C’est le dernier fait divers en date pour les Hornets. Leur arrière, James Bouknight, s’est malheureusement récemment illustré pour des faits peu glorieux. Retrouvé inconscient au volant de sa voiture, manifestement en état d’alcoolémie avancé avec une arme sur lui, pas besoin d’aller beaucoup plus loin dans les détails pour se rendre compte que non seulement le tableau est très laid, mais que la situation aurait pu bien plus mal finir pour lui.
Une énième déconvenue pour les Charlotte Hornets, déjà affectés par les histoires de Miles Bridges, mis en cause pour des faits de violences domestiques.
Depuis la nuit des temps – à peu de choses près -, la question de l’exemplarité des sportifs de haut niveau fait débat. En pleine reprise NBA, à l’heure où il est enfin temps de s’intéresser aux problématiques de terrain, quoi de mieux que de sortir un article qui traite du fameux hors terrain, et qui n’aura sans doute pour finalité que le sacro-saint mérite d’exister ?
En route, les deux pieds devant !
D’ores-et-déjà, faisons ensemble l’économie d’une explication qui va de soit : si on parlera ci-après des sportifs de haut niveau, il est évident que ce sont avant tout les joueurs NBA qui nous intéresseront en toile de fond. Que voulez-vous, il faut croire que la technique de l’entonnoir n’est pas réservée qu’à Philippe Etchebest.
Athlète et exemplarité, une relation vieille comme le monde
Comme on le soulignait à l’instant, les interrogations sur la relation entre sportifs de haut niveau et responsabilité morale, éthique et exemplarité ne date pas d’hier, et c’est tout à fait normal.
L’imaginaire collectif autour du sportif s’est forgé autour des histoires olympiques antiques, où les athlètes étaient vus comme des demi-dieux, au sens propre. Pour être un athlète olympien, il fallait faire montre des mêmes qualités que celles attribuées aux divinités d’alors : l’exemplarité n’était pas une condition, c’était un acquis.
Puis, il y eut le fameux mens sana in corpore sano de Juvénal, poète romain, traduit en version française par l’adage “un esprit sain dans un corps saint“, lui même repris par Pierre de Coubertin, père des Jeux Olympiques modernes et fondateur du Comité Olympique, sous la variante mens fervida in corporelacertoso, “un esprit ardent dans un corps robuste”. Coubertin qui ne s’arrêtera d’ailleurs pas en si bon chemin, avec la devise devenue éternelle “citius, altius, fortius” : plus vite, plus fort, plus haut, combinant ainsi les trois aspects (sportif, mental et spirituel) chers à Coubertin chez le sportif olympien qu’il défendait alors.
Sous son impulsion, et plus largement celle de l’esprit olympique moderne, le sportif s’est affranchi des considérations religieuses et divines pour se muer en sportif “idéalisé”. Pour être un champion, un vrai, il fallait suivre ce chemin d’aller toujours plus vite, d’être toujours plus fort, et de se hisser toujours plus haut. Partant, on comprend plus facilement pourquoi, à tort ou à raison, les sportifs se sont mis à être considérés comme des “modèles à suivre” pour le commun des mortels.
Le sont-ils vraiment ? Doivent-ils, encore aujourd’hui, être considérés comme tels ? Vastes questions, vous en conviendrez. L’histoire foisonne d’exemples de sportifs irréprochables et d’autres plus sujets à controverse. Malgré tout, le standard utilisé pour juger de l’exemplarité d’un sportif n’a pas réellement évolué ; on aime que celui-ci le soit, car, pour la plupart d’entre nous, il se doit de l’être. Héritage de l’Olympie, quand tu nous tiens.
Problème étant que depuis le temps où Athènes était roi, les champions ont évolué, et la société avec eux, fort heureusement. Alors peut-on réellement attendre de ces prétendus héritiers de l’esprit de Coubertin les mêmes choses que leurs prédécesseurs, dans un monde qui n’a plus rien à voir ?
Le paradoxe est là : bien que l’on puisse facilement comprendre qu’un athlète, en 2022, soit sujet à rencontrer beaucoup plus de difficultés qu’auparavant, le standard d’appréciation de son exemplarité, lui, n’a que peu varié.
Professionnalisation et médiatisation : l’exigence d’exemplarité au plus fort ?
Difficile de ne pas voir dans ces deux notions deux vecteurs cruciaux dans notre appréciation de l’exemplarité attendue des sportifs, sûr et en dehors du terrain.
