Des qualifications pour le mondial 2023 monstrueuses en terme de spectacle, de talents, de records et de rebondissements…oui, la FIBA nous a bien mal empêtré avec leur fenêtre de qualification à moins d’une semaine du premier tournoi masculin majeur sur le sol européen depuis cinq ans et le dernier Eurobasket. Et pourtant, “Ball never lies” et sur le parquet, nos bleus ont été à l’image de ce que risque d’être l’Eurobasket qui commence jeudi : imprévisibles. Retour sur cette phase qualificative, pour la France, pour le mondial et pour l’Eurobasket à venir qui s’annonce immense, car oui, quand on voit les talents qui seront en Allemagne, en Géorgie, en Tchéquie, en Italie…on peut le dire : une tempête approche. La France y sera-t-elle un rocher inamovible, ou un cerf-volant au bord de l’éclatement ?
Des bleus dans le doute
On ne sait pas trop quoi penser de cette phase qualificative pour notre équipe de France. Mais le bilan aura été maussade et inquiétant pour notre équipe de France. Avec une victoire en force contre la République Tchèque (95-60) et une défaite très frustrante contre la Bosnie (96-90), on peut être frappé par le manque de rythme et la fébrilité dans les deux premiers quart-temps à Bercy, puis à Sarajevo contre la République Tchèque et contre la Bosnie-Herzégovine. Deux premiers quart-temps totalement affreux, avec 27 points pris contre les tchèques, et 28 contre la Bosnie… affreux. On a revu, dans ces entrées de jeu, cette équipe de France en 2017 qui avait été trop passive, trop alignée sur le rythme adverse, et trop dépendante d’un ou deux talents.
Mais on peut être aussi frappé positivement et éventuellement se rassurer à la vue de la réaction des Français lors de deux séquences : le début de la seconde mi-temps contre les tchèques, lorsque les bleus menés 38-42, ont sorti une défense de fer pour enchaîner les fast-break avec Yabusele, avec Gobert pour martyriser les arceaux encore et encore, et terminer le quart-temps avec 16pts d’avance. Un scénario qu’on aura revu en début de second quart-temps contre la Bosnie, avec un 16-2 d’entrée de jeu.
Oui mais voilà, même sur un quart-temps, les tchèques nous ont bousculé et surtout, le match énorme de Nurkic (21pts-9reb-4ast), en solo, aura rappelé les pires scénarios d’une équipe de France qui se fait piéger par des collectifs moins forts, mais qui savent se mettre en réussite. Oui, cette équipe de France est puissante, très puissante, mais ne semble pas avoir mis toute son énergie dans les moments clefs. On aura malgré tout pu apprécier le travail de Terry Tarpey, révélation de la préparation des bleus.
Le résumé des deux matchs
Mondial 2023 : Pas une bonne affaire pour la France
Deux victoires auraient permis aux supporters français de regarder le reste de la phase qualificative avec un Spritz en main sans trop broncher. Bon, n’exagérons pas non plus, les bleus restent très probablement bien placés pour repartir en Asie en 2023. Oui mais voilà, depuis le début de ces qualifications, QI Basket vous avait averti d’un petit détail : la fusion des groupe E -celui de la France- et du groupe F allait poser une difficulté. En effet, le groupe F était très homogène dans son classement, avec la République Tchèque et la Bosnie à 3 victoires et 3 défaites, à laquelle s’ajoutait aussi la Hongrie avec le même bilan et le Monténégro à 4-2. Résultat, le groupe K se retrouve bien plus serré que le second tour de qualification pour le dernier mondial ne l’a été. Dans une telle configuration, le faux pas en Bosnie risque de rendre les choses compliquées.
En effet, les prochaines phases de qualifications auront lieu sans nos NBAers, car nous serons en pleine saison. Or, nos adversaires seront au contraire beaucoup plus au complet, car ayant des effectifs moins sollicités Outre-Atlantique. Alors oui, les bleus restent favoris, mais n’oublions pas qu’en l’absence de Doncic et Dragic en phase de qualification, la Slovénie n’avait pas participé au mondial 2019. Un détail, oui, mais on s’en méfie.
Ailleurs en Europe : duels de mammouths en Serbie, überraschung Luka
Mais si les supporters français discutent de l’état d’esprit dans lequels les bleus vont aller en Allemagne, la planète basket n’a eu d’yeux que pour ce duel Antetokounmpo-Jokic, dans un Grèce-Serbie qui était plus qu’un match de qualification pour le mondial, mais une vraie potentielle affiche d’une finale épique, remportée par les Serbes, aux poings (100-94). De tous les matchs que l’on a pu suivre depuis le début de ces qualifications, nous avons trouvé le meilleur d’entre eux. Jokic termine avec 29pts, 8 rebonds et 6 passes, quand Giannis lui, décroche 40 pions, 8 rebonds et 5 passes…On vous parlait de tempête, ces monstres commencent déjà à agiter le ciel. Allez, petit retour sur le match :
L’autre surprise du chef ? La victoire de l’Allemagne sur la Slovénie. Les champions d’Europe en titre ont même eu une grosse frayeur avec Doncic qui s’est écroulé temporairement sur le sol, se tenant la cheville. Et vu le prix des billets qu’on a dépensé pour venir le voir samedi, on vous cache pas que nous aussi on a eu un frisson.
