Le 23 juin prochain, les noms de Chet Holmgren, Jaden Ivey et autres Ousmane Dieng seront prononcés par Adam Silver au cours de la draft annuelle. La Ligue sera, à nouveau, peuplée de nouveaux petits jeunes aux dents longues. Les meilleurs – en toute logique – seront rapidement sélectionnés. À ce sujet, la loterie du mois de mai a souri au Orlando Magic, qui possède, en 2022, le 4ème 1st pick de son histoire (après 1992, 1993 et 2004). Le front-office floridien fait donc face à un très beau dilemme : celui de sélectionner le joueur qui, dans le meilleur des mondes, ramènera à nouveau la franchise au sommet de la Ligue.
Car c’est là ce que nous avons l’habitude d’attendre du premier choix de draft : puisqu’il est censé être le meilleur de sa cuvée, ce joueur doit changer la face de l’équipe qui l’a sélectionné. Rien de plus logique. Après tout, nous entendons fréquemment que la meilleure manière de reconstruire une équipe compétitive est la draft. L’exemple récent des Warriors de Golden State est d’ailleurs là pour le démontrer, eux qui ont drafté Stephen Curry, Klay Thompson et Draymond Green.
Que nous dit l’histoire ? Posséder le luxe de drafter en 1er accroît-il les chances d’une équipe de remporter le titre NBA par la suite ?
Retour sur les 1er choix de draft
Connaissez-vous tous l’identité des joueurs sélectionnés, depuis 1947, avec le premier choix de la draft ? La réponse est très probablement négative. Évidemment, les choix des dernières années sont souvent frais dans les esprits. Ils viennent d’ailleurs quelque peu fausser notre étude, puisqu’il est difficile de demander à Cade Cunningham (2021), Anthony Edwards (2020) ou Zion Williamson (2019) de rapporter immédiatement un titre à leur franchise. L’exploit serait d’ailleurs retentissant, car, dans l’histoire, seuls 6 first picks sont parvenus à remporter un titre NBA au cours de leurs 3 premières années dans la Grande Ligue :
La liste ci-dessus met en exergue un élément important ; de nombreuses superstars NBA ont été sélectionnées en tête de leur cuvée de draft. Pêle-mêle et sans revenir sur les noms précédemment cités, nous retrouvons également Elgin Baylor (1958), Oscar Robertson (1960), Elvin Hayes (1968), Hakeem Olajuwon (1984), Patrick Ewing (1985), David Robinson (1987), Shaquille O’Neal (1992), Allen Iverson (1996) ou encore LeBron James (2003). Il vous aura peut-être par contre échappé que les joueurs choisis aux cours des années 1940 et 1950 n’ont laissé de souvenirs à personne, ou presque. Où sont passés les George Mikan, Bill Russell ou Wilt Chamberlain ? Le premier a entamé sa carrière professionnelle avant même l’existence de la draft, en 1946. Le second a été sélectionné en seconde position en 1956, derrière le très oubliable Si Green. Le dernier se trouve dans une situation plus complexe, puisqu’il a été sélectionné à la draft 1959 à l’aide d’un territorial pick.
Qu’est-ce à dire que ceci ? Tout est en réalité dans le titre. Le territorial pick était un choix de draft qui était utilisé avant le 1st pick ; il permettait à l’équipe qui le possédait de sélectionner un joueur qui a été formé localement, dans un rayon de 50 miles autour. Vous nous direz que, pourtant, Wilt Chamberlain a été formé à l’université de Kansas, qui se situe à … 1 360 miles de Philadelphia ! Il s’avère qu’en 1959, Edward Gottlieb, alors propriétaire des Warriors de Philly, parvint à convaincre les instances que Chamberlain était devenu un joueur réputé dès le lycée, alors qu’il habitait dans la ville de l’amour fraternel.
Néanmoins, puisqu’il ne s’agit pas, à proprement parler, d’un premier choix de draft, le cas de Chamberlain ne sera pas traité dans cet article. Il en va de même pour Paul Arizin (territorial pick 1950), Tom Heinsohn (1956), Dave DeBusschere (1962), Jerry Lucas (idem) ou Gail Goodrich (1965), les autres stars qui sont entrées en NBA par cette voie.
