On prend les mêmes, et on recommence. C’était peu ou prou ce qu’on prédisait à ces Hornets bien fringants lors de l’exercice 2020/2021, et mis sur orbite par la draft du phénomène Lamelo Ball. Quelques changements dans l’effectif, du spectacle à prévoir, mais aussi les mêmes défauts, encore et encore. Le roster était séduisant et un peu plus dense qu’auparavant, il manquait toujours cruellement de défenseurs solides, d’un intérieur dominant, et même d’une raquette tout court. Les Hornets ont bien ajouté Montrez Harrell à la trade deadline mais… Soyons sérieux. On ne voyait donc pas Charlotte passer un immense cap, à moins d’une forte progression de certains joueurs.
Les performances de la bande à James Borrego sont venues confirmer ces attentes. Les frelons ont squatté les tops 10 de la NBA tout au long de la saison, grâce aux passes magiques de Ball et aux dunks rageurs de Miles Bridges. Charlotte avait tout d’une équipe qui accroche le play-in, et qui doit jouer sa qualification sur un ou deux matchs couperets. Bingo, la prophétie s’est réalisée, même s’il y a eu une véritable progression avec un bilan (43-39) supérieur de 10 victoires par rapport à la saison passée, et leur meilleur depuis 2015/2016. Cependant, dans une Conférence Est bien plus sérieuse et fournie et avec l’absence de Gordon Hayward en deuxième partie de saison, le classement des Hornets est resté identique malgré ce bond en avant : une 10ème place, synonyme de play-in par la plus petite porte.
Ce bilan traduit une véritable progression de plusieurs joueurs. Lamelo Ball en tête, plus mature et nommé All-Star pour la première fois, dès son année sophomore. Certes, il a fallu un concours de circonstances et des absences pour y parvenir, mais le meneur peut se targuer d’avoir obtenu un spot au match des étoiles. Le benjamin de la fratrie Ball a ainsi amélioré son record de points, et de passes, et formé un duo spectaculaire avec Miles Bridges. Si l’on reparlera de celui-ci dans d’autres termes, il n’y a pas grand chose de négatif à dire sur ses performances sportives. L’ailier et frère de Mikal a explosé la saison dernière, augmentant de près de 8 pts sa moyenne au scoring (20.2). A leurs côtés, les expérimentés Terry Rozier et Gordon Hayward ont également apporté leur pierre à l’édifice, tandis que le 6ème homme Kelly Oubre Jr nous a gratifiés de soirées incandescentes au tir.
Cependant, les larges manques dans le secteur intérieur et une défense souvent aux abonnés absents ont eu raison de ces Hornets souvent irrégulier à l’image de ce terrible trou d’air juste avant le All-Star break (8 défaites en 9 matchs). Fragiles, ils l’ont également été lors des rencontres serrées : en 7 matchs avec prolongations, ils n’en remporté aucun. Classés 22èmes au defensive rating, les frelons ont payé leurs errements de ce côté du terrain toute la saison, mais encore plus lors de l’opposition fatidique face aux Hawks à l’occasion du play-in. Charlotte a rapidement explosé, et le doute ne s’est jamais installé quant à l’issue de cette rencontre. Au final, une bonne fessée infligée par la bande à Trae Young, et voilà les Hornets revenus au point de départ, et désormais orphelins de leur coach, James Borrego. Un premier séisme, annonciateur de l’été passé en Caroline du Nord.
In & out : le point sur le roster
Le point sur le roster actuel :
Meneur : Lamelo Ball
Arrière : Terry Rozier, James Bouknight
Ailier : Gordon Hayward, Kelly Oubre Jr, Cody Martin
Ailier-fort : P.J. Washington, Kai Jones, Jalen McDaniels, J.T. Thor
Pivot : Mason Plumlee, Mark Williams, Nicky Richard
Phase de l’équipe : comment progresser ?
Les dix victoires engrangées par les Hornets l’an dernier, dans une Conférence Est relevée, doivent leur donner des ambitions encore plus grandes. Emmenés par un néo All-Star qui entre à peine dans sa troisième saison NBA, Charlotte doit regarder devant, et accélérer sa progression. Les frelons ont du temps, mais il s’agirait de ne pas gâcher le talent de Lamelo Ball en ne sachant pas l’entourer pendant des années, comme ce fut le cas pour de nombreuses jeunes stars avant lui.
