Les Los Angeles Clippers ont continué une saison d’intérêt limité. Avec un groupe de vétérans bâti pour le titre mais privés de ses stars, il n’y avait qu’à patienter.
Kawhi Leonard, Paul George sur deux jambes, les apports de Covington, Powell et John Wall s’ajoutent à un groupe qui avait frôlé les playoffs l’an passé. Il est maintenant venu aux Clippers l’heure d’assumer leur statut.
In & out : le point sur le roster
Le roster NBA à ce jour
Meneurs : Reggie Jackson, Terance Mann, John Wall, Jason Preston.
Arrières : Norman Powell, Luke Kennard, Amir Coffee, BJ Boston.
Ailiers : Kawhi Leonard, Paul George, Nicolas Batum.
Ailiers forts : Robert Covington, Marcus Morris.
Pivots : Ivica Zubac, Moussa Diabate (2-way), Moses Brown.
Phase de l’équipe : Prétendant au titre
Difficile de penser à une franchise dont les ambitions sont autant rythmées par les blessures que les Clippers. Les premiers choix de draft Danny Manning et Blake Griffin fauchés dès leurs débuts, la cuisse fragile de Chris Paul chaque printemps, et désormais l’alternance des absences Kawhi Leonard-Paul George. Les planètes semblent enfin s’aligner en ce début de saison 2022-23, assez pour lancer un mouvement vers le sommet ?
Les Clippers ne se contenteront sûrement pas de moins que ça. Avec un effectif désormais à nouveau au complet, ils retrouvent les cadres de l’aventure jusqu’aux finales de conférence 2021. Malgré quelques pertes (Beverley, Rondo), l’effectif 2023 semble même supérieur à celui qui s’était collectivement délité face aux Suns.
Cette saison entière sans Kawhi Leonard, dont la moitié sans Paul George, a forcé certains joueurs à prendre davantage de responsabilités : Reggie Jackson en titulaire établi, Luke Kennard en tireur de très haut volume, Terance Mann toujours plus agressif et Ivica Zubac en patron de la défense. Surtout, les Clippers ont profité du mieux fourni des vide-greniers NBA. En récupérant à moindre coût le toujours précieux Robert Covington et le facteur-X Norman Powell, les Clippers consolident leur statut tout en haut de la conférence ouest.
Les tendances de l’été
La continuité en attendant Kawhi
En attendant le retour du patron, Jerry West et Lawrence Frank n’ont pas fait de folie. L’objectif était clair. Avec une marge de manœuvre salariale limitée et sans monnaie d’échange intéressante sur le marché des transferts, les Clippers étaient condamnés à la continuité.
L’été a donc débuté par la sécurisation des joueurs complémentaires si importants à la conquête d’un titre. Ivica Zubac resigne pour 3 ans et 32M$, un contrat peu onéreux pour un titulaire qui est par ailleurs le plus ancien Clipper de l’effectif. Amir Coffey et Nicolas Batum obtiennent aussi une jolie récompense, en signant des contrats garantis sur respectivement 2 et 3 ans.
Le vrai coup de l’intersaison des Clippers avait en fait eu lieu lors de la saison précédente, avec Robert Covington et Norman Powell. Le transfert n’était pas évidemment pas effectué pour renforcer l’effectif dans la course au play-in, mais bien pour la course au titre une fois Kawhi et George revenus.
Le pari John Wall
Outre un ambiance saine dans le vestiaire, la grande limite des Clippers dans leur quête du titre en 2021 avait été la création à la mène. Patrick Beverley y était limité, Rajon Rondo et Mann se voyant conférés une charge qu’ils n’étaient pas toujours prêts à assumer.
Encore une fois en charognards, les Clippers récupèrent les indésirables d’équipes en reconstruction. Coupé par les Rockets, John Wall a eu le changement d’équipe qu’il désirait. Sûrement en manque de rythme et touché par des soucis personnels, il est difficile d’estimer avec précision l’état de forme de John Wall. Un rôle réduit, sûrement en sortie de banc derrière Reggie Jackson, pourrait lui permettre d’effectuer une saison pleine, et d’arriver en playoffs le vent en poupe.