En se professionnalisant, le sport de haut niveau a épousé les codes classiques de professions plus standards. Le bon comportement, professionnel, est dès lors attendu d’eux sur le terrain plus encore qu’avant dans une sphère plus intimiste. Le respect de l’autre, des règles, le fair play, toutes ces notions ont pris un cran de plus une fois l’ère de la professionnalisation franchie. Les règles sur le terrain se sont consolidées, des règlements précis ont vu le jour, des codes ont été mis en place, des sanctions, des conseils de discipline, des comités, … Bref, a priori, tout écart est susceptible d’être puni, du moins sur le terrain. Mais en dehors ?
On touche ici à une question des plus complexes, une fois encore, dont, je vous le dis d’emblée, vous ne trouverez pas la réponse ici : doit-on aussi régir la vie des sportifs en dehors de leur sphère professionnelle ? D’ailleurs, où s’arrête cette sphère professionnelle ? A partir de quand le sportif professionnel cesse-t-il de l’être ? Et si on ne régit rien, est-ce à dire qu’on attend de lui un comportement exemplaire sur le terrain, mais qu’en-dehors, il peut tout se permettre ?
Je vous avais prévu, la question est complexe. Et comme je vous l’avais dit aussi, je n’aurais pas la prétention de pouvoir y répondre, et encore moins de prétendre que mon avis vaut vérité absolue.
A vrai dire, tout semble être une question de degré et de personnalité. Quand certains saisissent eux-mêmes ce rôle d’exemple à suivre, d’autres en revanche revendiquent leur droit au je-suis-comme-tout-le-monde-isme (parce que oui, j’invente aussi des mots). Doit-on alors ignorer les premiers, et affirmer que les sportifs sont comme tout le monde, et qu’ils ne sont pas plus un modèle à suivre que d’autres ? Ou, au contraire, ignorer les seconds en prétendant qu’indifféremment de leur ressenti, les sportifs doivent se comporter comme des exemples sur, et en-dehors des terrains ?
De plus, si on part du principe que l’exemplarité est de mise, doit-on attendre la même de tous, sans jauger ? Et comment ferait-on pour jauger, d’ailleurs ? Je vous épargne le coup du “Vous avez 4h”, mais vous avez saisi l’idée.
Parallèlement à la professionnalisation, la médiatisation a également joué son rôle. Si les sportifs professionnels ont toujours été sous le feu des projecteurs, les trente voire quarante dernières années ont progressivement cassé la barrière qui existait avant entre idoles d’un côté et fans de l’autre. A l’heure où les sportifs sont parfois eux-mêmes leur meilleur promoteur d’image, le quatrième mur n’existe plus. La scène sur laquelle évoluaient hier les sportifs idolâtrés semble désormais accessible au plus grand nombre, et l’idole semble plus proche que jamais. Pour le meilleur, et pour le pire.
Car ce progrès semble avoir, là encore, fait naître un paradoxe, ou du moins un débat.
On aurait pu voir dans l’explosion de l’exposition des sportifs l’occasion de renverser le postulat selon lequel ceux-ci doivent par essence être irréprochables. Le quatrième mur brisé aurait ainsi pu être l’occasion de les assimiler finalement à des humains ordinaires ayant réussi à monter sur la scène. Pourtant, il semble qu’au contraire, cette surexposition les ait rendus, pour certains, plus responsables encore qu’ils ne l’étaient initialement. Là encore, impossible de savoir quelle vision prédomine, et laquelle est la plus proche de la vérité.
Les sportifs se sont ainsi professionnalisés, et sont plus que jamais exposés, surtout lorsqu’ils atteignent un degré de performance élevé dans des sports dits “populaires”. Cette exposition génère de l’admiration, et l’admiration génère, à son tour, de l’attente. Qui dit attente, dit exigence, et donc critique.
La boucle est bouclée : le sportif professionnel a évolué, le monde qui l’entoure aussi, mais les attentes restent les mêmes sur son comportement, à juste titre ou non.
Entre médiatisation, attente des fans, et exigences professionnelles, la sphère entre vie professionnelle et vie privée du sportif s’est de fait amenuisée, nécessitant un contrôle quasi-permanent de sa vie. Mélangez à tout cela un soupçon de Thomas Hobbes version “l’homme est un loup pour l’homme“, et nous arrivons à l’idée que, pour accompagner au mieux les sportifs dans leur vie, aussi bien sportive qu’extra-sportive, certains instruments ont dû voir le jour.
