Après une défaite sur le fil au Game 1, les Brooklyn Nets avaient du travail pour contrecarrer un plan sur-mesure réalisé par les Celtics pour terrasser Kevin Durant. Lors d’un article, précédent, nous vous détaillions les préceptes de ce plan en nous concentrant sur le money time. Tandis que dans cette vidéo, nous vous expliquions comment Heat et Celtics avaient considérablement limités KD et Trae Young :
Sauf que voilà, qui dit Playoffs, dit, normalement, adaptation entre les matchs. Dès lors, nous attendions de Steve Nash et de ses joueurs de fomenter un plan pour libérer ses stars, ou, tirer profit des espaces concédés par la défense adverse. Malheureusement, après un première mi-temps marquée par de très nombreux allers-retours sur la ligne des lancers et des Celtics peu convaincants, la seconde mi-temps fut en revanche à sens unique en faveur des verts.
Mais si le match à certes viré à la correction, la série n’est pas terminée. Après tout, perdre les matchs d’ouvertures à l’extérieur n’a rien de contre-nature. Ce qui pose plus question, c’est la manière. Car en dépit du plan très marqué Boston avait appliqué lors du premier match, Brooklyn a continué sur cette même stratégie d’isolation qui a viré aux numéros de solistes de Kyrie et Durant. Or, si dans le premier match, le meneur avait été impeccable, il s’est cette fois vautré dans les grandes largeurs au même titre que l’ailier.
Retour sur cet hero-ball, qui a viré au cauchemar.
Un début… presque encourageant
Les Nets étaient pourtant bien rentrés dans leur rencontre. Impeccables dans les premières minutes, ils prennent le contrôle de la rencontre. Ils profitent évidement du grand nombre de fautes concédées par Boston en raison d’une agressivité bien trop grand sur Kevin Durant. Mais surtout, ils montrent assez tôt dans la rencontre quelques belles velléités collectives. Dès la première action, KD attend l’aide d’Al Horford pour décaler sur Bruce Brown. Ce dernier va alors bénéficier des espaces créés par ses coéquipiers pour faire un début de match flamboyant :
Pourtant, il ne faudra que quelques minutes supplémentaires pour que les Nets reviennent à leurs fondamentaux. Si on a vu ces joueurs s’adapter à divers schémas au fil des années, leur duo à Brooklyn fut surtout fait, en l’absence de James Harden, de nombreuses isolations. Le soucis étant qu’il est difficile pour les joueurs autour de s’impliquer quand les stars en viennent rapidement à faire de la rétention. Et c’est vers les 7 minutes de jeu, alors que Brooklyn compte déjà une belle avance au compteur, que les prémisses arrivent.
Kyrie ignore ses coéquipiers
C’est donc peu après les 8 minutes de jeu que la tendance à trop prendre le jeu à son compte revient au galop.
Sur l’action suivante, les Celtics réalisent un Stunt (lorsqu’un joueur plonge sur un joueur qu’il n’est pas supposé défendre pour laisser le temps à son coéquipier de le récupérer). Ici, c’est Horford et Grant Williams qui sortent pour donner le temps à Smart de traverser l’écran. Cela créé un décalage avec deux joueurs qui bénéficient d’une belle marge à la gauche de Kyrie. Mais ce dernier fait un choix plus… Étonnant.
Kevin Durant fait de même
C’est moins d’une minute plus tard que KD imite son coéquipier.
Durant, est en isolation sur Derrick White. Par nature, c’est un mismatch sur lui puisqu’il peut tirer au-dessus de White sans trop de problème, tout comme attaquer et bénéficier d’un bel avantage. C’est pour cela que Jaylen Brown lui fait sentir sa présence en venant en aide. Mais plutôt que de tirer profit de l’aide de Jaylen Brown pour mettre en confiance son coéquipier, il décide de shooter pour obtenir la faute.