L’investissement est sportivement assez peu risqué pour les Clippers. Outre Powell, Kennard, Mann et Jackson comme valeurs sûres sur les postes 1-2, Amir Coffee donne également des garanties. Il n’y a donc pas d’urgence à intégrer John Wall dans la rotation, et aucune raison de précipiter son retour.
A la draft, les Clippers n’ont pas fait de vague. Comme l’an dernier (BJ Boston), ils ont misé sur le potentiel à long-terme en sélectionnant l’intérieur français Moussa Diabate. Protégé de Juwan Howard à Michigan, il avait quitté le cocon NCAA après une année réussie, et pourrait voir le parquet du Staples Center tant la rotation des Clippers est fine au poste 5. Mais encore faudrait-il que Tyronn Lue joue avec un poste 5…
Focus sur la saison 2022-23 des Clippers
La certitude de la défense…
Pour prétendre aux sommets, les Clippers devront retrouver la défense qui avait fait leur force en 2021. Alors 7ème défense de la ligue, Kawhi and Co. affichaient une défense complète et performante. Avec Beverley et Mann en chiens de garde sur le porteur de balle, George et Leonard sur les ailiers et la tour de contrôle Zubac, les hommes de Tyronn Lue étaient capables à la fois de protéger la raquette (9èmes de la ligue) et de limiter les tirs à 3-points adverses (7èmes).
S’ils ont certes depuis perdu le leader vocal de leur défense en Beverley, les Clippers sont toujours aussi bien équipés. Si ce n’est mieux.
Dans une version conférence Ouest des Toronto Raptors, les Clippers devraient pouvoir aligner des line-ups pleines d’ailiers longs et défensifs. Norman Powell, Kawhi Leonard, Robert Covington, Paul George, Nicolas Batum, Marcus Morris Jr : aucun point faible évident à attaquer.
Avec Robert Covington qui retrouverait son rôle de 5 défensif qu’il a pu connaitre sporadiquement dans le micro-ball de Morey à Houston, les Clippers sont clairement une des équipes les mieux équipées pour défendre en switch. Selon l’adversaire, ils ont également les outils pour défendre plus traditionnellement, Zubac offrant assez de garanties sur drop. A noter toutefois la perte du pivot remplaçant Hartenstein, parti à New York, qui était statistiquement l’un des tous meilleurs protecteurs d’arceau la saison passée.
Les avantages du small ball avait été mis en évidence lors de la série de playoffs contre le Jazz en 2021. Défensivement, Los Angeles avait neutralisé le jeu de pick and roll en changeant à outrance. Rudy Gobert avait alors peiné à punir les différences de taille. Offensivement, le spacing avait débordé le Jazz et neutralisé leur défense intérieure. Rendez vous au printemps 2022 pour une revanche, à l’occasion d’une série Clippers-Timberwolves ?
…les doutes de l’attaque
Les Clippers ont souffert offensivement l’an passé, terminant à une piteuse 25ème place aux points marqués par 100 possessions. Privés de Leonard, le profil offensif des Clippers ne s’était pas totalement ajusté à l’absence de leur star. Avec toujours autant d’isolations (7ème fréquence de la ligue), mais sans joueur excellent dans ce domaine, les Clippers ont chuté à la 28ème place en efficacité sur ces isolations (0.83 points par possessions). Le retour de George et Leonard devrait au moins limiter les isolations de Marcus Morris Sr et Reggie Jackson, qu’on retrouvait tous deux dans le top 30 (!) des joueurs d’isolation l’an dernier.
L’inquiétude pour la saison à venir réside donc plutôt en attaque. Tyronn Lue n’étant pas connu pour ses schémas fantaisistes, comment les Clippers vont-ils pouvoir générer de l’attaque ? Du moins, qui d’autre que Paul George et Kawhi Leonard peut assumer une part importante de la création offensive ? Cette alternance sera nécessaire en playoffs face à des défenses mieux préparées, mais aussi en saison régulière lors de leurs incontournables absences.
