wally est NBA ready. Il atterrit dans une équipe encore toute jeune (créée en 1989) et qui commence à se faire une petite place dans la Ligue, avec trois qualifications consécutives en playoffs, pour autant d’éliminations au premier tour. Malgré un bilan final équilibré (25 / 25), la franchise a été confrontée à des choix financiers et sportifs importants. La masse salariale déjà bien occupée par KG, il fallait alors choisir entre Tom Gugliotta, cadre de l’équipe, et la jeune star Stephon Marbury. Désireux d’offrir un deal longue durée au meneur, les Wolves décident de laisser partir l’ailier-fort pendant l’intersaison, qui rejoint Phoenix en tant que free agent. De son côté, Gugliotta déclarait chercher une destination avec un meilleur “fit”. Une façon diplomatique pour avouer qu’il ne souhaitait plus jouer avec Marbury, probablement un peu trop personnel à son goût.
Le duo entre le meneur et Garnett fait déjà des étincelles et semble en mesure de briller pour de longues années. Seulement, Marbury demande son trade en cours de saison, officiellement pour des raisons familiales. En coulisses, il se dit que le joueur veut briller et avoir les clés d’une franchise, refusant donc l’ombre du Big Ticket. Ou, encore, qu’il n’aimait pas le Minnesota et était jaloux du contrat de Garnett. Un désaveu pour la franchise qui doit se séparer du jeune meneur, lequel rejoint alors les Nets. Dans l’affaire, les Timberwolves récupèrent Terrell Brandon, Brian Evans, et le premier tour 1999 des Nets, qui se transformera en 6ème choix. Et donc, en Wally Szczerbiak. On y revient, après ce petit détour.
Alors que le poste d’ailier n’est pas le plus fourni de l’effectif – maintenant que Kevin Garnett est durablement installé dans la raquette – Szczerbiak doit composer avec la concurrence de Malik Sealy et du très vieillissant Sam Mitchell. Saunders n’hésite d’ailleurs pas à le responsabiliser immédiatement, en l’alignant sur le parquet dès le début du match au lancement de la saison (73 matchs disputés au cours de la saison rookie, 53 titularisations). Après une première timide, l’espagnol monte rapidement en pression, pour claquer 23 points (8 / 13 au tir, 7 / 7 aux lancers) pour son troisième match parmi l’élite, dans une victoire face aux Knicks (+ 3).
Branché sur courant alternatif, comme c’est fréquemment le cas pour les rookies, il se fait à nouveau remarquer suite à ses 26 points, 6 rebonds et 4 passes décisives un soir de novembre 1999, face à Portland. Après cela ? Une petite traversée du désert, qui lui fait perdre sa place de titulaire. Il enchaîne en effet une petite trentaine de rencontres avec une adresse moyenne (43 %) et surtout un impact concret insuffisant. Le déclic intervient autour du All-star break, après une victoire aisément acquise face aux Grizzlies, encore implantés à Vancouver. Ensuite, s’il serait exagéré de dire que le jeune ailier évolue au niveau d’un All-star, force est de constater qu’il atteint celui d’un solide titulaire.
En effet, sur les 33 dernières rencontres de l’exercice régulier, le numéro 10 tourne à 14,6 points, 4,6 rebonds, 3,6 passes décisives et 1 interception de moyenne, à 56 % au tir, dont 39 % de loin et 83,5 % sur la ligne des lancers. Autrement formulé, le rookie ne faisait clairement plus tâche dans une équipe bien partie pour jouer l’avantage du terrain au premier tours des playoffs. Bien placés sur les épaules de Garnett – futur second du trophée de MVP derrière l’intouchable Shaquille O’Neal – les Wolves engrangent 50 victoires et de la confiance. Néanmoins, en raison d’un début de saison manqué (7 victoires, 13 défaites), l’équipe termine à la 6ème place d’une conférence Ouest très relevée, dominée de la tête et des épaules par les Lakers et leurs 67 succès.
