Décevante, c’est ainsi que l’on peut qualifier l’issue de la saison pour les Milwaukee Bucks. Champions NBA 2020-2021, les daims avaient à coeur de poursuivre sur leur lancée, avec le back-to-back en ligne de mire. Derrière un Giannis Antetokounmpo au sommet, ils ont pourtant mal débuté leur saison régulière. Orphelins de P.J. Tucker parti à Miami, les Bucks perdent également Brook Lopez dès le premier match. Il faudra quelques rencontres pour que les choses rentrent dans l’ordre, et voir Milwaukee prendre son rythme.
Sans surprise, les victoires s’enchainent lorsque l’effectif est épargné par les blessures. Le trio Holiday-Middleton-Giannis emmène l’équipe, pendant que certains role players emboitent le pas. On pense surtout à Bobby Portis, qui réalise une deuxième saison de qualité dans le Wisconsin. La profondeur du roster fait son effet, avec de nombreux joueurs expérimentés et prêts à contribuer chaque soir. Milwaukee peut compter sur ses champions, et si le moteur ronronne, on sent qu’il sera difficile de l’emballer. La conférence Est s’est clairement densifiée, et l’absence d’un membre du trio peut vite faire craindre le pire alors que les Playoffs approchent. Milwaukee a ce qu’il faut pour assurer une place dans le top 3 en régulière, place aux vrais objectifs des daims.
Au premier tour, les hommes de Mike Budenholzer sont opposés à Chicago. Ils se chargent assez facilement de leurs adversaires, mais le Game 2 ne sera pas seulement le théâtre d’une superbe victoire des Bulls en terres vertes. Les Bucks voient également Khris Middleton se blesser lourdement au genou pendant le match, et craignent le pire. Il s’agit finalement d’une belle entorse : ils devront se passer de leur ailier pour le reste de la série, et surtout pour les demi-finales face à des Celtics injouables. Boston sort alors d’une performance XXL face aux Nets, sweepant les coéquipiers de Kevin Durant. Avec un duo Tatum-Brown en feu, l’absence de Middleton sur les ailes pèse trop contre Milwaukee. Malgré un Giannis titanesque et une farouche ténacité, les Bucks finissent par s’incliner en sept rencontres face à des Celtics trop organisés et trop forts collectivement.
In & out : le point sur le roster
Le roster à ce jour :
Meneurs de jeu : Jrue Holiday, George Hill, Jevon Carter, Luca Vildoza, Lindell Wigginton
Arrières : Wesley Matthews, Pat Connaughton, Grayson Allen, A.J. Green, MarJon Beauchamp
Ailiers : Khris Middleton, Thanasis Antetokounmpo, Jordan Nwora, Joe Ingles
Ailiers forts : Giannis Antetokounmpo, Bobby Portis, Serge Ibaka
Pivots : Brook Lopez, Sandro Mamukelashvili, Marques Bolden
Phase de l’équipe : Candidat au titre
Évidemment, il ne peut pas en être autrement pour les coéquipiers de Giannis Antetokounmpo. Ce dernier continue de marcher sur la ligue, et s’est affirmé comme un brillant leader au fil des années, capable d’emmener son équipe au bout. L’effectif n’a presque pas changé, et si les blessures ne se mettent pas en travers de leur route, les Bucks feront partie des grands favoris dans la course au titre cette saison encore. Après une élimination frustrante lors de la dernière campagne, nul doute qu’ils reviendront avec le couteau entre les dents. Cependant, quelques faiblesses ont pu être identifiées, et Milwaukee devait tenter d’y remédier pendant l’intersaison.
