Il ne faut jamais vendre la peau du dino avant de l’avoir tué. Si la saison 2021-2022 de Toronto devait être résumé en une phrase, celle-ci représenterait parfaitement ce qu’a vécu la seule franchise canadienne de la ligue. Après avoir perdu Kyle Lowry à l’intersaison 2021, mettant quasiment fin au roster champion en 2019, les observateurs voyaient les Raptors plus proche de la reconstruction que de la compétitivité. Annoncés par beaucoup à la bataille pour les play-ins, les hommes de Nick Nurse réussiront à atteindre une 5è place inespérée sur le papier, pour un bilan de 48 victoires pour 34 défaites. Derrière un Siakam retrouvé et une ribambelles de joueurs intéressants, les Raptors buteront sur les Sixers d’Embiid et Harden au premier tour de la post-season.
Si Toronto n’a pas fait le poids face aux superstars de Philly, la saison reste néanmoins une franche réussite. Collectivement d’abord, avec cette 5è place en saison régulière plus que prometteuse, qui met en lumière tout le travail effectué par Nick Nurse depuis plusieurs saisons. Malgré le départ de la majorité de ses cadres de 2019 (Lowry, Kawhi, Gasol ou Ibaka), le coach a réussis à restructurer sa hiérarchie, mettant Siakam et VanVleet au coeur du jeu de son équipe. Si La Défense n’a pas été aussi performante que les années 2019 et 2020, celle-ci reste malgré tout dans le top 10 des défensive rating de la ligue.
Côté individuel, plusieurs joueurs ont répondu aux attentes en cet exercice 2021-2022. Après une saison en demi-teinte, Pascal Siakam est revenu au devant de la scène, alignant les performances de haut standing tout en affichant une efficacité retrouvée (49% au FG contre 45% les deux années précédentes, 34% à 3-pts, contre 29% l’année précédente). Avec près de 23pts, 8,5rebs et 5asts de moyenne par soir, il obtiendra une place dans la All NBA Third Team.
A ses côtés, VanVleet a globalement répondu aux attentes qui pesaient sur ses épaules depuis le départ de Lowry, OG Anunoby a continué à progresser et s’impose maintenant comme une option offensive viable en plus d’être très intéressant défensivement et Gary Trent continue de remplir son rôle de catch & shooter.
La véritable surprise vient de Scottie Barnes. Si le quatrième pick de la draft 2021 était attendu avec un fort impact défensif, ses capacités de l’autre côté du terrain ont surpris les observateurs. Avec plus d’une quinzaine de points de moyenne et des pics à plus de 25 points, il a réussis à devancer Cade Cunningham et Evan Mobley dans la course au ROY. Une belle performance qui promet une saison sophomore éclatante.
Tous ces noms seront de retour en 2022-2023 pour faire briller Toronto dans la ligue. Si l’été a été plutôt calme, il y a néanmoins des sujets à évoquer.
In & out : le point sur le roster
Le roster à ce jour :
meneurs : Fred VanVleet, Jeff Dowtin (two-way contract), Delano Banton, Malachi Flynn,
arrières : Gary Trent Jr, Ron Harper Jr (two-way contract),
ailiers : Scottie Barnes, OG Anunoby, Otto Porter Jr, Justin Champagnie, Josh Jackson, Gabe Brown,
ailiers-forts : Pascal Siakam, Thaddeus Young, Juancho Hernangomez, DJ Wilson,
pivots : Precious Achiuwa, Chris Boucher, Khem Birch, Christian Koloko,
Phase de l’équipe : Envie d’accrocher la qualification directe en playoffs
L’effectif est quasiment le même et les jeunes joueurs ont une année d’expérience et en plus. Comment espérer moins bien que la saison passée? La question est de savoir si les Raptors ont les capacités pour reproduire “l’exploit” de 2021-2022. Alors que certains de leurs concurrents directs se sont renforcés (Mitchell aux Cavs, Dejounte Murray à Atlanta), et que le top de la conférence semble déjà clair (Boston, Bucks, Sixers), la partie ne s’annonce pas facile.
Mais les Raptors sont sur le papier largement au dessus des équipes qui batailleront pour le play-in (Knicks, Hornets, Pacers ou Wizards). A l’instar des Bulls, les Dinos se retrouvent donc dans un entre-deux batard. Une bonne saison devrait permettre d’éviter les matchs couperets de plays-ins mais ne devrait pas être suffisante pour avoir l’avantage du terrain, et un mauvais exercice devrait obliger les hommes de Nurse de batailler une ou deux rencontres supplémentaires pour se retrouver en post-season. Dans tous les cas, difficile de voir les Raptors en dehors de la fourchette 5-8, que ce soit en mieux ou en moins bien.