Evidemment, nous n’évoquerons pas non plus les noms de Michael Jordan (3ème choix, 1984), Larry Bird (6ème choix, 1978) ou Kobe Bryant (13ème choix, 1996), pour des raisons évidentes. Nous aurons, par contre, l’occasion d’évoquer certains noms moins courants dans l’histoire, comme Chuck Share (1er choix 1950), Art Heyman (1963) ou Mychal Thompson (père de Klay, 1978), mais aussi, bien sûr, de certains immenses ratés de la draft, comme LaRue Martin (1972), Michael Olowokandi (1998), Kwame Brown (2001) ou Anthony Bennett (2013).
Désormais que le paysage est défriché, entrons dans le vif du sujet : les équipes qui ont sélectionné l’un de ces joueurs à l’aide de leur premier choix de draft sont-elles parvenues à remporter un titre NBA avec lui ? En d’autres termes, le 1st pick augmente-t-il les probabilités de soulever le trophée Larry O’Brien ?
Impact du 1st pick sur le titre NBA
Si l’on s’arrête à la cuvée 2021, nous recensons 75 drafts dans l’histoire et donc, fort logiquement, 75 joueurs sélectionnés en première position, qui constituent l’échantillon de notre article et autant de possibilités pour l’équipe qui les a sélectionnés de remporter un titre NBA grâce ce nouveau joyau.
Commençons par un rapide quizz : depuis Clifton McNeeley (1947) et jusqu’à Cade Cunningham, combien de 1st pick ont un jour remporté un titre NBA au cours de leur carrière, peu importe l’équipe dans laquelle ils évoluaient ? Ils sont en réalité peu, car le groupe des “premier choix de draft + titre NBA” n’est composé que de 23 membres (soit 30,67 %), répartis de manière relativement équitable dans l’ensemble des décennies. Il n’en demeure pas moins que cette statistique oriente déjà la question que notre titre posait.
Comment expliquer ce constat ? Plusieurs arguments peuvent être soulevés. Pour commencer, 2 des 75 joueurs n’ont jamais posé ne serait-ce qu’un orteil en NBA (Clifton McNeeley (1947) et Gene Melchiorre (1951)). Ensuite, à la louche, les équipes dites “dynastiques” ont trusté quelques 36 des 75 titres NBA mis en jeu depuis 1947. Or, rares sont les premiers choix de draft qui ont pu prendre part à une dynastie ensuite. Par exemple, la plus grande d’entre elles, les Celtics des années 1950 / 1960, est dénuée de tout 1st pick (11 titres). On retrouve ainsi Kareem Abdul-Jabbar, Magic Johnson et James Worthy dans la dynastie du show time des Lakers (5 titres), Tim Duncan et, de manière moindre, David Robinson dans celle des Spurs (5 titres pour Duncan, 2 pour Robinson), Shaquille O’Neal dans celle des Lakers du tournant des siècles (3 titres) et c’est globalement tout.
Plus encore, le fonctionnement de la NBA fournit une explication à ce faible ratio. Sauf exception, la franchise qui décroche le 1st pick est mauvaise. Aussi, à moins de drafter un prospect générationnel qui transfigure immédiatement la face de l’équipe, celle-ci reste a minima moyenne pendant un long moment. Cela illustre également les difficultés de baser intégralement sa reconstruction sur la draft.
Enfin, comme nous l’avons mentionné, les joueurs très récemment draftés font évidemment partie de notre échantillon, mais n’ont eu que très peu de temps pour remporter un titre. D’ailleurs, on constate que le dernier 1st pick en date a avoir été champion NBA est Anthony Davis, qui est présent dans la Grande Ligue depuis 10 ans.
Un premier choix de draft ne remporte donc que peu fréquemment un titre NBA au cours de sa carrière. Cependant, il ne s’agit pas là de la question qui nous intéresse ! Notre objectif est de parvenir à déterminer si ce joueur augmente – ou non – les chances de l’équipe qui l’a drafté de remporter le titre NBA. Par exemple, Kareem Abdul-Jabbar a remporté 1 titre avec les Bucks (1971), la franchise qui l’a sélectionné, puis 5 avec les Lakers. De même, nous considérerons que LeBron James n’a remporté aucun titre avec la franchise qui l’a drafté, car son titre remporté avec Cleveland (2016) l’a été après deux trades. Nous souhaitons donc quantifier la part des 1st pick qui ont remporté ledit titre non seulement avec leur première équipe, mais aussi avant tout transfert.