Au football, nous avons longtemps entendu le poncif selon lequel il s’agit d’un sport qui se joue à 11 contre 11 et à la fin duquel ce sont les Allemands qui gagnent (comme quoi, en 2022, il y a du positif aussi…). En NBA, au tournant du siècle, nous aurions pu dire que le basketball est un sport qui se joue à 5 contre 5 et à la fin, Minnesota perd au premier tour des playoffs. En effet, réguliers comme des coucous suisses, Garnett et les siens vont connaître pas moins de 7 éliminations consécutives au premier stade de la postseason ! Celle face aux Portland JailBlazers, en 2000, est la 4ème (3 – 1), dans une série qui s’est jouée au cours des deux premières rencontres, remportées par Portland à l’arrachée (+3 et +4).
Une première encourageante, donc. Szczerbiak a tenu son rang de 6ème de draft, en étant sélectionné dans la meilleure équipe rookie de la saison, aux côtés d’Elton Brand, Steve Francis, Lamar Odom et Andre Miller. Il s’apprêtait à devenir un pilier de la franchise, grâce à sa gueule d’acteur hollywoodien et à ses performances notables.
Le loup montre les dents
La seconde saison a été celle de confirmation individuelle. En effet, collectivement, nous avons déjà vendu la mèche : Minnesota va bien s’infiltrer en playoffs, pour s’incliner non sans combattre face aux Spurs de Tim Duncan (3 – 1). Pour autant, Szczerbiak n’affole pas vraiment les compteurs statistiques – tendance qu’il conservera globalement jusqu’à la fin de sa carrière. Par contre, malgré une adresse lointaine fluctuante (33 %), l’ailier pose les bases de ce qui allait s’avérer être son gagne pain pendant l’intégralité de sa vie professionnelle : la précision au tir.
Ainsi, alors qu’il ne manque absolument aucune rencontre de la saison (82 matchs joués, tous en tant que titulaire, près de 35 minutes de jeu), Wally World plante 51 % de ses tirs et 87 % de ses lancers. Si les trouades existent évidemment – comme ce 2 / 13 dans une victoire laborieuse face à Vancouver – on s’aperçoit rapidement que, bien souvent, c’est une très mauvaise idée de laisser Szczerbiak seul, sous peine de prendre a minima deux points dans la besace.
Il profite de ce second exercice pour dépasser de justesse son record de points en carrière, en inscrivant 28 unités (68,4 % de réussite) contre… Vancouver, décidément. Derrière Garnett et Terrell Brandon, qui occupe le poste de meneur titulaire devant un certain Chauncey Billups, Szczerbiak constitue la troisième roue du carrosse offensif confectionné par Flip Saunders. Parmi les joueurs majeurs de l’effectif, c’est d’ailleurs celui qui possède le meilleur offensive rating (112). Il faut également reconnaître que, de l’autre côté du terrain, bien que volontaire, l’espagnol n’est pas forcément le plus efficient (106 de defensive rating, l’antépénultième de l’équipe).
Si confirmation il y a eue, il n’est cependant pas possible de parler d’une véritable explosion. Le joueur termine ce second exercice avec quelques 14 points, 5,5 rebonds et 3,2 passes décisives, chiffres qu’il a d’ailleurs conservés en playoffs.
L’explosion n’allait cependant plus se faire attendre longtemps. En 2001-02, pour sa troisième saison dans l’élite, Szczerbiak va prendre une autre dimension et s’imposer naturellement comme le lieutenant de Kevin Garnett. Cette phrase explique peut-être pourquoi les Timberwolves ont longtemps eu du mal à passer un tour de playoffs, d’ailleurs. Laissons néanmoins la médisance de côté, pour parler du Wally Szczerbiak All-star ! Car effectivement, l’ailier et son numéro 10 ont accroché une étoile au palmarès en cette nouvelle saison.
