La 33ème saison du Orlando Magic a été une pure réussite… Enfin si vous faites partie du front office. En tant que fan, on imagine bien que les raisons de se consoler se sont résumées à un nom de famille à forte consonance teutonne.
Quand on dit Wagner, on pense à la musique classique, aux pizzas qu’on trouve chez Aldi (on est ensemble la team low budget) mais aussi à Franz Wagner. L’ancien Wolverine est arrivé en 8ème position de la draft 2021 et il a su séduire le cœur des aficionados mais aussi des observateurs de la NBA au point de finir 5ème du trophée du Rookie of the Year. Si la satisfaction Wagner fut grande, on ne peut pas en dire autant de celle de Jalen Suggs. Attendu comme un joueur majeur dès sa première saison après une March Madness 2021 titanesque, ce dernier n’a pas vraiment rencontré les attentes alors qu’il a dû partager le poste avec Cole Anthony (et RJ Hampton dans une mesure bien moindre) dans un premier temps. À ceux-là est venu s’ajouter le retour (très satisfaisant) de Markelle Fultz, qui a prouvé pouvoir revenir sur les bons rails malgré un début de carrière marqué par une avalanche de pépins et blessures.
Les blessures, justement, ont fortement perturbé une saison déjà bien fragile et il est encore difficile de dire à quel stade l’équipe se trouve dans sa reconstruction tant la régularité des prestations manquent.
22-60, dernier de l’Est, avant dernier de la ligue; le first pick en poche, le Magic a choisi Paolo Banchero.
In & out : le point sur le roster
Le point sur le roster actuel :
Meneur : Cole Anthony, Markelle Fultz, RJ Hampton
Arrière : Gary Harris, Terrence Ross, Jalen Suggs, Kevon Harris
Ailier : Franz Wagner, Ignas Brazdeikis, Admiral Schofield
Ailier-fort : Paolo Banchero, Jonathan Isaac, Chuma Okeke, Caleb Houstan
Pivot : Mo Bamba, Wendell Carter JR, Mo Wagner, Bol Bol
Phase de l’équipe : Reconstruction
Si les futurs prospects de la draft sont alléchants, tanker bêtement n’est plus une assurance absolue de choisir en premier (encore moins deux ans de suite). Il y a du talent au Magic et il est temps qu’il s’exprime pour remettre des jeunes joueurs, dont la confiance peut être fragile, dans une dynamique positive. Cela ne veut pas dire gagner 40 matchs mais développer un jeu positif, un peu à la manière de ce que Cleveland a proposé tout au long de son rebuild.
Évidemment, le niveau affiché par les joueurs fraîchement draftés et les jeunes en développement sera capital afin de définir où se trouve à l’heure actuelle le plafond de l’équipe. Dans tous les cas, en possession de leur propre choix de draft ainsi que de celui des Bulls, il faudra probablement encore compter sur Orlando pour être bien positionné lors de la draft 2023.
Les tendances de l’été
Des prolongations
L’été du Magic a été calme mais il y a quand même eu la prolongation surprise de Gary Harris pour 26 millions sur deux ans dont 13 garantis. Prototype même du joueur qui peut intéresser un contender à mi-saison, il aurait dû permettre d’encadrer un groupe assez inexpérimenté tout en tirant plus tard profit de sa valeur par un échange vers un prétendant.
Cela, toutefois, c’était avant que la santé de l’arrière prenne un nouveau coup. Déchirure du ménisque pour l’ancien Nugget qui connaîtra une nouvelle saison à se retaper. Si les lignes arrières sont suffisamment garnies, Harris possède un profil de défenseur de haut niveau qui aurait pu soulager, notamment du point de vue des coachs.
