Après un premier match marqué par une panne d’adresse, DeMar DeRozan avait prévenu : peu de chances qu’il tire à nouveau aussi mal dans la série (6/25). Il faut dire que pour lancer la série, le trio offensif des Bulls LaVine-DeRozan-Vucevic n’avait pas réellement la tête des grands soirs, cumulant à lui seul un très joli 21 sur 71 aux tirs.
Mais tout aussi sublime soit le retour au premier plan de DeMar DeRozan cette saison, après son arrivée chez les Bulls, celui-ci ne pouvait sérieusement penser que ses détracteurs ne l’attendraient pas au tournant au premier loupé. Ce match 1 face aux Bucks était ainsi une opportunité en or pour ces derniers de rappeler à qui voulait l’entendre qu’une fois les playoffs venus, DeRozan se faisait bien plus tranquille qu’en saison régulière.
Cette image était d’autant plus renforcée que cette saison, si les Bulls ont démarré pied au plancher, ils ont presque toujours calé devant les grosses écuries de la ligue (2 victoires pour 21 défaites face aux top 4 de chaque conférence). Mais voilà, pour ce match 2, DeMar voulait conjurer le sort.
Plus encore que de venir décrocher son record de points en playoffs (41 points, à 16/31 aux tirs), DeRozan a surtout dominé de la tête et des épaules la seconde mi-temps de ce match 2. Dans ce deuxième acte, un moment crucial a particulièrement retenu notre attention lorsque fut venue l’heure du replay. Et on ne résiste pas à l’envie de vous le partager et de revenir dessus. Review.
3è quart-temps – 30 secondes, 3 temps-forts
Comme le montre le « lead tracker » ci-dessus, Chicago a eu à composer avec une avance frôlant les 10-15 points d’avance une bonne partie du match, grâce notamment à un gros run en fin de première mi-temps, et à une continuité d’effort sur le 3è acte.
Mais, voilà, en fin de 3ème quart-temps, Milwaukee se rapproche dangereusement. Après un panier de Giannis Antetokounmpo, les Bucks ne sont plus qu’à 3 unités des Bulls, et la fin de quart-temps approche, avec seulement 30 secondes à jouer. De quoi terminer la période avec un momentum récupéré pour les Bucks, poussés par leur public qui plus est.
Le moment idéal pour DeRozan pour faire feu de tout bois, comme le montre le cercle noir dessiné sur le lead tracker : à cheval sur cette fin de 3è acte et le dernier quart-temps, DMDR va faire vivre un enfer aux Bucks, et permettre à Chicago de repasser au-dessus des 10 points d’avance.
Tout commence donc sur ces 30 dernières secondes, qui vont se traduire, pour l’arrière, par un panier, une faute provoquée (et 2 lancers convertis), et un contre. Pas trop mal en si peu de temps. De +3 à +7 pour les Bulls, et un premier coup d’arrêt au momentum des Bucks.
Le premier tir rentré par DeRozan est un tir… derozanesque. Avec 40 secondes à jouer, l’arrière décide de jouer vite, sûrement afin d’assurer à Chicago la dernière possession du quart-temps. Le signe envers Vucevic est clair : dégagez la route, je me débrouille tout seul. Grand pouvoir, grandes responsabilités, tout ça tout ça. Un cross sur la ligne des 3pts, une petite hésitation et boum, on déclenche le tir plus haut que le défenseur. Un midrange des familles, tête de raquette, et une ficelle à l’arrivée.
La faute provoquée sur l’action suivante est là aussi estampillée DeRozan, précédée du même signe à Vucevic pour lui demander de laisser la voie libre à l’isolation, sans écran.
Un drive assez lent dans l’axe, une prise à deux alors que le dribble est stoppé, un jeu de feintes pour faire lever les défenses, et l’intelligence d’avoir arrêté le dribble sur un appui simultané, offrant la possibilité à DeRozan et son excellent footwork d’un appui supplémentaire en cas d’ouverture. La brèche s’ouvre entre Middleton et Connaughton, DeRozan s’y engouffre, faute, et deux lancers convertis.
