L’optimisme est-il permis du côté de New York ? Malgré une saison 2021-2022 étonnamment mauvaise, qui avait suivi une saison 2020-21 étonnamment bonne, les Knicks semblent être de retour dans une dynamique positive. Une draft intelligente, un début de free agency positif, Leon Rose réussissait son feuilleton de l’été. Réussite ponctuée par le retour des Knicks, une première depuis 1999, en finale NBA. De summer league, certes, mais l’exploit mérite d’être remarqué.
Mais puisque les Knicks sont les Knicks, cette stabilité ponctuelle a vite été perturbée. Après les sagas de l’été Anthony Davis, Russell Westbrook, James Harden, c’était finalement au tour des Knicks de voir leur été rythmé par les rumeurs. Au terme d’une futile bataille d’égos entre Leon Rose, Danny Ainge, utilisant à leur tour leurs relais médiatiques, les Knicks semblent fragilisés, et leur réussite de l’été nuancée. De quoi assombrir l’horizon ?
In & out : le point sur le roster
Le roster NBA à ce jour :
Meneurs : Jalen Brunson, Derrick Rose, Immanuel Quickley, Miles McBride
Arrières : Evan Fournier, Quentin Grimes
Ailiers : RJ Barrett, Cam Reddish, Svi Mykhailiuk (non-garanti)
Ailiers-forts : Julius Randle, Obi Toppin.
Pivots : Mitchell Robinson, Isaiah Hartenstein, Jericho Sims.
Phase de l’équipe : une équipe du ventre mou qui se veut compétitive
4ème in extremis de la conférence Est en 2021, 11ème en 2022, la réalité des Knicks en 2023 devrait se trouver entre ces deux bornes. En tout cas, les ajouts de l’intersaison et le développement interne des jeunes Knicks laissent espérer mieux que cette décevante 11ème place. Les Knicks veulent s’échapper d’un ventre mou qu’ils ne connaissent que trop bien : pas assez performants pour jouer un rôle en playoffs, pas assez mauvais pour sélectionner les nouveaux joyaux de la draft.
L’objectif du front office est clair : la compétitivité. Le ventre mou devra être quitté vers le haut, non pas par une reconstruction. Mais à part des franchises encore dans leur phase d’acquisition de talents (Orlando, Detroit, Indiana) et Washington et Charlotte qui sortent d’un été compliqué, les Knicks vont se heurter à une conférence est à la hiérarchie bien établie.
Avec ses multiples contrats garantis sur les 4 prochaines années, New York a désormais la structuration salariale à long-terme d’une équipe qui se veut compétitive ; mais semble encore être à un coup d’éclat de s’insérer solidement dans le top 8 de la conférence.
Les tendances de l’été
Draft et agents libres : élimination des erreurs passées
LeBron James, Kyrie Irving, Kevin Durant…chaque intersaison aux Knicks semble avoir son lot de cibles, plus ou moins probables. C’est dans cette lignée qu’avait commencé l’été des Knicks. Déjà en vacances mais bien avant l’intersaison, Leon Rose et consorts avaient publiquement fait part de leurs intentions. La présence de William Wesley (conseiller de Leon Rose) et Allan « Dwight Schrute » Houston (assistant TO the regional manager des Knicks) au match 1 de la série Mavericks-Jazz n’avait dupé personne. Non pas les anciens Knicks Reggie Bullock ou Trey Burke, c’était bien Donovan Mitchell que les Knicks étaient venus observer/recruter/attirer. Les hyènes new-yorkaises anticipaient la mort prochaine du Jazz, un mouvement précoce qui a pu crisper Danny Ainge au cours des négociations qui ont suivi.
Le 11ème choix de la draft 2021 ignoré au profit de futurs choix, les Knicks pouvaient enclencher le plan Brunson/Mitchell. Les contrats généreux de l’été 2021 transférés (Kemba Walker, Alec Burks, Nerlens Noel), les Knicks ont pu offrir dès les premières minutes de la free agency un juteux contrat à Jalen Brunson (104M$ sur 4 ans). Suivra la signature d’Isaiah Hartenstein, l’un des meilleurs pivots back-up la saison dernière, pour deux ans. Rôle qu’il conservera selon toute vraisemblance après la conclusion de l’autre gros dossier de l’été : la prolongation à prix fort de Mitchell Robinson (60M$ sur 4 ans).