Plus que la production brute, intéressante sans crever le plafond (19 points, 5 rebonds, 3 passes décisives), ce sont les chiffres aux tirs qui forcent l’admiration. Avec certes un volume et des responsabilités average, Szczerbiak a tout bonnement réalisé une saison historique : 51 % au tir global, 45,5 % de loin, 83 % aux lancers francs. Figurez vous que depuis l’instauration de la ligne primée, parmi les joueurs qui prenaient au moins 10 tirs / match (14,6, en ce qui nous concerne), seuls Stephen Curry 2016 (MVP unanime, donc) et Kiki Vandeweghe (1986-87) ont terminé un exercice régulier avec de telles statistiques. Le basketball est un sport de précision et chez les Szczerbiak, on laissait les moufles au vestiaire.
Ses plus gros “cartons” de l’exercice riment d’ailleurs avec la précision que nous venons de mettre en exergue. En effet, chaque fois que l’ailier a scoré au moins 25 points (15 fois au cours de la saison), il a converti en moyenne 67,1 % de ses tirs ! Et pour cause, sur l’ensemble de ces rencontres, il a toujours inscrit un tir sur deux (50 % de réussite au plus bas, un 9 / 18 dans une défaite face aux Warriors). Il a d’ailleurs tutoyé de près l’insolence, avec un 9 / 11 (victoire + 21 face aux Knicks) ou un 13 / 16 (victoire + 20 face aux Kings).
Il termine l’année avec le 4ème meilleur pourcentage de réussite derrière l’arc à trois-points, mais aussi le 11ème total au tir global, étant précisé que, devant lui, seuls John Stockton, Corliss Williamson et Brent Barry peuvent être considérés comme des extérieurs. Alors que Peja Stojakovic monte doucement en puissance aux Kings de Sacramento, le sniper made in Europe, en 2002, se nomme indubitablement Szczerbiak. Le All-star game 2002 le confirme d’ailleurs, puisque le néo-étoilé, doté du plus faible temps de jeu de la rencontre (12 minutes), a claqué 10 points en 6 tirs.
Malgré leurs 50 victoires régulières, les Wolves se présentent en tant qu’outsider au premier tour des playoffs, face aux Mavericks d’un autre européen pas franchement maladroit au tir. Nowitzki a d’ailleurs atteint un niveau dantesque au cours de cette série, pour mener les Texans à une qualification aisée (3 – 0) : 33,3 points, 15,7 rebonds, 1 passe décisives, 3 interceptions et 1,3 contre de moyenne, à 52,6 % au tir, dont 72,7 % de loin (!!!) et 89 % sur la ligne des lancers, étant précisé qu’il en tentait 12 par match. Dans ces circonstances, les performances de Szczerbiak, pourtant bonnes, font pâle figure. Maladroit au tir primé, l’ailier espagnol quitte les playoffs sur sa meilleure campagne globale, en 20 / 7/ 2.
Belote, rebelote et même rerebelote, donc. Alors qu’il monte en puissance, le lieutenant des loups des bois vient pourtant de connaître l’apogée de sa carrière sportive. Son corps s’apprêtait en effet à le trahir fréquemment, quand bien même la 25ème bougie n’était pas encore soufflée.
Le syndrome Icare ?
Blessé au début de la saison 2002-03, il ne va véritablement lancer son exercice à la mi-janvier. Il conserve le niveau qui était le sien l’année précédente, mais sa présence se fait sporadique. Il est cependant totalement présent au mois d’avril, pour contribuer à la nouvelle qualification de la franchise en playoffs. Il met le sprint final à profit pour réaliser ce qui s’avérera être sa meilleure prestation en carrière : 44 points (19 / 26 au tir, 6 / 7 de loin, 0 lancer franc tenté), 3 rebonds, 1 passe décisive et 1 interception dans un blow-out infligé aux Bulls (+ 24).
Notons d’ailleurs que, dans l’histoire, ils ne sont que 6 à avoir un jour inscrit au moins 44 points sans s’être rendu au moins une fois sur la ligne de réparation : Szczerbiak, Alex English et Klay Thompson se sont arrêtés à 44 unités, contre 48 pour Hakeem Olajuwon et Kareem Abdul-Jabbar et 50 pour Jamal Murray.