Car, spoiler alert : l’éthique et la morale n’ont rien d’inné. Ce sont deux concepts qu’on nous enseigne, que l’on apprend, que l’on assimile à force d’expériences et d’observations, tant et si bien que tout le monde ne dispose pas des codes de l’éthique et de la morale naturellement. Alors, pour guider et accompagner, pour limiter les risques ou punir les excès, il faut un cadre : l’exemplarité n’est plus un acquis, elle est une condition. Et là, promis, on va parler NBA.
La NBA, un no man’s land éthique pour les joueurs ?
Que trouve-t-on dans notre chère et tendre NBA pour aider les joueurs face à ces problématiques, pour les guider, ou leur offrir un quelconque cadre auquel se référer ? Et bien… Pas grand chose, à vrai dire.
En fouillant, on trouve bien un Code de conduite, mais uniquement à destination des employés de la NBA qui travaillent pour la NBA directement. Rien de tel pour les joueurs. Logique ? Après tout, les joueurs ne sont liés contractuellement qu’avec leur franchise. Mais celles-ci les soumettent à des contrats régis par les règles NBA. Meh, la logique ne semble pas si claire que ça.
Mea culpa néanmoins, il n’y a pas réellement “rien de tel” pour les joueurs. Dans le CBA, (le Collective Bargaining Agreement), on trouve l’article 6 sur le Player Conduct. Un article décliné en 16 sections, qui semble voler à notre secours et à celui des joueurs, traitants de sujets divers et variés : absence aux entraînements, sessions formations obligatoires, procédures internes en cas de violences avérées, process sur l’usage des armes, etc. Alors, que trouve-t-on réellement à l’intérieur ?
Voici l’exemple de la section 7 sur les “Violences illégales” :
Lorsqu’un joueur est reconnu coupable d’un crime violent, il sera immédiatement suspendu par la NBA pour un minimum de dix matchs.
Bon, c’est plutôt concis, vous en conviendrez, mais ne soyons pas mauvaise langue : il y a-t-il besoin d’aller plus loin sur la définition d’un crime violent, et il y a-t-il besoin de préciser aux joueurs qu’il ne faut pas en être l’auteur ?
Allons plus loin, section 8 “Conseil en cas de conduite violente”.
Trois gros paragraphes cette fois, plus fournis. Le premier : si la NBA ou le syndicat des joueurs “conviennent qu’il y a des motifs raisonnables de croire” qu’un joueur s’est livré à un comportement violent hors terrain, il peut alors être évalué par un expert, et, selon l’avis de l’expert, soumis à un programme d’évaluation et de conseil. Et en fin de paragraphe :
Au terme du présent paragraphe, la “conduite violente” comprend, sans s’y limiter, toute conduite impliquant l’utilisation ou la menace de violence physique ou l’utilisation ou la menace d’utilisation d’une arme mortelle, toute conduite qui pourrait être classée comme un “crime de haine” et toute conduite impliquant des combats de chiens ou la cruauté envers les animaux.
Certes, il y a à boire et à manger, mais on a déjà un semblant de canevas, plutôt orienté sur un traitement a posteriori néanmoins. Pas de préventif, mais de la sanction.
Revenons à James Bouknight, l’arrière des Hornets : section 14, “Condamnations de joueurs impliquant de l’alcool ou des substances contrôlées” :
En plus de toute autre règle imposée par la NBA pour une telle conduite, tout joueur reconnu coupable de conduite en état d’ivresse, de conduite sous influence, de conduite sous influence d’une substance contrôlée (si cette substance contrôlée n’est pas une substance interdite) ou de tout autre délit similaire devra se soumettre à une évaluation obligatoire par le directeur médical du programme anti-drogue. Après cette évaluation obligatoire, le directeur médical peut exiger que le joueur assiste à un maximum de dix séances de conseil en matière de toxicomanie.
Un peu léger à première vue mais grosso modo, tel est la ligne de conduite de cet article 6 du CBA et des sections qui le composent : un thème, et les process et sanctions mises en place en cas d’infractions. Le cadre punitif est là, mais rien sur ce qui est prévu en amont.
