La mort, les impôts, l’infirmerie pleine et un intérieur qui fait la loi dans la raquette. Être fan du Heat c’est savoir que n’importe quelle saison sera riche en émotions, en blessures et absences. C’est se coucher tranquille en pensant au fait qu’un duo Riley/Spoelstra est parmi les meilleurs de la ligue, c’est trembler de stress lors du troisième quart temps d’un match. C’est attendre la première gueulante de Udonis Haslem ou l’interview de Herro et Butler.
Cette saison a cependant été marquée par plusieurs arrivées. Un Kyle Lowry désireux de regoûter aux finales NBA, un Oladipo enfin à 100%, un PJ Tucker rajeuni et au combien précieux, des prolongations élevées pour Butler et Robinson, fort dans ses ambitions : la meilleure équipe de Floride a grandement investi durant l’Off season pour se redonner les moyens de tutoyer les sommets.
Le résultat est malheureusement contrasté. Bam Adebayo progresse mais doit encore trouver son équilibre, Butler est calibre MVP mais a raté 25 matchs et, surtout, Duncan Robinson voit sa très bonne réussite à 3pts chuter.
Lowry et Tucker vont cependant faire profiter de leur expérience à l’ensemble du groupe, les victoires s’enchainent, le collectif se crée, Herro futur 6MOY se complaît dans ce rôle d’électron libre, les petites trouvailles du Front Office que sont Yurtseven et Struss se taillent une place dans un groupe très dense. Oladipo revient sur la fin de saison et permet de rééquilibrer le banc du Heat avant que se profile devant eux un parcours de PO riche en moments épiques.
Comme souvent, le Heat n’aura jamais été à 100% mais termine fort la saison et s’apprête à fracasser les Sixers de Embiid… comme un sentiment de déjà vu ? Avant cela, il faudra infliger une leçon de basket à des Hawks qui ne vivent et meurent que grâce à un Trae Young qui sera chatié par l’armada floridienne. Des scores fleuves, une défense de fer et les aiglons semblent autant dépassés que peu investis dans les basses besognes. 4-1 autoritaire, l’occasion d’une dernière répétition avant de retrouver l’équipe que Miami adore détester.
Se dressent face à eux les Sixers d’un Embiid encore blessé mais toujours calibre MVP et d’un James Harden toujours en quête de titre. Une équipe collective face à un monstre bycéphale ; la cité du vice face à la cité de l’amour et une série qui sent le soufre et le sang frais.
En six matchs, le Heat puise dans une défense de fer pour verrouiller Embiid et Harden ; tout en étant porté par un Jimmy Butler qui est si fort pour hausser son niveau de jeu quand viennent les play offs. Miami achève la bête en empêchant Philly de dépasser les 90 pts lors des deux derniers matchs. Se dressent alors face à Jimmy Butler et consort une équipe des Celtics en pleine ascension, qui n’a eu de cesse de séduire la planète NBA en éliminant coup sur coup Nets et Bucks.
La série va commencer étrangement, avec des blow out multiples, des scores fleuves et des matchs qui ne se ressemblent pas jusqu’au game 6 où, dos au mur, Butler pose 47 pts pour porter le Heat vers la victoire et pousser la série en 7. Le dernier match sera haletant, Bam et Lowry font au mieux pour aider Butler à maintenir la barque (75 pts cumulés pour le trio), Boston prend des coups mais ne craque pas et à la fin ce sont bien les soldats du Massachusetts qui iront défier Golden State.
Une saison qui se conclue avec une place de premier de conférence pour le Heat, un bilan de 53-29 et une Top 5 défense pour l’équipe floridienne. De quoi s’inquiéter ? Bien au contraire, le Heat a de nombreux indicateurs positifs, mais dans une conférence Est qui revient à son meilleur niveau, certains départs peuvent vous coûter cher.