Est-il vraiment nécessaire de revenir sur la postseason ? Mal lotis, Minnesota se coltine les triples champions en titre dès le premier tour, les Lakers de Shaq et Kobe. Le premier tour, qui se déroule désormais au meilleur des 7 rencontres, semblait pourtant tourner en faveur des Wolves, qui menaient 2-1, suite à un game 3 remporté magistralement à domicile (119 – 91) : 37 points et 10 rebonds pour Troy Hudson, 35 points, 20 rebonds et 7 passes décisives pour Kevin Garnett, 21 points, 4 rebonds et 5 pertes de balle pour Szczerbiak. Las, la machine Angelenos a ensuite passé la sixième, pour se qualifier en 6 matchs.
Dans un très mauvais running gag, l’ailier manque l’immense majorité de la saison suivante, au cours de laquelle les Timberwolves changent de dimension. Garnett, futur MVP de la saison, atteint un niveau stratosphérique, épaulé par un Sam Cassell encore très consistant et par les beaux restes de Latrell Sprewell. Remplaçant pour son retour, l’espagnol va prendre part à la campagne de playoffs 2004. Pour, enfin, fracasser le plafond de verre sur lequel il se cognait immanquablement chaque année depuis sa draft.
Doté d’un rôle minime (selon ses standards), il participe aux trois premières rencontres du premier tour, disputé contre les Nuggets d’un tout jeune Carmelo Anthony. Il assiste à la qualification des siens depuis les tribunes, après une rechute physique qui l’écarte des parquets pendant 15 jours. C’est long, 15 jours, en playoffs. Lorsqu’il reçoit le feu vert du staff médical, Minnesota et Sacramento sont dos à dos : 2 – 2 dans la série. Pour son retour, il fait… acte de présence ? Une feuille statistique dramatiquement vierge, en 5 minutes 30 de jeu, mais une victoire dans la besace.
Il sera des deux derniers matchs, respectivement perdu puis gagné, pour découvrir les finales de conférence, stade que la franchise, en 2022, n’a toujours pas dépassé. C’est dire la portée historique de la campagne que nous décrivons. En face ? Les Lakers, à nouveau, renforcés par Karl Malone et Gary Payton. Sans êtres ridicules, les loups s’inclinent sur le même score que la saison précédente (4 – 2).
L’on aimerait dire que ce résultat – excellent – constitue la rampe de lancement vers les sommets de la NBA. Il n’en sera rien. Rien du tout. Un an plus tard, les playoffs se sont disputés sans que Minnesota n’y soit convié. L’effectif, insuffisant pour entourer le talent de Garnett, échoue en effet à la 9ème place de l’Ouest, à 1 petite victoire de la 8ème place qualificative.
Ça commence à sentir le sapin dans les bois. Et cela n’a pas manqué. Les Wolves se sont approchés du soleil et n’ont pas su confirmer. Le front-office estime que l’heure est venue de se lancer dans une reconstruction longue… de près de 15 années ! En effet, entre la finale de conférence 2004 et la participation suivante de l’équipe en playoffs, 14 saisons se sont déroulées !
Alors que la côte de son ailier espagnol était à nouveau au plus haut (20 points, 5 rebonds, 3 passes décisives, en 49,5 / 40,5 / 90 au tir), un trade est décidé dans les coulisses. Szczerbiak est envoyé à Boston le 26 janvier 2006, aux côtés de Dwayne Jones et Michael Olowokandi et un futur 1st pick (Johnny Flynn), contre Marcus Banks, Mark Blount, Ricky Davis, Justin Reed et 2 seconds tours. Autant vous dire que les noms ne sont pas de ceux qui font lever les foules, si l’on excepte potentiellement Szczerbiak et Davis. C’est ainsi que, près de 8 années après sa sélection, Wally World quitte le Minnesota. Pour ne plus jamais y revenir, finalement.