Quel impact de l’échec Donovan Mitchell ?
Avec leur lot de choix de draft et de jeunes joueurs (Barrett, Grimes, Quickley, Toppin, Reddish), Donovan Mitchell était la cible assumée. Difficile de discerner rumeurs et vérités dans le flou médiatique qui entoure toujours les discussions de transfert, mais le front office des Knicks semblait prêt à sacrifier de nombreux jeunes pensés intouchables. Comment RJ Barrett et Immanuel Quickley, autrefois placés au cœur du projet, vont-ils penser leur engagement aux Knicks ?
Sentiment de trahison ou rappel que la NBA est avant tout un business où les sentiments sont rares, RJ Barrett pourra en tout cas sécher 120 millions de larmes avec les nombreux billets de son contrat.
Les Knicks abordent donc la saison avec un effectif amélioré, mais encore un grand nombre de questions en suspens. L’effectif n’est pas encore totalement fixé, et l’arrivée de Jalen Brunson doit sûrement être comprise comme un tremplin vers une nouvelle star. Les jeunes pourraient encore être transférés, tout comme les gros contrats de Julius Randle et Evan Fournier.
Focus sur la saison 2022-23 des New York Knicks
Quel rôle pour Jalen Brunson ?
Insérer Jalen Brunson dans le système offensif sera l’adaptation tactique principale attendue de Tom Thibodeau et son staff. Brunson possède nombre de qualités qui faisaient défaut aux Knicks l’an dernier : l’attaque sur pick and roll, l’attaque du panier et la création de tir. Thibodeau retrouvera un porteur de balle principal capable de créer à haut volume pour lui-même et pour les autres. Un luxe pour le technicien, qui, manque de meneur fiable, a dû ces deux dernières années compter sur une attaque plus décentralisée.
L’arrivée de Brunson (28% d’utilisation lorsqu’il ne partageait pas le terrain avec Luka Doncic) devrait retirer une charge importante de création imputée aux peu efficaces Julius Randle et RJ Barrett, respectivement dans le 95ème et 91ème centile d’utilisation pour leur position.
Il est indubitable que Brunson va apporter aux Knicks. Rien que son association avec Mitchell Robinson sur pick-and-roll, action où il figurait dans l’élite de la ligue la saison dernière, fait saliver. La charge reviendra toutefois également à Tom Thibodeau de mettre son nouveau meneur dans des conditions où il peut prospérer. Les attaques « pace & space » de Rick Carlisle et Jason Kidd exploitaient la gravité de Luka Doncic et l’omniprésence de shooteurs dans l’effectif des Mavs. En partageant la plupart de ses minutes avec Randle, Barrett et Robinson, Brunson devra composer sur un demi-terrain moins espacé, aux lignes de drive moins claires.
L’insertion de Brunson dans un 5 de départ à une seule réelle menace à 3-points (Grimes ou Fournier) pourrait s’avérer compliquée. Mais les Knicks ont de réelles pistes d’amélioration. Une association avec Immanuel Quickley redonnerait à Brunson un rôle d’option 1-bis de l’attaque qu’il affectionnait avec Luka Doncic et Spencer Dinwiddie. Bien utilisé, Obi Toppin a le potentiel d’être une arme sur coupes au panier que Brunson aime bien trouver (demandez à Dorian Finney-Smith). Mais cela demandera un minimum de créativité offensive, et surtout la volonté de Barrett et Randle de laisser Brunson mener l’orchestre, aussi dissonant soit-il.
Le nécessaire retour de la défense
4ème meilleure défense en 2021, les Knicks ont perdu la raison de leur succès en 2022. Relégués à une toujours correcte 11ème place, les hommes de Tom Thibodeau ont sûrement davantage perdu une partie de leur identité plutôt que de leur succès. C’est bien en attaque que les Knicks ont reculé d’une année à l’autre (11ème à 23ème), une baisse largement plus importante qu’en défense.