Et à vrai dire, à lire les textes officiels, la NBA via son Commissionner a surtout les pleins pouvoirs en la matière, tel qu’il en ressort de la NBA Constitution and By Laws :
Le commissaire a le pouvoir de suspendre pour une période définie ou indéfinie, d’imposer une amende n’excédant pas 50.000 $ ou d’infliger à la fois une suspension et une amende à tout joueur qui, à son avis :
- Aura fait ou fait faire une déclaration ayant, ou destinée à avoir, un effet préjudiciable ou nuisible aux intérêts du basket-ball, de l’Association ou d’un de ses membres ;
- S’est rendu coupable d’une conduite qui n’est pas conforme aux normes de moralité ou de fair-play, ou qui ne respecte pas les lois fédérales, étatiques et locales, ou qui est préjudiciable ou réalisée au détriment de l’Association.
Idem pour le CBA cité plus tôt, qui instaure le contrat-type d’un joueur NBA, qui contient une clause de rupture anticipée du contrat, en faveur de la franchise, prévue notamment si le joueur “refuse ou néglige de conformer son comportement personnel aux normes de civisme, de bonne moralité (définies ici comme ne s’engageant pas dans des actes de turpitude morale, que de tels actes constituent ou non un crime)“.
Encore une fois, les sanctions sont là, mais notre question initiale ne trouve toujours pas sa réponse : il y a-t-il un quelconque accompagnement en amont pour les joueurs NBA, au regard de leur obligation, a priori plus que primordiale, d’exemplarité hors terrain ? A priori, pas réellement.
La NBA a pourtant pu intervenir par le passé en matière de règles et politiques hors terrain globales, qu’il s’agisse par exemples des programmes antidrogues dans les années 80, à travers les programmes d’aide pour les rookies, afin de les prévenir des risques de la vie à laquelle ils s’apprêtent à prendre part, ou encore récemment, en 2017, avec la politique commune NBA/NPBA sur les violences domestiques, les agressions sexuelles et la maltraitance sur enfants.
Comment se fait-il alors qu’il n’y ait pas plus de cadre pour les joueurs off-court ?
Et si on vous disait que la réponse la plus probable se cache dans l’intérêt de la ligue, tout simplement ? “Bah voyons. La NBA a forcé les joueurs à s’habiller d’une certaine manière parce que les sponsors en avaient marre de l’image des joueurs trop street, et maintenant tu veux me faire croire qu’ils s’en foutent du comportement des joueurs ? Non mais oh, QiBasket QiBasket, rien dans le crâne ouais.“
Alors déjà, vous me parlez pas comme ça. Puis en plus, c’est pas moi qui le dis, c’est David Stern, à l’époque où Kobe Bryant comparaissait devant le tribunal pour tentative de viol :
On peut exiger que chaque joueur de la NBA soit un enfant de chœur. Mais au final, les affaires ne seraient pas si bonnes que ça, parce que les gens savent que notre ligue reflète la vie. Et c’est une partie de notre attrait. (…), parce que nous opérons d’une manière très “publique”. C’est très instructif pour la société.
A la première lecture comme à la seconde, le discours a quelque chose de dérangeant, indépendamment de l’histoire judiciaire de Kobe Bryant. Doit-on comprendre que la NBA serait encline à négliger ou banaliser certains comportements, pourtant blâmables, hors terrain dès lors que cela se justifie commercialement, ou que l’intérêt médiatique est plus fort ?
Une fois n’est pas coutume, nous n’aurons pas la prétention d’avoir une réponse claire à cette question. Mais le simple fait que celle-ci se pose est finalement problématique.
Une chose est sûre : si la NBA considérait qu’un joueur devait être sanctionné pour un comportement qu’elle jugerait blâmable, elle disposerait de tout l’arsenal nécessaire pour le sanctionner, et ce même en l’absence de sanction judiciaire (je vous épargne le couplet sur l’indépendance des poursuites disciplinaires, mais c’est l’idée).
Les franchises en première ligne : vers la fin du “talent only” ?
J’entends encore les plus sceptiques d’entre vous grogner : “Non mais ça va, on va pas apprendre à des adultes à savoir ce qui est bon ou pas. Société d’assistés. S’ils sont assez bêtes pour faire des conneries, ils méritent pas d’être en NBA, c’est des adultes, ils se débrouillent et ils assument.“. Bon, je vous propose de respirer deux secondes, je sens bien qu’avoir lu quelques textes officiels un peu plus haut vous a légèrement irrité.
Déjà, ne prenez pas ce ton là, je vous l’ai déjà dit. Excusez-moi de trouver ça important, mais il est vrai que j’ai naïvement tendance à penser que si en 2017, la NBA et le syndicat des joueurs ont été contraints d’adopter la politique commune précitée, sur les violences domestiques, les agressions sexuelles et la maltraitance d’enfants (qui sont quand même trois “évidences”), c’est que le fait d’être un adulte ne suffit pas à éviter tout dérapage et à garantir une NBA – et une société – sans problème. Pardonnez ma naïveté.