Les tendances de l’été
On prend les mêmes et on recommence
Comme le tableau ci-dessus le montre, les mouvements à Toronto n’ont pas été nombreux en cet été 2022. Aucun joueur important de la rotation à quitter le navire, et aucune superstar ou joueur pouvant prétendre à une place de titulaire a passé la frontière pour rejoindre le Canada. Le front-office a simplement jeté son dévolu sur quelques forwards pouvant densifier encore plus les ailes. La plus grosse prise est Otto Porter Jr, qui reste sur une saison à 63 matchs joués et une bague aux Warriors (après deux saisons quasi-blanches). 3&D de qualité, il a signé pour une saison à 6M et une seconde en player option pour le même montant. Il apportera de l’expérience derrière Anunoby et Barnes.
Pour de toutes petites sommes, les Raptors ont également fait venir Juancho Hernangomez et Josh Jackson. Le premier, qui a connu une saison compliquée (3 franchises dans l’année, peu de temps de jeu), compte surfer sur son Euro réussi pour reprendre du poil de la bête. Mais se faire sa place sur les ailes ne sera pas aisé. Même constat pour Jackson, qui devra surement se contenter du bout du banc.
L’été des Raptors s’est surtout joué du côté des resignatures. Si la majeure partie de l’effectif était déjà signé sur la durée, Masai Ujiri s’est occupé de prolonger deux pièces importantes de la raquette canadienne. Thaddeus Young reste à Toronto pour 16M sur 2 ans, Chris Boucher, quant à lui, prendra 35M sur 3 ans. Un gage de confiance pour l’équipe qui a été en playoffs l’année passée et une preuve de volonté de stabilité.
Pourtant, l’été n’a pas été si calme. A Toronto comme partout dans la ligue, le cas KD a fait couler beaucoup d’encre. Sur le papier, les Raptors avaient les éléments pour convaincre le front-office des Nets de lâcher leur superstar. Mais dans les faits, le prix demandé était surement trop élevé et les décideurs canadiens n’ont pas souhaité impliquer Scottie Barnes dans l’équation, ce qui était le strict minimum pour les new-yorkais.
Finalement, l’effectif reste donc quasiment identique à ce qu’on a connu la saison passée. Les forces et faiblesses sont-elles toujours les mêmes?
Focus sur la saison 2022-23 des Raptors
Le manque de création offensive derrière VanVleet
En 2021-2022, les Raptors étaient la 29è équipe de la ligue en terme de passes décisives distribuées par soir, avec 22.1 caviars par match. Seuls les Knicks (qui ont joué une partie de la saison avec Alec Burks à la mène ,rappelons le) faisaient pire. Cette statistique démontre bien la problème principale à laquelle Nick Nurse et ses adjoints devront faire face en cette nouvelle saison : la création offensive. La saison passée, Toronto était la deuxième équipe a utilisé le plus l’isolation par match (10,8% des possession, seulement devancé part Brooklyn), ce qui démontre bien que la création pour soi-même est davantage utilisée que les autres systèmes par l’équipe. Derrière Harden et SGA, Siakam est le joueur de la ligue qui utilise le plus l’isolation (23% du temps). Les Raptors sont également la cinquième équipe a utilisé le plus régulièrement la transition (18,4% des possessions) en NBA.
On comprend donc que le jeu construit sur demi-terrain est loin d’être le point fort de l’équipe, qui a terminé avec le 14è rating offensif. Si Fred VanVleet s’en sort avec 6,7 passes par soir, la création offensive est difficile derrière lui. Siakam peut apporter dans un certain registre, mais c’est loin d’être son point fort.
Dans de nombreuses équipes, un second créateur est présent sur les lignes arrières pour décharger le meneur titulaire. Qu’il soit positionné en sortie de banc ou sur le poste 2, qu’il soit jeune et fougueux ou âgé et calme, il est souvent là. Mais ce n’est pas le cas de ces Raptors. Derrière VanVleet, seuls Banton et Flynn prendront des minutes. Le problème n’a donc pas été résolu cet été, et il sera intéressant de voir comment Nurse préservera Fred VanVleet.
La défense comme point d’encrage
Si quelques questions subsistent sur l’attaque des Raptors, La Défense semble bien plus prête. 10è rating défensif la saison passée, les dinos ont payé un début de saison assez compliqué de ce côté du terrain. La deuxième partie a quant à elle était de meilleure facture, en témoigne cette 5è place au défensive rating sur les 25 derniers matchs de la saison, post-All Star Break. En réduisant aux quinze dernières rencontres, on se rend compte que les Raptors étaient même la deuxième meilleure défense du pays, juste derrière les C’s.
Il faut dire que Nick Nurse a le matériel pour effrayer de ce côté du terrain. La ribambelle de forwards tous plus athlétiques les uns que les autres offrent des garanties importantes. Que ce soit en défense individuelle, ou dans les rotations, les Raptors semblent armer contre toute éventualité. Barnes, avec seulement quelques dizaines de matchs dans les jambes, était déjà terrifiant. OG Anunoby, Siakam ou Achiuwa sont également très forts de ce côté du terrain, et leurs capacités de switch permettent une étendue d’options infinies pour Nick Nurse. Si on ajoute à cela Otto Porter Jr, et les non départs de Young et Boucher, on retrouve un front court plus que complet. Ajoutons à cela Gary Trent et Fred VanVleet, qui, s’ils n’ont pas le physique monstrueux de leurs camarades, restent loin d’être les pires arrières de la ligue lorsqu’il faut se coltiner un attaquant de haut calibre.