Autre nouvelle notable : la prolongation de Mo Bamba. Projet de la franchise depuis 4 ans, le pivot a peiné à se montrer au niveau du potentiel physique et technique qu’il représentait lors de sa draft. Alors que la rumeur courait que le joueur pourrait ne pas être prolongé, il s’est finalement accordé avec la franchise pour un contrat de 20,6M/ 2 ans. Une dernière fenêtre que la franchise offre au joueur pour se réaliser et devenir la force de dissuasion qu’il aurait dû être. En effet, en dépit d’un physique hors norme et d’une bonne mobilité, l’équipe n’est toujours pas vraiment impactée positivement par sa présence. Alors que son temps de jeu a été en forte hausse suite au départ de Nikola Vucevic, il ne convainc toujours pas. En outre, sa faculté à écarter les défenses grâce à son tir à 3pts est séduisante (38% à 3pts cette saison, pour 4 tirs tentés par rencontre), mais cela reste quasiment son seul atout majeur. Bamba est dans le 36e percentile de points par tirs pris chez les pivots cette saison (meilleur marque en carrière, certes, mais eh… sérieusement ?). De quoi laisser assez perplexe sur le potentiel offensif de ce dernier.
Un first pick, tout de même
Évidemment, l’évènement vient du premier choix de draft. Trois profils pouvaient prétendre au first pick et Chet Holmgren a longtemps semblé avoir la préférence des franchises. En fin de compte, c’est Paolo Banchero qui a fini par séduire le Magic au point de le sélectionner en première position. Monstre athlétique, il est souvent décrit comme un potentiel scoreur d’élite qu’il faudra forger dans les autres compartiments du jeu, notamment la défense. Mais cette description ne me semble pas réellement être la plus pertinente. A Duke, le joueur n’a pas réellement brillé par son efficacité au scoring. Une absence de facilité au niveau universitaire qui peut laisser planer quelques questions quant à la transition vers la NBA. Oui, vous pouvez donner la balle à Banchero et attendre qu’il score. Mais dans une NBA qui fait de plus en plus la part belle à l’efficacité, il y a du travail pour le joueur pour devenir un scoreur alliant volume et létalité.
En revanche, là où il est probablement sous-estimé, c’est dans sa vision de jeu et sa qualité de passe. A l’aise balle en main, il sait trouver des solutions pour ses coéquipiers. Une bonne vision de jeu couplée à un physique très au dessus de la moyenne sur un poste (ailier) crucial pour donner de la polyvalence à une équipe : John Hammond (ancien GM des Bucks) a été fidèle à sa réputation en cherchant à drafter un “freak“.
Focus sur la saison 2022-23 du Magic
Qui dit équipe de fond de tableau, dit souvent une moindre quantité de questions intéressantes quand il s’agit du fond de jeu. Notamment parce que celui-ci ne compensera pas toujours l’inexpérience et le manque de talent. Ensuite car il est difficile de mobiliser une équipe toute la saison quand les défaites se suivent et se ressemblent. Pourtant, Jamahl Mosley, qui a succédé l’an passé à Steve Clifford à la tête de l’équipe, aura des missions à remplir pour commencer à convaincre. Développer une base, aider sa jeunesse (et il y en a !) à progresser et … redresser ceux qui ont besoin de l’être.
Paolo Banchero et Franz Wagner : Create and shoot
Deux joueurs capables de se créer un shoot, de prendre le focus de la défense où qu’ils soient sur le terrain, à des postes différents c’est toujours utile à condition de ne pas les faire jouer du même côté de la ligne anneau-anneau. Pour les amoureux du spacing, il peut se passer des très belles choses. Bien sur tout cela nécessite des bons passeurs de ballon entre les deux joueurs et un coaching staff qui a des idées. Mais sur le papier, on a un duo qui peut mettre à mal pas mal de défense.
Dans ces conditions, connaître les positions préférentielles de chacun et les servir dûment sera donc crucial pour développer une saison digne d’intérêt au Magic.
Sur le papier, on peut dire que cela tombe bien puisqu’Orlando possède une palanquée de meneurs : Cole Anthony, Jalen Suggs, Markelle Fultz voire R.J Hampton. Dans les faits, une hiérarchie doit être établie à ce poste afin de faciliter la vie de leurs ailiers. En effet, si la santé de Fultz a de quoi préoccuper (historique de blessure en carrière), il est un joueur beaucoup plus complet que Suggs et Anthony. Le premier a besoin de temps pour se développer : il ne fait aucun doute qu’il sait distribuer, mais ne représente aucun danger au scoring (36,6% au tir dont 21,1% à 3pts !!), le second a de quoi laisser dubitatif dans son rôle de meneur (faible au scoring, mais préfère scorer que passer) : de quoi douter très largement qu’il soit fondamentalement un point guard.
