Entre les 29 novembre 2019 et 2 avril 2021 @BenjaminForant et @Schoepfer68, accompagnés ponctuellement par d’autres membres de la rédaction, ont dressé le portrait de certains des acteurs méconnus ou sous-estimés de la NBA. Au total, ce sont 63 articles qui vous ont été proposés : un par année, entre les saisons 1950 – 1951 et 2009 – 2010, avec quelques bonus par-ci, par-là.
Pour cette saison 2, Le Magnéto change de format. Si l’idée est toujours de narrer la carrière des joueurs dont on parle finalement trop peu, il ne s’agira plus de traverser de part en part la si vaste histoire de la Grande Ligue. Désormais, chaque portrait sera l’occasion de braquer les projecteurs sur une franchise en particulier, avec l’ambition d’évoquer l’ensemble des équipes ayant un jour évolué en NBA, mais également en ABA.
Replongez avec nous dans ce grand voyage que constitue Le Magnéto. Notre 79ème épisode nous permet d’évoquer la carrière – récente – de David West, l’emblématique joueur de la toute jeune franchise des New Orleans.
Il était une fois dans l’Ouest
Louisiane, 2002
Tumultueuse est l’histoire des Pelicans de la Nouvelle Orleans. Initialement, la franchise dont nous parlons aujourd’hui s’appelait “Charlotte Hornets” et marquait les nineties avec un maillot turquoise inédit, des joueurs attrayants et des résultats solides. Sauf que celui qui a dit que la vie est un long fleuve tranquille a menti. Georges Shinn, propriétaire de la franchise, détesté à Charlotte et même accusé de viol, a emboité le pas des Grizzlies de Vancouver au début de notre siècle. Rappelez-vous ; la franchise de l’ours a sollicité, auprès de la NBA, une relocalisation à Memphis qui lui a été accordée. Une aubaine pour Shinn, qui n’était clairement plus en odeur de sainteté à Charlotte.
Un départ pour Norfolk, Louisville ou St. Louis est envisagé. Le problème, c’est que seule la ville de St. Louis possédait d’ores et déjà une arène taillée pour les rencontres de la Grande Ligue. Après quelques tractations et coups de poignard dignes des heures les plus sombres de la politique, la franchise déménage pour de bon, mais pas en direction de St. Louis ; les Charlotte Hornets et leur sulfureux propriétaire s’installent en Louisiane, à la Nouvelle Orleans, dans un tout petit marché qui n’a plus eu d’équipes NBA depuis 1979. La ville de Charlotte, elle, n’a attendu que deux années avant de retrouver une franchise, les Charlotte Bobcats. C’est suite au changement de nom de l’équipe désormais implantée en Louisiane, devenue “New Orleans Pelicans” en 2013, que le palmarès de l’équipe a intégralement été transféré aux Charlotte Bobcats, autorisés depuis 2014 à se faire à nouveau appeler “Charlotte Hornets”.
À leur arrivée à NOLA, les Hornets / Pelicans possèdent une équipe solide et bâtie pour aller en playoffs. La première saison en Louisiane est d’ailleurs terminée avec 47 victoires et une qualification pour la post-season 2003. Emmenée par Baron Davis, David Wesley et Jamal Mashburn, l’équipe se voit octroyer le 18ème choix de la draft 2003, l’une des plus dense de tous les temps. Toutefois, toutes les grandes superstars à venir ont été sélectionnées dans le top 5. Entre la 6ème et la 17ème place, on constate l’existence de quelques choix catastrophiques, comme celui de Mike Sweetney par les Knicks (#9), Reece Gaines par le Magic (#15), Troy Bell par les Celtics (#16) ou Zarko Cabarkapa par les Suns (#17). Les Hornets / Pelicans, eux, ont eu le nez fin ; à la fin de la soirée, un rookie du nom de David West venait compléter leur poste d’ailier-fort. Comme par magie, ce pick 18 s’était transformé en un leader taiseux, un all-star et un emblème. Comme par magie.
