Guapo, Eito, Paget, Seguela, Djekoundade, Cavaliere, Limouzin, Vialaret…les bleus ont encore une fois régalé pendant cette semaine de coupe du monde 3×3. Et même mieux, maintenant nous pouvons le dire : nous sommes champions du monde ! Alors que les garçons nous ont fait vibrer pour aller chercher la médaille de bronze au bout du suspense, les filles ont livré une prestation qui va rester dans l’histoire du basket français. Car quand vous entendrez parler de Marie-Eve, Laetitia, Hortence et Myriam, il faudra se rappeler, qu’elles seront à jamais les premières, et Laetitia Guapo notamment, qui termine MVP du tournoi. QIBasket s’est rendu sur place pour vous raconter cette magnifique semaine de basket tricolore à Anvers.
Premier tour : les bleus déroulent, juste, pas assez.
Côté filles, les chinoises, ces indéboulonables espagnoles, les américaines, les suprenantes canadiennes et la bande à Guapo, côté garçons, les champions olympiques lettons, Team USA, les serbes et le numéro un mondial du ranking FIBA Stojacic, nos bleus bien sûr…la palette de talents était déjà bien sympathique en entamant cette semaine. Et les français n’ont pas attendu pour réussir leur entrée en matière.
Chez les garçons, la taille des Néo-zélandais Wyniard et Kelman-Poto n’ont pas suffi, les bleus déroulant : 21-13. Mais, face aux brésiliens, la bande d’Eito est trop courte (15-16) et surtout face aux serbes, meilleure attaque du groupe (21,5ppg) ils sont à cours de solution et sont battus au scoring, comme les autres (15-22). Fort heureusement, face à Porto-Rico, les bleus rectifient (21-14), suffisant pour finir finalement à une bonne deuxième place derrière les serbes, mais nécessitant de jouer un play-in. Dans les autres groupes, les lituaniens de Darius Tarvydas bouffent leur groupe : 4v-0d avec un 22-3 face à Taïwan. Dans le groupe C, les hollandais provoquent la surprise en battant les champions olympiques lettons sur le fil (21-19) et surtout, les lions belges provoquent l’euphorie à Anvers/Antwerp en finissant devant Team USA et restant invaincus !
Quant aux filles, la hiérarchie que nous rêvons de bousculer semblait être respectée dans la phase de poule. Ou du moins c’est ce que nous pensions. Après un départ tonitruant face au Brésil (22-11), les bleues se défont de la Nouvelle-Zélande et de l’Autriche sur le même score (16-10) et arrivaient devant les américaines avec le couteau entre les dents. Laetitia Guapo, très en jambe depuis le début du tournoi, livre une performance individuelle de régal avec une adresse impeccable derrière l’arc, et se permet de s’imposer dans la raquette. Il faudra une prolongation pour que le shoot d’Hailey Van Lith crucifie les françaises et les forcent à finir deuxième (18-20). Dans les autres groupes, la Chine domine son sujet dans la poule A, la Pologne et la Belgique mènent la poule C et l’Espagne est invaincue dans la poule D. Foutue hiérarchie.
Play-in : Anvers se souviendra des néo-zélandais
Après 4 jours de belle compétition, QIbasket s’est donc rendu sur place. En sortant de la gare d’Anvers et son architecture de cathédrale et en traversant le centre-ville, on est enfin arrivé dans ce petit village de basket, avec une magnifique statue de Rubens au pied du terrain. Les fans et les joueurs se mélangent dans une ambiance plus qu’agréable. Alors entre deux bières et un cornet de frites, il fallait certes assurer d’abord la place en quart de finale pour les bleus et les bleues.
Côté fille, la tâche fut aisée : face à la Mongolie (et son public…si si, on a trouvé un public mongol en pleine Flandres), Guapo récite son basket et Paget casse des chevilles, les écrans dans le dos s’enchaînent et l’affaire est vite pliée : 21-9. On prend le pouls de l’ambiance en suivant les Cats et son public belge absolument déchaîné, pour voir les locaux passer le Brésil et filer en quart également (15-9). Peu avant, la Lituanie et le Canada avaient aussi validé leurs billets pour la fin de tournoi.