Pour autant, même si le groupe des Hornets est jeune et assez talentueux, difficile d’identifier qui seront les incontournables de demain, ceux qui aideront Charlotte à passer un cap, et pourquoi pas, entrer dans le top 8 à l’Est. Les possibilités financières de la franchise sont limitées, et elle ne dispose pas du marché le plus attractif de la ligue, c’est un euphémisme. L’effectif n’a que peu bougé, comme nous le verrons, et les lacunes devraient rester identiques.
Surtout, l’été a été particulièrement mouvementé pour les Hornets, et pas dans le bon sens…
Les tendances de l’été
De James à Steve, en passant par Kenny
Nous le disions donc, James Borrego a été démis de ses fonctions à l’issue de l’élimination en play-in face aux Hawks. Une surprise, tant il avait été encensé en Caroline du Nord et reconnu par les observateurs. S’il est en partie responsable des lacunes de son équipe, il devait composer avec des faiblesses criantes et inhérentes à la stratégie de la franchise. Malgré un bilan amélioré de 10 victoires, c’est donc lui qui a fait office de fusible, comme s’il était obligatoire de changer quelque chose. Pas une évidence en soit, mais le management a fait son choix.
Dans la foulée, celui-ci s’est porté sur Kenny Atkinson, assistant de luxe aux Warriors depuis son aventure terminée à Brooklyn. Quelques jours après l’annonce d’un accord entre ce dernier et Charlotte, Golden State remporte le titre NBA. Puis l’on apprend que Kenny a finalement fait volte-face, et ne prendra pas les rênes du coaching. La perspective de prendre la suite de Steve Kerr si celui-ci venait à quitter Golden State à moyen terme ? Difficile à savoir, mais Charlotte se retrouvait à nouveau avec un banc vide. Et c’est bien connu, lorsque plus personne ne répond à vos appels du pied, vous retournez vers votre ex. Il y a 4 ans, Borrego avait remplacé Steve Clifford. Et bien, c’est vers lui que les dirigeants se sont tournés à nouveau. Le coach avait passé 5 saisons sur le banc des Hornets, avec deux participations aux Playoffs, et a côtoyé d’anciennes gloires comme Kemba Walker ou Al Jefferson.
Charlotte Jail Hornets
C’est malheureusement l’un des refrains estivaux du côté de la Caroline du Nord. Commençons par le plus simple, avec Montrez Harrell. Même s’il n’est plus un joueur de l’effectif du fait depuis sa fin de contrat, un retour du pivot chez les Hornets étaient envisagé… Jusqu’à ce que le joueur soit arrêté pour détention de stupéfiants, et menacé de prison. Les dernières nouvelles semblent rassurantes, mais le joueur est toujours sans contrat.
Surtout, c’est Miles Bridges qui semble empêtré dans une affaire d’une toute autre gravité. Déjà accablé après avoir posté une vidéo de lui consommant de la drogue sur les réseaux, il est maintenant accusé de violences conjugales sur sa petite amie et de maltraitance infantile sur ses propres enfants. L’ailier doit désormais répondre de ses actes devant la justice. SI le joueur a plaidé coupable, son audience a été reportée au 16 septembre. Une sombre affaire qui relaie l’aspect sportif au second plan bien sûr, mais qui met les Hornets dans la panade. Bridges, free agent non protégé, n’est plus sous contrat, même si la qualifying offer de Charlotte n’a pas été retirée par la franchise. Les Hornets devront, selon la culpabilité du joueur, composer sans leur ailier à l’avenir. Au vu de ses performances la saison dernière, cela représente une vraie perte pour les coéquipiers de Lamelo Ball.
Le calme plat côté parquet
Il faut bien l’avouer, hormis la place de coach et les déboires des joueurs, le marché estival des Hornets a été plus que tranquille. Charlotte disposait de peu de marge de manœuvre, et les mouvements se résument très vite en Caroline du Nord. Hormis les jeunes joueurs signés récemment en two-way contracts, seuls deux noms sont à mettre en avant.
Avec leur 15ème choix lors de la Draft, les Hornets ont évidemment jeté leur dévolu sur un grand pivot, en la personne de Mark Williams (2m13, 2m25 d’envergure). Son combo taille/mobilité est sa qualité première, lui permettant d’être à la fois un bon finisseur en transition, mais surtout un excellent défenseur intérieur. Titulaire à Duke, Williams est à la fois un vrai protecteur de cercle et capable de défendre sur pick and roll. Intelligent sur les aides, très mobile latéralement, il vient combler la principale lacune des Hornets en étant également un gros rebondeur. Cependant, il peut être mis en difficulté face à des pivots plus costauds que lui, même s’il peut encore s’épaissir avec le travail et l’âge (110kg). A presque 21 ans, Williams devrait donc déjà avoir un rôle prépondérant dans une franchise NBA, probablement au relais de Mason Plumlee dans un premier temps.