***
Pendant ce temps-là, entre New Jersey, Caroline du Nord, Virginie et Ohio
Si l’on veut bien s’en tenir à la liste trouvable sur la toile, la petite ville de Teaneck – New Jersey a été le berceau de nombreuses célébrités et un réservoir de talents sportifs. C’est là-bas, à la fin du mois d’août 1980, que David Moorer West a vu le jour. Il n’y est cependant resté que le temps d’apprendre à marcher, à compter et à faire ses premiers dribbles. On retrouve en effet sa trace dans le lycée public de Garner – Caroline du Nord, mais aussi dans le lycée militaire et chrétien de Chatham – Virginie. Néanmoins, ce n’est pas sur le champ de bataille ou dans les bureaux que le futur attendait le jeune West. Nommé dans la meilleure équipe de l’État de Virginie lors de sa dernière année de high school, le bonhomme va intégrer l’université de Xavier – Cincinnati (Ohio) en 1999.
Il y dispute la bagatelle de 126 rencontres en 4 années. Scoreur émérite, rebondeur solide et contreur plus qu’occasionnel, West a connu une progression aussi linéaire que certaine au sein du circuit universitaire. Ses 11,7 points, 9,1 rebonds et 1,1 contre de son année freshman se sont transformés en 20,1 points, 11,8 rebonds, 3,2 passes décisives et 2,7 contres à la fin de son année senior. Avec le jeune ailier-fort dans ses rangs, grand de 2m06 et lourd de quelques 115 kilos, les Musketeers de Xavier ont disputé le tournoi final NCAA en 2001, 2002 et 2003, pour une élimination au premier tour (2001) et deux au second (2002 et 2003, donc).
Honoré de multiples récompenses individuelles au cours de son cursus (il est, par exemple, le premier basketteur à être nommé 3 fois consécutivement meilleur joueur de la A-10), David West a déposé sa candidature pour la draft 2003. Globe-trotter comme il l’était, gageons qu’un déménagement vers la Louisiane n’a pas dû l’affecter plus que cela.
Coup de foudre à New-Orleans
Décollage imminent
Dominant à l’échelon inférieur, David West a dû prendre son mal en patience avant de s’imposer chez les grands. Au cours de sa première saison, il est barré, sur le poste d’ailier-fort, par le vétéran – et excellent défenseur – qu’était P.J. Brown. Le rookie ne se voit alors offrir que des miettes par Tim Floyd, son premier coach professionnel. Ces miettes, il les fait fructifier sans pour autant exceller. Ainsi, en 13 minutes, il cumule 4 points, 4 rebonds et près d’une passe décisive. Sur 36 minutes, West tourne en 10,5 / 11,5. En somme, s’il avait eu sa chance, peut-être aurait-il pu intégrer l’équipe type des rookies.
Sa seconde saison n’apporte guère plus de choses. Aligné à un poste d’ailier qui n’était clairement pas le sien, non seulement en raison de son physique, mais aussi de son absence quasi totale de tir à trois-points, le numéro 30 des Hornets a surtout passé la majorité de sa saison à l’infirmerie. On ne l’a donc pas vu sur les parquets entre le début du mois de décembre 2004 et la fin du mois de mars de l’année suivante. De toute manière, son absence n’a en réalité rien changé aux résultats de la franchise, qui ont été dramatiques tout au long de la saison, notamment en raison du trade de Baron Davis en cours d’exercice.
Nous voici à l’intersaison 2005. Malchanceuse à la loterie, la franchise se présente à la draft avec le 4ème pick. Fort heureusement, le front-office a fait preuve de beaucoup de flair. Alors que les Bucks (Andrew Bogut, #1), les Hawks (Marvin Williams, #2) et le Jazz (Deron Williams, #3) ont effectué des choix finalement logiques et qui porteront leur fruit à court terme, ce sont bel et bien les frelons qui ont réalisé le steal de la draft, avec le choix de Chris Paul. Déplacé par Byron Scott au poste de pivot, P.J. Brown laisse le poste 4 vacant à David West, qui forme dès le début de la saison un one-two punch de qualité avec son nouveau meneur.