Le contre sur la dernière tentative d’Antetokounmpo, s’il n’est certainement pas le plus difficile de la carrière de DeMar DeRozan, vient parachever ses 30 secondes de domination Il n’y a qu’à regarder la réaction de Zach LaVine pour comprendre. Milwaukee ne doit pas y croire.
4è quart-temps : 1 minute 10, et rideau !
C’est exactement dans le même état d’esprit que Deebo va continuer son effort au début du dernier acte.
11’45, CHI 87 – 80 MIL
Second contre sur Giannis dès la reprise, et un nouveau coup chirurgical porté à la défense des Bucks dans la foulée, sur la première action offensive du quart-temps.
Le grec est aligné en poste 5 par Mike Budenholzer, mais reste dans une couverture défensive en drop – loin du poseur d’écran, dans la raquette pour empêcher le drive de DeRozan. Si la défense a le mérite de boucher la raquette, ses points faibles sont rapidement identifiables, notamment lorsque le poseur d’écran peut dégainer longue distance.
Forcément, si nous le savons, DeRozan le sait aussi. Sur son dribble, l’arrière identifie rapidement la situation, et les Bulls peuvent profiter du tir longue distance de Vooch pour venir punir le choix défensif des champions en titre. Pick and pop, service éclair, trois-points ficelle. +10 Chicago.
11’17, CHI 90 – 80 MIL
Sur l’action qui suit, Milwaukee adapte la défense. Cette fois-ci, pas de drop concédé par Giannis, mais un switch direct avec Jrue Holiday, qui hérite de Vucevic tandis qu’Antetokounmpo se retrouve face à DeRozan. Pas un cadeau donc, mais qu’importe, DeMar est dans la zone, en totale confiance.
Giannis est bien placé, entre lui et le cercle et aucune séparation n’a été créée par l’écran ou par la vitesse de la prise d’écran. Il faut donc se faire la place soi-même. No big deal.
L’enchainement de DeRozan est techniquement parfait : un premier temps pour temporiser face à Giannis, avant de switcher ses appuis (le pied droit passe devant) pour faire croire à un départ sur la droite. Couplée au changement de main, l’action est létale pour Giannis, tout aussi bon défenseur soit-il. Décalage créé, DeRozan s’élève et plante un midrange sur la ligne des lancers. Zone de confort absolue pour lui et +12 Chicago.
10’53, CHI 92 – 80 MIL
Nouveau tir à 3 points manqué par les Bucks, qui va laisser place à la banderille finale de DeMar DeRozan. Cette fois, pas de fantaisie. Switch des Bucks, Giannis sur DeRozan : un dribble, gauche-droite, tir au-dessus de la tête du grec. Ficelle. +14 Chicago.
***
En moins de deux minutes, à cheval sur deux quart-temps, DeMar DeRozan aura ainsi fait passer l’avance de Chicago de +3 à +14, en couplant 8 points, 2 contres et une passe décisive, mais surtout un vrai leadership pour remettre les siens dans le droit chemin à l’entame du dernier acte de ce match 2.
Dans cette période, les Bucks ne marqueront aucun point. Ils n’en marqueront d’ailleurs aucun jusqu’à un panier de Brook Lopez, après 2 minutes 30 de jeu dans le 4ème quart-temps. Le matelas des 10 points d’avance regagné permettra à Chicago de filer vers son premier grand coup des playoffs 2022… En attendant la suite ? DeMar DeRozan semble en tout cas fin prêt pour ça !
Bonus : la séquence entière de DeRozan issu du très bon Twitter de Jackson Frank (@jackfrank_jjf).
Really cannot ask for a better stretch from your star than the one DeMar DeRozan had last night after Milwaukee cut the lead to 3 pic.twitter.com/8hJeE62ZoC
— Jackson Frank (@jackfrank_jjf) April 21, 2022