Vous l’avez compris, l’effectif est construit pour défendre. Avec de l’expérience commune en plus et un nouvel ajout intéressant mêlant expérience et talent, les Raptors se doivent d’être l’une des meilleures défenses du pays dès le premier match de la saison. A Nick Nurse de trouver la bonne formule avant le coup d’envoi de la saison.
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
A Toronto, l’ambition est de mise. Si les Raptors n’ont pas fait de gros coups comme les Hawks ou les Cavs en attirant un All-Star, ils conservent un effectif qui a de solides bases depuis plusieurs mois. On espère donc que ces derniers gagneront du temps de travail sur leurs adversaires direct, en appuyant notamment sur le côté défensif, qui devrait faire frissonner plus d’un coach adverse.
On veut également voir Scottie Barnes progresser. Après une saison rookie excellente, qu’on peut même considérer au delà des attentes, la question se pose de son plafond. Ses 2m01, sa centaine de kilos et surtout sa vivacité et son agilité lui permettent d’accéder assez facilement au cercle (plus d’un tiers de ses shoots sont pris à moins de 5fts du panier pour plus de 67% de réussite). Il doit cependant encore travailler son shoot. Se considérant et étant considéré par son coach et son GM comme un meneur de jeu, il aura besoin de cette qualité de shoot extérieur pour devenir une extrême menace.
Il sera intéressant de voir si Pascal Siakam continuera sur sa lancée. Handicapé par des blessures et une baisse de niveau en 2020-2021, il a repris du poil de la bête et n’a jamais semblé aussi fort. Bien entouré, il est, avec VanVleet, le vétéran de cette équipe, celui sur qui de grands espoirs reposent.
Enfin, il est sûr et certain que Nick Nurse réussira à rendre son équipe compétitive, comme il l’a toujours fait depuis sa promotion au poste de Head Coach. Quid de l’utilisation de Flynn et Banton? Quelles rotations dans la raquette? Quel sera le 5 de départ? Tant de questions intéressantes qui méritent de garder un oeil sur le Canada en cette saison 2022-2023 !
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L’avis de @MikeLaviolRaps
Les Raptors ont peu bougé cet été, que ce soit dans le sens des départs ou des arrivées. Est ce une bonne décision selon toi?
Les Raptors ont clairement misé sur la continuité cette année. L’idée c’est de repartir là où ils en étaient restés – grosse fin de saison avec une défense très forte et un jeu offensif correct – qui les a menés à la 5e place (inattendue) à l’est. Je pense que c’est une bonne chose. Si on doit parler du transfert de KD (pour imaginer que ça aurait vraiment bouger) je pense que le timing n’était pas le bon pour son arrivée et que surtout ce que les Nets demandaient en contrepartie aurait trop affaibli les Raps pour être un sérieux contender – ce que veut forcément KD quand il arrive dans une team.
Comment faire mieux que la saison passée avec un groupe similaire?
On mise sur la progression individuelle et collective des nombreux jeunes joueurs plus Siakam qui peut encore passer un step et en espérant un FVV en bonne santé durant toute la saison cette fois-ci. Ne pas négliger l’apport de Otto Porter Jr qui vient apporter du shoot et de l’expérience également.
Quels manques et quelles forces observes-tu dans l’effectif?
La force de l’équipe c’est la polyvalence défensive de ses joueurs avec cette vision 6’9 mise en place et des lineups composées de 4 à 5 joueurs de grande taille mobiles et avec une grande envergure. La défense des Raps a fini très fort et je pense qu’elle peut devenir vraiment terrifiante avec de plus en plus d’automatismes – non il n’y a pas un problème ou une faiblesse au poste de pivot c’est un choix délibéré. En ce qui concerne les faiblesses, on peut noter peut être un manque d’un meneur vétéran derrière FVV qui aura besoin de souffler cette année pour pas être cramé en deuxième partie de saison comme l’année dernière. Il y a des solutions : Siakam et Barnes ont pris le relais sur ce poste la saison dernière toujours dans cette idée de vision 6’9, Banton a ce profil aussi mais doit gagner en régularité et surtout améliorer son tir, Malachi Flynn semble avoir une dernière chance également, dans un profil plus FVVesque, à lui de la saisir après son bel été.
Quel joueur sera la surprise de cette saison à Toronto?
Le joueur surprise sera Precious Achiuwa, je le vois même titulaire sur quelques matchs face à des adversaires avec de gros pivots dans un 5 monstrueux défensivement FVV OG Barnes Siakam Achiuwa. Il doit continuer à être adroit de loin pour ça et à devenir meilleur dans ses prises de décision et sa finition au cercle mais j’y crois fort !