Les Celtics ont réagi en s’imposant avec la manière lors du match 2 face aux Bucks de Giannis Antetokounmpo. Emmené par un Jaylen Brown de gala, Boston a surfé sur la vague d’un début de match parfait, duquel ils ont tiré une avance confortable. Les hommes d’Ime Udoka ne la lâcheront jamais, et égalisent la série à une victoire partout.
Dans une série aux airs de joutes des années 90, c’est la défense de Boston qui a fait la différence. Après un match 1 où Giannis Antetokounmpo, certes inefficace au scoring, avait parfaitement dirigé l’attaque des Bucks, les Celtics ont totalement changé de stratégie face au Grec. Cet article revient sur ces ajustements, et comment les Bucks ont réagi en deuxième mi-temps à ces nouvelles « Giannis Rules ».
Match 1 : La tactique classique du « mur » face aux progrès de Giannis Antetokounmpo au playmaking
Lors du match 1, les Celtics ont logiquement adopté une version traditionnelle de la désormais classique stratégie du « mur » face à Giannis Antetokounmpo. Popularisée par Nick Nurse en 2019, elle consiste pour les défenseurs hors-ballon de venir aider et de boucher les intervalles, créant une muraille en amont du panier. L’objectif premier était d’empêcher l’accès au panier pour Giannis, ou bien pouvoir contester son lay-up avec plusieurs défenseurs dans le cas où il percerait la muraille.
Al Horford nous offre ici un placement typique de la stratégie du mur :
C’est avec cette défense que les Raptors de Ibaka, Siakam, Leonard et Gasol avaient pu remporter leur série face au Bucks sur la route vers leur titre. Le mur permettait alors d’exploiter à la fois les lacunes de playmaking d’un Giannis encore fébrile balle en main sur demi-terrain. Elle était d’autant plus intéressante qu’il était entouré de joueurs au tir extérieur douteux (Eric Bledsoe notamment).
Retour au match 1, où cette tactique a permis aux Celtics de fortement gêner le Grec au scoring : il a certes marqué 24 points, mais loin de son efficacité habituelle (25 tirs tentés). Mais Antetokounmpo est un passeur autrement plus précis, et lit désormais beaucoup mieux les rotations. Sa capacité de kick-out, mise en avant dans notre preview de la série, lui a permis d’empiler 12 passes décisives et de générer 31 points pour son équipe.
Sur jeu posté, la stratégie des Celtics est de faire systématiquement prise-à-deux. Là aussi, les progrès d’Antetokounmpo, plus précis et plus patient, lui permettent de punir ces choix.
Match 2 : De nouvelles « Giannis Rules » autour de Grant Williams et Al Horford
Face au grand nombre de trois-points concédés au match 1, les Celtics ont réagi. Les Bucks avaient pris 34 paniers à trois-points au match 1, ce total est descendu à 18 (pour seulement 3 réussites). Les Celtics sont revenus à un système de rotations défensives très limitées, laissant Grant Williams et Al Horford seuls en un-contre-un, au large comme au poste bas.
L’objectif est simple : forcer Giannis à prendre des tirs compliqués, et utiliser la densité physique de Horford et Grant Williams pour l’empêcher d’accéder facilement au cercle.
Ces nouvelles « Giannis Rules » ont été extrêmement efficaces en première mi-temps. Le double MVP a été limité à 2/11 en première mi-temps, avec comme seules réussites des layups en transition.
Premier principe : forcer Giannis à aller au bout de son 1 contre 1
Contrairement au match 1, les Celtics veulent voir Giannis aller au bout de son un-contre-un. Avec très peu d’aides défensives, les Celtics ne veulent pas donner de solution de passe évidente, forçant soit Giannis à un exploit individuel, ou les autres joueurs des Bucks à prendre des tirs qu’ils doivent eux-mêmes se créer.
Si Antetokounmpo est forcé de prendre un tir compliqué, c’est parce que la défense, et notamment les quatre défenseurs hors-ballon, ne lui donnent aucune autre solution. Au match 1, cette situation aurait sûrement fini par un tir ouvert à trois-points pour un coéquipier.
Très peu d’équipes sont capables d’une stratégie si minimaliste. Les Celtics peuvent se le permettre car ils possèdent deux armes parfaites : Grant Williams et Al Horford.
Très peu d’équipes sont capables d’une stratégie si minimaliste. Les Celtics peuvent se le permettre car elles possèdent deux armes parfaites : Grant Williams et Al Horford.
Deuxième principe : limiter les possessions sans Williams ou Horford sur Giannis
Le premier principe repose sur la capacité à tenir Giannis en 1c1. Seuls Horford et Williams en sont capables. Pour les Bucks, l’enjeu immédiat est de forcer un changement défensif sur Giannis, notamment en le faisant bénéficier d’un écran. Problème : les Celtics alignent souvent Williams et Horford ensemble, en alternant défense mission sur Giannis et défense sur le meilleur poseur d’écran des Bucks, de sorte à pouvoir changer celui-ci.