Les tendances de l’été
Conserver l’existant
Milwaukee mise sur la stabilité cette saison. Les daims n’avaient aucune véritable raison de chambouler leur effectif, et une marge de manoeuvre inexistante. Des mots du GM Jon Horst, la seule priorité était de garder le groupe intact. Seul le départ de Rayjon Tucker est à “déplorer”, lui qui n’avait joué que… deux matchs la saison dernière. En revanche, les Bucks se sont concentrés sur des prolongations de contrats, à commencer par celle de Bobby Portis. L’ailier-fort ne touchait “que” 4,5 millions de dollars jusqu’à présent, et la franchise a fait ce qu’il fallait pour récompenser et conserver son homme à tout faire. Avec un nouveau bail de 49 millions de dollars sur 4 ans, dont la dernière année en player option, Portis devra maintenir sa contribution. Agressivité, énergie à tout va, voilà ce que lui demande Milwaukee, et ce qui en a fait un des chouchous du Firsev Forum. L’ancien de Chicago a d’ailleurs sorti sa meilleure campagne statistique en carrière : 14,6 points, 9,1 rebonds, à 48% au tir dont 39% de loin. Il a aussi grandement comblé l’absence de Brook Lopez, bien que dans un profil différent de celui du pivot. Une pièce majeure de l’effectif, qui reste dans le Wisconsin donc, et c’est bien la meilleure nouvelle dans la rubrique transferts de l’été des Bucks.
A ses côtés, plusieurs joueurs ont emboité le pas en laissant leur valise à Milwaukee. Pat Connaughton sera toujours en vert, tout comme Wes Matthews et Jevon Carter. De quoi maintenir de la densité sur les lignes extérieures, et des profils variés avec du tir et de la défense. De vrais soldats comme les Bucks les adorent, pour entourer leur trio dominant. On notera aussi le retour de Serge Ibaka, bien que l’intérieur espagnol sorte d’une saison délicate. On l’a d’ailleurs perdu de vue lors des Playoffs, lui qui n’a que très peu joué face aux Bulls, et encore moins face aux Celtics.
Des petits jeunes comme seuls nouveaux, ou presque
Détenteurs du 24ème choix de Draft, les Bucks ont jeté leur dévolu sur MarJon Beauchamp. Arrière-aillier longiligne et très mobile, le jeune joueur au parcours atypique sort d’une année en G-League sans avoir suivi un cursus classique. Il n’a rien d’un shooteur, bien au contraire, malgré sa forte propension à jouer off-ball. Une aubaine donc car Beauchamp ne sera pas amené à porter la balle dans cet effectif. Très capable lorsqu’il s’agit d’attaquer le cercle, il est un bon finisseur en drive, des deux mains. Défensivement, l’intensité est également ce qui le caractérise le mieux. Bon lecteur de jeu, son moteur lui permet d’aller gratter des interceptions et d’être souvent bien placé. Un profil d’energizer qui colle donc bien aux Bucks, et un joueur prêt à contribuer tout de suite du haut de ses 21 ans.
On notera également la signature du jeune A.J Green en two-way contract. A 23 ans, il a réalisé un cursus universitaire complet, en s’affichant comme un shooteur fiable (37,8% derrière l’arc et 90% aux lancers francs). Difficile de savoir s’il aura des minutes, mais il est toujours intéressant de parier sur ce type de profil en complément d’une rotation.
Focus sur la saison 2022-23 des Bucks
On l’a dit, Milwaukee doit tout simplement viser le titre, ni plus ni moins. Pour cela, Mike Budenholzer comptera évidemment sur le retour de ses hommes forts et leur bonne santé cette saison. Mais le coach des daims aura également du travail pour repenser certains aspects du jeu de Milwaukee, car un effectif au complet ne suffira pas pour s’ouvrir un boulevard vers le trône de champion. Avec quelques faiblesses à corriger, le technicien disposera néanmoins de la saison régulière, sauf accident, pour continuer de parfaire ses rotations et ses schémas.
Soigner ses blessés
Les Bucks ont en réalité enregistré une autre arrivée en plus des jeunes joueurs : celle de Joe Ingles. En provenance de Portland, où il n’a joué aucun match, l’ailier se remet toujours d’une rupture des ligaments croisés contractée lorsqu’il jouait encore au Jazz. Impossible de savoir dans quel état sera Ingles, mais Milwaukee peut se permettre de tenter ce pari. S’il se remet bien, il sera un atout supplémentaire pour l’attaque des Bucks, grâce notamment à sa qualité de shot. Cependant, il est peu probable de le voir revenir sur les parquets avant janvier, selon les propos de Jon Horst qui veut laisser le temps nécessaire à son nouveau joueur.