Reste que le problème ne se limite pas à faire en sorte que les joueurs évitent de réaliser des actions répréhensibles hors terrain, mais à leur faire prendre conscience de la raison pour laquelle, ils ne peuvent se permettre de tels écarts.
La chose est déjà bien moins évidente à faire, au surplus quand certains joueurs arrivent avec des parcours des plus cabossés en NBA, des habitudes de vie et des références éducatives totalement différentes du “standard” commun, ou encore quand les joueurs visés ont à peine 18 ou 19 ans.
La boucle demande, une fois de plus, à être bouclée : pour que des sportifs de haut niveau soient exemplaires, encore faut-il qu’ils comprendre pourquoi cela est nécessaire y compris pour eux-mêmes. Un défi difficile, car intrinsèquement personnel.
Car la réalité du joueur NBA est aussi là : pour intégrer viablement la Ligue, et peut-être, un jour, être un champion, il faut pouvoir s’intégrer à un tel projet, sans risquer de le faire voler en éclats ou de faire imploser sa carrière. Pour un Dennis Rodman ou un Ron Artest, exceptions parmi les exceptions, combien de Sebastian Telfair, Michael Beasley, Dion Waiters ou Ty Lawson ?
Alors les franchises doivent s’organiser en interne, selon leur bonne volonté et selon où elles auront décidé de placer le curseur en matière d’exemplarité, qu’il s’agisse des jeunes joueurs dans les process pré-draft ou pour les joueurs déjà sous contrats. Sonder les personnalités les plus en proie aux débordements, les accompagner… ou les éviter.
Pourquoi alors cela semble-t-il si difficile d’imaginer une franchise NBA suspendre un joueur, indépendamment de l’existence ou non de poursuites judiciaires à son encontre ? La réponse semble en partie tenir en ce que les franchises sont soumises aux mêmes pressions médiatiques que la NBA, au même regard critique du grand public et de leurs sponsors. Comment réagiraient les fans si, pendant ne serait-ce que 15 jours, une équipe se privait volontairement d’un joueur en raison de son comportement hors terrain, et que les défaites s’enchaînaient ?
Tout semble être, une fois n’est pas coutume, une affaire d’appréciation et de choix.
Pour ce qui est des moyens, là encore, difficile d’obtenir une idée claire des choses mises en place. Si on veut bien croire que les franchises tendent plus l’oreille ces dernières années aux difficultés rencontrées par leurs joueurs, impossible de savoir quels sont les process internes mis en place pour les accompagner dans leur vie hors-terrain. Les joueurs sont-ils accompagnés par des relais extérieurs ? Par des coachs, assistants, préparateurs spécifiquement dédis ? Sont-ils suivis en cas d’addictions, ou de problèmes identifiés pouvant les exposer à des fautes ? Il faut en tout cas l’espérer.
***
De la divinité des athlètes d’Olympie au dernier fait divers de James Bouknight, le parallèle était, il faut le reconnaître, un peu périlleux.
Pour tout vous dire, difficile de savoir comment clôturer cet article qui, finalement, soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Il semble, comme toujours, plus facile de faire la morale que de s’y intéresser concrètement. Entre le statut des athlètes de haut niveau, les attentes placées en eux sur le terrain mais aussi en-dehors, leur surmédiatisation, leurs obligations, leurs devoirs, leurs envies, les pressions médiatiques, le regard des fans, leurs tentations, les impératifs de la Ligue, le sujet devient rapidement insaisissable. Alors finalement, pour conclure, on vous laissera sur cette citation de Karl Malone, qui fera sourire les plus avertis :
Vous pouvez nier être un modèle autant que vous voulez, mais je ne pense pas que ce soit votre choix. Nous ne choisissons pas d’être des modèles, nous sommes choisis. Notre seul choix est d’être un bon ou un mauvais modèle… J’aime être un modèle.
Sources (les 2 derniers liens sont des études assez cool à lire si vous avez le temps) :
https://www.millercanfield.com/resources-Should-Athletes-Demand-Morals-Clauses-in-Contracts.html
https://secure.ethicspoint.com/domain/media/en/gui/38229/code.pdf
https://atlhawksfanatic.github.io/NBA-CBA/player-conduct.html