Vous l’imaginez, le nombre chute drastiquement. Sur les 23 joueurs qui nous restaient, seuls 10 d’entre eux respectent ces deux critères :
Le constat est donc sans véritable appel : drafter en première position n’augmente pas la probabilité de remporter un titre NBA, puisque cela n’est arrivé que 13,33 % du temps depuis 1947. D’ailleurs, ce faible pourcentage peut encore être nuancé, par l’appréciation du rôle qu’avait l’ensemble de ces joueurs lorsqu’ils ont remporté leur(s) titre(s) avec leur franchise d’origine. Et pour cause, si le premier choix de draft était blessé lors du titre, ou s’il était 5ème option de son équipe, on ne peut dire que très difficilement qu’il a véritablement joué un rôle dans la campagne victorieuse des siens.
Néanmoins, à la vue des noms recensés dans le tableau ci-dessus, on constate que, bien souvent, le 1st pick qui a remporté un titre NBA avec l’équipe qui l’a sélectionné était un franchise player. Cela n’a toutefois pas toujours été le cas :
Ainsi, quand bien même le tableau ci-dessus peut sembler particulièrement schématique et réducteur, nous pouvons considérer que près de 90 % des premiers choix de draft qui ont remporté au moins un titre avec leur première franchise y ont très largement contribué, soit en tant que franchise player (12 / 21), soit en tant que véritable lieutenant (7 / 21). Seuls les inconnus du lot, Ernie Beck et Cazzie Russell, ainsi que le très vieillissant David Robinson, avaient un rôle minime lorsqu’ils ont réalisé cet accomplissement.
En conséquence, nous arrivons à la conclusion selon laquelle seuls 8 premiers choix de draft (nous comptons David Robinson, lieutenant en 1999) ont véritablement influencé le titre NBA remporté par leur équipe d’origine, ce qui constitue un pourcentage infime de 10,66 %. De surcroît, à la vue des joueurs ci-dessus, nous pouvons tirer un second constat : ce n’est pas drafter en tête qui impacte la probabilité d’une équipe de remporter un titre NBA, c’est sélectionner une superstar en devenir. En effet, et si l’on peut débattre sur la place occupée par Kyrie Irving, il se peut que l’ensemble des 8 joueurs dont nous faisons mention occupent une place dans le top 100 des meilleurs joueurs de tous les temps. En somme, ce n’est pas drafter en premier qui importe ; c’est drafter en premier la bonne année (avoir le premier choix en 2000 pour sélectionner Kenyon Martin n’équivaut pas à l’avoir en 2003 pour choisir LeBron James) et faire bon usage de son pick.
Mais poursuivons notre raisonnement. Si avoir le luxe de faire son choix en premier ne permet manifestement pas de remporter le titre plus fréquemment, est-ce que cela augmente au moins la probabilité d’aller loin en playoffs ?
Campagnes des 65 autres 1st pick en playoffs
À défaut de faire gagner, littéralement, le premier choix de draft augmente-t-il le plafond de son équipe en playoffs ? Pour le savoir, apprécions le stade auquel ils se sont – au mieux – arrêtés en playoffs avec leur équipe initiale. Un avertissement s’impose : le “premier tour” de playoffs n’existe que depuis le début des années 1970. Auparavant, les franchises entamaient leur campagne au stade des demi-finales. Il convient de bien retenir ce distinguo pour apprécier le graphique ci-dessous :
La première observation à faire est celle qui choque le plus : plus d’un quart des premiers choix de draft ne sont jamais allés en playoffs avec leur franchise initiale ! Le pourcentage est supérieur à celui de l’ensemble des autres tours de playoffs. En somme, historiquement, lorsqu’une équipe drafte en première position, sa plus forte probabilité est de ne jamais disputer les playoffs avec son nouveau jeune joueur !
Il y a toutefois plusieurs explications qui peuvent rationnellement expliquer ce constat. Tout d’abord, parmi les 17 premiers choix de draft qui n’ont pas disputé la moindre rencontre de post-season, on remarque que nombreux sont ceux, notamment dans les fourties et fifties, à n’avoir disputé qu’une ou deux saisons en NBA (Andy Tonkovich, 1er choix 1948, n’a joué que 17 matchs en carrière ; Howie Shannon (1949), n’en a disputé que 122, pour 79 pour Mark Workman (1952)). De surcroît, plusieurs d’entre eux ont eu une vraie carrière en NBA, mais ont été tradés très rapidement après leur draft. Encore une fois, cela se constate principalement au cours des années 1950 et 1960, quand bien même on retrouve également des exemples plus récents (Elton Brand, 1er choix 1999).