Mais au final, dans les qualifications européennes, la tension est à son comble. Dans le groupe I, la Lettonie a pu bénéficier du retour de Porzingis, pour redevenir un vrai contender et prendre la tête du groupe à 5-1, devant la Grèce (4-2) et les surprenants Belges (3-3) qui restent pour l’instant devant la Serbie à 3-3. Les turcs et les britanniques ferment le bal. Dans le groupe J, l’Allemagne, par sa victoire, a validé son billet pour le mondial, accompagnée des finlandais, eux aussi qualifiés. Les loups blancs, prometteurs lors du dernier euro, veulent prouver leur valeur encore une fois. La Slovénie est aussi en bonne posture, devant la Suède et Israël (3-5) et l’Estonie déjà loin (2-6). Dans le groupe L, l’Espagne et l’Italie (5-1) sont bien partis, devant les surprenants Islandais (4-2) qui distancent la Géorgie (3-3), l’Ukraine (1-5) et les Pays-Bas, déjà loin (0-6).
En Amérique : Oh Canada
Il suffira d’un match gagné en plus pour que le Canada ne boucle sa campagne qualificative avec mention très bien. Après avoir écrasé le Panama (106-50), les canadiens sont à 8-0, bien que poursuivis par le Venezuela (7-1) et les vices-champions du monde argentins (6-2). La République Dominicaine, à 5-2, garde encore toutes ses chances. Dans l’autre groupe, les USA ont repris le contrôle (7-1) devant le Brésil, le Mexique et l’Uruguay (5-3), deux outsiders que nous n’avons pas vu venir. Porto Rico, habitué des mondiaux, est en difficulté (4-4).
En Afrique : l’épopée Sud-soudanaise
On s’en frotte encore les yeux, mais l’équipe du Soudan du Sud continue sur sa lancée après une nouvelle victoire sur l’Egypte (85-65) et tient son groupe à 8-1. Sans nul doute la sensation de ces qualifications côté Afrique. L’Egypte justement, suit de près son adversaire, à 7-2, devant le Sénégal, bien placé (6-3) et la Tunisie en embuscade (4-5). Dans l’autre groupe, la Côte d’Ivoire continue son chemin sans heurs (7-0) devant l’Angola (5-2) et une autre surprise : Cap Vert (4-3) qui reste devant le Nigéria (3-4). La Guinée et l’Ouganda (1-6) sont loin.
En Asie : Australie et Nouvelle-Zélande, mais pas en rugby
Alors, oui, à Anvers, lors du mondial 3×3 de juin dernier, les joueurs néo-zélandais nous ont fait quelques clichés façon Haka. Mais leur partenaire de 5×5 semblent être dans la même motivation, et notamment pour faire plus fort que leurs voisins australiens. Les deux équipes dominent leurs poules respectives, invaincues. Dans le groupe des néo-zélandais, le Liban s’est bien positionné (5-1) devant les Philippines qualifiées d’office. La Jordanie, l’Arabie Saoudite et l’Inde font presque figuration à ce stade. Quant aux australiens, suivis de près par les chinois (6-2), l’Iran et le Kazakhstan (5-3), la qualification semble être bien engagée. On l’a dit et on le répète, les hôtes de ce mondial, les Philippines, le Japon et l’Indonésie, font pâle figure dans ces qualifications.
Maintenant place au show
On serre un peu les dents malgré tout. Car était-ce une bonne idée de la part de la FIBA, habituée des trifouillages de calendrier, que de mettre des matchs avec de tels enjeux en pleine préparation pour l’Eurobasket, qui plus est un Eurobasket qui s’annonce particulièrement relevé ? Le format a mis le doute chez certaines équipes, et a donné confiance à d’autres. L’Allemagne qui bat la Slovénie, la Bosnie qui bat la France et tout ce beau monde dans la même poule à Cologne… on sent l’odeur du sang ! Alors pour cette fois, on admettra que le pari était risqué, mais plutôt réussi. QIBasket vous retrouve à Cologne ce samedi et en sortie d’Eurobasket pour faire les comptes. Mais on ne vous cache pas qu’après avoir attendu un mondial pendant 5 ans et un Eurobasket pendant 5 ans aussi, tout fan de balle orange qui se respecte va avoir les crocs pendant deux semaines… et même un mois avec le mondial féminin.