Car c’est de cela dont il s’agit. Cantonné à un rôle minime depuis deux ans, West est désormais celui qui se voit octroyer le plus de tickets shoot chaque soir, avec quelques 14 tentatives. Il explose aux yeux de tous lors de la 9ème rencontre de la saison face au Magic de Dwight Howard, en claquant 34 points (68,2 % au tir), qu’il accompagne de 8 rebonds et 2 passes décisives. La suite sera du même acabit, au point que si les résultats collectifs avaient suivi, l’ailier-fort aurait légitimement pu prétendre à une première sélection au All-star game. En effet, à la mi-février (bilan de 31 / 33), West tournait à 18 points (52 %), 7,5 rebonds, 1 passe décisive, 1 interception et 1 contre de moyenne.
Il termine son exercice avec des moyennes identiques. S’il n’a pas été dans la course au match des étoiles, il est lancé pleine balle dans celle de la meilleure progression de l’année. Alors que Nash soulève son second trophée de MVP et que le futur CP3 est nommé rookie de l’année à la quasi unanimité (124 premières voix … sur 125), David West échoue à la seconde place du MIP, derrière notre Boris Diaw national (489 points contre 283). Nous vous laissons vous faire votre propre idée sur la pertinence de ce vote :
- Boris Diaw : 13,3 points (4,8 l’année précédente), 6,9 rebonds (2,6), 6,2 passes décisives (2,3) à 52,6 % au tir (42,2 %) en 35,5 minutes (18,2), pour 54 victoires ;
- David West : 17,1 points (6,2 l’année précédente), 7,4 rebonds (4,3), 1,2 passe décisive (0,8) à 51,2 % au tir (43,6 %) en 34,1 minutes (18,4), pour 38 victoires.
Malgré les excellentes performances de leurs jeunes joueurs, les Hornets manquent à nouveau les playoffs. Le vestiaire, prometteur, manquait cependant d’un leader. Par le geste plus que par la parole, David West a naturellement endossé ce rôle, qu’il gardera jusqu’à la fin de sa carrière, comme l’a énoncé Ian Mahinmi, qui l’a côtoyé au milieu de la décennie 2010 :
“Dirk [Nowitzki] n’était pas un leader très vocal. Mais quand il parlait, cela avait un véritable impact. Les deux autres que je mets dans ce chapeau, c’es Tim Duncan et David West. Ce sont des mecs qui ne parlent pas beaucoup, mais quand ils parlent, ça te touche […]. Ce sont des beaux leaders, charismatiques”.
Charismatique et discret, David West était le Daft Punk du vestiaire de NOLA. Et il avait des tubes en réserve. Il entame sa 4ème saison professionnelle sur son nouveau rythme de croisière, avant de manquer une trentaine de rencontres en raison d’une nouvelle blessure, survenue un soir de novembre 2006 du face aux Clippers. Son retour, à la mi-janvier, s’effectue en dent de scie, comme si la machine avait du mal à se relancer à vive allure. Dix rencontres, à cheval sur les mois de février et mars 2007, symbolisent parfaitement ce constat. À ce moment-ci de la saison, les Hornets étaient encore en course pour disputer les playoffs ; l’absence de West n’a, en effet, pas trop entamé les résultats de la franchise. En remportant trois victoires lors de la dernière semaine de février, l’équipe se replace même parfaitement dans la course, grâce à un ailier très fort : 24,3 points, 10,8 rebonds, 3,5 passes décisives, 2 interceptions à 50 % au tir.
Las, New Orleans s’apprête à perdre les 6 rencontres suivantes, avec un David West porté disparu, ou presque : 13,7 points, 7 rebonds, 2 passes décisives, 0,7 interception à 41,6 % au tir. La différence statistique est saisissante. Elle fait, au final, la différence entre une équipe qui peut partir en vacances à la mi-avril et celles qui peuvent espérer jouer au mois de juin. Car son excellente fin de saison, où il marque plus de 30 points lors des 5 dernières rencontres (4 victoires) n’y change rien ; une fois encore, le train des playoffs démarre sans lui.
David West ne connaissait certainement pas Tryo, mais il aurait pu entonner “les gars, c’était la dernière“. Et à juste titre. Il lui reste encore 4 saisons à disputer en Louisiane, et elles seraient magnifiques.