Des joueurs à relancer
Nous avons parlé un peu plus tôt du cas Mo Bamba. Si le joueur a failli partir, c’est qu’il est très loin d’exploiter son potentiel, mais également que Wendell Carter Jr. réussit lui à exprimer son talent depuis son arrivée en Floride. Dans ces conditions, même s’il paraît tout à fait crédible d’associer Bamba & Carter Jr et que la franchise a tout intérêt à continuer de croire en Bamba, la franchise pourrait essuyer un échec sur le dossier “Mo” tout en gardant le cap.
Néanmoins, permettre à un joueur de s’exprimer, c’est aussi s’offrir la possibilité de monter un échange s’il y a embouteillage sur un poste.
Alors qu’Orlando pourrait miser gros sur Paolo Banchero et Franz Wagner, un autre dossier existe sur les ailes : Jonathan Isaac. La situation est épineuse autour du joueur. Drafté en 2017, l’ailier fort représentait un véritable défi de développement: frêle physiquement, frustre en attaque… Réussir à le développer offensivement offrait au Magic l’opportunité de posséder un joueur au potentiel All-Defense sur un poste clé en défense. Capable de défendre sur plusieurs positions, doué sur l’homme et en défense collective, le potentiel d’Isaac était alléchant. Suffisamment alléchant pour lui offrir 69M/ 4 ans alors que le joueur n’avait joué que 136 matchs de saison régulière sur 410 possibles depuis son arrivée en NBA. Absent depuis 2 ans maintenant, la franchise se veut rassurante sur son état, mais encore plus que le cas Fultz, celui d’Isaac a de quoi inquiéter.
Pour autant, réussir à le réintégrer, c’est obtenir un défenseur d’élite (si son capital physique n’a pas trop été atteint par ses blessures) à aligner avec d’autres joueurs doués en défense (Markelle Fultz, Gary Harris, Wendell Carter Jr voire Franz Wagner) ou dotés de potentiel physiques intéressants (Paolo Banchero, Mo Bamba, Jalen Suggs).
Faire des choix
Certains joueurs représentent un poids salarial non négligeable ou risquent de le devenir. Dans l’optique de devenir plus compétitif une fois la prochaine draft passée, il faudra trier et définir le core de reconstruction en passant par le tri sur base des blessures par exemple. Au delà du groupe, il faudra définir une hiérarchie claire par poste (ou dans le 5) pour remettre un esprit de compétition interne et aussi définir les contours de la stratégie de l’équipe suivant les profils des leaders (jeu en transition/demi terrain, type de défense,…).
A ce titre, plusieurs joueurs vont faire l’objet d’une évaluation.
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
Avec un 5 majeur composé de Fultz, Suggs, Wagner, Banchero et Carter Jr on peut construire une attaque tout à fait convenable et les variations selon les match-ups ne manquent pas. C’est l’occasion d’avoir deux véritables meneurs dans le 5, capables d’évoluer sans ballon. Cela offre deux ailiers polyvalents, visiblement altruistes et un pivot qui a plus que trouvé ses marques depuis son départ de Chicago. Bien sûr il faudra rester en pleine santé, ce qui n’a pas été une spécialité locale ces dernières saisons, pour mener à bien ce premier pas vers l’avant.
Nanti d’un effectif plus complet, on sera aussi en droit d’attendre de Jamahl Mosley qu’il fasse ses preuves, car si on pouvait lui trouver tout un tas d’excuses la saison dernière, il devra mettre en avant le numéro un de la draft, continuer à développer la présence de Franz Wagner dans le jeu offensif, réintégrer les blessés et faire en sorte de créer un groupe soudé prêt à gagner un peu maintenant et plus dans un futur proche.
Bref, on attend pas encore Gandalf mais au moins un apprenti sorcier motivé