Ensuite, une belle proportion des 17 joueurs sont considérés, aujourd’hui encore, comme des vrais busts (parfois à tort, comme nous tentions de l’expliquer ici). C’est le cas de LaRue Martin, Michael Olowokandi ou Anthony Bennett, mais aussi de quelques joueurs plus anciens et dont l’existence à été oubliée de tout de monde.
Enfin, les joueurs sélectionnés récemment, comme Cade Cunningham (2021) ou Zion Williamson (2019, mais souvent blessé) ont évidemment eu moins de possibilités de disputer les playoffs que ceux dont la carrière est d’ores et déjà terminée.
Si l’on ne s’en tient qu’aux joueurs qui ont un jour rallié les playoffs, on constate que, globalement, ils se sont aussi souvent arrêtés dès le premier tour que lors des autres stades de la compétition (entre 15,38 % pour les finales de conférence et 20 % pour les finales NBA). Toutefois, en fonction des phases de playoffs atteintes, le profil type du 1st pick diffère largement.
Parmi ceux qui ne sont jamais allés plus loin que le premier tour de playoffs (syndrome “Tracy McGrady”), il est malaisé de classer les joueurs dans de véritables catégories, car leurs profils sont particulièrement variés. Nous pouvons toutefois tenter de présenter la chose de la manière suivante :
S’il n’est probablement pas utile de revenir sur les cas de Brown, Bargnani, Fultz et Edwards, celui des autres joueurs appelle certaines remarques. Chris Webber, vrai franchise player à son prime, fait partie de ce groupe puisqu’il n’a disputé qu’une seule saison chez les Golden State Warriors (il a été drafté par Orlando, mais échangé au soir de la draft contre Penny Hardaway). En effet, après avoir signé un contrat long de 15 ans (!) qui contenait une clause lui permettant d’en sortir n’importe quand (!!!), Webber a pris la direction de Washington après une première saison NBA aboutie. Greg Oden, lui, n’a jamais eu les genoux suffisants robustes pour exploiter son immense talent, qui lui a valu d’être sélectionné juste devant Kevin Durant.
Enfin, d’autres joueurs, tous talentueux dans leur genre, ne semblent tout bonnement pas suffisamment forts pour mener leur franchise au-delà du premier tour des playoffs. Si le constat peut encore être amené à évoluer pour Karl-Anthony Towns, d’autres très bons joueurs, comme Derrick Coleman ou Danny Manning n’ont pas su, seuls, faire passer un cap à leur franchise respective (New Jersey Nets et Los Angeles Clippers). Ainsi, même en draftant convenablement avec son 1st pick, le plafond collectif de la franchise ne s’élève pas automatiquement. Tout dépend notamment de la cuvée de draft qui se présente, mais aussi, sauf à avoir l’opportunité de sélectionner un joueur all-time, du supporting cast qui entoure le premier choix.
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Cette constatation se confirme lorsqu’on s’intéresse à ceux qui, au mieux, ont disputé les demi-finales de conférence pour le compte de leur première franchise. Ils sont 12 en tout et pour tout, étant rappelé que pour certains d’entre eux, la “demi-finale” était en réalité le premier tour de l’époque (pour les 3 premiers du tableau ci-dessous) :
Encore une fois, il est peut-être inutile sur les catégories de joueurs dont nous avons déjà parlées, même si, pour certains d’entre eux (John Wall, Ben Simmons, prime Larry Johnson), il est probablement possible de les faire passer dans le groupe “supérieur”, celui des franchises player. Car c’est ce qu’étaient Elvin Hayes et Bob Lanier dans les années 1970. Le premier a disputé 4 saisons avec les Rockets, mais n’a joué les playoffs qu’une fois avec eux. Il faut dire que derrière lui, la seconde option était le méconnu Don Kojis. Dès lors, quand bien même tournait-il en 28,5 points / 17 rebonds, Hayes n’a jamais été suffisamment entouré pour pouvoir emmener sa franchise sur le toit de la Ligue.
Le constat est similaire avec Bob Lanier. Adepte des lignes statistiques en 26 / 13, le pivot était suppléé par Curtis Rowe, Kevin Porter ou Eric Money, alors même que son talent est celui de l’un des tous meilleurs postes 5 de l’histoire.
Dans la catégorie “autres”, nous faisons mention de Yao Ming et de Blake Griffin, deux joueurs qui, au top de leur forme, auraient certainement terminé par faire passer un cap à leur équipe, mais qui ont été ralentis ou stoppés définitivement par de trop graves blessures.