L’accélération
La première chose à mettre en avant, c’est que sur les 328 matchs de saison régulière à venir, West en a disputé 303. En laissant les pépins physiques derrière lui, le bonhomme passé par Xavier déploie ses ailes.
Alors que Chris Paul est désormais en route pour devenir le Point God, West prend le rôle de lieutenant sportif et de leader de vestiaire. Cependant, au-delà même de ses deux stars, la franchise s’est construit un roster compétitif à tous les étages, si l’on veut bien laisser de côté le poste d’arrière. En effet, si le nom de Morris Peterson, qui accompagne Paul sur le backcourt, ne fait finalement pas rêver grand monde, c’est désormais Peja Stojakovic qui accompagne West sur les ailes, tandis que les cercles sont protégés et martyrisés par un vétéran et futur Defensive Player of the Year, Tyson Chandler. L’heure est désormais à la bagarre et à la victoire. David West était prêt et paré pour les deux.
Ironiquement, alors que la franchise entame sa saison avec 4 victoires, sa première défaite, concédée face aux Blazers, est le théâtre de la première vraie “perf” de West : 34 points, 18 rebonds. Pour autant, il est nécessaire de ne pas aller trop vite en besogne ; lorsque David West performe, ce n’est pas toujours dans la défaite. L’ailier-fort – qui n’avait pas de surnom, manifestement – n’était pas qu’un magnifique loser, comme il s’est chargé de le rappeler à plusieurs reprises au cours de cette saison 2007 – 08, à commencer du côté de Memphis au milieu du mois de novembre. En plus de ses 40 points (17 / 29), c’est lui qui a mis le couvert sur la rencontre, d’un jump shot à mi-distance à 8 secondes de la sirène finale (120 – 118).
S’il lui arrive encore, de temps à autre, de planter un match dans les grandes largeurs (exemple de la défaite face à Detroit, 3 / 15 au tir, d’une défaite à Dallas, 2 / 10), ces contre-performances sont désormais très largement compensées par des cartons et des actions de grande classe. On constate d’ailleurs une certaine “Pelicans dépendance” au scoring de David West ; lorsque l’ailier-fort inscrit a minima 16 points, NOLA s’impose 77 % du temps (41 sur 53). Ce pourcentage chute à 45,5 % lorsque la machine à scorer est enrayée et limitée à la quinzaine de points au maximum (10 / 22). En somme, quand David West va, New Orleans va.
Or, cette année-ci, David West allait très bien. Vous ne serez donc qu’à moitié étonné.e d’apprendre que les Pels ont terminé la saison avec la bagatelle de 56 victoires et la seconde place de la conférence Ouest. West, individuellement parlant, a eu droit aux honneurs du All-star game, au cours duquel il n’a pas spécialement brillé (16 minutes, 3 / 6 au tir). Brillant, par contre, il l’a été le soir du 26 mars 2008, lorsqu’il a inscrit le game winner face aux Cavaliers de LeBron James :
C’est que le joueur s’est, au fur et à mesure de la carrière, construit un tir à mi-distance d’une efficacité redoutable. Alors qu’il terminait au cercle 71 % du temps lors de son année rookie, la version 2007 – 08 de David West vivait plus au large et prenait 70 % de ses tirs à plus d’un mètre du cercle (et 38 à plus de 3 mètres, pour 46 % de réussite globale).
Revoici David West en playoffs. Dans un premier tour disputé face à des Mavericks revanchards après l’humiliation subie l’année précédente (élimination au premier tour en tant que meilleur bilan de la Ligue), la dépendance des Pels au scoring de leur intérieur dominant va à nouveau s’illustrer. En effet, si New Orleans s’est aisément imposée (4 – 1), la seule défaite a été concédée alors que West n’a inscrit que 14 points (6 / 20 au tir). La théorie des 16 points tend donc à se confirmer, d’autant plus qu’au cours des victoires des siens, le numéro 30 n’est jamais passé sous la barre des 23 unités.