L’autre mouvement des Hornets fut simplement de conserver Cody Martin. L’ailier a fait du bon boulot à Charlotte, apportant ses qualités de défenseur extérieur et de shooteur. Les frelons ne pouvaient pas se permettre de perdre un des seuls éléments contribuant vraiment en défense, et c’est chose faite pour un peu plus de 31M de dollars sur 4 ans. Très présent sur les lignes de passes adverses, il est également un bon protecteur de cercle malgré son poste. Offensivement, Martin est un facilitateur de jeu intéressant, et a nettement progressé au tir extérieur la saison passée, passant de 32% à 38% derrière l’arc.
Focus sur la saison 2022-23 des Hornets
Lamelo Ball, seul à la barre
Si le talent du sophomore n’est plus à prouver, on constate vite à la lecture du roster qu’il manque du playmaking et du ball handling à cette équipe des Hornets. Les autres joueurs capables de porter la gonfle, comme Rozier ou Hayward, sont plutôt des scoreurs, moins dans la distribution. Derrière Ball et ses 7.6 passes de moyenne la saison dernière, Rozier est bien en marge à la seconde place (4.5 passes). Parmi les joueurs ayant un taux d’utilisation supérieur à 20%, aucun n’est un véritable passeur, en dehors de Lamelo bien sûr. Alors, comment faire tourner la machine lorsque ce dernier n’est pas sur le parquet, ou s’il affiche un coup de moins bien ?
En interne, les Hornets disposent déjà d’un passeur assez sous-estimé en la personne de Cody Martin. Récemment prolongé on l’a dit, l’ailier s’est souvent montré intéressant dans le domaine. Si cela ne saute pas aux yeux d’un point de vue statistique, Martin affiche le deuxième ratio de passes des Hornets (26.4%). Pour résumer, cette statistique montre la part de passes décisives réalisées par un joueur sur un ensemble d’actions (tirs pris, passes décisives, pertes de balles, et lancers francs). Très collectif, Martin a montré son intelligence de jeu, notamment pour trouver les coupes en backdoor, lui qui jouait en tant que meneur au niveau universitaire. Peut-être que Steve Clifford s’appuiera un peu plus sur son ailier l’an prochain.
Cependant, ce n’est qu’une petite alternative. Au-delà de l’effort collectif nécessaire, Charlotte cherche à recruter un meneur back-up au relais de Lamelo Ball. Plusieurs pistes ont été évoquées, mais aucune ne s’est vraiment réchauffée ces derniers jours. Parmi les noms évoqués, trois sont revenus avec insistance : Kemba Walker, Elfrid Payton, et Isaiah Thomas. Le premier est une légende de la franchise, mais en perdition depuis plusieurs années maintenant. Aujourd’hui à Detroit, seul un buy-out pourrait le rapprocher des Hornets, qui ne semblent pas plus pressés que ça de ramener le meneur. Thomas, lui, a évolué sous les couleurs bleues et blanches la saison dernière. Dans son registre habituel, il a connu une petite renaissance, mais pas de quoi convaincre franchement. Si le joueur semble évidemment déterminé à revenir dans la franchise, les Hornets n’ont pas avancé sur le dossier à ce jour. Difficile d’imaginer une vraie solution en Isaiah Thomas, au vu des besoins des frelons. reste à voir si ces derniers bougeront sur Payton, testé par d’autres franchises dont les Warriors. Peut-être la meilleure idée des trois, le meneur étant un plutôt bon passeur, et un défenseur supérieur à Walker et Thomas.
Des défauts à gommer
Steve Clifford le sait, il revient dans une franchise en reconstruction, et doit relancer sa progression. Les défauts de l’effectif sont très simples à identifier, avec des stats éloquentes l’an dernier :
- 22ème defensive rating (113.1)
- 25ème aux points accordés (114.9)
- Parmi les cinq derniers dans toutes les statistiques au rebond (rebonds concédés, défensifs, offensifs, accordés…)
Mais Clifford a bien compris ce qu’il devait faire pour réussir avec ses Hornets :
Ce que l’on doit faire pendant 82 matchs, c’est développer un jeu qui nous donne une chance de victoire chaque soir. Vous devez être bons en attaque, vous devez être bons en défense, et vous devez être bons au rebond. C’est ce qui fait gagner une équipe. Cela a été prouvé année après année.