Côté garçon, malgré une équipe d’Autriche très forte dans le boxing out, notamment avec Nico Kaltenbrunner, mais aussi son frère Steven Kaltenbrunner, Cavaliere doit redoubler d’intensité pour permettre à Eito et Seguela de régler la mire. Ce qui est finalement fait pour une victoire nette : 16-10, qui nous permettra de reprendre un cornet avec l’équipe d’Autriche peu après. Mais la sensation du Play-In va rester ce USA-Nouvelle Zélande devant un public médusé par la qualité de la rencontre. On s’attendait à ce que Brutus, Parrot, Iverson et Jones mettent l’intensité physique nécessaire, mais ce sont les deux monstres Wyniard et Kelmann-Poto qui font souffrir les américains. Wyniard vient mettre un dunk sur la tête de Parrot. Team USA n’accepte pas ce manque de respect, et sur l’ultime possession pour le match (20-20), Brutus envoie littéralement Khalil Iverson au alley-hoop et le public explose de joie. La rencontre aura mis une ambiance de folie dans les tribunes et dans la fanzone, mais aura épuisé les américains, non sans conséquences pour la suite.
Quart de finales : cette douce odeur de vengeance
C’est devenu une tradition inévitable : qu’importe le lieu, la compétition, le temps…on doit tomber sur ces maudits espagnols et surtout la montagne Aitana Cuevas. Les ibériques ne s’y trompent pas : il faut miser sur ce mismatch et la Roja prend les devants assez vite : 2-6. Mais Guapo et Paget savent que cette équipe leur a fait tant de mal au dernier euro…Les bleues ne lâchent pas le morceau et restent proches au niveau du score. Il faut une défense héroïque de Djekoundade et Guapo sur Cuevas, mais Paget s’y met aussi. Cette défense offre un score très bas (12-13) mais la possession bleue à 21 secondes…et encore une fois, c’est Guapo-time. L’arrière de Bourges arrache un lay-up sous les bras immenses de Vega Gimeno : 13-13 ! La tension est immense. Paget feinte toute la défense espagnole et file vers l’arceau : 14-13. Cuevas s’impose tout de suite après sous l’arceau : 14-14 : balle de match mais Paget perd la gonfle qui revient à Sandra Ygueravide qui file mettre la balle de match…mais Guapo vient bâcher l’espagnole ! Les ibériques gâchent leur seconde possession et c’est après deux shots manqués de Guapo et un cafouillage sous l’arceau, que Paget récupère la balle et fait ficelle ! 15-14 ! Sweet revenge.
On ne sera pas au bout de nos surprises en regardant les canadiennes battre Team USA (14-10) avec ce magnifique quatuor des sœurs Plouffe à l’intérieur, de Bosh et Crozon à l’animation. La Lituanie écarte la Pologne, et malheureusement, la Chine sort les Cats belges.
Côté garçon, heureusement pour notre cœur, moins de suspense, nettement moins. Vialaret déclarait au micro après le match contre l’Autriche que le défi néerlandais serait de taille, il ne le fut pas tant que ça. Les bleus font le travail : 18-12. Mais la sensation sera l’élimination de Team USA, pris par la fatigue, par la Lituanie et surtout, par cette victoire aux forceps dans une ambiance déchaînée et festive de la Belgique face à la Pologne.
Demi-finales : cette TRES douce odeur de vengeance.
Chez les filles, les canadiennes vont prendre rapidement le large avec le duo Plouffe qui gère facilement face à des lituaniennes en manque d’adresse. Peu de suspense jusqu’à ce que les lituaniennes lancent une remontée tardive et reviennent à 2 points à 7 secondes de la fin. Mais la défense de Bosh permet de bloquer le dernier tir et les canadiennes filent en finale (16 – 14).
