Deux matchs dans cette série et deux fins de rencontres bien différentes.
Pourtant, un dénominateur commun : les 3e quart temps.
Par deux fois, les Warriors ont rappelé que ces 12 minutes leur appartenaient. Si Boston a su rendre aux locaux la monnaie de leur pièce dans le 4e QT du Game 1, ce fut bien différent cette fois-ci où ils furent obligés de déposer les armes face à la déferlante des hommes de Steve Kerr.
Ce n’est toutefois pas l’histoire que nous raconterons ici, mais plutôt celle des adaptations en cours de match. Dans la première rencontre, le tournant avait été la défense de Boston. Commençant la rencontre avec une défense en drop (où l’intérieur protège la pénétration en restant en retrait du poseur d’écran) et une stratégie d’aide agressive, les celtes avaient rapidement pris l’eau face à un Stephen Curry profitant de nombreux espaces et se jouant des aides adverses. Même lorsque Curry n’était pas sur le terrain, la philosophie défense de Boston ne s’avérait par ailleurs pas payante.
Finalement, Ime Udoka termina par comprendre que face à ces Warriors, accepter ce que vous souhaitez refuser à d’autres équipes est peut être la meilleure chose à faire. Mieux vaut switcher, réduire les aides et accepter de subir du jeu en 1-contre-1. L’objectif doit plutôt être de limiter ce qui se passe sur les sessions de dribble hand-off (main-à-main) et de ne pas s’empêtrer dans les écrans loin du ballon. Ensuite, mieux vaut accepter des isolations de leur part, même favorables, et espérer que vos joueurs fassent le job.
Surtout quand, comme Boston, vous possédez pléthore de bons défenseurs capables de rendre la vie difficile aux joueurs adverses.
Ce fut suffisant pour compliquer la vie des Warriors, qui, dans le même temps, se montraient bien trop permissifs avec nombre de joueurs des Celtics. Une erreur face à une équipe construite comme Boston, qui trouvait ainsi une multitude d’options pour disloquer la défense des Warriors.
Game 2 – Quand Golden State devient une équipe plus classique
Ce qui fait la particularité des Warriors, c’est qu’ils jouent comme eux-seuls savent le faire. Beaucoup de mouvements loin du ballon, une attaque faite de prises d’initiatives et de mouvements constants, des stars qui savent comment perturber une défense même quand elles n’ont pas la balle. Bref, lorsque vous affrontez Golden State, vous devez réapprendre les préceptes que vous aviez mis en place dans les séries précédentes.
C’est ce défi que beaucoup d’équipes mettent trop longtemps à relever. Pourtant, comme susmentionné, les Celtics ont relativement rapidement réussi à faire les ajustements intéressants en défense. Le match 2, lui, fut le théâtre d’une première mi-temps équilibrée, malgré un supporting cast de Boston bien muselé par la défense des Warriors.
Au retour des vestiaires, en bons champions du 3e quart-temps, Steve Kerr devait trouver un moyen de perturber les repères des Celtics. Il l’a fait d’une manière assez inattendue, en proposant une version de son équipe beaucoup plus conventionnelle.
En quelques termes :
- Du pick&roll tout ce qu’il y a de plus classique, mais bien plus fréquents, et quelques isolations ;
- Du high pick&roll en prime quand Boston à chercher des solutions ;
- Moins de screen-actions loin du ballon.
Stephen Curry a ainsi pu découper la défense des Warriors, manipulant les défenseurs à sa guise pour s’ouvrir des tirs.
Inéluctablement, sans pour autant proposer une animation offensive aussi débordante qu’à l’accoutumée, la faculté de Stephen Curry à utiliser sa gravité, à manipuler les défenseurs pour finir dans la raquette ou à mi-distance, ouvre également des tirs faciles pour ses coéquipiers. Kevon Looney en fut l’un des plus grands bénéficiaires (lui qui terminera à 6/6 aux tirs).
Ici par exemple, Horford reste en retrait sur le drop, tandis que Grant Williams vient contre-carrer l’opportunité de pull-up de Curry. Ce dernier reconnaît immédiatement l’ouverture. Wiggins fait le bon choix et si le meneur n’est pas directement crédité, c’est bien de sa simple présence et d’un choix naturel que provient le décalage et l’ouverture d’Otto Porter Jr.
En somme, les Warriors prennent simplement comme parti pris l’effet de surprise.
Les séquences précédentes, égrainées au fil du Game 1 & 2, ont fonctionné en partie car les Celtics se sont préparés pour faire face à un style de jeu différent. Dès lors, ce changement de Golden State pose deux problèmes.
Tout d’abord, il demande une gymnastique compliquée aux celtes, qui s’étaient reprogrammés pour défendre une équipe “différente” et doivent soudainement faire à un changement de plan de jeu. Ensuite, si ce changement implique de faire face à schémas plus habituels, il faut le faire face à des joueurs aux profils… atypiques. Par exemple, si vous êtes Boston, vous n’êtes pas préparé à ce qu’une réponse à un drop sur un high pick and roll puisse ressembler à ceci :
Évidemment, cette victoire contient multitude d’histoires. La défense de Draymond Green positionné sur Jaylen Brown mais également parfait sur ses aides ou ses autres vis-à-vis ; la très bonne défense de Curry que les Celtics n’ont pu cibler ; le retour de Gary Payton II, qui permet aux Warriors de jouer petit mais de maintenir une défense élite même en cas de mismatchs ; et puis, le sursaut de Jordan Poole. Peut-être en partie, parce que jouer plus simple l’a poussé à se remettre à l’endroit, utiliser sa vitesse et son shoot très longue distance pour achever le terrible run de son équipe.
Si le revirement proposé par Steve Kerr n’a rien de complexe, il met en exergue qu’un simple remaniement tactique, même le plus simple qu’il soit, peut créer le chaos. Mis à mal par la menace à longue distance que sont les Warriors sur de la défense en drop, les Celtics ont pris l’eau. Lorsqu’il ont décidé de mettre la pression bien plus haut sur le porteur, les Warriors n’ont eu qu’à poser l’écran beaucoup plus haut, carte qu’ils avaient déjà utilisée contre Denver pour mettre en difficulté Nikola Jokic, obligé de sortir trop loin de sa zone de confort.
Le reste ? Faire confiance en leur talent pour faire les bons choix. Profiter des espaces, faire la bonne passe ou jouer les mismatchs. De quoi remettre les pendules à l’heure avant de filer à Boston en espérant reprendre l’avantage du terrain.