Merci Steve, il faut être bons partout et essayer de gagner des matchs! Plus sérieusement, derrière la coutumière langue de bois, le coach sait très bien les chantiers qui l’attendent. Pour autant, le matériel dont il dispose reste plus que limité pour compenser ces lacunes. Le renfort à l’intérieur est bien léger, avec le seul Mark Williams. Clifford aura donc pour lui son expérience, après avoir placé les Hornets dans le Top 10 des défenses à trois reprises lors de son précédent passage. Avec un autre effectif, cependant.
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
On compte bien entendu sur les Hornets pour continuer à faire le show sur les parquets NBA. L’effectif jeune, doté de joueurs capables d’être spectaculaires ou incandescents au tir, a de quoi faire cliquer sur le League Pass. Même si l’on ne reverra certainement pas Miles Bridges dans une salle NBA de sitôt, et c’est tant mieux si les accusations sont confirmées. Avec Lamelo Ball à la mène, le beau jeu sera toujours là, et le meneur aura à cœur de passer un nouveau cap en confirmant son statut de All-Star. Incontestable, cette fois.
Néanmoins, il ne suffira plus d’être agréables à voir jouer. Charlotte doit, autant que faire se peut, viser une nouvelle progression dans une Conférence Est qui n’a pas beaucoup changé cet été. La perte de leur deuxième meilleur joueur est une terrible nouvelle, et l’on se demande quels doivent être les véritables objectifs de la franchise.
Développer les jeunes semble être une priorité, avec des chances de Playoffs assez maigres. Plusieurs équipes au succès récent ont pris le temps d’une année de transition, sans résultat malgré un noyau talentueux. Ce pourrait être rapidement le cas des Hornets si la saison virait en eau de boudin. Imaginons Charlotte à la ramasse à l’approche du All-Star Game, et le management pourrait décider d’un revirement avec la draft d’un certain Wenbenyama en vue. Évidemment, il s’agit là du pire scénario envisageable pour Charlotte, mais une association Lamelo-Victor a de quoi faire saliver. Toujours est-il que les Hornets ont du matos à développer : Bouknight, Thor, Jones, et désormais Williams sont autant de jeunes joueurs encore capables de progresser et de renforcer le noyau pour l’avenir.
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L’avis de @Hornets_France
Que penses tu de la construction des Hornets à ce stade ?
Le projet des Hornets est un peu au point mort. L’équipe ne s’est pas renforcée cet été (contrairement à pas mal d’autres franchises à l’Est). On se demande où est-ce qu’on va. Est-ce que les dirigeants ont vraiment pour objectif de faire des Hornets l’une des meilleures équipes de la ligue ? On a pas l’impression. C’est le flou alors que ça devrait être tout l’inverse. Ça aurait dû être le moment d’accélérer le processus : LaMelo est devenu all-star, l’ossature est là, il aurait fallait rajouter une pièce importante à l’effectif cet été. L’affaire Miles Bridges n’arrange pas les choses, l’équipe perd son deuxième meilleur joueur. Bref, le projet des Hornets stage et ce n’est pas très rassurant pour les fans.
Que penses tu du retour de Steve Clifford ?
Il y a eu la trahison de Kenny Atkinson. Selon des insiders, MJ ne voulait pas de d’Antoni en raison du peu d’assurance sur la partie défensive (qui est le vrai problème des frelons). Au début on a quand même eu le sentiment d’un retour en arrière. Clifford était partie suite à l’arrivée de Kupchak et le début d’un nouveau cycle. Finalement le choix n’est pas si mauvais que ça, et même plutôt bon. Il connait parfaitement la franchise. C’est un coach qui aime faire progresser les jeunes et son goût pour la défense est un gros plus. En plus de ça il amène avec lui neufs assistants (dont Bruce Kruetzer, spécialiste du 3-points, il a fait de Kemba Walker un sniper), c’est beaucoup à Charlotte, historiquement la franchise a toujours été en queue de peloton en NBA sur le nombre d’assistants et leurs salaires.
Est ce que ce roster peut aller plus loin que les deux dernières saisons ?
Non. Cette équipe ne s’est pas améliorée et l’Est est encore plus compétitif, ça va être très dur de faire mieux que le play-in.