Après Dirk Nowitzki, il est désormais temps de se coltiner Tim Duncan. En l’espace de deux séries, David West aura été directement aux prises avec les deux meilleurs ailier-forts de leur ère. La présence de Duncan n’a intimidé qu’à moitié West et NOLA, qui mènent 2 – 0 dans la série (30 points à 13 / 23 dans le game 1), après deux blowouts en règle (+ 19 et + 18). Les champions 2007 ont toutefois de la ressource à revendre et recollent à 2 – 2. C’est cependant New Orleans qui s’octroie une double balle de match, en remportant très largement le match 5, grâce à un véritable chantier de son ailier-fort : 38 points (16 / 25), 14 rebonds, 5 passes décisives, 2 interceptions, 5 contres. D’ailleurs, dans l’histoire des playoffs, David West est le seul a avoir rendu une telle copie.
C’est pourtant les Spurs qui remportent la série au meilleur des 7 matchs. Et si le propre des grandes équipes est de se relever des déceptions, cette version de New Orleans n’en était pas une.
Le constat est dur, mais réel. Avec un effectif inchangé – ou presque – qui comprend tout de même deux All-stars, les Pelicans vont à nouveau réaliser une saison régulière correcte (49 victoires). West décroche sa seconde étoiles d’All-star et termine son exercice avec quelques 21 points inscrits chaque soir. Désormais âgé de 28 ans, il est clairement dans son prime. Chris Paul, lui, vient de se classer en 5ème place de la course au MVP, après sa 2ème position de l’année passée. Pour synthétiser, les hommes de Byron Scott ont tout pour faire peur. Pourtant, ils sont écrasés au premier tour des playoffs 2009 par les Nuggets de Carmelo Anthony version dreadlocks, accompagné il est vrai de Chauncey Billups et J.R. Smith.
Ce n’est que partie remise, se dit-on. Mais que nenni. La blessure de Chris Paul, qui n’a disputé que 45 match en 2009 – 10 a définitivement mis du plomb dans les prétentions des Pelicans. D’ailleurs, on remarque que la présence du meneur n’avait pas spécialement lancé la franchise sur des bases extraordinaires (23 victoires, 22 défaites), surtout lorsque l’on voit que San Antonio, 8ème de la conférence à l’issue de la saison, a conclu son exercice avec 50 victoires.
Alors même qu’il tourne encore à 19 points, 7,5 rebonds et 2 passes de moyenne, David West ne repassera plus jamais un tour de playoffs sous le maillot des Pelicans. Son prime, sérieux sans atteindre les sommets réservés aux superstars, n’a jamais mené à des performances collectives dignes de rester en mémoire. Avec le recul, on se dit que les deux défaites concédées face aux Spurs en 2008 au cours des games 6 et 7 constituent un véritable tournant dans la carrière de l’ailier-fort. Le lock-out de l’année 2011 coincide avec la fin de son contrat. C’est ainsi qu’au mois de décembre, il quitte New Orleans et la Louisiane, direction Indianapolis. Mais avant cela, il offre à ses supporters un dernier cadeau, dans son style de cigogne caractéristique :
Vitesse de croisière
Intégré dans un collectif so Indiana, duquel ne sortait aucune véritable tête dominante, David West se sent comme un poisson dans l’océan. Certes, ses responsabilités offensives – importantes à NOLA – sont désormais diluées dans le collectif, entre Danny Granger (le go to guy), Roy Hibbert, Darren Collison, Leandro Barbosa et le sophomore qu’était alors Paul George. Mais cela, West s’en cogne. La victoire collective lui est plus chère que le shine individuel ; mieux vaut scorer 12 points et aller en finale de conférence que d’en scorer 22 et d’être en vacances au mois d’avril.
Dès lors, hormis en toute fin de saison, West s’est cantonné à un rôle de défenseur coriace et de seconde / troisième option offensive, entre mid-range et jeu proche du panier. Pour la première fois de sa carrière – le lock-out a peut-être aidé – il dispute l’ensemble des rencontres de la saison (66), pour 42 victoires remportées. Sa fin de saison démontre toutefois que le vétéran (31 ans désormais) est encore capable de martyriser les défenses adverses tout en faisant gagner : 21,6 points (53 %), 9 rebonds, 2,5 passes décisives, 1 interception et 1 contre de moyenne sur les 5 dernières rencontres, pour 4 victoires.