Les Clippers devront donc trouver des alternatives aux isolations Leonard/George. C’est là que l’expérience de création engrangée au cours de cette année test en 2021 sera précieuse. Mann, Kennard et Coffee ont montré de jolis passages en chefs d’orchestre. Les slashers John Wall, Reggie Jackson pourront profiter des espaces offerts par les nombreux tireurs à 3-points de l’effectif (dont Luke Kennard, qui était l’an dernier le meilleur tireur de catch&shoot de la ligue, parmi les joueurs à plus de 300 tentatives).
L’inconnue John Wall
Difficile de prédire l’apport de John Wall sans connaitre exactement sa forme physique. Sans aucune saison complète depuis 2017, jusqu’à quel point est-il raisonnable de compter sur son retour à un haut niveau de compétition ?
Son dernier exercice aux Rockets en 2020 a apporté autant de réponses que de questions. Certes moins explosif que dans ses jeunes années, Wall était toujours capable d’atteindre le cercle. C’est ce qui lui a permis de mettre en valeur son playmaking, de loin sa qualité prinicipale, et qui semble avoir bien vieilli. Qualité qui devrait être mise en valeur par le nombre important de tireurs autour de lui, et par la qualité de pose d’écran Ivica Zubac.
Deux questions subsistent toutefois. Quid de sa qualité de scoring individuel ? Certes aidé par un contexte collectif pesant après le départ de James Harden en 2020, Wall avait vécu de loin sa pire saison à l’efficacité, seulement dans la moyenne des meneurs dans l’efficacité au cercle et loin derrière à mi-distance et à trois-points. Le risque donc est de voir sa menace au playmaking annihilée par son manque de menace au scoring, dans une version 2.0 d’un Rajon Rondo vieillissant.
L’autre question, peut être plus importante, concerne la défense de John Wall à son retour. Peut-on espérer de lui un niveau nécessaire au point d’attaque pour justifier sa présence sur le terrain avec le cinq majeur ? C’est sûrement de ce côté du terrain qu’il devra d’abord faire ses preuves, avant d’être responsabilisé en attaque.
Le facteur X Norman Powell
Et si les soucis de création secondaire derrière Leonard et George n’avaient pas une solution toute trouvée ? Tout juste arrivé à LA que déjà blessé, Powell pourrait bien être le troisième scoreur que recherchent les Clippers. Excellent joueur d’isolation à Toronto puis Portland, Powell devrait parfaitement s’intégrer à l’attaque des Clippers. Avec sa menace à trois-points et ses qualités défensives, il constitue le joueur de complément parfait derrière Leonard et George.
Reste à voir quel rôle Tyronn Lue réserve-t-il à sa recrue : scoreur de luxe en sortie de banc, ou bien 3&D de complément avec le 5 de départ ? Cela dépendra sûrement de la forme offensive de John Wall et les besoins offensifs du banc. Norman Powell, lui, sera en tout cas un élément important du succès des Clippers en playoffs, où son profil de création et de défense prend encore davantage de valeur.
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
Le retour de Kawhi Leonard sur un terrain de basket est un évènement en soi. Rares sont les joueurs pouvant autant dominer un match, des deux côtés du terrain, de manière aussi nonchalante. Le contraste avec son compère Paul George, beaucoup plus fantasque, rend la performance encore plus agréable.
Un John Wall en jambe, rapide comme on a pu le voir par séquences en présaison, un Reggie Jackson efficace, un Amir Coffey toujours aussi créatif. Les role players des Clippers gardent un attrait particulier dans une ville où le star appeal appartient à l’équipe pourpre et or. Et il faudra bien des joueurs qui prennent le relais lorsque les deux stars vont manquer leurs matchs.
Et enfin, on souhaite du temps de jeu à notre rookie français Moussa Diabate. Avec seul Zubac comme poste 5 NBA de métier, Diabate pourrait avoir des minutes conséquentes dès sa première saison. Il pourra apporter son énergie, sa défense, et pourrait intégrer des schémas de switch sur écran.