De notre côté, nous n’attendions que les bleues, car après la revanche face à l’Espagne, Team France avait des comptes à régler avec l’équipe qui les avait bloqué vers le chemin de la médaille à Tokyo. Comme les espagnoles avec Annata, les chinoises allaient miser sur le mismatch entre la montagne Zhang, et Paget et Limouzin, et les bleues, elles, allaient miser sur la vitesse. Après un bon départ (10-4) Le rythme baisse, ce qui favorise le jeu sous l’arceau des chinoises qui remontent à 13-13 à 3 minutes du buzzer. Les françaises se fatiguent et n’arrivent plus à faire la rotation défensive dans la raquette. Alors que la Chine semblait prendre le dessus, It’s Guapo time : Laetitia obtient deux lancers et réussi à reprendre la balle aux chinoises à 33 secondes de la fin, à 16-16, Guapo prend la gonfle, cross, casse la cheville de Wan pour la toiser de haut avant de faire ficelle à 9 secondes ! C’est sale, et c’est Made In France : 16-15. Mais Guapo réussit même à forcer la perte de balle. La France garde la possession, les chinoises sont sonnées : direction la finale !
Chez les garçons, ambiance chaude, avec les Lions Belges qui allaient se mesurer aux Serbes et bien entendu le numéro un mondial Stojacic. L’ambiance est fabuleuse et les belges tiennent tête aux serbes, menant 6-5 à la moitié du temps réglementaire. Les lions n’en démordent pas, à l’image de Depuyt qui enchaine les drives où Vervoort vient littéralement monter sur les épaules de Vasic. La partie se crispe à 10-10 pendant trois longues minutes, avant que les serbes ne parviennent enfin à prendre un petit +2. Majstrorovic, le « maestro », scelle le sort des lions en allant sur la ligne puis en mettant le panier de la gagne : 17-12. Les Belges sortent dans l’honneur.
Et revoilà nos français. Mais les lituaniens veulent venger leurs consœurs et imposent un gros défi physique aux bleus. Alors qu’Eito sert Cavaliere, les bleus prennent enfin le dessus à la mi-match : 5-4. Durant un temps mort, Vialaret résume à ses gars : « on doit jouer plus en transit, sinon ils sont injouables ». Mais quant Eito, sur un fade-away, retombe sur la jambe de Tarvydas, c’est la cheville qui part en transit. Il revient quelques minutes plus tard pour tout donner, alors qu’on est à 11-11. Eito joue littérallement en boitant, mais ça ne l’empêche pas de planter un rainbow shot sur la tête de Vaitkus ! Mais la partie reste irrespirable : à 4.3 secondes, on est à 16-16, balle française. Sitôt Eito balle en main, il tente le shot, raté : prolong’ ! Mais voilà, premiere action, faute de Vaitkus, la 10e…donc deux lancers pour Cavaliere qui peut finir le match, mais n’en met qu’un. La France avait la possession, mais perd la balle ! Vaitkus n’en demande pas tant et réussit à mettre la balle de match : 16-17. A un lancer près…
Les bleus font [encore] le plein de médailles
Pour les garçons, il faudra donc conclure contre les belges, chez eux, pour grapiller le bronze. Coqs contre Lions. Mais ce sont les tricolores qui mettent la pression, avant que la Belgique ne remette un peu la fête : 9-6 à la mi-match. Seguela envoie un contre sale sur Depuyt, et Cavaliere sur Veevort refroidit l’audience. Eito demande à ses coéquipiers de jouer seulement le pick désormais avec un homme à l’écart. Les belges sont cruellement maladroits et sont en pénalité. Mais Vervoort réussit à faire remonter les belges qui égalisent à 15-15. Eito crie à son groupe : « c’est grandiose ce que vous faites, allez ! ». Seguela va dunker pour le 16-15, mais Vervoort va au layup avec 4 secondes à jouer : 16-16 ! Prolongation ! Après une série de briques et d’air ball, Cavaliere met le premier panier. Seguela est bloqué par Nick Celis, Vervoort envoie une troisième brique, Cavaliere chute sous l’arceau…on en est à 5 balles de matchs ! Depuyt met un layup au bout du bras : 17-17, Cavaliere met un panier au-delà des 12 secondes…on ne respire plus ! Celis fait marché. 7e balle de match ! Et au bout de cet incroyable scénario, Seguela réussit enfin à percer la muraille belge ! 18-17, les belges sont en larmes dans un silence total.