Seulement, pour une équipe menée par Tom Thibodeau, à l’attaque souvent peu créative, c’est par la dureté défensive que passe le succès. Dans l’attente d’une superstar pouvant élever le plancher offensif de l’équipe, nul doute que les Knicks devront en reprendre le chemin. Mais en sont-ils seulement capables ?
Une défense collective de haut-niveau n’est pas qu’une affaire d’envie ou de priorité. Le système défensif de Tom Thibodeau offre déjà un minimum de garanties : une protection de cercle constante, une forte limitation des rebonds offensifs de l’équipe adverse et la contestation des tirs à trois-points. La pierre angulaire de ce système sera Mitchell Robinson : plus patient, meilleur sur pick and roll, il offre la protection de cercle nécessaire. Qualités que réunit aussi Hartenstein.
Mais c’est autour du poste 5 que la qualité du personnel pêche. Les Knicks manquent encore d’autres profils nécessaires à une défense de haut-niveau. RJ Barrett a sûrement le potentiel athlétique et tactique d’un (très) bon défenseur sur l’homme à l’aile, mais a souvent péché dans l’intensité l’an dernier. Grimes devra confirmer de belles promesses si les Knicks veulent faire de lui leur défenseur principal sur les postes 1-2, quand la taille fera défaut à Brunson et Quickley.
Mais ce personnel est-il suffisant pour prétendre à l’élite défensive de la ligue ? L’inconnue principale, comme souvent, viendrait-elle de Julius Randle ?
Julius Randle, sur courant alternatif
Loin est le temps du Julius Randle MIP et joueur All-NBA. Nous revoilà à l’intersaison 2020, après une première année compliquée à New York et avant la saison de la rédemption. Randle aura sûrement à cœur de prouver que l’échec de la saison dernière était l’anomalie, non pas la réussite de la précédente.
L’arrivée de Brunson pourra lui permettre de retrouver un jeu plus épuré, moins stéréotypés et aux tirs moins compliqués. Sa responsabilisation en tant que créateur principal, qui plus est dans une attaque au spacing déficient, a fait chuter drastiquement son efficacité. De 63% de réussite au panier à New Orleans, Randle est passé à 58% à New York, dans le pire quart parmi les postes 4. Sa seule saison réussie à New York était finalement le fruit d’une adresse à mi-distance et à trois-points totalement inédite dans sa carrière.
L’objectif pour Randle doit être clair : continuer, à moindre volume, à créer du jeu à partir de poste haut, où il est vraiment excellent. Autrement, il doit être un joueur agressif vers le cercle, avalant les espaces créés par ses coéquipiers. Ses possessions en isolation et en post-up devraient également être largement diminuées, sauf en cas d’avantage de taille/puissance évident sur des postes 4 plus fuyants. C’est après tout dans un tel rôle, profitant de la création de ses coéquipiers, que Randle a eu ses meilleures années d’efficacité.
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
Si l’objectif du front office semble de retrouver de la compétitivité, y aura-t-il d’autres raisons de se réjouir de l’année des Knicks si celle-ci n’est pas au rendez-vous ? Quels autres objectifs peut-on trouver à la saison des Knicks ?
Sur quels jeunes compter ?
La priorité doit être une dynamique de long-terme : les Knicks sont encore très loin de pouvoir prétendre à gagner en playoffs. Il faut donc hiérarchiser les jeunes joueurs de l’effectif : lesquels font partie du cœur d’un projet compétitif, lesquels peuvent être utilisées comme valeur marchande. Quickley, Toppin, Reddish, Grimes peuvent prétendre à un rôle dans la rotation, certains arrivant à l’échéance de leurs contrats rookie. Cette évaluation interne nécessitera en tout cas de leur donner un temps de jeu régulier, une perspective pour l’instant bien lointaine pour certains si l’effectif reste intact.
L’espoir Immanuel Quickley
En parlant des jeunes, l’évolution d’Immanuel Quickley sera fascinante à observer. Patron de la second unit après la blessure/mise au repos de Derrick Rose, il avait assumé un rôle de porteur de balle principal. Surtout, sa relation explosive sur transition avec Obi Toppin avait donné du dynamisme à une équipe qui en manquait beaucoup. Peut-il cette année continuer à assumer ce role d’accélérateur de jeu, de créateur ponctuel sur pick-and-roll avec le banc ; tout en jouant parfois un rôle plus secondaire auprès de Brunson ? S’il confirme ses progrès en défense et peut compenser le manque de taille évident de cette ligne arrière, Thibodeau pourrait se laisser tenter. La panacée serait alors qu’il retrouve son 46% de réussite à 3 points sur catch-and-shoot de 2021.