Avec le troisième bilan de l’est, Indiana s’offre le scalp du Magic au premier tour (4 – 1) malgré la perte du match inaugural. L’obstacle, en demi-finale de conférence, est également floridien : le Heat de LeBron James, Dwyane Wade et Chris Bosh. Alors qu’Indiana vire en tête après 3 rencontres (2 – 1) et que West, en difficulté offensive, pose énormément de souci à ses adversaires de son côté du terrain, Miami va se fâcher tout rouge et remporter les trois matchs suivant ainsi que le titre NBA.
L’arrivée de Frank Vogel sur le banc de l’Indiana va radicalement changer la donne collective. Le coach fait de West le lieutenant offensif de Paul George, avec un succès … logique ? Attendu ? Là où George avait de toute évidence quelques soucis de visée au cours de l’exercice (41,9 % au tir au global), West, tel un horloger, rend sa copie habituelle, à grand coup de 17 points, 8 rebonds, 3 passes décisives, 1 interception et autant de contre. Le tout en causant peu mais bien. Et cette fois-ci, la mayonnaise a pris.
La saison régulière est terminée avec 49 victoires, et les playoffs sont entamées par une victoire face aux Hawks au premier tour. Déterminant lors des games 5 et 6 alors que les deux équipes étaient à égalité, West permet aux siens de plier la série sans avoir à passer par un match 7. Face aux Knicks de Carmelo Anthony, le score sera identique et, pour la première fois de sa carrière, l’ancien de Xavier découvre les finales de conférence, face au monstre qu’est encore le Heat. Et le monstre a vacillé. Si le game 7 se termine sur un blow out (- 23), il n’en demeure pas moins que LeBron James et cie ont dû s’employer pour bouter hors des playoffs des Pacers pleins de hargne.
Dans un ultime baroud d’honneur, West et Indiana vont s’imposer à 56 reprises la saison suivante. Et échouer en finale de conférence face au Heat. Comme un beau bis repetita. David West a alors 35 ans. Les plus belles heures de sa carrière individuelle sont évidemment derrière lui. Celles de sa carrière collective s’ouvraient devant lui.
Atterrissage en beauté
Il commence par disputer une saison au Texas, pour participer au crépuscule de la domination des Spurs. Il n’y a pas forcément lieu de s’épancher sur cette saison ; il y a plus à dire sur les deux derniers exercices de sa carrière, joués sous les couleurs bleu et jaune des Golden State Warriors. Dans un rôle réduit (13 minutes / match), qu’il sait rentabiliser avec efficacité, il prend part aux deux campagnes de playoffs des Warriors “made in Kevin Durant”, auréolées d’un titre à chaque fois. À l’instar de Bill Russell ou David Robinson, David West prend sa retraite en enfilant une bague, le 8 juin 2018. Au cours de cette rencontre, largement remportée par Golden State, Steve Kerr lui offre 8 minutes de temps de jeu, le temps pour son ailier-fort d’inscrire le dernier panier de sa vie professionnelle. Et de partir au sommet.
La place au box-office des Pelicans
Il était particulièrement malaisé de choisir un joueur pour évoquer la franchise de New Orleans, dont l’histoire est certainement trop courte pour entrer avec pertinence dans le carcan du Magnéto. David West, bien qu’en activité jusqu’en 2018, semble toutefois être celui qui cochait le plus de nos cases.
Il faut dire que si Chris Paul et Anthony Davis étaient très certainement plus talentueux que lui (comme DeMarcus Cousins, brièvement passé en Louisiane), West demeure une figure iconique de la franchise la plus jeune de la Grande Ligue. Les chiffres, à cet égard, parlent d’eux-mêmes :
Si l’on ne s’en tient qu’à la franchise “New Orleans Pelicans”, peut-être faut-il alors considérer l’ailier-fort comme le 3ème joueur le plus important de l’histoire de l’équipe. Devant lui ? Deux joueurs de calibre MVP, qui n’ont toutefois jamais su faire passer le cap des demi-finales de conférence à la franchise. Le tout sans faire plus de vague qu’une mer d’huile, sans faire plus de bruit qu’un planeur.