Surtout, la trêve estivale a permis à deux joueurs essentiels de se soigner : Khris Middleton et Brook Lopez. Pour autant, l’ailier n’est toujours pas remis de ses pépins physiques, lui qui avait cruellement manqué aux siens dans la série face aux Celtics. Blessé au genou pendant les Playoffs, Middleton a également dû se faire opérer du poignet au début de l’été, pour réparer un ligament. Il manquera le début de saison, mais devrait revenir sur les parquets assez rapidement d’après les dernières informations. Triple All-star, l’ailier est capital aux côtés de Giannis, et ce des deux côtés du terrain.
L’effectif des Bucks prend de l’âge, que ce soit Middleton et ses 31 ans, ou encore Brook Lopez et George Hill. SI précieux depuis son arrivée dans le Wisconsin, le pivot n’est revenu qu’en toute fin de saison après des problèmes de dos depuis le premier match. Pas les meilleures conditions pour contribuer à haut niveau, notamment en Playoffs. Et, à plus de 34 ans, Lopez voit ses jeunes années s’éloigner à grande vitesse. On espère le voir jouer toute la saison, et il est capital pour Milwaukee de pouvoir s’appuyer sur sa superbe complémentarité avec le Greek Freak, que ce soit par sa protection d’arceau ou ses qualités de shooteur (34,4% depuis son arrivée à Milwaukee). De son côté, Hill a connu des problèmes de cou et d’abdominaux. À 36 ans, il a même envisagé de prendre sa retraite, mais tient à finir sur une bonne note avec les Bucks. Son rôle de back-up reste tout de même important, d’autant que le titulaire Jrue Holiday ne rajeunit pas non plus.
Une nouvelle approche défensive ?
Si Budenholzer s’est souvent montré borné dans son approche défensive, le coach a su évoluer au fil des années. C’est notamment ce qui a permis à Milwaukee de passer un cap et de remporter le titre en 2021. Habitués du drop coverage, les Bucks ont souvent laissé les role players adverses ouverts pour prendre des tirs, et cela les a parfois pénalisés dans les moments importants. Lors de la série face aux Hawks il y a deux ans, Budenholzer avait demandé à Brook Lopez de monter plus haut pour aller gêner dans le périmètre, pour contrer la folie de Trae Young. En insistant sur les forts joueurs de périmètre adverses, Milwaukee laissait alors beaucoup de libertés aux role players. Un schéma que les Bucks semblent vouloir limiter, en étant plus proches des shooteurs. En conséquence, les aides sont plus compliquées à l’intérieur pour Bobby Portis par exemple, et les coéquipiers de Giannis se retrouvent plus exposés sur les pick and roll. Surtout lorsque l’adversaire dispose de poseurs d’écrans agressifs vers le cercle, et d’extérieurs capables de scorer à mi-distance en sortie de ces écrans.
Il faudra du temps aux Bucks pour expérimenter et adopter ces nouveaux préceptes défensifs, mais avec des défenseurs élites dans le roster et un monstre de mobilité comme Antetokounmpo, on est curieux de voir les résultats de ces changements. En cas de réussite, Milwaukee pourra alors conserver ses habitudes face aux franchises en manque de tireurs extérieurs, et appliquer ces nouveautés contre les équipes moins fortes sur pick-and-roll. Il restera tout de même difficile d’attaquer le duo Holiday-Giannis sur ce schéma.
Espérer une surprise
Pour compléter cet effectif pléthorique, les Bucks misent sur une progression de quelques jeunes joueurs. Au-delà des rookies déjà cités, deux joueurs retiennent l’attention du management. Jordan Nwora vient de signer un contrat de deux ans pour renforcer les ailes. En vue face à Memphis en pré-saison, il s’est montré capable de scorer de toutes les manières, que ce soit au tir ou en finissant au cercle. Bien qu’irrégulier et parfois brouillon dans ses choix, Nwora peut espérer quelques minutes dans la rotation si les progrès sont au rendez-vous.