Certes, il l’obtient, mais cette action, comme la précédente vont incarner la philosophie offensive pour le reste du match :
Une 2eme mi-temps désastreuse
Si les choses vont devenir laborieuse à partir du second quart temps, les Nets en dépit de leurs erreurs réussissent à garder la tête grâce aux nombreux passages de Durant sur la ligne des lancers et à des Celtics qui tardent à monter en régime. Ainsi, ils virent en tête de 10 points à la pause. Toutefois, la seconde mi-temps, va, elle, virer à la débâcle. 25 pts dans le 3e QT, 17 dans le 4e et une défense insuffisante pour maintenir le radeau à flot. Ils s’inclinent de 7 points malgré un bon matelas à la pause.
La période est un florilège, particulièrement pour Kevin Durant. Tirs forcés, coéquipiers oubliés, pull-ups sur des possessions qui débutent à peine. Plusieurs actions sont caractéristiques de cette soudaine incapacité à lever la tête.
Tatum bloque un tir désespéré
Dans le 4eme QT, Boston n’a qu’une courte tête d’avance. KD part en isolation alors que Drummond obstrue la raquette, gardé par Grant Williams. Tatum reste sur lui, Brown vient en aide. Durant a beau avoir encore 14 secondes de possession, un Kyrie grand ouvert, il décide de pull-up. On est ici typiquement dans le cadre décrit. Il cumule cette précipitation et cet oublie criant d’avoir une gravité (capacité à attirer des aides) et donc des coéquipiers capables de les sanctionner.
Plusieurs aides agressives ou stunt des Celtics ont ainsi été récompensés toute la rencontre par les numéros de solistes des deux stars des Nets. Qui s’oublient elles-même entre elles. A plusieurs reprises dans le 4e QT, Durant va même oublier le joueur avec qui il a signé à Brooklyn. Et plus les minutes avancent, et plus l’ensemble de l’effectif des Nets semble frapper d’immobilisme, attendant simplement qu’ils prennent chacun leur tour leur tir. Autre exemple d’un KD qui ne voit pas l’aide, et prend un fadeaway plutôt que de ressortir sur Kyrie en tête de raquette.
Et juste pour bien mettre en évidence que ce n’est pas juste Durant qui poursuit dans cette obstination… Petite séquence un peu plus tôt dans le match où Kyrie prend un tir absolument impossible. On savait que perdre James Harden signifiait perdre le seul playmaker élite du roster. Mais Irving et Durant sont capables de mieux que ça. Ce qui remet autant en cause leur manière d’aborder la série, que celle de Steve Nash qui n’arrive toujours pas à faire évoluer ce groupe vers quelque chose de plus collectif et équilibré.
https://youtu.be/08A-Gdc–bE
Au final, ils terminent à :
- 4/17 pour Kevin Durant
- 4/13 pour Kyrie Irving
- 20 de leurs 37pts cumulés sur la ligne des lancers
Quand le hero ball tue
Avoir des joueurs capables de marquer en isolation, de prendre des tirs extrêmement compliqués et de les rentrer est un véritable luxe en NBA. Il ne faut pas s’y tromper, vous voulez que vos stars prennent ce type de responsabilités au cours d’une rencontre. Mais cela demande tout de même de le faire avec parcimonie, tant que faire se peut, de les prendre quand les tentatives d’obtenir des tirs plus qualitatifs ont échoué.
Bien sûr, Kevin Durant a été encensé et à juste titre pour avoir pris ces tirs à répétition l’an passé, dos au mur face aux Bucks, sans Kyrie et avec un James Harden sur une jambe. Évidemment, nous n’en parlerions pas si depuis deux matchs les tirs étaient rentrés et que Brooklyn avait volé l’avantage du terrain. Nous serions plutôt dans la même position que l’an passé, se demandant comment KD peut réussir de telles choses.
Toutefois, après avoir avidement tenté pendant deux matchs, sans visiblement de réelle remise en cause, on attendra autre chose de leur part de retour à domicile. Car Boston vient de prouver qu’une équipe qui possède la discipline et les bons profils peut limiter Kevin Durant à 31% au tir sur 2 rencontres. Et si les Nets veulent encore croire à une qualification au tour suivant, il faudra prouver qu’ils peuvent trouver des réponses collectivement.