Forcer un switch sur un joueur comme Giannis, qui n’est pas une menace en pull-up, face à une défense qui veut absolument l’éviter n’est pas chose aisée. Le meilleur moment pour les Bucks est en tout début de possession, avant que la défense des Celtics ne soit totalement placée et mentalement prête (x3).
Il reste 3 minutes 47 dans le deuxième QT, Giannis joue sa première possession sur jeu placé face à quelqu’un d’autre que Grant Williams et Al Horford. Le Grec peut respirer, marque, mais subit une faute avant son action de tir.
Même principe ici : Grayson Allen pose un écran tôt dans la possession, alors que Giannis est lancé. Les Celtics n’ont d’autre choix que de changer. La suite est évidente.
Corollaire au deuxième principe : Rob’ Williams doit retrouver un rôle de roamer pour survivre dans la série
Revenu de blessure face aux Nets, Rob Williams était en grande difficulté défensive lors du match 2. En particulier, il était la cible des Bucks lorsqu’il était aligné sur le terrain pour défendre sur Brook Lopez.
Avec Horford et Grant Williams occupés sur Antetokounmpo, Williams retrouve naturellement le rôle classique de pivot défensif, aligné pour défendre sur le pivot adverse. Les Bucks peuvent alors à souhait revenir sur un pick and roll classique, posé par Brook Lopez. Rien que la qualité de la pose d’écran augmente la nécessité du switch pour Boston, Williams se retrouvant en un-contre-un face à Giannis. Ce dont il est pour l’instant incapable.
C’est pourtant dans un tout autre rôle qu’il a brillé en saison régulière : en défendant loin du ballon, sur un joueur extérieur non-shooteur et en créant le chaos en deuxième rideau (rôle de roamer). On a vu son impact drastiquement augmenter lorsqu’il peut défendre sur un autre joueur que Lopez, ici Jevon Carter. Sa très bonne aide élimine le drive de Giannis, les très bonnes rotations de Boston (une constante sur le match) font le reste du travail.
Ou ici, capable de venir aider sur le drive de Giannis Antetokounmpo et laisser Derrick White zone-up à l’opposé.
Troisième principe : Vivre avec le tir à mi-distance de Giannis, empêcher le tir à trois-points des autres
Au poste, plus de prise à deux, on veut forcer Giannis à prendre un tir compliqué.
Ce principe est un marronnier des séries de playoffs des Bucks. Antetokounmpo a progressé sur son tir extérieur, il l’a d’ailleurs démontré au match 1. Mais parce que son efficacité à mi-distance et sur ses floaters est encore négligeable par rapport à sa menace au cercle, les Celtics ont décidé au Game 2 de subir ses tirs.
Le Pick and Roll et le main-à-main initié par Giannis, solution pour les Bucks ?
Solution évidente : si les Celtics ont décidé de switcher, alors mieux vaut utiliser Giannis comme poseur d’écran. C’est encore mieux que le porteur de balle sur l’écran arrive en mouvement pour que les Celtics soient obligés de changer : c’est exactement ce qui est fait avec le main-à-main ici avec Allen. Horford et Brown sont hésitants sur le switch. Rob Williams vient stunter à une passe (si on peut comprendre l’idée face à Giannis, est-ce nécessaire face à Allen ?).
Utiliser Giannis en poseur d’écran après un main-à-main force Boston à des choix difficiles : les Celtics ne voudront pas changer cet écran, et on se retrouve avec une défense en drop à deux contre un. Horford est un bon défenseur sur drop, Williams en a moins l’expérience, et Wesley Matthews n’a qu’à choisir son poison.
En l’absence de Khris Middleton, c’est à Jrue Holiday que va incomber la responsabilité de générer des points de manière régulière. La relation sur pick and roll avec Giannis Antetokounmpo sera ainsi primordiale. Exemple ici avec un double ram screen de Giannis, après lequel Holiday se joue facilement de Grant Williams très peu à l’aise sur drop.
En deuxième mi-temps, les Bucks ont donc utilisé Giannis Antetokounmpo comme poseur d’écran à foison, mettant à chaque fois la défense des Celtics en difficulté. Si ces situations ont très peu profité à Giannis, c’est parce que Horford et Williams sont restés fidèles à leur mission. Les bons tirs générés ont profité aux extérieurs des Bucks qui ont exploité la faiblesse de la rim protection des Celtics.
Perspectives pour la série
La deuxième mi-temps, gagnée par les Bucks, va forcer Ime Udoka à s’ajuster pour le reste de la série. Le retour de Marcus Smart offrira d’autres solutions pour limiter les actions résultant des écrans posés par Giannis, mais les Bucks ont là une action qui demeurera le nerf de la défense pour les Celtics. Le reste de la série s’annonce passionnant, son résultat sera forcément déterminant par la défense.