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Jusqu’alors, nous avons émis deux théories : drafter haut ne sert à rien si l’on utilise mal son pick ou s’il on a le malheur de disposer du premier choix lors d’une “cuvée creuse” (comme celle de 2000, par exemple), mais aussi que drafter un excellent joueur au premier tour ne contribue à augmenter le plafond collectif de l’équipe que s’il est suffisamment entouré ou qu’il s’agit d’une superstar. Les joueurs qui ont – au maximum – emmenés leur équipe jusqu’en finale de conférence illustrent ces deux constats de manière topique :
Nous pouvons cette fois-ci dire un mot de chaque catégorie. Nous sommes (volontairement) sévère avec Glenn Robinson, qui s’est révélé être un excellent joueur au cours de sa carrière, en inscrivant 20 points de moyenne à 8 reprises au cours de ses 9 premières saisons. Toutefois, il a été sélectionné par les Bucks devant Jason Kidd, mais aussi Grant Hill. Si opter pour ce dernier aurait finalement été un bien mauvais choix, eu égard à son physique trop fragile, c’est bel et bien Kidd qui doit être considéré comme la superstar de la cuvée.
Plus encore, une équipe bâtie autour de Mark Aguirre et Brad Daugherty pouvait, l’histoire le démontre, rejoindre les finales de conférence, avec un roster moyen. Walt Bellamy et Derrick Rose, eux, avaient le potentiel clairement affiché pour devenir ou prétendre à devenir MVP. L’intérieur n’a été barré dans sa quête que par l’existence de certains monstres, comme Wilt Chamberlain ou Bill Russell.
Enfin, demeurent les cas d’Oscar Robertson et Austin Carr, qui sont diamétralement opposés. Robertson est devenue immédiatement une superstar, un joueur qui peut aisément être la base d’une équipe qui remporte plusieurs titres NBA. Si ses coéquipiers étaient loin d’être mauvais (Jack Twyman, Wayne Embry, Bob Boozer…), il n’a jamais dépassé les finales de conférence avec les Royals en raison de la concurrence, qui était trop forte pour l’époque, notamment avec les Lakers d’Elgin Baylor, Jerry West et Wilt Chamberlain.
Le “cas Carr” est tout autre. L’arrière passé par Notre Dame a réalisé une carrière universitaire historique, en terminant ses saisons junior et senior avec 38 points de moyenne. Il était donc plus que logique de le sélectionner avec le premier choix de draft, d’autant plus que la cuvée 1971 n’était pas la plus profonde qui soit. Néanmoins, s’il a excellement bien commencé sa carrière professionnelle, il est rapidement rentré dans le rang et ne peut être considéré comme un vrai franchise player. Cependant, difficile de considérer que Cleveland a fait une “utilisation moyenne” de son premier choix de draft.
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Il nous reste un stade de la compétition à apprécier, afin de confirmer nos deux théories : les finales NBA. Ils sont 13 à y avoir échoué avec leur franchise d’origine (et avant tout trade, dans le cas de LeBron James). Vous constaterez que, désormais, il y a plus de franchises player que de lieutenants / roles players cumulés :
LeBron James et Shaquille O’Neal figurent dans l’immense majorité des tops 10 all-time. Elgin Baylor, Patrick Ewing, Allen Iverson et Dwight Howard s’y retrouvent à coup sûr. David Thompson (défaite en finale ABA) et Ralph Sampson, eux, ont eu une carrière trop courte pour y figurer, mais possédaient un potentiel apparemment illimité. Ajoutons à ce (très) beau monde les noms de Kareem Abdul-Jabbar, Bill Walton, Magic Johnson, James Worthy, David Robinson, Tim Duncan et Kyrie Irving, qui ont remporté le titre NBA avec la franchise qui les a draftés, et l’on comprend que, sauf exceptions, il faut être une superstar pour rallier les finales NBA avec sa première équipe.
Conclusions
Achevons cet article par une très courte conclusion et, pour bien faire les choses, une ouverture. Il résulte de notre développement que :
- avoir le 1st pick, en tant que tel, n’aide en rien à jouer les playoffs et, a fortiori, à gagner un titre NBA ;
- bien drafter à l’aide de son 1st pick est insuffisant ; encore faut-il avoir la chance de tomber sur une cuvée dotée de talent(s) générationnel(s) ou, à défaut, de parvenir à entourer son nouveau joyau. Ce n’est qu’à ces conditions qu’avoir le 1st pick augmente la probabilité de son titulaire de remporter un titre NBA.
En somme, en une formule comme en 3 300 mots : drafter haut, c’est bien, drafter bien, c’est beaucoup mieux.