De son côté, Sandro Mamukelashvili a alterné les passages en G-League et la NBA la saison dernière. Capable de contribuer offensivement, il pourrait gratter du temps de jeu autour de Portis ou Ibaka pour faire souffler Giannis, alors qu’il faudra compenser ses lacunes défensives. Plutôt adroit, il peut jouer aux deux postes intérieurs et apporter en attaque. Bien qu’il aime avoir la balle en main, il reste lui aussi brouillon dans le registre. Une petite option supplémentaire pour Budenholzer mais là encore, il faudra une vraie progression pour espérer du temps de jeu. Mamu aura peut-être du temps pour se développer si les Bucks prennent un train de sénateurs pendant la saison régulière.
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
C’est très simple : une équipe en bonne santé, qui domine son sujet en saison régulière et monte en puissance quand le printemps approche. Milwaukee doit se comporter en patron, derrière le trio Giannis-Middleton-Holiday. Oui, il y aura toujours à redire sur tel ou tel aspect du jeu car la perfection n’existe pas, encore moins en NBA, mais on attend des Bucks qu’ils s’en approchent le plus et soient effrayants pour n’importe quel potentiel adversaire en Playoffs. Sans tomber dans la facilité et se mettre à ronronner pendant la saison régulière, largement à leur portée. L’avantage du terrain doit être un objectif clair, et Budenholzer doit renforcer les certitudes existantes tout en cherchant à gommer les quelques défauts de l’effectif.
Cela passera par l’exemplarité des têtes d’affiche, et la progression constante des role players à leurs côtés. La fidélité de Giannis Antetokounmpo ne doit jamais être considérée comme acquise, car tout va vite en NBA. Milwaukee dispose d’un effectif complet mais vieillissant, et doit savoir se renouveler pour ne pas arriver à une fin de cycle. Les nouveaux jeunes joueurs sont donc importants pour le projet des daims, autant que les progrès des joueurs confirmés et déjà en place comme Allen ou même Portis. La concurrence restera rude à l’Est, et les Bucks restent une cible à abattre pour les autres franchises en quête de succès.
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L’avis de @BucksFR
Que penses-tu de l’été très calme des Bucks ?
@BucksFR : Les Bucks ont emmené les Celtics en 7 matches dont 2 qui auraient pu basculer en leur faveur malgré l’absence de Khris Middleton. Le Front Office se dit que relancer avec la même équipe est probablement une bonne idée, nous le pensons aussi. Contre Boston, il a manqué aux Bucks de la création et du scoring derrière l’immense joueur qu’est Giannis, mais aussi des solutions pour pouvoir switcher suite aux blessures de Middleton et Bembry. Le retour de l’ancien de Texas A&M et le coup tenté par Horst sur Joe Ingles peuvent permettre de pallier ceci.
Si jamais le pari Ingles ne prend pas, le contrat d’un an pourra en faire un jeton de trade non-négligeable, couplé par exemple à Nwora, Ibaka, Hill et/ou du 2nd TDD.
Que vas-tu observer de très près cette saison ?
@BucksFR : La santé. Les Bucks ont des joueurs pour certains vieillissants qui ont connu des blessures importantes (Middleton, Lopez, Ingles). C’est la chose la plus importante pour espérer aller loin en playoffs. La recette miracle n’existe pas, mais avec les temps de repos de chacun, il est important que certains joueurs puissent prouver qu’ils peuvent apporter des minutes et se développer, notamment Mamu, Nwora et Beauchamp. La capacité de Jevon Carter à prendre la place de George Hill de la rotation sera également à surveiller.
Hors blessures, qu’est-ce qui peut empêcher les Bucks de récupérer leur titre ?
@BucksFR : Les Bucks eux-mêmes. Budenholzer, aussi par manque de personnel, est retombé dans ses travers en mourant avec ses idées alors qu’il avait su s’adapter l’an passé pour mener Milwaukee au titre. Dans la même veine, si les joueurs autour de Giannis ne se mettent pas au niveau, ne rentrent pas un tir et ne proposent pas de mouvement pour le soulager, les équipes avec une grosse défense intérieure, aka tous les contenders à l’Est, poseront tout de suite de gros problèmes à Milwaukee