In & out : le point sur le roster
Après un été 2020-2021 survolté, le Heat a connu des eaux plus tranquilles sur cette Free Agency. Participant de loin au feuilleton Donovan Mitchell sans trop s’avancer, priorité à la draft et à la continuité. Markieff Morris fera ses valises en fin de saison pou rejoindre les Nets, un joueur qui n’a pas pu contribuer longtemps, après avoir caressé de près un autobus serbe : peu de regrets pour Miami. La perte de Tucker, qui a été un parfait complément au systéme de jeu de Spoelstra et formait un duo dynamique avec Bam, est cependant vécue comme un coup dur. Le vétéran grisonnant mais toujours aussi bon dans ce registre d’enforcer et shooter à 3pts va en effet apporter sa voix grave et son expérience aux rivaux de Philadelphie, s’offrant un dernier défi(et gros contrat).
Le point sur le roster actuel :
Meneurs : Kyle Lowry, Gabe Vincent
Arrières : Tyler Herro, Victor Oladipo, Duncan Robinson
Ailiers : Jimmy Butler, Caleb Martin,Max Strus
Ailiers-forts : Nikola Jovic, Haywood Highsmith, Udonis Haslem,
Pivots : Bam Adebayo,Dewayne Dedmon, Omer Yurtseven, Darius Days
Phase de l’équipe : En quête de progrès
Le Heat est dans cette position peu confortable d’équipe qui est un contender sérieux dans sa conférence mais qui peine à creuser l’écart avec ses concurrents majeurs. Si certaines équipes s’appuient sur un 5 majeur monstrueux et un banc dégarni, d’autres font le choix d’une rotation large où le collectif prime. Le Heat est coincé entre les deux, présentant un cinq majeur de très bon niveau mais qui peut se montrer irrégulier, allié à un banc composé de bons role players mais dont certains ne peuvent être alignés trop longtemps, tout un paradoxe. Le chainon manquant entre le banc et le cinq majeur ? Tyler Herro. Le sixième homme de l’année est clairement le joueur sur qui les projecteurs vont être braqués, entre son gros contrat récent, ses désirs d’être titulaire et son niveau qui ne cesse d’augmenter, l’ancien arrière de Kentucky concentre autant les espoirs du Heat que ses doutes.
Chose incroyable dans l’univers NBA, le Heat a drafté plusieurs joueurs. Pour compenser un éventuel départ de Tucker, le Heat a jeté son dévolu sur l’intriguant prospect serbe Nikola Jovic. Un intérieur shooter, passeur mais dont l’efficacité n’est pas la plus fiable. Grand mais pas vraiment bon protecteur d’arceau ou contreur, pas le plus agressif des joueurs de sa cuvée, il peut être en dessous en défense, notamment par son manque de qualités athletiques. Mais il possède aussi un réel potentiel de scoreur et une très bonne vision sur le terrain. Bref, il s’agit d’un joueur dit de High ceiling et d’un risque faible pour Miami qui est allé le chercher avec son pick 27.
Il sera logiquement aligné sur le poste 4 quand Spoelstra aura régler le problème de quel ailier poster aux côtés de Bam Adebayo.
Les tendances de l’été
Start, Bench, Cut
Spoelstra se voit confronter à un choix compliqué pour aborder cette saison 2022-2023. Blinder son cinq majeur pour assurer un niveau plancher, garantir une bonne saison régulière mais arriver esseulé en Playoffs ? Miser sur des rotations plus équilibrées mais prendre plus de risques en alignant moins ses stars ? Comment utiliser Oladipo ?
Il est actuellement difficile de dresser un cinq majeur type de cette équipe du Heat. Mais l’élément de réponse n’est pas tant dans le banc ou les titulaires que dans ceux qui font le lien entre les deux. Oladipo et Herro sont les clés de voûte du banc du Heat. Le premier a enfin retrouvé ses pleins moyens physiques, contribuant en défense notamment sur le Point of Attack et proposant une solution off ball avec des cuts nombreux et une faculté à attaquer la raquette que peu de joueurs de l’équipe ont.
Herro, petit prince de Floride a quant à lui pleinement embrassé ce rôle d’artilleur feu follet en sortie de banc (bien qu’il bénéficie d’un gros temps de jeu et qu’il soit difficile de le compter comme remplaçant). Bien plus agressif et affûté physiquement, toujours autant précieux au tir après écran ou en fin de schéma off ball. Sa palette offensive notamment à la passe et au drive n’a de cesse de se développer.
