Enfin de retour ! Après un Eurobasket riche en émotions et en incertitudes, mais encore une fois la médaille au cou, la France retrouvait les qualifications pour le mondial 2023. Après la défaite contre la Bosnie l’été dernier et le niveau de jeu affiché en septembre, nous n’avions pas manqué d’alerter que les deux matchs contre la Lituanie et la Bosnie n’étaient pas sans risque. Cette alerte, Vincent Collet y a répondu par la jeunesse, l’intensité défensive, le collectif et le lancement d’une nouvelle idole, celle qui peut inspirer une génération : Victor Wembanyama. Dans la discrète salle de Panezevys, au cœur de la Lituanie ou le basket est roi, l’équipe de France vient peut-être d’embarquer dans une nouvelle ère, l’ère Victorienne, jusqu’où nous emmènera-t-elle ?
Le retour du jeu et parole à la jeunesse
Fini les rythmes cardiaque débridés et les ascenseurs émotionnels. En Lituanie, les français sont venus avec du vrai basket, avec des passes, du collectif, de l’ambition et de l’agressivité. Bien loin de ce jeu si incertain que nous avons vu en Allemagne il y a deux mois, on a vu une équipe de France qui a misé sur tout son groupe, sur toute sa profondeur de banc. A peine débuté, on a vu les trappes en défense, on a vu l’adresse en attaque et on a vu l’agressivité au cercle. Et bien entendu, on a très vite pu voir les premiers points de Victor Wembanyama, un dunk sur un rebond, évidemment, puis un dunk sur une passe impeccable d’Albicy, évidemment…
Très attendu, le français était dans des conditions favorables pour se lancer en bleu, entouré d’autres jeunes pousses de Team France et face à une équipe lituanienne qui était curieusement soutenue par un public très calme. Il a répondu aux observateurs attentifs en jouant son jeu, au poste bas, au poste haut, par des coupes dans la raquette et en usant de sa taille en défense, simplement et efficacement. Mais Victor il n’était pas le seul à se montrer dans la lumière ce soir-là et c’est ce qui a fait que le match était tout sauf le show d’un seul. Aux côté de Wembanyama, on a pu découvrir une association fructueuse avec Ismaël Kamagate qui termine avec 6 points, 3 rebonds, une passe décisive, un contre et une interception. Et que dire de Sylvain Francisco ? L’ancien joueur de Levallois termine chaud bouillant avec ses 21pts. Et bien entendu, Damien Inglis de retour avec 15pts et 8reb, de retour. Enfin, un autre faisait ses premiers pas en bleus, Yoan Makoundou, avec 5pts, 4reb et 2 passes, propre pour le monégasque.
Après avoir tenu tête aux français dans l’entame de match, les lituaniens n’ont rien sur faire dans la durée. Découragés à la longue, bien qu’emmenés par un jeune Marek Blazevic et ses 14pts, la Lituanie a vu les français s’envoler vers une victoire aussi solide que cruciale pour la qualification. La sérénité des bleus se verra jusqu’à ce dernier alley-hoop de Lacombe pour Juhann Begharin. Au final, un sévère 90-65 en terre lituanienne…Wemby’ termine son premier match en bleu, à 18 ans, avec 20 points et 9 rebonds…un message à toute l’Europe ? Non, au monde entier.
Mission accomplie avec style
Face à la Bosnie à Pau, rebelote, avec un écart solidement fait : +4 après 10min, puis +13 à la mi-temps, puis presque +20 avant le dernier quart…bref, une soirée tranquille. Contrairement à la Lituanie qui pouvait encore compter sur un vivier européen fort, les bosniens, orphelin de Nurkic n’avaient tout simplement pas la force nécessaire dans la raquette. Il n’en fallait pas plus pour que Victor Wembanyama soit servi tout en facilité pour terminer à 19pts et 4rbds. Lorsque celui-ci est servi par Albicy pour un énième alley-hoop, Vincent Collet lève les bras, comme pour exprimer sa satisfaction devant tant de facilité. Mais encore une fois, Victor n’a pas été seul. Kamagate, Makoundo et Begarin étaient tout autant investis pour étouffer des bosniens.
Et quand ça n’est pas Victor Wembanyama qui nous fait un trois point avec un regard à la Curry, c’est Sylvain Francisco qui assure le show :
https://twitter.com/TrashTalk_fr/status/1592242782768599040
https://twitter.com/basketusa/status/1592246142204534785
La soirée se termine par Axel Toupane et son shoot a trois points à trois doigts,
https://twitter.com/FRABasketball/status/1592262186931748864
Puis ce seront les dribbles et spin-move à 200 à l’heure de Francisco et un énième Wemby-show à trois point…Bref, sous le bruit des trompettes et les tambours de la fanfare du Béarn qui entame une ultime marseillaise, les bleus terminaient en douceur cette fenêtre pour terminer le travail : 90-56, la France sera bien à la coupe du monde de basketball 2023. Bravo messieurs !