Les interrogations Fournier et Randle
La propulsion de Quickley avec le 5 majeur passera sûrement par la gestion du cas Evan Fournier. Pressenti comme sortant du banc par Ian Begley, pour laisser place au profil plus défensif de Grimes, le Français sort toutefois d’une saison satisfaisante. Son profil restant attirant pour des équipes jouant les playoffs, et son contrat se prêtant à des échanges de gros calibre, il y a de fortes possibilités que les Knicks explorent de potentiels points de chute. La gestion bien particulière l’an dernier du cas Kemba Walker, de titulaire à écarté avant de retrouver le cinq de départ, laisse planer le doute quant à la capacité du front office de gérer un Fournier potentiellement mécontent. De même pour Julius Randle, dans l’hypothèse où le développement d’Obi Toppin devient la priorité.
Les Knicks semblent donc, une année de plus, à l’intersection entre la compétitivité et le développement nécessaire de leurs jeunes joueurs. Deux objectifs qui pourraient très bien ne pas être antinomiques si la saison démarre bien et que la rotation se stabilise. Autrement, on pourrait assister à une nouvelle saison de mélodrame, rumeurs de transferts, de coach sur la sellette et d’insatisfactions. Jalen Brunson peut-il à lui-même renverser la tendance ?
Notre Preview Video
L’avis d’@OutsiderAx, observateur des Knicks
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Brunson, Barrett, Mitchell, Hartenstein : es-tu satisfait, sportivement et financièrement, des (re-)signatures de l’été ?
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Avec l’arrivée de Brunson et la conservation de Randle, que peut-on espérer de RJ Barrett cette année ?
L’arrivée de Brunson apportera plus de playmaking et plus de créations à l’équipe logiquement. Je m’attends donc à ce que RJ ait une sélection plus “simple” et qu’il taffe sur son gros défaut, l’efficacité proche du cercle. En fin de saison, il a aussi eu des flashs très intéressants à la passe et je suis hyper intéressé de voir ça ! Globalement il doit devenir plus efficace et se polir offensivement. Ce sera sûrement la clé de notre saison
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Quickley, Toppin, Grimes… quel jeune joueur as-tu le plus hâte de voir évoluer ? Avec quel(s) axe(s) de progression ?
Grimes. Logiquement je ne m’attends pas forcément à plus de minutes pour Quickley et Toppin qui sont barrés par Rose/Brunson et Randle, mais Grimes c’est différent. L’an dernier on a eu des prémices d’un 3&D très prometteur. En plus de ça c’est un excellent fit à côté de Brunson et Barrett donc, avec un temps de jeu plus constant, je suis impatient de voir sa saison !
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Quelles sont les chances que :
- Julius Randle commence la saison aux Knicks : 70%. Sa valeur est basse (certainement même négative) et je vois mal le front office être enclin à lâcher des picks pour s’en libérer.
- Cam Reddish soit dans la rotation en décembre : 35%. Compliqué de l’imaginer avoir des minutes devant Fournier mais aussi Grimes, que Thibodeau préfère.
- Mitchell Robinson joue plus de 70 matchs : 40%.
- Les Knicks échappent au play-in et finissent dans le top 6 de la conférence : 15%. Dans l’ordre des choses ça paraît compliqué de nous imaginer devant toutes ces équipes à l’est … Après personnellement, je serai pas aussi pessimiste que d’autres avec les Knicks. Dans une saison où tout s’est mal passée (chute de Randle, duo Walker/Burks à la mène, irrégularité de nos jeunes, intégration de Fournier, coaching de Thibodeau etc ..) on a quand même gagné 37 matchs. Aujourd’hui ça parait très peu probable oui, mais c’est pas pour autant irréalisable
Merci à Axel pour ses réponses, et bonne saison à tous les fans des Knicks !