Vadrouilleur vieillissant
Il ne disputera que 32 rencontres dans le Massachussetts : 32 chaque saison. La saison 2005-06 est donc disputée en quasi-intégralité et terminée sur une note amère. L’effectif des Celtics manque en effet cruellement de qualités. Intégré dans le 5 majeur de Doc Rivers, Szczerbiak est aligné aux côtés de Delonte West, Paul Pierce, Ryan Gomes et Kendrick Perkins. Pour un total final de 33 victoires et 49 défaites et, bien évidemment, aucune chance de disputer un match à enjeu au mois d’avril.
Il en ira de même l’année suivant (2006-07), où il a plus fréquemment côtoyé l’infirmière que Paul Pierce. Le corps du sniper est profondément touché, même s’il demeure performant les rares fois où il pose ses sneakers sur les parquets du pays (encore quelques 15 points, à 41,5 % de loin, mais aussi… 41,5 % au global !). Une fois l’été venu, aux côtés de Jeff Green et de Delonte West, il est envoyé de l’autre côté du pays, à Seattle. Ce trade est d’ailleurs tout sauf anodin, dans la mesure où il permet de faire venir Ray Allen à Boston. L’année suivante, les verts lèveront le Larry O’Brien trophy.
Il n’y a finalement rien à dire sur son passage sous le maillot des Supersonics, si ce n’est qu’il joue les doublures d’un rookie pas franchement mauvais au basketball : Kevin Durant. Szczerbiak est d’ailleurs sur la dernière photo de l’histoire de la franchise, qui s’apprêtait à déménager l’année suivante du côté de l’Oklahoma. Enfin, presque, puisqu’il est bazardé à Cleveland en février 2008, après 50 petits matchs. Le voici désormais doublure de LeBron James, excusez du peu.
L’envie n’y est plus, le corps est branché sur courant alternatif. Les shoots ne rentrent plus, si bien qu’en playoffs 2008, on croirait que Wally Szczerbiak a été remplacé par Sally Wszczerbiak (37 % au tir, 32 % de loin, mais toujours 93 % aux lancers). Les Cavaliers échouent au game 7 des demi-finales de conférence, face aux Celtics. L’espagnol, encore titulaire, a totalement manqué sa fin de série : 37 % au tir lors du 5ème match, perdu, 18,2 % au match 6, remporté, et… 0 % lors du match décisif.
L’heure n’était pas encore tout à fait à la retraite, mais presque. Un dernier baroud d’honneur dans l’Ohio, achevé en finale de conférence, perdue face au Magic de Dwight Howard. Szczerbiak n’est plus que la 8ème option offensive de l’équipe, mais remplit cette fois-ci son rôle avec fiabilité, à tout le moins en saison régulière. Comme si le sniper avait voulu tirer sa révérence sur un dernier head shot.
La place au box-office des Timberwolves
L’exercice de classer Wally Szczerbiak dans l’Histoire de la franchise des Minnesota Timberwolves est complexe. Avant de nous prononcer – tout en précisant que nous n’avons évidemment pas parole d’évangile – regardons ce que nous disent les chiffres et les accomplissements :
Indubitablement, nous apprenons là que l’espagnol se situe, lui aussi, dans ce peloton de poursuivants. En effet, à l’instar d’un Eddy Merckx en 1969 – qui a raflé tous les maillots distinctifs du Tour de France – Kevin Garnett est un véritable cannibale qui semble promis à la première place du classement ad vitam aeternam. Derrière le Big Ticket ? Pêle-mêle, Sam Cassell, Sam Mitchell, Kevin Love, Tom Gugliotta, Karl-Anthony Towns et donc, évidemment Wally Szczerbiak. Parce qu’il est resté fidèle à sa franchise initiale et qu’il a été de la campagne de 2004, nous voyons mal comment le placer en dehors du top 5.
En somme, pour filer la métaphore, si le maillot jaune est intouchable, Wally Szczberbiak est allé glaner une place d’honneur. Il n’était certainement pas Eddy Merckx, mais, à Minnesota, il était au moins Eros Poli, sur les pentes du Ventoux, un certain 18 juillet 1994.