En Europe : encore trois places à prendre !
La France c’est fait, et la Lituanie a sécurisé aussi son spot au mondial. Mais ailleurs aussi, le verdict se révèle petit à petit, pour ne pas dire complètement. Dans le groupe I la Lettonie a assuré sa qualification et la Serbie et la Grèce, toutes deux à 5 victoires 3 défaites n’ont plus qu’à finir le travail à la prochaine fenêtre qualificative. Autant dire qu’avec Porzingis, Jokic et Antetokounmpo, les trois écuries vont nous faire rêver en 2023. Dans le groupe J, c’est déjà le clap de fin : l’Allemagne et la Finlande auront l’occasion de confirmer leur bel Eurobasket 2022 et la Slovénie de prendre sa revanche après cet échec au même Eurobasket. La Suède, Israël et l’Estonie joueront pour du beurre. Enfin, dans le groupe L, L’Italie a aussi obtenu son spot pour le mondial avec…ces maudits espagnols. On aura une petite bataille entre la Géorgie, l’Islande et l’Ukraine pour la 3e place. Les Pays-Bas, après un Eurobasket discret, nous offrent un joli 0-8.
En Afrique, tout reste ouvert
Cinq spots à prendre, et pour l’instant seule la Côte d’Ivoire, invaincue dans ces qualifications (7-0), a obtenu son billet. Mais derrière, l’Angola (5-2) et Cap Vert (4-3) sont en bonne position, devant un Nigéria qui s’effondre contre l’Angola et est désormais à 3-4. Mais dans l’autre groupe, on reste toujours ébahis par cette équipe du Soudan du Sud, désormais à 8 victoires pour une seule défaite, devant les égyptiens (7-2), devant le Sénégal (6-3) et devant la Tunisie (5-4) soit quatre équipe en bilan positif. Clairement une équipe « petit-poucet » à suivre si la qualification se confirme.
En Asie, remballez-tout
Six équipes sont déjà qualifiées : l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Liban, la Chine, le Japon et les Philippines. Les deux derniers étant co-organisateurs et avec quatre de ces équipes dans le premier groupe, le suspense n’est pas vraiment à son comble. Il reste un spot presque offert à l’Iran (6-4) qui pourra se contenter d’une victoire. On vous le dit depuis le début de ces qualifications, l’Asie aura été jusqu’au bout de l’ennui.
En Amérique, encore un camouflet pour les américains
L’ennui asiatique laisse place à l’incertitude totale en Amérique ! Avec sept places à prendre, seul les canadiens, au top avec un impeccable 10-0 ont déjà leur billet pour le mondial. Et pour le reste ? Dans le premier groupe, le Venezuela, la République Dominicaine et l’Argentine sont à 7-3, et dans l’autre groupe, les américains ont encore chuté, après le Mexique, face au Brésil ! Résultat, bien que leader (8-2) les américains sont talonnés par les brésiliens (7-3) Porto Rico et le Mexique (6-4) avec l’Uruguay encore en course (5-5). Autant dire que la dernière fenêtre va être assez meurtrière. A suivre !
Un mondial qui s’annonce déjà immense
Jusqu’où nous emmènera l’ère Victorienne de l’équipe de France ? Aux Philippines pour commencer, et au charbon ensuite, sans aucun doute. Espagne, Italie, France, Lituanie, Allemagne, Finlande, Slovénie, Lettonie, Serbie, Grèce…autant dire déjà que nos rivaux européens sont la crème de la crème du basket du vieux continent. Et à cela nous devons ajouter des équipes comme l’Australie, le Canada, les USA ou même le Brésil qui seront tout sauf une partie de plaisir. Bref, le mondial s’annonce tout aussi monstrueux que le précédent (si les effectifs viennent au complet) et là est peut-être, sûrement, le premier test réel de Victor Wembanyama et des bleus pour entrer dans cette nouvelle ère…mais l’ère victorienne ne tournera probablement pas autour d’un seul. Elle va nous amener d’autres surprises, d’autres espoirs, alors que le vivier Team France a encore montré que les talents français sont bien là, en train de pousser et que n’oublions pas les talents potentiels outre-Atlantique avec Joël Embiid…