On peut partant de là dresser deux cinq majeurs types :
Lowry/Herro/Martin/Butler/Bam
Lowry/ Robinson/Martin/Butler/Bam
Deux cinq qui permettent d’assurer un spacing avec plusieurs shooters fiables on et off ball, une « raquette » Butler, Bam en piliers défensifs qui a fait ses preuves par séquences l’an dernier, un Kyle Lowry à la baguette en attaque et au global deux alternatives pour Coach Spo’. Le second cinq a cependant l’avantage de permettre d’insérer facilement Herro, le faisant alterner entre Lowry et D Rob pour permettre son apport en attaque. L’absence de réelle poste 4 n’est pas un problème, la défense en zone du Heat, la présence de Bam et d’autres défenseurs au bon QI Basket devraient compenser ce manque de taille, du moins contre la plupart des équipes.
Focus sur la saison 2022-23 du Heat
Se maintenir c’est faire mieux
Beaucoup l’oublient mais le Heat en n’ayant perdu aucun joueur majeur de son effectif et en ayant récemment assuré son futur avec les différents contrats de ses stars reste une place forte de l’Est. Pour la première fois depuis plusieurs années, Spo aborde ce début de saison avec un groupe qui n’a pas connu beaucoup de changements.
Contrairement à la saison précèdent, il devrait disposer d’un effectif en bonne forme (du moins, jusqu’à la réouverture de l’infirmerie), qui a déjà joué ensemble l’an dernier et a réalisé un fort bel exercice malgré des aléas nombreux. Si les concurrents du Heat (Bucks, Celtics, Sixers, Nets, Hawks) ont connu plusieurs changements et sont dans des dynamiques de tout pour le tout pour certaines, le Heat est toujours en train de développer ses jeunes ( Bam, Herro, Jovic), a ses vétérans verrouillés ( Butler, Lowry, Robinson). La base est là, le chantier peut reprendre.
Duncan, but now has to
Le sniper D Rob sort d’un exercice mitigé sur cette saison 2020-2021. Il fut l’objet de nombreuses critiques sur sa baisse d’efficacité au tir (mais qui reste parmi les meilleures de la ligue), et finalement rélégué sur le banc au profit de Max Struss jusqu’à ne plus être aligné en play offs. Un sacré coup derrière la tête pour le joueur qui était il y a deux ans un des verrous de l’effectif. De là à l’échanger ailleurs et à tirer un trait sur son histoire avec Miami ? Non, D Rob reste un des hommes de base de Spoelstra, son haut volume de tir rentrés sur un faible temps de jeu le rend indispensable en saison régulière dans des fins de matchs serrées et face à des défenses extérieures qui peinent à le couvrir.
La première année de contrat fut difficile, le joueur reste talentueux et attendu au tournant en 2022-2023. Locked and loaded ?
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
Une équipe floridienne qui reste top 5 défense ; un Bam Adebayo candidat All Star et toujours plus agressif en attaque, vous avez dit DPOY ? Un Jimmy Butler loin des blessures, qui s’affirme toujours plus comme l’alpha de cette équipe et comme un des meilleurs arrières de la ligue. Un Lowry enfin à 100% et au niveau des ses belles années à Toronto ? Le retour du duo infernale Herro/Robinson ?
Les attentes sont nombreuses pour une équipe du Heat qui doit rappeler à sa conférence qu’elle est l’équipe qui a le mieux tenu face aux Celtics de Tatum et Brown. Tout est à refaire et tout est à prendre, entre les fins de cycles chez certaines et les scandales chez les autres. L’Est, qui semblait pourtant stable l’an dernier, voit sa hiérarchie se bousculer entre des Celtics qui s’enfoncent dans les scandales internes, des Nets qui doivent relancer leur projet une énième fois et des Sixers toujours en quête de la fameuse saison référence.
On veut donc logiquement voir Miami faire une saison pleine autour des 52-55 victoires, arriver en forme en play offs, et pourquoi pas regoûter aux finales de conférence ?
C’est tout le paradoxe de cette équipe du Heat, toujours au rendez-vous mais pleine d’incertitudes et de doutes. Au global, Miami propose pourtant un schéma de jeu rôdé par un des meilleurs entraineurs de la ligue, plusieurs joueurs dominants et des joueurs à potentiel qui auront des opportunités pour s’exprimer cette année.