Côté fille, la Chine terminera le travail face à la Lituanie pour prendre le bronze. Puis arriva le moment tant attendu : France-Canada pour la finale. Le départ est bon, notamment Hortense Limouzin qui s’arrache face à la taille des sœurs Plouffe. Le jeu va presque sans interruption . Il reste 5min et Paget et Guapo emmènent le groupe : 11-5 ! Plouffe répond immédiatement derrière l’arceau (11-7), mais les bleues sont dans le coup ! Limousin rajoute un layup, on se frotte les yeux : 14-8 ! Pourtant, les françaises bloquent soudainement… et les canariennes remontent d’un coup : 14-12. Guapo se fait contrer par Plouffe, puis Paget aussi… que se passe-t-il !? Limousin met le panier qui donne de l’air : 15-13. Il reste 17 secondes à jouer…Mais Djekoundade bloque le shoot de Plouffe et Paget obtient la faute ! C’est fini !
CHAMPIONNES DU MONDE !!!!
A peine remis de nos émotions, on regardera la Serbie face à la Lituanie, avec bien entendu Stojacic qui mène une attaque serbe encore une fois au top : 7-1 d’entrée de jeu. Le public serbe se fait entendre, comme depuis le début du tournoi. Vacic entre en scène et porte l’estocade à 11-4. Ignas Vaitkus tente de relever ses coéquipiers, mais c’est Tarvydas qui remet la Lituanie à trois unités des serbes à 5 minutes de la fin du tournoi (13-10). Mais Vasic et Majstrorovic font monter la Serbie à 17 points, avant que Stojacic ne mette le panier et la faute : 20-13. Il ne manque qu’un petit panier à la Serbie pour finir le job. C’est finalement Marko Brankovic qui le fera, sur un lancer. Game over : Serbie championne !
Les MVP du tournois ne font que couvrir les bleues de gloire encore un peu plus : Laetitia Guapo, MVP d’un mondial gagné par la France. On nage. Et pour l’arrière de Bourges, cette consécration en appellera d’autres. Chez les garçons, se sera Dejan « Maestro » Majstrorovic.
Mais ce tournoi s’est finalement terminé sur un magnifique moment d’émotion pour tout le monde, avec Marijus Uzupis qui est venu tout simplement interrompre la cérémonie pour… demander la joueuse lituanienne Martyna Petrenaite en mariage.
Du beau basket et des succès français au cœur de Flandres
Le basket 3×3 poursuit son chemin dans le monde et dans le cœur des fans. Et le basket 3×3 français dispose d’une nouvelle ligne sur son palmarès. Sur place, dans un cadre magnifique et historique de la Flandres, on a vu un public à la fois de connaisseurs, de passionnés, d’amateurs, de découvreurs, mais tout cela dans une ambiance festive, enthousiaste. Les discussions avec les joueurs au milieu du public auront été un vrai plaisir inattendu.
Et sur le terrain, les bleus ont été magiques. Laetitia Guapo aura été au sommet, Marie-Eve Paget confirme son immense leadership. Antoine Eito aura livré une prestation mémorable sur un seul pied, Cavaliere aura lutté contre toutes les grandes têtes du tournoi. Le basket français enchaîne les médailles. Oubliée la finale perdue de 2012 d’un petit point face aux USA, les deux podiums successifs de 2018 et 2019, cette fois-ci, les bleues sont sur le toit du monde. De quoi faire taire quelques « grandes gueules » d’une presse à sensation qui veulent mettre notre basket national au second plan aux Jeux de 2024…
Dans votre prochain carnet bleu : les éliminatoires du mondial 2013 se poursuivent.
Bravo les bleues !